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Sentiment d’appartenance à la nation à travers le développement du sport

SPORTIVES YEMENITES

2. L’entrée des sports modernes au Yémen

2.1. L’héritage du passé colonial britannique sur l’organisation publique et sportive au Yémen du Sud

2.1.2. Sentiment d’appartenance à la nation à travers le développement du sport

Cette période marquée par la colonisation et l’introduction des sports modernes a donc favorisé la pratique organisée du sport. A Aden, en 1934, la colonisation britannique a permis l’établissement d’un comité s’appelant « Al-Jamaiah Al-Riyada Al-Aden » [Traduction : l’Organisation Sportive Adénite] ayant la gestion des affaires

sportives1, œuvrant une politique sportive au sein de la colonie. Cette politique n’était

pas l’apanage des pouvoirs publics. Les membres de cette organisation sont des expatriés, des membres de l’armée (et par la suite des yéménites sont intégrés à cette Organisation). La langue officielle est l’anglais.

Il reste à se demander quel est le but de cette promotion du sport : en quoi s’inscrit-elle dans la politique du colonisateur ? Organiser les loisirs est un moyen de contrôler la population. Le sport apparaît comme une activité saine qui doit permettre de canaliser les énergies.

2.1.2. Sentiment d’appartenance à la nation à travers le développement du sport

Cette organisation « Al-Jamaiah Al-Riyada Al-Aden » [Traduction :

l’Organisation Sportive Adénite] jusqu’à la Seconde Guerre Mondiale, organisa la

plupart du temps des tournois de football chaque année2, dont six clubs yéménites

participèrent. La pratique du football, pour la population yéménite, était considérée

comme une sorte de combat, de lutte contre les Britanniques3. Lors des rencontres

sportives, la supériorité supposée des colons, qui légitimait la domination coloniale, s’est trouvée contestée. Ainsi, par un étrange paradoxe, la politique sportive du colonisateur s’est retournée contre lui ; le sport a cristallisé les velléités d’indépendance en devenant l’un des vecteurs essentiels de l’identité nationale.

Cette Organisation a établi un rapport, le 28 février 1958, qui stipule que les clubs (regroupant plusieurs disciplines sportives) d’Aden sont au nombre de 41, comptant environ 6 000 participants, et, les clubs de football sont au nombre de 31.

1

Al-Jumouriah Al-Yemenia, Wazara Al-Shebab wa Riyada, (2005). Rakaek wa Argam fi tamania ayam

1996 ila 2004, [Traduction : République du Yémen, Ministère de la Jeunesse et des Sports, Réalisations et chiffres de huit années de 1996 à 2004], 408p., page 24.

2 A.R. MATUQ, (1965). Tarik al-harakat fi arriyadah fi al-Yeman, [Traduction : Date du mouvement sportif au Yémen], Aden, Dar Al-Hanna.

Journal Ar Riyadah, [Journal Le sport], 41-2.

Le sport moderne est défini comme un ensemble de situations motrices, un système de règles, un enjeu de la compétition et un caractère institutionnel.

3 Journal Ar-Riyadah, (1990). « Misirah adris hanbalah An Nadaliyah ma Al-Harakat Ar-Riyadah », [Traduction : Journal Le sport, « Idris Hanbalan et le mouvement sportif »], n° 11, 5, 5 août.

Les clubs ont contribué à la diffusion du football, du tennis et d’autres pratiques, et, ces derniers ne sont développés. Ils ont également contribué à la diffusion de la conscience nationale, et ont bénéficié de l’action des dirigeants politiques. Kwame Nkrumah, le commandant du Ghana a évoqué le conseil suivant : « La plus grande assemblée pour la population c’est constamment s’adopter avec les clubs sportifs, et les pilotes des partis politiques de la nation doivent contrôler ces clubs, à travers les élections1 ».

Il est possible de souligne qu’Aden possède une histoire importante en comparaison aux autres villes de la péninsule arabique.

La vie politique s’effectue à travers les clubs sportifs, qui rassemblent un certain nombre d’individus. Les partis politiques peuvent ainsi gagner des « places ». Au Yémen du Sud, en 1967, les partis politiques du Front de Libération de l’Occupation du Yémen du Sud (F.L.O.Y.S.) et le Front de Libération Nationale (F.L.N.) s’affrontent sur le terrain sportif, en obtenu des voix des clubs sportifs qu’ils contrôlent. Les dirigeants des partis politiques nationaux cherchent la direction de ces clubs à travers

les élections2. Le sport apparaît comme un instrument de la création d’une conscience

nationale. Le sport s’adresse à la nation entière : il est possible de se mesurer et de résister aux colonisateurs, c’est une sorte d’avertissement de lutte de libération nationale.

Le sport est adopté par les Yéménites, qui a été implanté par le colonisateur britannique. Le sport est devenu un outil de manifestation contre le colonisateur, et se retourne contre lui. C’est un lieu de confrontation qui favorise l’émergence d’un

nationalisme3. Jusqu’à la veille de l’indépendance du Yémen du Sud (en 1967), 65

clubs seraient recensés4. Au lendemain de l’indépendance, « Jamaiah Riyada

Al-Aden » [Traduction : l’Organisation Sportive Adénite] est dissoute.

1

Journal 26 septembre, [Traduction : « Document de travail présenté au forum de documentation de l’histoire de la révolution yéménite : les organisations professionnelles, culturelles, publiques et les syndicats, les clubs, les forums, les associations et son rôle dans la sensibilisation nationale »], Rubrique : Affaires municipales, p. 38., (06 décembre 2007), n° 1362.

2

Journal 26 septembre, [Traduction : « Document de travail présenté au forum de documentation de l’histoire de la révolution yéménite : les organisations professionnelles, culturelles, publiques et les syndicats, les clubs, les forums, les associations et son rôle dans la sensibilisation nationale »], Rubrique : Affaires municipales, p. 38., (06 décembre 2007), n° 1362.

3

Comme l’écrit Hélène d’Almeida Topor, « plus qu’en tout autre occasion, la fierté nationale s’est souvent exprimée en Afrique lors de rencontres sportives ».

H. ALMEIDA TOPOR, (1996). Naissance des États africains, Paris, Casterman, p. 63.

4 Référence contradiction avec le recensement du nombre de clubs sportifs du M.J.S. (identique aux statistiques de la Central Statisctical Organization du Yémen, basée à Sana’a).

Une nouvelle administration1, afin « d’adopter la jeunesse », est créée et est rattachée au Ministère des Affaires sociales et du Travail, jusqu’en 1973.

Les nouveaux responsables nationaux de la R.P.S.Y. (la République Populaire du Sud du Yémen) n’introduisent pas de rupture dans le système d’organisation du sport déjà établi. Les fédérations nationales se créent. Les caractéristiques du modèle sportif européen sont maintenues : délégation de pouvoir aux fédérations sportives nationales pour l’organisation des compétitions et représentation du pays dans les rencontres internationales ou autres.

En 1973, se déroula la première conférence sur le sport. À cette occasion, une nouvelle administration est créée : « Al-Majeliss Al-Ahla wa riyada » [Traduction : le

« Conseil Suprême du Sport »]2. Ce Conseil est lié à l’Assemblée des Ministres. Son

objectif est l’avancement et le développement du sport. Cette période est caractérisée par une plus grande diffusion des activités sportives modernes, un accroissement

sensible du nombre de clubs3. Plusieurs fédérations sportives se créent : football,

volleyball, basketball, tennis de table, athlétisme, puis le C.N.O. du Yémen du Sud se

crée en 1975 ou 19714. Ceci pourra permettre, plus tard, la création du C.N.O.Y.

Cependant, il faut noter que tous ces progrès et ces efforts ne concernaient que peu la population yéménite.

Le Yémen du Sud a connu le sport moderne à travers la colonisation et c’est l’administration coloniale qui a été à la base de son implantation et de sa relative

diffusion. Comme le disait Mohamed Kaach5 « les pays européens qui n’ont pas subi de

colonisation, ont adopté le sport de façon volontariste, par contre les pays colonisés, comme le Maroc, ont connu le sport sous la domination. En effet, il leur a été imposé de l’extérieur par les nations qui les dominaient politiquement, militairement et économiquement ».

1 Pas de nom précis pour cette nouvelle administration.

2 Al-Jumouriah Al-Yemenia, Wazara Al-Shebab wa Riyada, (2005). Rakaek wa Argam fi tamania ayam

1996 ila 2004, [Traduction : République du Yémen, Ministère de la Jeunesse et des Sports, Réalisations et chiffres de huit années de 1996 à 2004], 408p., p. 27.

3 Apparemment, le nombre de clubs par circonscription est de deux.

4 Pas de date précise.

5 M. KAACH, (1985). « Introduction des sports modernes au Maroc durant la période coloniale ».

2.2. Diffusion du Sud vers le Nord : entrée des sports modernes au Yémen du