• Aucun résultat trouvé

La rentabilité heuristique des deux méthodes

ou de la rentabilité heuristique des instruments d’enquête

2- La rentabilité heuristique des deux méthodes

Pour mesurer la rentabilité heuristique des deux méthodes nous avons cherché à mettre en vis-à-vis l’ensemble des données collectées selon les deux procédures. A part deux erreurs, les données factuelles et sociographiques d’identification des personnes rencontrées correspondent effectivement quelle que soit la démarche de collecte. Il n’en est pas tout à fait de même s’agissant des réponses aux questions portant sur les discriminations.

Considérons d’abord les réponses fournies au questionnaire d’enquête téléphonique.

Nous les avons rassemblées dans un seul tableau pour les deux sites. Soit le tableau 1 suivant.

Tableau 4

Questionnaire Eurobaromètre. Réponses aux questions 1 à 9

Numéro de Codification

Ce qui saute d’abord aux yeux, est la grande quantité de réponses négatives. Les manifestations de discrimination paraissent donc peu fréquentes. Les questions 1, 2, 4, 6 et 8 reçoivent très majoritairement des réponses négatives. 18 items positifs sur les 155 possibles du tableau, soit 11,61% de réponses faisant état de discriminations subies. Lorsque sont données des réponses positives, le principe de causalité auquel elles renvoient est 9 fois sur 16 l’item autre. 3 fois la discrimination subie est renvoyée à l’âge comme facteur causal, 2 autres fois c’est l’origine raciale qui se trouve en cause et 2 autres fois également c’est l’appartenance religieuse qui est en cause. Dans ce dernier cas, il s’agit de la même personne qui à deux reprises donne la même cause à des manifestations différentes de discrimination.

Aussi, si nous raisonnons maintenant en termes de personnes, c’est 12 personnes sur 31 interrogées qui affirment avoir subi des formes de discrimination, soit plus d’1/3 d’entre elles. Faut-il pour autant en conclure qu’une personne sur trois est, ou plutôt, se déclare victime de discrimination ? Sur le plan interprétatif cela nous paraît quelque peu forcer le trait. Outre que l’item autre auquel il est fait appel pour fournir le facteur causal de la discrimination subie est tout sauf explicite et explicatif –on le voit bien ici, il fonctionne comme échappatoire explicative en introduisant des formes idoines de discrimination, susceptibles donc de déborder la définition qui semblait présider à la sélection des autres items-, seulement 3 causes explicites de discrimination peuvent être retenues pour l’analyse.

L’origine raciale, 2 fois ; l’appartenance religieuse, 1 fois ; l’âge, 3 fois.

Si les deux premières causes témoignent sans conteste de comportements qui, socialement et juridiquement, ressortissent de pratiques qualifiées de discriminatoires, il n’en va pas de même s’agissant de la troisième. Ici, il n’est pas certain que la qualification de discrimination reçoive le même assentiment social et juridique.

L’enquête qualitative permettra effectivement de lever l’incertitude. Elle nous fournira le contenu de la qualification et permettra d’interpréter sans risque d’extrapolation abusive le sens à donner au terme même de discrimination. L’enquête quantitative ne le permet pas, même à convoquer les diverses informations dont nous pouvions disposer sur ces personnes. Le fait qu’elles soient plutôt jeunes (26, 39, 27 ans), qu’elles aient toutes un emploi salarié leur offrant des revenus plutôt situés dans la moyenne des revenus proposés, qu’elles soient titulaires de diplômes certes de différents niveaux mais sûrement qualifiants professionnellement, peut nous suggérer que la discrimination liée à l’âge a pu opérer dans le

monde du travail, mais rien ne peut nous l’assurer. Le recours à l’enquête qualitative s’impose donc.

Même chose si maintenant nous nous intéressons aux réponses fournies à la question 10 du questionnaire d’enquête, question ainsi formulée : Est-il déjà arrivé que l’on se moque de vous, que l’on vous mette à l’écart, à cause

- de votre poids, de votre taille

- de votre tenue vestimentaire, de votre look

- de votre situation professionnelle ou de votre niveau d’instruction - de votre nom ou de votre prénom

- de votre façon de parler (accent, maîtrise de la langue)

- des caractéristiques de vos proches, de vos amis ou de vos parents - de vos opinions politiques ou syndicales.

Les réponses ont été rassemblées dans le tableau 2 suivant :

Tableau 5

107 2 2 2 1 2 2 2 108 2 2 2 2 2 2 2 109 2 2 2 1 2 2 2 110 2 2 2 2 2 2 2 111 2 1 2 2 2 2 2 112 2 2 2 2 2 2 2 113 2 2 2 1 2 1 2 114 2 2 2 2 2 2 2 115 2 2 2 1 2 2 2

* 1= Oui ; 2= Non ; 3= Ne sait pas

25 réponses positives, sur 217 possibles, ont été apportées aux 7 items de la question 10 du questionnaire Eurobaromètre. Soit 11,52% de réponses affirmatives à la question posée, et donc, puisque aucune déclaration d’ignorance n’a été proposée, 88,48% de réponses négatives. Là encore, les attitudes de moquerie et les pratiques ségrégatives, indices, pour le concepteur du questionnaire, d’une possible propension à subir la discrimination, se révèlent être nettement minoritaires.

Pour autant, c’est presque la moitié des personnes interrogées qui fournissent au moins une réponse positive (15 personnes sur 31). Mais pour 9 d’entre elles un seul motif de moquerie ou de mise à l’écart est fourni et, dans tous les cas, il s’agit uniquement de moquerie ou de mise à l’écart à mettre en relation soit avec la tenue vestimentaire (2 fois sur 9), soit avec le nom ou le prénom de la personne (7 fois sur 9). On peut supputer que l’on a affaire ici à des pratiques enfantines et adolescentes, plutôt en vigueur dans les cours de récréation et les espaces de jeux, mais pour cette fois encore, rien ne nous autorise à le soutenir plus avant.

Cependant, dans 6 cas sur 15, plusieurs motifs de moquerie ou de mise à l’écart sont invoqués. La tenue vestimentaire et le nom ou prénom y figurent à nouveau. Mais, des caractéristiques physiques, culturelles ou sociales, voire d’engagement politique ou syndical vont faire leur apparition. Et ici on peut penser que lorsque se trouvent en jeu la manière de parler la langue française, certaines caractéristiques des proches, les engagements politiques ou syndicaux des personnes, leur situation professionnelle ou leurs traits physiques, les pratiques notoirement discriminatoires ne sont peut être pas loin. Mais peut-on l’affirmer avec certitude ? Certes la pluralité des réponses positives constitue une sorte de faisceau de convergence allant dans le sens d’une effective discrimination. Ainsi le cas N°8 qui connaît à la fois la moquerie ou la mise à l’écart du fait de sa mauvaise maîtrise de la langue, de son

nom ou prénom, de son niveau d’instruction ou de sa situation professionnelle, fait penser à un stéréotype de pratiques discriminatoires à l’endroit des immigrants, généralement les plus récents. Mais tous les cas répertoriés ici n’ont pas cette capacité suggestive.

Même rapportées aux réponses fournies aux questions 1, 2 ou 6 du questionnaire d’enquête, il est difficile de les tenir pour des indications certaines de pratiques discriminatoires. La cohérence n’est pas totale entre les réponses fournies aux premières questions et celles apportées aux différents items de la question 10. En tout cas l’introduction d’une borne temporelle pour les neuf premières questions –dans les douze derniers mois- et l’absence d’une telle borne pour la question 10 laisse planer une incertitude supplémentaire quant à ce que dénotent, en termes de comportements discriminatoires, les réponses aux divers items de la question 10.

Ainsi le cas N° 102 qui dit avoir été l’objet de moquerie ou de mise à l’écart à cause de ses caractéristiques physiques d’une part, de sa situation professionnelle ou niveau d’instruction 27 et de ses opinions politiques ou syndicales d’autre part, mais qui à la question 2 : Avez-vous été personnellement victime de discrimination ou de harcèlement sur votre lieu de travail au cours des douze derniers mois ?, répond négativement. On est donc amené à penser que les pratiques visées en 10A, 10C et 10G sont toutes antérieures à l’année écoulée.

Mais on ne peut savoir si elles avaient à voir avec une situation d’emploi ou si c’était en tout autres circonstances qu’elles avaient eu cours. Les réponses aux questions 4 + 5 et 6 + 7 : Estimez-vous avoir été personnellement victime de discrimination en milieu scolaire (enseignement primaire, secondaire, supérieur) ? (question 4) et Vous a-t-on refusé personnellement un service (au restaurant, dans une banque, une assurance, un magasin, etc.) au cours des douze derniers mois ? (question 6), confirment qu’il ne s’agissait pas de discrimination sur le lieu de travail –du moins pour les douze derniers mois-, que le milieu scolaire était, pour cette personne, un milieu endogène. Mais dans ces conditions que peut recouvrir la réponse positive faisant appel aux opinions politiques ou syndicales ? Par parenthèse, la question est d’autant plus intrigante que seules 2 personnes, sur les 31 interrogées, ont répondu positivement à cet item.

27 On notera ici, au passage, combien cet item est pour le moins abscons. Si l’on peut en général rapprocher le niveau d’instruction de la position occupée dans la profession, la situation professionnelle d’un individu recouvre de fait bien d’autres choses. On se demande d’ailleurs si cet item ne cherchait pas simplement à apprécier le poids des pratiques discriminatoires à l’embauche. Mais rien ne permet de trancher en ce sens. Difficile, dans ces conditions de proposer une interprétation univoque.

Il faut en appeler aux caractéristiques sociographiques du répondant pour comprendre qu’il ne pouvait s’agir de situation professionnelle, la personne se déclare toujours étudiante. Mieux, les discriminations subies en milieu scolaire n’ont pu l’être que dans l’enseignement primaire ou secondaire, le diplôme déclaré est « 3= BEPC, BEP, CAP », ce qui interdit l’accès à l’enseignement supérieur. Ce qui redouble les interrogations concernant la réponse à la question 10G. Le syndicalisme lycéen n’est guère consistant. Alors des opinions politiques partisanes ouvertement affichées dans l’établissement scolaire ? Peut-être.

La considération de l’ensemble des caractéristiques sociographiques de cette personne permet seulement d’affiner les traits. A 20 ans, elle est toujours scolarisée mais sans autre diplôme que « 3= BEPC, BEP, CAP », elle est donc sûrement en classe terminale et prépare un baccalauréat. Elle est célibataire et vit probablement chez ses parents, dans un milieu moyennement aisé. Bref, une lycéenne, en fin de parcours secondaire, au sens politique aigu ?

Au regard de tout cela que nous apprendra l’enquête qualitative ?

L’enquête qualitative nous livre le portrait d’une jeune fille de 20 ans préparant un concours d’entrée dans une École d’éducateurs, après avoir connu de nombreux redoublements dans le secondaire et achevé son parcours en Première SMS. L’entretien est centré sur les difficultés rencontrées par cette jeune fille pour faire accepter à son entourage familial la voie professionnelle qu’elle s’est donnée après avoir opté, au cours des années précédentes, pour les signes et comportements de distinction juvénile « extrême » (piercing, vêture ample, etc.). Pour le dire rapidement, il est largement question dans cet entretien des difficultés d’une adolescente qui déçoit les attentes familiales mais tente malgré tout de trouver une voie de réussite personnelle. De ce point de vue l’entretien, parce que fort bien mené28, livre avec beaucoup de sincérité les réflexions actuelles de cette personne sur son parcours, son devenir et les expériences qui ont été les siennes. Elle le dira elle-même dans les derniers instants de l’entretien :

Non, je crois que je t'ai parlé d'à peu près tout ! C'est déjà pas mal je trouve d'exposer sa vie comme ça ! Ça fait du bien ! …Non, j'ai vraiment ressenti de la discrimination par rapport à ma scolarité et par rapport à ma famille même si je sais qu'ils ne le veulent pas. Et puis en t'en parlant, la discrimination par rapport

28 Pour cette phase de l’étude, les entretiens effectués dans le département de la Côte d’Or ont été réalisés par Anne-Cécile Jacot, ceux effectués en Île-de-France par Sylvie Amsellem.

à mon âge ! Mais mes amis, ils m'aiment telle que je suis, que j'ai vingt ans, dix ans, quarante ans. Voilà !

(102, F, 20)

Voilà effectivement ! Car de discrimination eu égard aux opinions politiques ou syndicales, il n’en a jamais été question. En aucune circonstance cette dimension n’est invoquée. Ni dans les traditions familiales, la famille est décrite comme bourgeoise aristocratique et sans engagement politique ou social. Ni dans les expériences lycéennes, elle a difficilement atteint les classes du secondaire supérieur généralement les plus sensibles aux questionnements politiques et sociaux. Même sa vocation professionnelle en faveur de l’éducation spécialisée et du travail social en général ne réclame nullement cette forme d’engagement. Le sien est d’ordre humanitaire, altruiste et empathique au plan psychologique.

Bref, rien qui ne vienne éclairer ni le contenu ni la raison de la réponse positive à la question 10G.

Par contre, les réponses positives aux questions 10A et 10C seront largement illustrées au cours de l’entretien. Contentons-nous d’en rapporter quelques fragments :

Oui parce qu'avant, j'étais un peu boulotte et puis je m'habillais tout le temps en large. Alors on me disait tout le temps : t'es grosse, t'es grosse, tu n'arriveras jamais à l'école ! T'es nulle ! Cela fait mal d'entendre ça, ça fait très mal ! Alors après, on arrive à faire la part des choses. On essaye de ne pas trop entendre ça.

Mais des fois, tu pètes les plombs. Tu as envie de pleurer un bon coup et dire merde : je ne suis pas que ça !

Un peu plus tard, elle précise :

Oui, alors quand j'étais toute petite, mais ça c'est des trucs de gamin. J'ai un angiome sur le dos et quand j'étais petite, il était vachement plus gros, ça faisait une bosse, tout le monde m'appelait : dromadaire, dromadaire ! Ça je l'ai mal vécu. Ou les : oh, je ne te cause plus ! Ça, j'en ai des souvenirs, cela me faisait mal ! Alors toutes mes copines ne me parlaient plus. Ça c'est des trucs de gamin.

Après on fait la paix, on se tape dans la main ! Ça, je l'ai senti petite ! Qu'est ce que j'ai senti d'autres ? Non, il y a plein de choses qui marquent mon enfance, heureusement mais pas seulement des choses négatives.

Quant à son parcours scolaire elle le résume ainsi :

Oui, c'est marrant parce qu'hier, je disais… je regardais… J'ai fait un tri dans mon tiroir de courrier et j'ai retrouvé des vieilles lettres : oh ! Tu serais une très bonne assistante sociale ! Alors, je pense qu'il croyait en moi et de croire en la personne, c'est aussi la soutenir ! Mais ce n'est pas eux qui ont fait le choix de faire cette formation et la seule personne qui a choisi c'est moi ! Parce que j'étais en Première SMS, ça n'allait pas du tout. Je ne supportais pas, je ne supporte pas du tout l'Education Nationale. Donc c'est, je crois que quand j'ai eu la jeune fille au téléphone, je lui parlais par rapport à la discrimination, je me suis vraiment sentie par rapport à la scolarité, exclue ! Donc après, en Première, ça n'allait pas du tout et je me suis dit, il faut que j'arrête, qu'est ce que je suis en train de faire ! Je n'allais plus en cours, cela me faisait chier. Je ne supportais plus les élèves de ma classe, c'était affreux ! Donc j'ai fait les démarches toute seule, avec mes propres envies et j'ai trouvé cette formation qui fait partie du Ministère de l'Agriculture et qui a un autre fonctionnement et qui te redonne le goût à travailler !

Le parcours se précise encore quand elle affirme :

Non, en fait, je crois qu'ils ne s'en rendaient pas compte. Ils me disaient : oh, tu devrais travailler avec les enfants ! Parce que j'ai un très bon contact avec les enfants. Sinon, ils ne s'en rendaient pas compte ! Je leur disais que j'aimerais bien travailler dans le social mais c'est vraiment à partir de ma formation qu'ils ont compris. Là, je suis en deuxième année ! Je suis fière de ce que je fais, des personnes que je rencontre. Je travaille dans une association qui s'appelle l'ADEFO, Association Dijonnaise d'Entraide aux Familles Ouvrières, et cela fait trois ans que j'y travaille en tant qu'animatrice et je fais un stage chez eux de quatre semaines. C'est une association que je connais très bien ! C'est une association qui travaille sur le lien parents-enfants et donc il y a beaucoup d'enfants qui sont placés en foyer ou en famille d'accueil et donc quand j'expliquais cela à ma famille, ils me disaient : oh, ce sont des parents indignes ! Après, je leur expliquais pourquoi les parents ont brutalisé leurs enfants et sont en foyer ou en familles d'accueil, pourquoi ils sont là. Je crois que c'est vachement important dans la vie de se poser la question : pourquoi ? Et voir plus loin que la première image que l'on a parce que moi j'entendais mes grands-parents : oh, cela doit être dur, ce sont des familles vraiment bizarres ! C'est vrai,

ce sont des familles qui sont défavorisées. Point. Après, il ne faut pas se cacher de la réalité ! Et puis pour eux, c'était un peu des gens pas très normaux !

Par ailleurs, conformément à la réponse apportée à l’item 10E, les réactions à sa façon de parler, à son accent du sud ou à ses « origines » belges, ne sont pas appréciées comme des marques de moquerie ou de mise à l’écart :

Enfin quand je suis passée de Toulon à Lyon, j'avais mon accent : les choses, l'accent qui chante ! Alors, non, c'était rigolo ! Il y a des réflexions qui sont typiques du Sud et des réflexions qui sont typiques du Nord. Comme dans le sud, il y a une réflexion, c'est pour dire qu'on aime bien un garçon, on dit : je le bade ! Alors, j'arrivais à Lyon, je disais : ce garçon, je le bade ! Alors personne ne me comprenait, mais je crois que ça leur a plu. Et puis, ils trouvaient cela rigolo.

Mais non, on ne s'est jamais moqué de moi ! Comme ici : vain dieu, si je sors ça dans le sud, ils vont me regarder avec des yeux ronds, et me dire : c'est quoi, ça sort d'où ?

-Question : En Belgique, non plus, tu n'as pas ressenti, on ne t'a jamais reproché ton origine géographique du sud ou …?

-Réponse : Non, non ! Des fois, sinon en France, des fois j'entends des réflexions sur les Belges mais je m’en tape, enfin je m'en fiche. On me dit : oh, t'es Belge.

Parce que je suis Belge et Marseillaise donc sacré mélange ! Oh t'es Belge ! donc on va me sortir des blagues belges mais je m'en fiche, j'en rigole ! Non, je ne l'ai pas ressenti en Belgique mais je n'ai pas trop de souvenirs précis de la Belgique !

En somme l’entretien permet de cerner très précisément ce qui est, si ce n’est la cause, du moins à l’origine des réponses positives fournies à certaines des questions posées dans le questionnaire d’enquête Eurobaromètre. Seul l’entretien autorise à se prononcer avec certitude quant à la portée de ces réponses positives et au sens à leur accorder. Les incertitudes des réponses fournies au questionnaire d’enquête peuvent être levées quand leur objet se trouve explicitement abordé dans l’entretien. Elles ne subsistent même pas quand elles concernaient un domaine manifestement plus proche des préoccupations du concepteur du questionnaire que de celles de la personne enquêtée. La question 10G en appelant aux opinions politiques ou syndicales en témoigne amplement dans ce cas de figure.

Alors qu’à l’issue de l’exploitation des éléments consignés dans le questionnaire d’enquête nous nous engagions dans l’esquisse d’un portrait de jeune militante en butte aux

quolibets de ses pairs et aux tracas de son milieu scolaire, au terme de l’entretien nous trouvons une adolescente, sans engagement politique particulier, en voie de régler par l’adoption d’un projet professionnel « réaliste » le conflit qui l’opposait depuis quelques années à son environnement familial. Mieux, les comportements discriminatoires dont elle

quolibets de ses pairs et aux tracas de son milieu scolaire, au terme de l’entretien nous trouvons une adolescente, sans engagement politique particulier, en voie de régler par l’adoption d’un projet professionnel « réaliste » le conflit qui l’opposait depuis quelques années à son environnement familial. Mieux, les comportements discriminatoires dont elle