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MALADIE DE PARKINSON

Stade 6 : néocortex Stade 5 +

G. ETUDE CLINIQUE

2) Signes non moteurs

Les SNM de la MP concernent une multitude de fonctions touchant presque tous les systèmes et comprennant plus de 30 symptômes (tableau 3) [145] et (figure 24) [146].

Dans leurs diverses combinaisons, les SNM peuvent devenir les principales plaintes du patient et constituent un défi thérapeutique majeur aux stades avancés de la MP [147]. D'après plusieurs rapports, il a été démontré qu’ils se produisaient au moins chez un tiers des patients parkinsoniens [148,149].

Tableau 3: Principaux symptômes non-moteurs chez les sujets atteints de la MP [145].

Catégorie Symptômes non moteurs

Symptômes sensoriels hyposmie, vision des couleurs altérée, vision floue, diplopie, douleur.

Symptômes

neuropsychiatriques

hallucinations, psychose, anxiété, dépression, apathie, troubles du contrôle des impulsions.

Symptômes cognitifs trouble cognitif précoce, démence.

Troubles du sommeil trouble du comportement en sommeil paradoxale (TCSP), syndrome des jambes sans repos (SJSR), fragmentation du sommeil, somnolence diurne excessive (SDE).

Troubles cardiovasculaires hypotension orthostatique, œdème des membres.

Troubles digestifs gastroparésie, constipation, dysphagie, hypersalivation.

Troubles uro-génitaux et sexuels

nycturie, urgenturie, pollakiurie, incontinence urinaire, dysfonction érectile, diminution de la libido.

Certains de ces SMN sont non-dopaminergiques, tandis que d'autres répondent à un traitement dopaminergique [150]. Les symptômes non dopaminergiques sont le résultat d'anomalies d'autres neurotransmetteurs tels que la noradrénaline, la sérotonine, le glutamate, le GABA, l'acétylcholine et les neuropeptides. Les déficits en noradrénaline entraînent certains symptômes tels que la constipation, les troubles urinaires et l'hypotension orthostatique. Les troubles cognitifs sont en partie le résultat du déficit dopaminergique mais aussi d'un déficit cholinergique et noradrénergique. Les troubles du sommeil et certains symptômes neuropsychiatriques sont liés aux troubles sérotoninergiques. Néanmoins, il convient de mentionner que la plupart des symptômes non-moteurs ont en commun des perturbations des voies dopaminergiques et non dopaminergiques [151].

Les symptômes tels que la dépression, le SJSR, la constipation et la douleur sont considérés comme sensibles au traitement dopaminergique [152]. À l'inverse, certains symptômes tels que les TCI, les œdèmes et les hallucinations visuelles sont liés au traitement de la MP [153]. De plus, certains symptômes tels que l'apathie et les TCI ont été considérés comme faisant partie d'un spectre comportemental continu impliquant une hypo- et une hyperdopaminergie [154] (voir chapitre TCI) :

Une autre caractéristique importante des SNM est leur caractère fluctuant. Comme les symptômes moteurs, les SNM peuvent fluctuer en fonction de l'état " on " (avec effet du médicament) ou " off " (sans effet du médicament). Les principaux SNM dont on rapporte la fluctuation sont les symptômes neuropsychiatriques, tels que la dépression et l'anxiété, et les symptômes dysautonomiques notamment l'hypotension, la constipation, les troubles sexuels et les troubles vésicaux [155].

Certains SNM sont généralement observés à un stade avancé de la maladie (démence, psychose, hypotension orthostatique), tandis que d'autres sont présents à un stade précoce (fatigue, douleur, anxiété). Les symptômes qui se développent des années, voire des décennies avant le début de la maladie (phase pré-motrice) sont pertinents du point de vue diagnostique [156]. Ces symptômes comprennent souvent l'hyposmie, les TCSP, la constipation et la

Le TCSP est un trouble du sommeil caractérisé par le fait que le patient interprète physiquement des rêves vifs (comportement d'interprétation des rêves). Les rêves sont généralement désagréables et la mise en scène est souvent accompagnée de sons vocaux et de mouvements soudains et violents des bras et des jambes. Le mouvement tremblant des membres se produit pendant le sommeil, augmente jusqu'à ce qu'il réveille le patient et est fréquemment associé à beaucoup d'agitation et d'alarme. Le diagnostic définitif des TCSP doit être confirmé par une polysomnographie de nuit complète [159].

L'hyposmie est définie comme une perte partielle de la capacité à percevoir ou à détecter les odeurs. En pratique clinique, l'hyposmie est diagnostiquée par une performance anormale lors d'un test d'identification des odeurs. Elle a été identifiée comme un marqueur de risque fort pour le développement d'une maladie neurodégénérative [160]. Selon le modèle de propagation de Braak, le dépôt d'alpha-synucléine dans le bulbe olfactif est observé au premier stade. Une étude récente a démontré la présence d'alpha-synucléine dans l'épithélium olfactif chez six des huit patients atteints de MP inclus [161]. De plus, un dépôt d'alpha-synucléine a été aussi identifié le long des neurones tout au long de la voie olfactive [162].

La MP peut débuter dans le système nerveux entérique [163]. Des CL ont été retrouvés dans les plexus myentériques et sous-muqueux dans l'ensemble du système nerveux entérique [53] avec une plus grande implication dans l'œsophage inférieur par rapport au côlon. La motilité gastro-intestinale est altérée dans la MP, responsable de symptômes tels que la dysphagie, la constipation et une vidange gastrique anormalement ralentie. Parmi ces symptômes, seule la constipation peut précéder l'apparition des symptômes moteurs [164]. La prévalence de la constipation basée sur les critères de Rome III a été rapportée comme étant de 27%, [165] mais la plupart des études décrivent une moyenne de 40 à 50% selon la définition et l'outil clinique utilisé [166].

Les études montrent que globalement les SNM sont insuffisamment pris en charge. Une étude rapporte que seul 28 % des syndromes dépressifs, 3 % des dysfonctions érectiles, 2 % des TCSP et 13 % des symptômes urinaires seraient pris en charge [167]. Le dépistage de ces SNM se fait grâce à un auto-questionnaire remis au patient lors de la consultation. Il s’agit du NMS-Questionnaire [168] comprenant 30 questions à réponses binaires validées en langue française [169] (Voir annexe).

Une récente étude portant sur une cohorte de 177 patients parkinsoniens marocains, publiée en Avril 2018 et qui visait à étudier la prévalence des SNM, a rapporté que les SNM les plus fréquents étaient les dysfonctionnements urinaires (82,6 %), les troubles du sommeil (80,6 %) et les troubles gastro-intestinaux (80%). D'autres troubles dysautonomiques étaient également fréquents à savoir les troubles de la thermorégulation (58,6%), les désordres cardiovasculaires (50,9%) et les dysfonctionnements sexuels (47,9%). La dépression et la fatigue étaient présents respectivement chez 47,9% et 23,1% des patients [170].

Figure 25: Evolution de la MP de la phase prodromique à la phase clinique incluant les

symptômes moteurs / non moteurs ainsi que les complications liées à la LD [130].TCSP : Trouble du comportement en sommeil paradoxal. IP : Instabilité posturale.

H. CRITÉRES DIAGNOSTIQUES DE LA MALADIE DE