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EPIDÉMIOLOGIE ET FACTEURS DE RISQUE DES TCI AU COURS DE LA MP

MALADIE DE PARKINSON

Stade 6 : néocortex Stade 5 +

B. EPIDÉMIOLOGIE ET FACTEURS DE RISQUE DES TCI AU COURS DE LA MP

Les TCI sont plus fréquents chez les parkinsoniens que dans la population générale [247]. La prévalence chez les patients traités est de 14% [248], l’incidence cumulée à 5 ans est de 46% et l’incidence annuelle de 10% [249]. Bien qu'il soit actuellement reconnu que les AD soient à l’origine de nombreuses TCI, les médicaments seuls ne représentent pas la seule cause. En effet un large éventail de facteurs modifiables et non modifiables des facteurs de modifiables et non modifiables a été décrit comme étant lié aux TCI. Ces facteurs non dopaminergiques contribuent de manière significative à la variabilité du risque de ces troubles [250].

1) Données démographiques

1.1 Genre et TCI

En général, les hommes sont proportionnellement plus nombreux que les femmes à être dépistés positifs aux TCI [251]. Une vaste étude sur la MP menée dans 32 sites en Italie a révélé que 223 (32,5 %) des 686 hommes et 83 (21,7 %) des 383 femmes ont été dépistés positifs pour les TCI [252]. L'étude DOMINION portant sur 3090 patients atteints de la MP a révélé que les hommes représentaient environ 64 % des patients atteints de TCI, bien que la prévalence des sous-types des TCI était cependant variable selon le sexe [248]. Il est difficile de déterminer si le sexe est un facteur de risque décisif pour les TCI dans la MP, ou si la prévalence plus élevée notée chez les hommes était plutôt due à la démographie globale de la population de MP, qui est à prédominance masculine [253].Des différences entre les sexes existent lors de l'examen des sous-types de TCI. Ainsi, les hommes semblent avoir un risque accru de développer un comportement sexuel compulsif [254], alors que les femmes souffrent d’AC et AP, ce qui indique que des facteurs biologiques et sociaux peuvent influencer l'expression des TCI [248]. Par ailleurs, un nombre limité d'études suggère que le JP, le hobbysme et le punding seraient plus fréquents chez les hommes atteints de MP [255, 256].

1.2 Âge et durée de la maladie

Les patients jeunes atteints de MP ont un risque accru de développer des TCI [248,251,257]. Ceux ayant des TCI sont aussi généralement plus jeunes au début de la maladie et au moment du diagnostic [251,257]. Par conséquent, les personnes ayant une MP précoce avec une durée d’évolution plus longue ont un risque plus élevé de développer des TCI au cours de leurs vies car ils sont plus exposés aux médicaments dopaminergiques [257,258].

1.3 Pays de résidence

Les différences culturelles et environnementales peuvent affecter à la fois l'incidence et le type de TCI [254,259]. La prévalence varie considérablement selon les pays (figure 45). En effet, dans l’étude DOMINION, les TCI étaient plus communs aux États-Unis (US) par rapport aux Canada, avec des achats et JP plus souvent signalés par les patients américains [248]. Ceci est expliqué par la plus grande accessibilité des casinos et centres commerciaux aux États-Unis qu'au Canada. En Asie, des pays tels que la Chine, Taïwan et la Corée du Sud ont par contre une prévalence plus faible [260,259,261], tandis que l'Inde a une prévalence particulièrement élevée estimée à 31,6 % [262]. En Europe, la prévalence varie de 14,9 % à 39% [257, 263,264]. Une étude finlandaise a révélé que la prévalence du JP chez les patients parkinsoniens était sept fois plus élevée que dans la population générale finlandaise [460]. Une autre étude espagnole incluant des malades avec MP à un stade précoce a suggéré que l'utilisation des nouvelles technologies chez les populations jeunes contribuerait à des taux plus élevés d’hobbyisme [254].

Figure 45: Répartition mondiale de la prévalence des TCI chez les patients parkinsoniens [250].

2) Rôle des médicaments dopaminergiques et de la SCP

2.1 Médicaments dopaminergiques

L'association entre médicaments dopaminergiques et TCI est la plus documentée de toutes les associations. De nombreuses études ont observé qu'une présence élevée de dopamine intracérébrale, par le biais soit des AD ou de la LD, augmentait le risque de développer des TCI [252,254]. Le traitement à la dopamine a été associé à un risque sept fois plus élevé de TCI dans une étude portant sur des patients atteints de MP à début précoce [254]. Quelques études de cas ont montré que les IMAO induisaient une HS et un JP [265]. Le rôle des IMAO dans les TCI est attribué à leur effet sur la plasticité comportementale et les traits de personnalité tels que l'impulsivité et l'agressivité [266].

Dans l’étude de Voon et al, les TCI ne sont statistiquement présents que lorsque la dose journalière équivalente totale de lévodopa (LEDD) inclus une combinaison d'AD et de LD [267]. De nombreux rapports ont montré des différences entre les médicaments dopaminergiques à longue durée d'action (voie orale/transdermique ou par le biais d’une pompe) et ceux à courte durée d’action (voie orale, apomorphine injectable) [268]. En effet, ces derniers ont un risque plus élevé de TCI comparativement à ceux à longue durée d’action

Les personnes atteintes du syndrome des jambes sans repos (SJSR) traitées par des AD présentent des taux de TCI plus faibles que les patients atteints de la MP [263] ce qui implique que certains facteurs de susceptibilité sont probablement en jeu chez les patients parkinsoniens.

2.2 SCP

La relation entre SCP et TCI est complexe avec des données contradictoires. La majorité des études ont observé un bénéfice évident. Une aggravation ou l’absence de changement des TCI a été également notée [270,275] La SCP peut améliorer indirectement les TCI en raison de la réduction marquée des médicaments dopaminergiques dû à l’effet bénéfique de la chirurgie sur les symptômes moteurs de la MP [271, 272, 273, 276]. Les cas de TCI survenant après SCP sont expliqués par la diffusion de la stimulation à la partie limbique du NST. La position de l’électrode et les configurations du contact actif varient considérablement d'un sujet à l'autre et jouent donc un rôle important dans l’apparition de ces TCI post-opératoires [274,277].

3) Pré morbidités et comorbidités

3.1 Alcool et tabagisme

La tendance au tabagisme est un facteur de risque important des TCI. Différentes études ont montré que les patients étaient plus susceptibles d'être des anciens fumeurs [248,267]. Les patients atteints de MP souffrant de TCI sont également plus susceptibles de consommer régulièrement de l'alcool [260].

3.2 Traits de personnalité

Les sujets avec TCI ont une personnalité antérieure particulière. En effet, ils présentent une impulsivité plus marquée qui conditionne la gravité ultérieure de ces troubles [278]. Ils ont aussi tendance à la recherche de nouveauté compte tenu de la corrélation de cette dernière avec l'impulsivité [267,279] et de son apparition après le traitement dopaminergique [280]. Ces patients sont plus susceptibles donc de choisir de nouvelles thérapies et sont plus attirés par les nouveaux stimuli [279].

Les plus grandes différences de traits de personnalité apparaissent lors de l'étude des sous-types de TCI. Dans une série récente, une association entre HS et jalousie délirante a été observée [281]. Les malades ont également tendance à avoir une personnalité schizoïde, un névrosisme plus élevé, une plus faible agréabilité ainsi que des idées paranoïaques plus fréquentes [252, 272,282].

3.3 Histoire familiale

Les patients ayant des antécédents familiaux d'impulsivité sont plus susceptibles de développer des addictions [283]. Il est difficile de déterminer si cela est dû à des facteurs génétiques qui affectent les voies neuronales liées à l'impulsivité ou à l'environnement familial.

4) Facteurs de risque génétiques

Les connaissances actuelles sur les facteurs de risque génétiques sont limitées. Les études sur le comportement impulsif chez les patients non souffrant de MP indiquent une implication d'un polymorphisme du gène du récepteur D2 (DRD2) dans l'abus de drogues, l’AC, le tabagisme et le JP [284]. La présence d'une base de 48 polymorphismes de la répétition par paire dans le gène du récepteur D4 (DRD4) est également associée au JP [285, 286].

Une étude menée sur 404 patients atteints de MP et 559 témoins sains [287] a démontré que les polymorphismes d'un seul nucléotide (SNP) dans le gène DRD3 et GRIN2B confèraient un risque accru de TCI. L'allèle A de la substitution DRD3 p.S9G était plus fréquente chez les patients atteints de TCI que chez les autres patients parkinsoniens sans TCI, tout comme l'allèle C du GRIN2B c.366C˃G polymorphisme [287]. L'allèle A de la substitution DRD3 p.S9G a été associée aux TCI, à l'abus d'alcool et à la schizophrénie. Le GRIN est un récepteur NMDA du glutamate ayant une sous-unité de type 2B principalement exprimée dans le striatum. Le glutamate est crucial dans la transition entre l'apprentissage de la récompense et les comportements répétitifs dans la toxicomanie. Le niveau de glutamate

5) Autres facteurs de risque de TCI

La dépression prédispose au développement de TCI dans la MP. Ce risque est amplifié par les AD qui doivent donc être utilisés avec prudence chez les patients dépressifs atteints de MP [290].

Le fait d'être célibataire, d'avoir reçu une éducation plus formelle, semblent avoir une influence désavantageuse [248]. Des antécédents familiaux de troubles bipolaires [291] et d’apathie chez le malade [292] ont en outre été signalés comme facteurs de risque potentiels.

Les TCSP sont également associés à un risque accru de développer des symptômes de TCI dans la MP [293].

Tableau 10: Principaux facteurs de risque de TCI au cours de la MP [294] :

Médicaments dopaminergiques :

 Agonistes dopaminergiques  Lévodopa

Facteurs de risque lié à la maladie :

 Age plus jeune au début

 Trouble cognitif lié à la maladie de Parkinson

Autres facteurs de risque :

 Troubles du contrôle des impulsions avant la maladie de Parkinson  Sexe masculin

 Profil de personnalité caractérisé par l'impulsivité et la recherche de la nouveauté  Antécédents familiaux de troubles liés à la consommation d'alcool ou de jeu  Antécédents personnels de troubles liés à la consommation d'alcool

 Antécédents personnels de toxicomanie ou de troubles bipolaires  Tabagisme

 Célibat

Facteurs de risque génétiques

 Polymorphisme du gène du récepteur D2 (DRD2)*

 Polymorphismes répétés de 48bp du gène du récepteur D4 (DRD4)**  GRIN2B c.366 >G

 DRD3 p.S9G

* Etudié chez des patients ne souffrant pas de la maladie de Parkinson ; facteur de risque d'abus de drogues, d'alimentation compulsive, de tabagisme et de jeu pathologique.

Figure 46: Différents facteurs de risque de TCI au cours de la MP [250].

Il existe de nombreux facteurs de risque établis pour les TCI dans la MP notamment les données démographiques, certains traits de personnalité, la prédisposition génétique, la dépression, la consommation de tabac/alcool, l'âge d’'apparition de la maladie, les médicaments dopaminergiques et la stimulation cérébrale profonde (SCP).