• Aucun résultat trouvé

Principales caractéristiques de la culture

DEVELOPPEMENT ENTRE TRADITION ET MODERNITE

1. Du global au local : de la notion de culture à la culture arabo-musulmane L’anthropologie se plaçant du point de vue de l’espèce présente le concept le

1.1. Vers la notion de culture

1.1.3. Principales caractéristiques de la culture

Emile Durkheim4 comprenait le social dans toutes ses dimensions et sous tous

les aspects y compris la dimension culturelle. L’humanité est une et toutes les civilisations particulières contribuent à la civilisation humaine. Aucune théorie de la

1 A. KROEBER, C. KLUCKHOHN, (1952). Culture, a critical review of concepts and definitions, Cambridge, Harvard University Press, 1952.

2

Définition d’A. KROEBER & C. KLUCKHOHN : « Culture consists of patterns, explicit and implicit, of and for behaviour acquired and transmitted by symbols, constituting the distinctive achievement of human groups, including their embodiment in artefacts; the essential core of culture consists of traditional ideas and especially their attached values; culture systems may, on the one hand, be considered as products of action, on the other as conditioning elements of further action », p. 357.

3

G. ROCHER, (1992). Introduction à la sociologie générale. Première partie : l’action sociale, chapitre IV, La notion de culture, extraits du chapitre IV : Culture, civilisation et idéologie, pp. 101-127, Montréal, Editions Hurtubise, 3ème édition.

4 Il est à noter l’absence de l’idée de culture parmi les fondateurs de l’ethnologie française, Durkheim privilégie le concept de société.

culture ou concept de la culture ne fut exprimée par E. Durkheim, cela ne l’a pas empêché de proposer des interprétations de phénomènes souvent désignés comme culturels. Une théorie de la conscience collective est présente dans Les formes

élémentaires de la vie religieuse et Le suicide. Denys Cuche1 explique que, pour E.

Durkheim, il existe dans toute société une « conscience collective » faite des représentations collectives, des idéaux, des valeurs et des sentiments communs à tous les individus de cette société. Cette conscience collective précède l’individu, s’impose à lui, lui est extérieure et transcendante. C’est la conscience collective qui réalise l’unité et la cohésion d’une société.

A l’échelle des individus, la culture tend à se confondre avec tout ce qui est

acquis2 et donc produit des interactions humaines : le concept de culture se rapproche

alors du concept même de société.

La formule d’E. Durkheim3 Manière de penser, de sentir et d’agir4 inclut les

connaissances, les idées, la pensée, s’étendant à toutes les formes d’expression des sentiments, aussi bien qu’aux règles régissant des actions objectivement observables.

La culture s’adresse à l’activité humaine5, elle est action6. Ces manières de penser, de

sentir et d’agir peuvent être plus ou moins formalisées dans un code de lois, des formules rituelles, des protocoles… Moins l’ensemble de ces manières est formalisé, plus la part d’interprétation et d’adaptation personnelle est permise ou même requise. Ces manières de penser, de sentir et d’agir sont partagées par une pluralité de

personnes7. Il s’agit de règles de vie ayant acquis un caractère collectif et donc social.

La culture, au sens sociologique et anthropologique du terme, bien qu’elle

s’individualise, on la reconnaît : elle est commune à une pluralité de personnes8.

La culture est la forme de différenciation d’une société par rapport à une autre. Pour cela, il est nécessaire de faire abstraction de ce que les sociétés peuvent avoir en commun : l’organisation économique (et des techniques de production), le système politique (l’Etat) et les institutions… Alors, quels sont les champs de ces différences

1 D. CUCHE, (2001). La notion de culture, Paris, Repères, La découverte.

2

Par opposition à ce qui est inné.

3

Fondateur de l’ethnologie française, absence de l’idée de culture, référence au concept de société.

4 Cette formule est plus explicite que la formule manière de vivre retrouvée dans une multitude d’expression.

5 Cognitive, affective, conative, sensorimotrice.

6

Ainsi, il est possible de l’observer et d’en dessiner les contours.

7 La culture d’un groupe : le nombre de personne importe peu, la culture d’une société est partagée par un plus grand nombre de personnes (comme le gang).

8 Sous entend une signification collective. Parler d’une classe sociale, région, gang, ou expression utilisée de sous culture afin de désigner une entité partielle au sein d’une société globale.

observables entre deux sociétés (mais aussi entre deux ethnies, peuples ou groupes sociaux) ? La culture conçue dans ce sens plus restreint se compose alors de deux groupes d’éléments en interaction : la culture du quotidien et les systèmes de symboles.

La culture du quotidien se définit par un mode de vie particulier constitué par :

les mœurs (les habitudes, les usages qui sont autant de solutions aux

problèmes immédiats de l’existence) ;

les mentalités (c’est-à-dire, les attitudes mentales communes, les traits

psychologiques partagés, les croyances collectives, les idées reçues, les préjugés…) ;

les coutumes (c’est-à-dire les règles sociales de conduite vis-à-vis des autres

en tant qu’elles échappent à la codification juridique et au pouvoir politique) et les normes (c’est-à-dire les types idéaux de comportements valorisés par le groupe).

Les systèmes de symboles qui donnent un sens à ce mode de vie et expriment

l’image que la société se fait d’elle-même, image dans laquelle chaque membre se reconnaît plus ou moins. Le symbole ici se présente comme l’association sociale particulière d’un support concret et d’une signification abstraite. Deux facteurs de production symbolique sont le langage et les résidus.

le langage, dans toute société, qui est une part des symboles émerge du

discours social et représente la forme fondamentale d’utilisation du langage dans une société. La langue reflète de la manière la plus immédiate son mode de vie, ses aspirations, ses idées et entretient un rapport étroit et complexe avec les représentations circulant dans cette société ;

les résidus sont les restes d’une survivance d’anciens systèmes symboliques,

véhiculés par les croyances mais aussi par des activités en déclin, appelées parfois « arts populaires ou folklores ».

Une autre caractéristique de la culture concerne son mode d’acquisition ou de transmission. L’acquisition de la culture résulte des divers modes et mécanismes de

l’apprentissage1. Les éléments acquis transmissibles d’une génération à l’autre

permettant d’assurer la continuité d’une culture dans le temps. L’ensemble des pratiques inventées et/ou apprises (travail, organisation, religion…) sont transmises de

1

génération en génération dans la mesure où elles sont codées, c’est-à-dire fixées par des règles. La culture d’un peuple est alors formée de l’ensemble de ces pratiques, des objets utilisés et des codes qui les reproduisent (arts, techniques, institutions, langages, technique du corps, sport…).

La langue est considérée comme un élément constitutif de la culture. Le problème de la transmission de la connaissance est présent. Emile Benveniste énonce

« Par la langue, l’homme assimile la culture, la perpétue, la transforme1 ». La langue2

définit et délimite la culture. Comme le dit Lyotard, les limites de mon langage définissent les limites de mon monde.

Claude Lévi-Strauss3 définit la culture :

« Comme un ensemble de systèmes symboliques au premier rang desquels se placent le langage, les règles matrimoniales, les rapports économiques, l’art, la science, la religion. Tous ces systèmes visent à exprimer certains aspects de la réalité physique et de la réalité sociale des ensembles humains concernés, et plus encore, les relations que ces deux types de réalités entretiennent entre eux et que les systèmes symboliques eux entretiennent les uns avec les autres ».

C. Lévi-Strauss4 démontre que les cultures conçues comme des totalités se

caractérisent d’après leur modèle (inventaire des coutumes, réelles ou imaginaires…). Il énonce également les liens entre langage et cultures qui sont extrêmement complexes. Le langage est à la fois un produit de la culture, une partie de la culture et une condition de celle-ci. Si la culture est le propre de l’homme, la culture doit mettre en scène, au delà de la diversité de ses expressions, le même contenu. La question qui se pose est la suivante : est-ce qu’il y a des traits communs à toutes les cultures ? Oui,

1 E. BENVENISTE, (1974). Problème de linguistique générale, Paris, Gallimard, Tome I, p. 30.

2 Par exemple, chez les Grecs, leur langage était logos, c’est-à-dire le discours et la raison. Chez les auteurs du XVIIème siècle, comme Galilée, les mathématiques étaient la langue du Grand Livre de la nature.

3 C. LEVI-STRAUSS, (1952). Anthropologie structurale, Paris, Plon, p. 325-326.

4

Les premiers travaux de Lévi-Strauss sont consacrés aux systèmes de parenté. La logique des systèmes de parenté est le produit d’opérations mentales qui sont inconscientes. Derrière la diversité des cultures se cachent des règles appliquées par toutes les cultures = les structures. Ce qu’inventent les hommes sont en fait des productions de l’esprit humain qui sont inconscientes. On ne va non plus étudier les phénomènes conscients, mais leur infrastructure inconsciente. La structure des systèmes symboliques (système de parenté…) renvoie à des aptitudes humaines universelles, liées aux lois de l’activité inconsciente de l’esprit. Tout l’enjeu du structuralisme consiste à dépasser l’apparence (diversité et relativité des cultures) pour aller vers l’essence (unité de l’homme et universalité de l’esprit humain). Qu’est-ce que la culture ? La culture est faite de règles de conduite dont la fonction échappe aux acteurs : -résidus de traditions. -règles acceptées ou modifiés.

ce sont les « invariants culturels » : religion, mariage, ensevelissement des morts... Mais le constater ne suffit pas. Pourquoi y a-t-il au sein de ces invariants culturels autant de variations d’une culture à une autre ? Exemple : toutes les sociétés ont le souci des morts, mais observent une diversité de pratiques qui sont parfois contradictoires. Il ne suffit pas de constater qu’il y a des traits communs, mais il faut chercher ce qui unit les hommes au delà de la diversité culturelle. La question que C. Lévi-Strauss pose : Comment penser à la fois l’universel et le singulier ?

La notion de culture constitue l’un des concepts fondamentaux de l’anthropologie. Chaque culture apprend à ses membres un ensemble de pratiques particulières. Elle offre un éventail de modèles pour diverses situations de la vie. Elle indique comment on doit réagir et se comporter dans différentes circonstances. Chaque culture oriente le développement des sens et leur donne même une signification particulière. Aucun individu n’est totalement imprégné ou porteur de toutes les manifestations de sa culture. Chacun participe à différents groupes d’appartenance et apprend les particularités de ces ensembles culturels qui le distinguent des autres membres de sa culture. Les membres d’un groupe partagent cependant un certain nombre de comportements et de valeurs qui les lient et les identifient à celui-ci et peuvent transcender plusieurs générations : la langue ou les pratiques religieuses. Ces comportements et valeurs font partie du patrimoine et de l’identité du groupe. Toutefois, ils peuvent aussi disparaître ou se modifier avec le temps afin de s’adapter au contexte et aux exigences de l’époque.

La culture résulte de l’activité sociale, donc il n’y a pas de culture individuelle, la culture est toujours et uniquement collective. Toute société possède une culture, de ce fait il existe autant de cultures que de sociétés. La culture apparaît comme un résultat, particulier et unique, de chaque société à s’adapter à son environnement à travers sa propre histoire. La culture est donc partagée entre les membres d’un groupe, elle s’apprend et se transmet, elle transcende les individus d’une génération à l’autre, elle est dynamique et se transforme dans le temps, elle est enfin diversifiée.