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Chapitre 4 : La présentation des résultats

5.2 Organisation des modalités de garde

5.3.2 Le sentiment d’iniquité relatif à l’arrivée du beau-parent et ses enfants

L’introduction d’un ou de plusieurs nouveaux membres de la famille engendre bien souvent un remaniement des rôles et des places des personnes. Il a été évoqué plus haut que l’enfant peut se sentir exclu ou encore mis à l’écart à travers ces transitions. L’enfant peut réagir fortement et adopter des comportements d’opposition dans le but de regagner l’attention perdue de son parent. Cette jalousie peut être déclenchée par l’arrivée du beau-parent ou encore par les enfants du beau-parent. Il n’est pas rare de voir également de la jalousie se développer entre les enfants en fonction des pratiques parentales adoptées pour chacun d’eux. Il arrive qu’un enfant perçoive une injustice entre la façon dont un parent agit envers soi et les autres enfants. Le beau-parent qui a lui-même des enfants peut avoir de la difficulté à adopter une impartialité entre ses enfants et ceux du conjoint ou de la conjointe (Cadolle, 2013). Les enfants de la famille peuvent ainsi y voir une injustice (Saint-Jacques et Parent, 2015).

Cette section conclut la perception de nos participants face aux éléments ayant pris place durant leur enfance en lien avec la séparation de leurs parents. En bref, il est possible d’affirmer que la séparation parentale affecte de différentes manières la trajectoire de vie familiale des enfants qui vivent ce processus durant leur enfance. Il fut possible de relever quatre facteurs d’importance à prendre en considération à la suite d’une séparation parentale ayant une incidence sur la trajectoire de vie. Il est question ici de la relation parent-enfant, des modalités de garde, des pratiques parentales adoptées ainsi que de la recomposition familiale. Tout d’abord, la relation parent-enfant est appelée à se modifier avec le temps, créant parfois des rapprochements, parfois des éloignements. Bien souvent, l’enfant développe une relation de proximité avec l’un de ses deux parents qui n’aurait possiblement pas pu être possible sans l’avènement de la séparation parentale. L’enfant maintenant devenu adulte apprécie et affectionne cette relation. Les enfants ayant bénéficié d’un soutien quelconque, soit de la part de la famille élargie, des amis ou encore de professionnels, ont eu davantage de facilité quant à leur adaptation face à cette transition. De plus, le choix de la garde constitue également un facteur important à prendre en considération à la suite de la dissolution de la famille. Une garde partagée est privilégiée afin de maintenir un lien

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relationnel avec ses deux parents, en plus de l’absence de recours à des démarches juridiques. Si possible, il est également préférable d’impliquer l’enfant dans cette décision pour connaître son avis, et ce, tout dépendamment de son âge. Tout comme les relations familiales, le choix de la garde est également amené à se modifier avec les années. La principale raison pour qu’un tel changement survienne demeure la présence de conflits entre l’enfant et un autre membre de la famille. Pour conserver une certaine stabilité, il est favorable que les membres de la fratrie conservent une garde semblable pour maintenir ses liens d’importance. Il importe de se rappeler que plus l’enfant est exposé à de multiples changements, plus l’adaptation risque d’être difficile. Troisièmement, les pratiques parentales mises en place se doivent d’être instaurées en fonction du bien-être des enfants. Ainsi, il est déconseillé d’impliquer ces derniers dans les conflits reliés à la coparentalité et d’émettre des commentaires néfastes envers l’autre parent en leur présence. Des pratiques parentales similaires ou semblables sont à favoriser pour maintenir une certaine stabilité parmi cette réorganisation.

Finalement, une fois l’étape de la séparation complétée, la trajectoire familiale est fréquemment amenée à se modifier à nouveau avec l’arrivée d’un beau-parent, avec ou sans enfant. Dans le cadre de la présente étude, une recomposition familiale rapide est souvent perçue négativement, puisque l’enfant n’a pas eu suffisamment de temps pour s’adapter à la séparation. Certains participants soulignent que, lorsqu’ils étaient enfants, ils avaient conservé l’espoir que leurs parents reviennent ensemble. L’introduction de nouveaux membres au sein de la famille a mis fin à cet espoir et a parfois engendré un sentiment de jalousie chez eux et des conflits dans la famille. Les participants de cette étude ont exprimé un niveau plus élevé d’insatisfactions face à l’arrivée de la belle-mère comparativement au beau-père. Ceci vient appuyer les études de Cadolle (2013) et de Gosselin & David (2005) qui relèvent des difficultés plus importantes pour les femmes qui ont à endosser ce rôle. Avec le temps, la relation entre l’enfant et le beau-parent peut se modifier. Ce dernier peut devenir une figure importante dans la vie de l’enfant, comme ce fut le cas pour Nicolas, qui parle de son beau-père comme d’un deuxième père. La façon dont est introduit le beau-parent prédit bien souvent la manière dont l’enfant le percevra. Il importe en effet que le parent d’origine maintienne une place importante auprès de son enfant et que ce dernier n’ait pas le sentiment

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d’être délaissé lors de l’arrivée du beau-parent. Par ailleurs, l’arrivée de nouveaux enfants est souvent perçue positivement par les participants, particulièrement lorsque leur tranche d’âge est similaire. Enfin, les participants soulignent que le parent d’origine se doit également d’être vigilant face à un sentiment d’iniquité que l’enfant peut ressentir face aux traitements réservés aux différents enfants de la maison. Selon les participants, tous ces éléments ont eu, à différents niveaux, une incidence à long terme, c’est-à-dire sur leur vie actuelle.

5.4 Impacts de la trajectoire des participants durant leur enfance sur leur vie