Évolution des relations parents-enfants

À la suite de l’annonce de la dissolution de la cellule familiale, certains participants ont vu la relation avec l’un de leurs parents se détériorer. Ils ont ressenti de la colère ou encore de la frustration envers l’un de leurs parents, car ils lui attribuaient la responsabilité ou la faute de la séparation. Plusieurs raisons semblent à l’origine de cette réaction. L’âge du répondant peut notamment empêcher de bien saisir toutes les composantes d’une séparation ou la manière dont l’annonce de la séparation et les informations partagées auprès des différents membres de la famille sont interprétées par chacun d’eux.

Un inconvénient majeur, c’est que ça l’a tellement teintée la relation avec ma mère. Je lui en ai tellement voulu. Souvent, je l’ai placé comme étant la responsable parce

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que je jugeais que c’était de sa faute, que c’était pour ses projets à elle qu’elle avait comme un peu brisé notre famille. Alors, ça l’a vraiment teintée négativement notre relation, si bien que j’ai été presque deux ans dans ma vie sans parler à ma mère.

(Claudia)

Pendant un bout de temps, peut-être quelques mois, je n’ai pas eu de nouvelles de mon père et ma mère s’occupait de moi. Donc là, apparemment, j’avais beaucoup d’amertume envers ma mère. Je pensais qu’elle avait volé la voiture à mon père et tout ça. C’était assez spécial. […] C’est sûr que je n’étais pas équipé pour comprendre à ce moment-là. (Nicolas)

Plus le temps avance et plus les relations familiales se forgent. En grandissant, il arrive que les enfants prennent connaissance de certaines informations qui ont été négligées ou omises au moment de la séparation. Les contacts avec chacun des parents peuvent ainsi se développer positivement ou négativement selon l’évolution de leur compréhension. Pour certains participants (Catherine, Cédric et Nicolas), le fait de mieux connaître leurs parents et d’être témoin de quelques traits de leur personnalité influence la relation qu’ils vont entretenir avec eux. Aussi, dans certaines situations où l’enfant peut percevoir des comportements qu’il juge inadéquats chez son parent, il est possible que la coupure des contacts, partielle ou complète, soit vécue positivement.

Je pense que c’est l’une des meilleures décisions que ma mère ait pu prendre dans sa vie. Puis, le fait de ne plus parler à un homme comme mon père [violent], je pense que c’est quelque chose de bien qui arrive dans ma vie. J’ai passé trois ans sans lui parler et ça allait vraiment mieux. (Catherine)

En premier, c’est de ne pas avoir trop vécu avec mon père, parce que si mes parents étaient restés ensemble, avec le mode de vie de mon père actuellement [instabilité], c’est certain que ça l’aurait changé complètement la personne que je suis aujourd’hui. (Cédric)

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Pour moi, c’est sûr que ça n’aurait pas été une bonne chose d’avoir été en contact avec mon père plus que ça. Je ne pense pas que c’était quelqu’un de responsable. C’est sûr que pour moi ça l’a été relativement une bonne chose. (Nicolas)

À l’inverse, une relation plus solide peut également émerger de ce processus. Certains participants se considèrent très près de l’un ou l’autre de leurs parents (Audrey et Vincent). Sans la rupture, une telle relation de proximité n’aurait peut-être pas pu se développer. Cela est notamment dû au fait que l’enfant peut passer du temps privilégié avec chacun de ses parents, ce qui lui permet de découvrir des facettes de sa personnalité qu’ils ne pouvaient voir autrement.

Ça m’a permis aussi de vraiment développer une relation avec ma mère qui est différente que toutes celles que je connais entre mère et fille. Ma mère et moi, ça ne se compare pas. Je sais que je peux l’appeler n’importe quand et elle aussi peut me compter des affaires […]. (Audrey)

Je pense que j’ai été capable de créer un lien plus proche avec mes parents. Pas que les autres ne sont pas capables, mais les autres, ils vont toujours voir, selon moi, leurs deux parents ensemble. C’est toujours papa-maman ensemble. J’ai été capable de les séparer et de les voir vraiment un peu comme des amis, mais des amis qui sont des figures parentales pour moi. Quand je parle avec ma mère, eh bien, je parle avec ma mère au complet et il n’y a pas mon père dans la composante. Donc, les relations interpersonnelles avec l’un et l’autre, je les trouve plus fortes. (Vincent)

Bref, si certains enfants se rapprochent de l’un de leurs parents au détriment de l’autre, d’autres sont d’avis qu’ils n’auraient pu développer de liens aussi forts avec chacun de leurs parents sans la séparation. En outre, des participants croient que la séparation leur a permis d’être éloignés de relations qu’ils qualifient aujourd’hui de malsaines.

Par ailleurs, les liens qu’entretient l’enfant avec les autres membres de sa famille peuvent aussi influencer positivement ou négativement la trajectoire familiale de l’enfant

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faisant suite à la séparation familiale. On parle ici du contact avec le reste de la fratrie, mais également avec les oncles et les tantes ainsi qu’avec les grands-parents. La prochaine section porte sur l’évolution de ces liens.