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Les conclusions du traitement Alceste pour Eurobaromètre

ou de la rentabilité heuristique des instruments d’enquête

4- Les conclusions du traitement Alceste pour Eurobaromètre

Appliqué à chaque entretien réalisé sur l’un ou l’autre des deux sites, l’analyse d’Alceste est loin de fournir des résultats aussi satisfaisants que pour l’un et l’autre des deux sites ou pour les deux confondus. Si, pour un entretien, nous pouvons trouver ou retrouver –eu égard aux analyses précédentes- certains univers discursifs, à quelques variations près quant au vocabulaire significatif, bien souvent les autres classes qui peuvent être dégagées n’apportent aucun univers cohérent. De ce fait, l’intérêt même de l’analyse s’en trouve

fortement réduit. Il y aurait donc comme un seuil critique en deçà duquel le logiciel ne serait plus guère opératoire. De fait, le constructeur du logiciel précise bien, pour l’utilisation d’Alceste à partir d’un « corpus », de vérifier que « le document que vous voulez analyser (le

« corpus » dans la terminologie d’Alceste) est suffisamment volumineux tout en n’excédant pas la capacité d’Alceste »30. Le volume est effectivement une condition sine qua non de l’opérativité d’un instrument qui procède par argument statistique. Mais celui-ci n’a guère été quantifié par les concepteurs –nous savons seulement que le nombre maximum d’u.c.i. (ie l’unité de contexte traitée) doit être inférieure à 10 000, tandis que l’u.c.e. (unité de contexte élémentaire ie l’unité statistique de base du logiciel) doit contenir au maximum 1500 formes (ie mots + signes de ponctuation). Toutefois, comme il est précisé dans le Manuel d’utilisation, pour obtenir un résultat signifiant, il importe que le corpus à analyser soit lui-même suffisamment cohérent, qu’il puisse admettre « une certaine cohérence (que celle-ci soit thématique ou dynamique) » selon le Manuel. Or, il se peut qu’un seul entretien, conduit de manière variablement directive qui plus est, n’apporte pas toujours cette cohérence thématique et/ou dynamique. Qu’en conséquence, l’analyse produite par Alceste manifeste la difficulté à retrouver avec bonheur l’ensembles des univers discursifs qui sont censés structurer l’entretien. Autrement dit, si les entretiens ne sont pas déjà structurés, cohérents aux plans thématiques et dynamiques, il est probable que l’analyse fournie par Alceste ne nous livre que des univers discursifs somme toute bien pauvres.

A titre d’illustration considérons le premier entretien réalisé pour la vague Eurobaromètre sur le site de la Côte d’Or. Il s’agit de l’entretien codé N°0100. Trois classes sont dégagées à l’analyse. En voici, encadré 7, la liste des formes associées significatives par classe (contextes A,B,C).

Encadré 7

Formes associées au contexte A ---

A6 pere+ : pere(10);

A6 petit+ : petit(14), petits(1);

A6 est_ce : est_ce(12);

A5 mort+ : mort(6), morts(2);

A5 negati+f : negatif(2), negativement(2);

30 Manuel d’utilisation. Version 4.7 pour Windows, p. 28.

A5 pos+er : pose(2), poser(4);

A5 sentir. : sentais(2), senti(4);

A5 problem< : probleme(4), problemes(3);

A4 etranger+ : etranger(4);

A4 francais+ : francais(3);

A4 positi+f : positif(3), positive(1), positivement(2);

A4 facon+ : facon(4);

A4 differ+ent : differemment(2), difference(1), different(4);

A4 import+ant : importance(1), important(2), importante(1);

A4 peut_etre : peut_etre(9);

A4 toussaint : toussaint(4);

A3 france : france(2);

A3 orgueil+ : orgueilleux(2);

A3 demand+er : demandait(1), demande(3);

A3 evit+er : evitent(4);

A3 impact : impact(4);

A2 colleg+16 : college(6);

A2 pays : pays(6);

A2 percevoir. : percoivent(1), percu(2);

A2 regard+er : regarde(3);

Formes associées au contexte B ---

B5 vie+ : vie(20);

B4 an+ : an(4), ans(12);

B4 fait : fait(40);

B3 etude+ : etudes(11);

B3 fille+ : filles(11);

B3 groupe+ : groupe(10), groupes(1);

B3 aller. : aille(1), allais(1), allait(1), alle(1), aller(3), va(9), vais(6), vas(2);

B3 connaitre. : connais(7), connait(1), connaitre(2);

B2 chose+ : chose(2), choses(9);

B2 personne+ : personnes(8);

B2 voir. : verrait(1), voir(3), vois(5), voit(4), vu(3);

B2 vieill< : vieilli(2), vieillis(1), vieillissant(2), vieillisse(1), vieillit(1);

Formes associées au contexte C ---

C8 nu+ : nus(6);

C8 pied+ : pieds(6);

C7 photo+ : photo(2), photos(4);

C7 marr+er : marrant(5);

C6 habille+ : habille(1), habilles(2);

C6 mere+ : mere(7);

C6 habill+er : habillait(3), habiller(1);

C6 trouv+er : trouvais(2), trouve(4);

C6 horri+ble : horrible(2), horribles(2);

C5 vraiment : vraiment(7);

C5 pantalon+ : pantalon(2);

C5 racont+er : raconte(2);

C4 couleur+ : couleurs(1);

C4 prendre. : prend(5);

C4 revenir. : reviens(1);

C4 hont+e : honte(3);

C3 truc+ : truc(2);

C2 place+ : place(2);

Si nous pouvons, pour la classe 3 (contexte C), dégager un thème autour de l’habit (habille+, habill+er, pantalon, possiblement associé à couleur, l’antonyme : nu, éventuellement associé à honte), pour les deux autres classes les choses paraissent autrement plus délicates. Pour la première classe (contexte A), nous pouvons repérer pour le moins deux pôles thématiques, l’un autour de la nationalité, l’autre autour de la famille. La classe 2 (contexte B) pourrait décrire, quant à elle, le « cycle de la vie ». La vie, les ans, vieillir. Mais la classe comprend trop peu de termes le vérifiant pour nous permettre de l’affirmer avec quelque crédit.

En somme, nous trouvons bien des univers discursifs, conformes d’ailleurs à ce que l’analyse empirique de l’entretien peut établir, mais dont certains des thèmes paraissent bien éloignés de ce qui étaient les axes d’orientation thématiques des entretiens, comme des résultats globaux de l’analyse lexicométrique réalisée par Alceste.

Bref, le repérage systématique des univers discursifs de chacun des entretiens réalisés sur les sites ne nous donnerait que des singularités analytiques difficilement utilisables au regard des objectifs mêmes de l’étude. Et l’on est en droit de penser que c’est

bien l’empilement de l’ensemble des entretiens réalisés qui permet, à la fois, de retrouver les orientations thématiques qui impulsaient la conduite des entretiens, et d’autoriser les résultats que nous avons obtenus précédemment –et sur lesquels il nous faudra revenir dans un instant.

C’est pourquoi nous renoncerons à faire une présentation systématique des analyses individualisées des entretiens réalisés sur les sites de la Côte d’Or et de l’Île-de-France. Si ce n’est, peut-être, à mieux comprendre comment procède le logiciel Alceste, ou plus exactement, à mieux accepter intuitivement la procédure mise en œuvre par le logiciel, ces analyses individualisées ne nous seront guère d’un grand secours informatif pour ce qui est toujours notre objet d’étude. Car il va de soi que chaque entretien peut évidemment être analysé pour lui-même et comporte, de ce point de vue, quantité d’informations originales que le traitement par Alceste retrouve d’ailleurs parfois.

Chapitre 2 INSEE

1- Présentation synthétique de la population interviewée

La population interviewée au cours de cette deuxième vague d’entretiens l’aura été entre les mois de février et avril 2003. Parfois, nous le rappelions dans la Présentation avec des délais assez importants entre la passation du questionnaire dit Insee et l’entretien proprement dit, mais sans conséquence sur le déroulement de l’entretien. La passation, en face à face et non plus téléphonique comme dans la vague précédente, a été effectuée par des enquêteurs du Crédoc31. Le questionnaire auquel ces personnes avaient eu à répondre était autrement consistant que celui d’Eurobaromètre.

Une « grille biographique » par année depuis la naissance de la personne concernée, une biographie familiale, une biographie professionnelle, un repérage des lieux géographiques fréquentés et un « tableau de composition du ménage » dans lequel s’inscrit la

31 Le recrutement et la formation de ces enquêteurs a entraîné beaucoup de retard dans le déroulement du calendrier initial. Les personnes rencontrées pour l’entretien devaient préalablement avoir répondu au questionnaire. Pour le site d’Île-de-France, longtemps nous n’avons pu disposer de personnes satisfaisant aux critères d’élection retenus, notamment en termes de ratio sexuel. D’où l’effectif final plus réduit pour ce site.

personne fournit à l’analyste, et de manière très précise, ses profils sociologique et biographique. La comparaison avec les données recueillies au cours de l’entretien sera cette fois rendue possible de manière plus assurée. A part quelques erreurs commises lors de la saisie des données par le Crédoc32, certaines facilement rectifiables, d’autres non, l’ensemble des caractères sociographiques recueillis lors de la passation du questionnaire et lors de l’entretien sont identiques. En voici la teneur rassemblée dans les tableaux 1 et 2.

Tableau 1 Sociographie des personnes rencontrées Île-de-France

Numéro

enf Situ professionnelle Diplôme Tranche revenu

OO20 2 F 41 Célibataire 2 0 Dessinatrice BAC + 2, BTS, IUT 1500 € à 3000 €

OO21 1 F 30 Marié 3 1 chef de projet

informatique Licence, maîtrise 3000 € à 4400 € OO22 5 F 25 Célibataire 4 0 recherche premier

chômage Licence, maîtrise moins de 1500 € OO27 2 F 46 Célibataire 2 1 Secrétaire BAC + 2, BTS, IUT 1500 € à 3000 €

OO28 4 F 45 Marié 3 1 Fleuriste à son compte BEPC, CAP, BEP 1500 € à 3000 €

OO29 4 H 51 Marié 3 1 Médecin acupuncteur 3ème cycle, doctorat,

grande école 7600 € ou +

32 Ainsi, dans le cas 127, tableau 2, il est certain que le diplôme terminal possédé par cette personne, Maître de conférences à l’université est supérieur à la « licence, maîtrise ». Elle doit être titulaire comme tout universitaire de grade « Maître de conférences ou Professeur » d’un doctorat (doctorat de 3e cycle, doctorat d’université ou doctorat d’État). Les « questionnaires papier » qui nous ont été remis ne nous ont pas permis, dans ce cas, de rectifier l’erreur. Des erreurs ou défauts de renseignement existaient aussi pour les cas 0022, 0028, 0029 et 0126.

Dans plusieurs cas, c’est l’entretien qui nous a permis de rectifier certaines des erreurs comme, cas 0022, le nombre erroné d’enfants qui figurait dans les tableaux du Crédoc.

Tableau 2 Sociographie des personnes rencontrées Côte d’Or

enf Situ professionnelle Diplôme Tranche revenu

120 5 F 57 Marié 2 0 au foyer BAC refus

Le ratio sexuel, contrairement à la vague d’enquête précédente, est moins équilibré. Pour l’ensemble des deux sites, nous obtenons 1 homme pour 2 femmes. 2 hommes pour 3 femmes en Côte d’Or, mais seulement 1 homme pour 4 femmes en Île-de-France. Ce déséquilibre tient aux difficultés qu’a rencontrées le Crédoc pour trouver des hommes acceptant le principe de l’entretien après avoir répondu au questionnaire de l’Insee. Cela dit, pour l’ensemble nous évitons un déséquilibre trop fort qui aurait pu être préjudiciable à l’étude.

L’âge moyen de la population interviewée est de 37 ans, donc légèrement inférieur à celui de la vague Eurobaromètre. Il est de 38 ans pour le département de la Côte d’Or et de 36 ans pour l’Île-de-France. Les plus jeunes ont 21 ans en Île-de-France et 24 ans dans la Côte d’Or. Les plus âgés, 57 ans en Île-de-France et 51 ans dans la Côte d’Or. Sensiblement les mêmes âges extrêmes.

Le nombre moyen d’enfants, pour les personnes qui en ont, est de 1 pour les deux sites. Pratiquement de moitié inférieur pour l’Île-de-France (0,6), pratiquement de moitié supérieur pour le département de la Côte d’Or (1,4). Le nombre moyen de personnes vivant au foyer de la personne interrogée est, pour les deux sites, de 3 personnes. 2,5 en Île-de-France, et 3,5 dans la Côte d’Or.

Le statut matrimonial des répondants reflète les écarts qui sont généralement enregistrés entre la Région parisienne et la province. Pour l’Île-de-France, 1 personne interviewée sur 2 est célibataire. Pour le département de la Côte d’Or, c’est 1 sur 4. Les autres sont mariés ou vivent maritalement.

Entre ¼ et 1/3 des personnes rencontrées sont inactives professionnellement parlant (7 cas). Cette inactivité tient, dans 2 cas, à la poursuite d’études, dans 2 autres cas à une situation d’invalidité, dans 2 autres cas encore à une absence d’emploi (chômage ou recherche d’un premier emploi) et, dans un seul cas, à un maintien au foyer. Celles qui ont une activité professionnelle en tirent des revenus généralement moyens. Les professions libérales, ici médicales, ont les revenus les plus élevés, celle du spectacle vivant a les plus faibles.

Dans l’ensemble, nous avons affaire à une population plutôt jeune, diplômée, plutôt active. Elle n’est pas particulièrement chargée d’enfants et elle se répartit entre 1/3 de célibataires et 2/3 de couples conjugaux.

2- La rentabilité heuristique des deux méthodes

Nous venons de le dire, la conception et la taille du questionnaire « histoire de vie » de l’Insee permettent de recueillir un éventail large de données factuelles et d’opinion.

Le parti pris d’explorer systématiquement certains domaines biographiques (familial, lieux de résidence, professionnel, santé dont les handicaps et les maladies des enfants, les relations avec les autres dont les possibles traitements discriminatoires) offre l’avantage de la comparaison terme à terme entre les personnes rencontrées. Ce que l’entretien en face-à-face

ne permet pas puisqu’il obéit à un principe de singularisation dialogique à l’instigation de la personne interviewée. Autrement dit, là où le questionnaire cherchera à s’enquérir chez chacun des répondants des problèmes de santé, maladie, handicap ou malformation qu’il peut ou non connaître, l’entretien ne l’envisagera que si la personne oriente, dans un sens ou dans l’autre, son propos sur cette dimension de son existence.

A titre de premiers exemples, envisageons le traitement des cas 0121 et 0122 qui tous les deux déclarent connaître des problèmes de santé. Tous deux relèvent bien cependant de ce que nous avons appelé la population générale de l’enquête Insee. Rappelons leurs caractéristiques sociographiques dans le tableau suivant :

Tableau 3 Sociographie 0121 & 0122

Numéro

Codif Sexe Age Situ familiale Nb pers

foyer Nb enf Situ prof Diplôme Tranche revenu

121 F 48 Marié 3 2 Handicapée, invalidité

BEPC, CAP,

BEP 1500 € à 3000 €

122 H 54 Marié 2 0 Invalidité, longue maladie

BEPC, CAP,

BEP 1500 € à 3000 €

Présentons-les maintenant d’après les données recueillies à partir des questionnaires.

0121/Questionnaire « histoire de vie »

Il s’agit d’une femme, dans sa 49e année, en invalidité depuis l’âge de 41 ans, le début de sa maladie remontant à sa 38e année [H2]33. Antérieurement, elle était monteuse offset après avoir exercé comme ouvrière dans une autre entreprise entre sa 19e et sa 21e année et comme fleuriste entre sa 17e et sa 19e année. Elle aurait donc connu une progression de carrière en passant d’une qualification 1 à une qualification 2, pour reprendre les codes du questionnaire34. La maladie qui la frappe ne semble pas d’origine professionnelle mais biologique : une sclérose en plaques [H1]. Ce qui a tout de même eu, pour elle, des conséquences négatives tant sur le plan professionnel que familial [H12].

33 Les indications entre crochets correspondent aux codes des questions du questionnaire Insee. Voir Questionnaire en annexe.

34 Les grilles de codification comme les « cartes » utilisées lors de la passation du questionnaire ne nous ayant pas été communiquées nous ne serons pas plus précis sur ces points. Comme sur tous les points qui réclament un décryptage des codes utilisés.

C’est à 19 ans qu’elle se marie une première fois et a son premier enfant. Un an plus tard, elle se sépare de ce mari et se remariera à l’âge de 30 ans avec un homme de dix ans son cadet. Elle aura un deuxième enfant cinq ans après cette nouvelle union. Seize ans séparent donc les deux enfants. Les deux naissances sont considérées comme des événements heureux dans un contexte de vie jugé plutôt maussade. L’allure de la courbe qu’elle retiendra pour symboliser son histoire de vie est celle d’une ligne brisée avec la pointe tournée vers le haut [Z5]. Il s’agit du dessin N°7 qu’elle commente ainsi : « des bons et des mauvais moments, des hauts et des bas. Passage de moments de bonheur à des passages de soucis et des problèmes de santé ». Quant à la représentation qu’elle se fait de sa liberté à choisir le cours de sa vie [Z4], elle la situe dans la case 3 de l’échelle proposée, qui en compte 6, autrement dit dans la zone inférieure du tiers médian. Aujourd’hui, elle s’estime être avant tout « une femme tout simplement ». En second lieu, « la mère de (ses) enfants » [F4a et F4b].

Elle a passé toute son enfance avec ses deux parents. A 17 ans, elle quitte définitivement le domicile de ses parents [B11]. Elle reste dans la ville de son enfance, y rencontre son premier conjoint, y donne naissance à son premier enfant. A 21 ans, elle quitte cette ville pour Beaune où elle vit encore. Elle y exerce son métier de monteuse offset, y épousera son second mari et aura son deuxième enfant.

Sa mère est toujours en vie, son père est décédé il y a un an. Avant ce décès ses parents vivaient toujours ensemble. Deux autres frères et sœurs ou demi-frères et demi-sœurs dont un demi-frère et demi-sœur l’ont entourée dans son enfance et son adolescence. Ses deux parents exerçaient une activité de commerçant, mais comme salariés. Tous deux étaient français de naissance. Le père était originaire de la région, la mère est née à Paris [P1 à P14].

Peut-être est-ce pour cela qu’elle se sent avant tout, pour sa part, « française », renonçant ainsi à toute définition régionaliste ou extra-nationale [N5]. D’autant que son conjoint est également de nationalité française [N3].

Au plan des convictions religieuses, elle déclare n’avoir pas de pratique religieuse

« mais un sentiment d’appartenance à une religion » [V1]. Pour autant, elle ne se sent proche d’aucun mouvement spirituel ou autre forme de croyance [V2]. Au plan des convictions politiques, elle ne se sent pas proche d’un parti mais, par contre, elle le dit d’un « mouvement ou d’une cause politique » [V4 et V5]. Elle n’a jamais milité, ni dans un parti, un mouvement ou un syndicat. Ni ne s’est présentée à une élection politique locale ou nationale. Pas plus ne fait-elle partie d’une « association à but humanitaire ou de défense de l’environnement ou une autre association de défense d’intérêts » [V11]. Elle confirmera [H15] ne pas faire partie d’une « association de personnes malades/handicapées ». Quant au sentiment d’appartenir à

une « communauté » parce que « malade/handicapée » [H18], ou encore à une « classe sociale » [V14], ce sont là des sentiments qu’elle ne partage nullement. Le partage de convictions religieuses ou politiques ne s’impose pas pour elle. Que ses enfants partagent ses croyances religieuses ou politiques ne lui paraît pas important [V3 et V6].

Sur le plan de sa personnalité, notamment de sa manière d’être et de se comporter, elle s’estime « assez différente en fonction des situations » [P9]. Ce qui l’amenait sûrement, dans la question précédente qui lui proposait de dresser avec une série d’adjectifs un portrait d’elle-même, à fournir une image pour le moins contrastée si ce n’est franchement contradictoire. Elle se déclarait à la fois, et avec le même degré d’application, « méfiante » et

« ouverte », « volontaire » et « anxieuse », ou, avec des degrés opposés, « imaginative » mais pas du tout « spontanée » [P8]. L’image qu’elle donne d’elle-même, son apparence physique et vestimentaire paraissent lui importer grandement. Alors qu’elle déclare être « consciente d’avoir un physique ingrat » [P1], elle juge important qu’en toutes circonstances il lui faille soigner son image, sa façon de s’habiller, de se coiffer [P2]. Elle déclare même que sa façon de s’habiller, de se coiffer lui confère un style, un look particulier, distinct [P4]. Et lorsqu’on lui demande de définir ce look ou ce style, elle l’énonce avec un adjectif : « farfelu » [P5].

D’ailleurs la question suivante [P6] qui lui demandait s’il lui arrivait de porter un vêtement ou un objet pour afficher ses convictions, pour montrer la cause qu’elle défend ou une chose à laquelle elle tient, reçoit de sa part une réponse affirmative. Cela lui arrive parfois. L’objet ostentatoire n’est autre qu’un « ruban rouge » [P7]. Allusion à ses convictions politiques ? Peut-être.

Quant à son handicap, il exige que des personnes l’aident à accomplir certaines tâches de la vie quotidienne [H3]. L’aide qu’elle reçoit, à l’occasion seulement, est prodiguée aussi bien pour l’accomplissement des soins personnels (toilette, habillage, repas) que pour se déplacer dans le logement ou hors du logement, et, a fortiori, pour effectuer des tâches ménagères (ménage, lessive, repassage, faire les courses, préparer les repas…) [questions H4, H5, H6, H8]. Par contre, aucune aide ne lui est nécessaire pour gérer son budget, faire ses papiers ou effectuer des démarches administratives [H7]. Mais, en raison de ces difficultés physiques, elle est amenée à avoir recours à un appareillage [H9], en l’occurrence, « une canne » [H10].

Sa maladie lui a ouvert une « reconnaissance pour invalidité » [H11], sans que l’on sache d’ailleurs la nature de cette reconnaissance (AAH35, rente, capital…). L’expérience de cette maladie, on l’a vu, a entraîné des conséquences négatives sur sa vie professionnelle – sûrement la cessation de ses activités professionnelles– et sur sa vie familiale et affective – mais là on ne connaîtra pas lesquelles [H12]. Par contre, s’agissant de sa façon de voir les choses, de sa personnalité, comme de ses relations avec les autres, ces conséquences sont jugées « à la fois » positives et négatives [H12]. Est-ce parce qu’elle rencontre parfois d’autres personnes malades ou handicapées comme elle ? [H13] Ce n’est pas certain puisqu’elle déclare aussi, on l’a également vu, ne pas tenir ces personnes malades ou handicapées pour « une sorte de communauté » [H18]. De là, peut-être, son absence d’adhésion à une association de personnes malades/handicapées [H15].

Sa maladie lui a ouvert une « reconnaissance pour invalidité » [H11], sans que l’on sache d’ailleurs la nature de cette reconnaissance (AAH35, rente, capital…). L’expérience de cette maladie, on l’a vu, a entraîné des conséquences négatives sur sa vie professionnelle – sûrement la cessation de ses activités professionnelles– et sur sa vie familiale et affective – mais là on ne connaîtra pas lesquelles [H12]. Par contre, s’agissant de sa façon de voir les choses, de sa personnalité, comme de ses relations avec les autres, ces conséquences sont jugées « à la fois » positives et négatives [H12]. Est-ce parce qu’elle rencontre parfois d’autres personnes malades ou handicapées comme elle ? [H13] Ce n’est pas certain puisqu’elle déclare aussi, on l’a également vu, ne pas tenir ces personnes malades ou handicapées pour « une sorte de communauté » [H18]. De là, peut-être, son absence d’adhésion à une association de personnes malades/handicapées [H15].