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Au Yémen, l’écart entre les sexes est de plus en plus important. Les femmes1, et

tout particulièrement celles qui vivent dans les zones rurales et les filles, enregistrent des résultats plus mauvais que les hommes pour la majorité des indicateurs

socio-économiques. En 2004, le Yémen occupait la 126ème place sur 144 pays figurant à

l’indice de développement lié aux considérations de sexe, établi par le Programme de

Développement des Nations Unies, soit la plus mauvaise place de tous les états arabes2.

Seul 29% des femmes adultes savent lire et écrire, ce chiffre étant de 69% pour les hommes. 52% des filles inscrites ne terminent pas l’école primaire, par rapport à 18% pour les garçons, ce qui constitue la différence la plus grande parmi les pays arabes. Le taux de fécondité en 2003 était de 5,8 enfants par femme (5,1 dans les pays les moins

développés et 3,8 dans les pays arabes). Les mariages précoces3 sont une des causes de

ces phénomènes et constituent un autre obstacle de taille à l’égalité entre les sexes. Les femmes sont confinées uniquement aux tâches domestiques et agricoles : plus de 70% du travail agricole est effectué par les femmes. Les décisions économiques et les relations avec le monde extérieur restent l’apanage des hommes.

Cependant quelques évolutions sont notées : le contenu du rapport mondial pour le développement, du P.N.U.D., en 1995 déclare que la réussite des actions de développement nécessite la participation conjointe des hommes et des femmes. La question de genre est une question majeure pour l’ensemble des pays de la communauté internationale. L’émergence, puis la multiplication des associations de la société civile, et tout particulièrement des regroupements féministes, ont permis l’activation du rôle de la femme dans la société et son renforcement dans les domaines économique, social et politique. B. Abu Osbaa retrace la place des femmes yéménites au sein de la société

1 B. DESTREMAU, (1989). « Les Femmes yéménites, le Yémen », Peuples du Monde Itinérances. Paris.

2 Site Internet : http://hdr.undp.org/statistics/data/country_fact_sheets/cty_fs_YEM.html.

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civile, en montrant l’augmentation de la participation de ces dernières1. Le Yémen est donc un pays confronté à une multitude de problèmes politiques, mais aussi

économiques, sociaux et environnementaux2. Au cours des dernières années, des efforts

importants ont été déployés par le gouvernement, ainsi que par les donateurs internationaux, pour relever les défis fondamentaux du pays. Pourtant, les indicateurs économiques et sociaux ne montrent que de faibles signes d’amélioration. Les problèmes sont aggravés par les difficultés du gouvernement à traduire ses engagements en faveur des réformes en actions politiques opérationnelles.

3. Situation économique et sociale : fragilité économique, incertitude de

croissance, place des jeunes dans la société

Le niveau de pauvreté du Yémen3 le situe à un niveau de développement

socio-économique comparable à celui d’un pays d’Afrique sub-saharienne. Il est de loin le

pays le plus pauvre du Moyen-Orient4. Le gouvernement yéménite a intensifié ses

efforts pour lutter contres ces problèmes. Même s’il a pu instaurer une stabilité politique, il n’est pas encore parvenu à obtenir un cycle de croissance régulier. Il poursuit toujours, avec l’aide des donateurs, les réformes économiques structurelles et administratives qu’il a entreprises avec l’aide, le soutien et le suivi des institutions

internationales5 au milieu des années 1990. Le gouvernement conduit sa politique de

réforme économique en élaborant le plan de développement pour la réduction de la

1

B. ABU OSBAA, (2008). « Les associations et la promotion de la cause des femmes », in S. BEN NEFISSA, M. GRABUNDZIJA, J. LAMBERT, Société civile, associations et pouvoir local au Yémen, Centre Français d’Archéologie et de Sciences Sociales de Sana’a (CEFAS), Fondation Friedrich Ebert, Sana’a, 332 p. pp. 33-35.

2

J-J. BERREBY, (1956). « Yémen, synthèse historique, sociale, économique et politique », La

Documentation Française, Notes et études documentaires, n° 2141, 16 février 1956, Paris.

3 The Government of Yemen, The World Bank, The United Nations Development Program, (2007).

Yemen Poverty Assessment, 4 volumes, November 2007. Voir également Ministry of Planning and

Development, (1999-2000). Republic of Yemen: 10 years of achievements 1990-2000, Sana’a.

4 Le revenu national brut par habitant est de 718 U.S.D. en 2005 (565 U.S.D. en 2003). 45,2% de sa population se trouve sous le seuil de pauvreté monétaire de 2 U.S.D. par jour sur la période 1995-2005 (15,7% sous le seuil de pauvreté monétaire d’1 U.S.D. par jour). Le rapport mondial sur le développement humain 2007/2008 (et 2005) a été utilisé afin d’actualiser l’ensemble des données chiffrées concernant le Yémen. Référence : P.N.U.D., (2008). Rapport mondial sur le développement

humain 2007/2008, Paris, Economica. (Site Internet :

http://hdr.undp.org/en/reports/global/hdr2007-2008/chapters/french/. Et http://hdr.undp.org/en/francais/.).

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pauvreté pour 2006-2010.1

3.1. Pays le moins avancé des pays arabes, quelques indices révélateurs

Le Yémen2 fait partie du groupe des pays les moins développés et est un des

pays les plus pauvres de la planète pour ce qui concerne presque tous les aspects du bien-être humain, cumulant une situation économique fragile avec une démographie galopante.

Le rapport sur le développement humain 2007-2008 des Nations Unies3 place le

Yémen en 153ème position sur les 177 pays, repris dans son Indice de Développement

Humain. Le Yémen est de loin le pays le plus pauvre de la région élargie du Moyen-Orient4 et de l’Afrique du Nord5. Il est un pays à faibles revenus qui fait face à de sérieux défis économiques. Le Produit Intérieur Brut (P.I.B.) par habitant n’a que peu évolué ces dix dernières années, malgré les politiques de stabilisation de l’économie.

Le Yémen est dans une phase de restructuration et de réformes économiques structurelles. A l’heure actuelle, aucun résultat concret ne s’est traduit, la croissance économique a été modeste et les conditions de vie des couches pauvres de la population ne se sont guères améliorées.

Au contraire, la pauvreté s’est amplifiée au Yémen et devient de ce fait

préoccupante6. Cette pauvreté, si elle touche les classes sociales qui étaient déjà

marginales dans la société yéménite, notamment les akhdams7, (minorité ethnique dont

le nom signifie serviteur et qui souffre d’attitudes négatives de la part du public, en

1 En 2004, le Yémen a été sélectionné par le projet du millénaire des Nations Unies pour faire partie de pays pilotes auxquels il a été demandé de préparer un plan de développement basé sur les Objectifs du Millénaire pour le Développement. Anciennement le Document Stratégique de Réduction de Pauvreté, adopté en octobre 2002, définissait les objectifs, les orientations, les domaines et les modalités d’intervention que le gouvernement yéménite mettait en œuvre pour réduire la pauvreté dans le pays.

2 Voir Ministry of Planning and Development, (1999-2000). Republic of Yemen: 10 years of

achievements 1990-2000, Sana’a. Voir également : Annexe 3 : Fiche pays : Le Yémen. p.456.

3 P.N.U.D., (2008). Rapport mondial sur le développement humain 2007/2008, Paris, Economica.

4 Il est peu probable qu’il soit capable de ne satisfaire à aucun des Objectifs du Millénaire pour le Développement des Nations Unies, fixés pour 2015, à l’exception sans doute du secteur de l’éducation.

5

L’absence de tout indice de parité de pouvoir d’achat approprié, n’en permet pas d’évaluer si l’Iraq a un taux de pauvreté plus élevé ou plus faible. Cependant, tous les autres indicateurs de développement humain sont nettement inférieurs au Yémen. Etude sur le budget des ménages, 1998. P.N.U.D.

6

B. DESTREMAU, (2000). « Pauvreté et droits au Yémen », Chroniques yéménites, Centre Français d’Archéologie et de Sciences Sociales (CEFAS), Sana’a, n° 8.

(Site Internet : http://cy.revues.org/document8.html).

7 Plusieurs groupes sociaux subsistent à la périphérie du courant principal du développement : Akhdams (Caste d’intouchables en milieu urbain, en grande partie descendant d’esclaves noirs, originellement confinés aux métiers d’éboueurs et autres travaux difficiles), réfugiés et rapatriés. Les besoins de base de ces groupes (santé primaire, éducation, emploi, crédit) ne peuvent pas être satisfaits par la mise en place d’équipements séparés, car cette approche n’est ni soutenable ni économique. Seule une approche intégrée, où les besoins de ces groupes sont incorporés au processus de développement, peut mener à un traitement équitable.

conséquence de quoi elle est située au niveau inférieur de l’édifice social. Il est interdit à ses membres de se marier avec d’autres personnes des autres classes, mais aussi de fréquenter des gens n’appartenant pas à leur groupe), touche dans les mêmes proportions les villes et les campagnes. Un nombre croissant de yéménites n’a pas accès à un logement convenable, à l’eau potable, aux services de santé, à l’éducation, à une source de revenus et à une alimentation suffisante. En effet, l’Etat yéménite peine à assurer une garantie à la population concernant l’accès aux services publics de base que sont la santé et l’assainissement. Les dispositifs de santé publique sont peu développés à l’heure actuelle et l’absence d’assainissement de l’eau pose des problèmes afin de garantir une hygiène tant au niveau des villes que des campagnes. A la fois source et conséquence du sous-développement, le taux d’alphabétisation de la population est préoccupant au Yémen, d’autant qu’il se double d’une importante inégalité entre hommes et femmes. Malgré la disponibilité de produits importés, l’accès aux denrées alimentaires est limité par la faiblesse du pouvoir d’achat. Trois quarts de la population

du Yémen vit en milieu rural1.

Le travail des enfants, lié à la pauvreté, est très répandu au Yémen. Dans les zones rurales, près de 96% des enfants travaillent dans l’agriculture, souvent pour leur famille et sans être payés. Toutefois, dans les zones urbaines, près de la moitié des

enfants qui travaillent reçoivent un salaire2.

3.2. Ressources économiques, exploitation limitée

Le Yémen est un pays de revenu faible. La ressource principale est le pétrole

(environ 400 000 barils par jours en 20053) qui fait du Yémen un petit pays pétrolier, et

potentiellement le gaz naturel, en voie d’exploitation. La pêche et l’agriculture qui mobilisent plus de la moitié de la main d’œuvre ne sont que des ressources complémentaires.

Malgré le relief montagneux, la moindre parcelle de terrain est cultivée, plantée de sorgho ou de café. Le Yémen fut autrefois une place incontournable pour le commerce du café du nom du port de Mokha. Le Yémen peut compter sur ses ressources traditionnelles comme l’agriculture, la pêche, mais aussi sur le pétrole, le

1 Cinq gouvernorats sont identifiés, dont Taez et Ibb où plus de 40% de la population vit au-dessous du seuil de pauvreté. Dans ces gouvernorats, la pauvreté est en corrélation avec un taux de chômage élevé.

2 Le taux d’emploi de la population infantile est passé de 4,9% en 1991 à 13,5% en 1997 (U.N.I.C.E.F., (1998). Rapport de l’U.N.I.C.E.F. / D.H.S., 1998).

3 M. DEBALLON, (2006). L’essentiel d’un marché, Comprendre le Yémen, Paris, Ubifrance, p.31, p 187.

tourisme et le secteur industriel, secteurs restant encore néanmoins fragiles mais sans doute prometteurs.

Tableau 2 : Structure du P.I.B. en 2005 (en % du total)

Structure du P.I.B. en 2005 (en % du total)

Pétrole et gaz 31,9% Agriculture et pêche 13,3% Transports et communication 10,7% Services gouvernementaux 11,8% Industrie 5,5% Commerce 12,9%

Autres (dont tourisme 2%) 13,9%