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ou de la rentabilité heuristique des instruments d’enquête

1- Le site de la Côte d’Or

2- Le site de l’Île-de-France

3- Les sites de la Côte d’Or et de l’Île-de-France confondus 4- Les entretiens réalisés sur le site de la Côte d’Or

5- Les entretiens réalisés sur le site de l’Île-de-France

6- Les conclusions du traitement Alceste pour Eurobaromètre.

1- Le site de la Côte d’Or

Pour le site de la Côte d’Or, Alceste va dégager quatre classes. De l’ensemble des entretiens transcrits il découpe 8331 « unités de contexte élémentaires » (UCE). Il les retient toutes pour l’analyse et, finalement en classe 5957, soit 71.50%. Ce qui est un pourcentage acceptable.

Tableau 7

Nombre d’UCE Nombre d’UCE sélectionnées % d’UCE sélectionnées Nombre d’UCE classées % d’UCE classées

8331 8331 100 5957 71.50

Selon les classes le poids des UCE classées est le suivant.

Tableau 8

Classe Nombre d’UCE dans la classe % Classe 1 1172 19.67 Classe 2 1425 23.92 Classe 3 549 9.22 Classe 4 2811 47.19

Reprenons donc chaque classe du point de vue des « mots » retenus par l’analyse d’Alceste (voir Annexe 1 – Les classes d’Eurobaromètre Côte d’Or).

La Classe 1 est indicative d’un univers discursif centré sur la « famille ». Le vocabulaire de la famille est fortement présent : maman, papa, adolescent, jeune, sœur, frère…Des notions comme bonheur, protection, sentiment, relation… participent de ce même univers puisqu’elles peuvent être associées à ce qui se passe —ou du moins ce qui est souhaité se passer— en famille. Le terme divorce également constitutif de cet univers vient donc confirmer l’idée qu’un des pôles de structuration des discours recueillis se trouve représenté par le vocable « famille » et les représentations qui lui sont associées.

La Classe 2, quant à elle, décrit un univers dans lequel la discrimination liée à l’orientation sexuelle, l’homosexualité en l’occurrence, occupe une place importante. Les mots homosexuel et hétérosexuel apparaissent dans cette classe, et, sous sa forme verbale, l’idée de discrimination est également fortement présente. Le lien de ces mots avec la classe, établi en fonction d’un chi2 d’association, est des plus marqués pour ce qui concerne homosexu< et discrimin+er. Respectivement 107,26 et 95,86 (voir annexe 6). Ajoutons que le vocabulaire portant sur les manières de percevoir ou d’apprécier est également bien représenté. Vocabulaire qui renvoie soit à l’image, le terme figure dans la liste des mots, que peut avoir l’homosexuel pour les autres, soit à ce l’on tient pour un trait spécifique de l’homosexuel. Ainsi les noms : image, impression, question, regard… ou les verbes :

apprécier, côtoyer, gêner, percevoir, valoriser…, en sont l’indice pour ce qui est du premier aspect ; les termes : façon, projet, qualité surtout lorsqu’ils sont associés à vie, comme les noms personne, homme, conscience, valeur…renvoient plus à ce que l’on dit être des traits spécifiques de l’homosexualité, et semble-t-il, ici, de l’homosexualité masculine.

On notera également le poids de ce que Alceste appelle des marqueurs de modélisation tels je pense ou je crois qui marquent à la fois l’engagement de celui qui parle et le recul réflexif par rapport à ce dont il parle. En l’occurrence, il s’agirait de marquer, par exemple, que le point de vue donné sur l’homosexualité masculine n’est pas purement réactif.

Nous remarquerons enfin que cette classe semble plutôt représentative de l’univers discursif de femmes, jeunes, sans enfant, célibataires et étudiantes. Sans nous engager outre mesure dans une interprétation nous pouvons dire que la classe 2 décrit univers discursif de tolérance à l’endroit de l’homosexualité, univers caractéristique des classes d’âge jeunes et cultivées.

La Classe 3, pour sa part, décrit également un univers fortement typé : celui du religieux. Le vocabulaire religieux est largement présent et certains mots avec des Chi2 d’association très forts (338,95 pour religi<, 267,18 pour Cathol+16). En tout cas, outre ces deux termes, figurent également chrétien, communion, baptiser, athée, sûrement dans son acception religieuse, juif. Les contextes régionaux-nationaux sont mentionnés. Ainsi, on trouve France, Italie, français, italien, polonais, mais aussi région, pays. Pour Bourgogne, bourguignon et Belgique, cela va peut-être moins de soi. Par contre, les contextes culturels ou d’appartenance sociale viennent encore le confirmer, c’est bien de la religion et de sa transmission dont il s’agit. Culture, familial, éducation, grands-parents, mère, grand-père, ascend+ant, agricole, agricult<, ouvrier, bourgeois… Dans le même sens, on trouve plusieurs verbes qui relèvent eux aussi du religieux : pratiquer, revendiquer, appartenir, élever, transmettre, attacher, hériter… On notera aussi la présence des termes identité et identitaire qui, avec origine et racine, rappellent que la religion peut participer de la construction de l’identité personnelle.

La Classe 4, enfin, décrit quant à elle l’univers du travail et de la formation. C’est le mot travail< qui reçoit le chi2 d’association le plus élevé. Les substantifs boulot, bureau, entreprise, client, les verbes occuper, gagner, payer, relèvent également de cet univers. Au travail peut d’ailleurs être liée la formation. Ici ce sont les termes : école, étude, ou la mention

de diplômes ou d’instituts de formation : baccalauréat, BTS, CAP, IUT, qui le marquent. Le terme vacance pouvant convenir aux deux pôles de définition de cet univers.

On notera par parenthèse, car cela ne contribue guère à éclairer l’analyse du site considéré, qu’une analyse conduite en croisant la variable sexe avec l’ensemble du corpus du site nous précise combien les univers discursifs masculin et féminin sont différents. Et du coup, combien il était important de tenir cette variable pour discriminante dans notre démarche.

Rassemblons les données de l’analyse en un tableau.

Tableau 9

Classe N°1 : Sexe_f Classe N°2 : Sexe_m

Formes réduites UCE dans la

classe Chi2 Formes réduites UCE dans la

classe Chi2

enf+ant 176 67.67 gars 57 26.29

dire+ 252 60.46 mois 77 21.05

maman+ 62 55.51 paris 46 17.95

mari+ 57 53.92 dessin+ 29+ 16.95

parl+er 131 47.38 milita+ire 28 16.37

import+ant 127 38.31 photograph< 27 15.78

ressentir 38 33.21 photo+ 29 14.51

professeur+ 52 32.94 sport+ 31 13.47

homme+ 56 29.93 attendre 50 13.31

difficile+ 44 28.28 societe+ 40 12.85

grand_mere 29 27.60 arme+ 22 12.85

eleve+ 42 27.12 copain+ 52 11.49

socia+l 25 23.57 est_ce 19 11.09

accent+ 13 22.35 gosse 19 11.09

cathol+16 24 22.06 achet+er 32 10.27

Même dans des entretiens conduits sur le thème de l’identité personnelle et de la discrimination, les différences de genre restent très marquées, et surtout, retrouvent des singularités que parfois on a tendance à faire relever du cliché qu’un genre peut avoir sur l’autre. Manifestement, ici, quand les « femmes » parlent de leur famille, notamment de leurs

enfants et de leur mari, les « homme », quant à eux, parlent travail, copain et sport. On remarquera la manière dont chacun des genres aborde ce qui concerne la collectivité. C’est en recourant à l’adjectif social que le font les « femmes », tandis que les « hommes » lui préfèrent le substantif société. Comme si le féminin se faisait plus modeste en l’abordant par le biais de ce qui pourra recevoir le qualificatif de social : les problèmes sociaux, les difficultés sociales, ou encore l’adjectif substantivé : faire du social. A moins qu’il ne s’agisse d’un trait de caractère qui mettrait l’accent sur la sociabilité. Les « hommes », pour leur part, s’attaqueraient-ils sans vergogne aux problèmes de société ou aux questions de société ? A moins que, la polysémie du terme ne pouvant être écartée, qu’ils aient en vue une forme d’association de type bénévole, commerciale, industrielle ou culturelle. La chose méritait cependant d’être notée.