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Sections monoïdales et foncteurs fibres

Dans le document Nilpotence, radicaux et structures monoïdales (Page 124-131)

IV. Enveloppes

18. Sections monoïdales et foncteurs fibres

Dans ce paragraphe, nous appliquons le théorème de scindage mo-noïdal symétrique au cas des catégories tannakiennes.

18.1. Un contexte général.

18.1.1. THÉORÈME. Soient K un corps de caractéristique nulle et L une extension de K. Soit A une (petite) catégorie K-linéaire, pseudo-abélienne, monoïdale symétrique rigide avec K4End(1). On suppose qu’il existe un K-foncteur fidèle monoïdal symétrique v:AKVecL.

AlorsR4rad (A) est monoïdal, et A4A/R est tannakienne semi-simple sur K. En particulier, siAest une catégorie tannakienne sur K, de radicalR,alorsA/Rest encore tannakienne sur K; elle est neutre si A est neutre.

DÉMONSTRATION. On sait par le théorème 8.2.1 que A est de Wed-derburn. Comme A est K-linéaire pseudo-abélienne, elle est même abé-lienne (semi-simple); elle est par ailleurs rigide (cf. 6.1.4). D’autre part, la tensorialité du radical a été démontrée dans le théorème 8.2.2.

Les hypothèses des théorèmes 13.2.1 et 15.3.5 sont satisfaites. On peut donc trouver une sectionK-linéaire monoïdalesdepA, qui est auto-matiquement symétrique. Une telle section est clairement fidèle, donc le K-foncteur monoïdal symétrique vs4vis:AKVecL l’est aussi. Com-me c’est un foncteur monoïdal fidèle entre catégories monoïdales abé-liennes semi-simples, il est exact (les suites exactes se scindent); c’est donc un foncteur fibre.

La seconde assertion découle de là. r 18.1.2. REMARQUES.

a) On pourrait aussi prouver queAest tannakienne siAl’est en uti-lisant la caractérisation interne de Deligne [14]. En effet, commeR48, la dimension d’un objet deAne change pas si on la calcule dansA; c’est donc un entier naturel. Mais cet argument ne montre pas queAest neu-tre quand A l’est.

b) L’exemple de catégorie monoïdale K-linéaire non strictement se-mi-primaire vu plus haut (contre-exemple 3.1.4) fournit, en caractéristi-que nulle, un exemple d’application du théorème ci-dessus (le foncteurv étant induit par xOK pour tout xE).

Dans cet exemple, la catégorie tannakienneAn’est autre que la caté-gorie des représentations du groupe diagonalisable de groupe de carac-tères E.

c) L’exemple montre que le théorème de scindage monoïdal symétri-que ne s’étend pas, en remplaçantRpar8, au cas où le radicalRn’est pas monoïdal. Dans cet exemple,A/8est équivalente à la catégorie des super-espaces vectoriels de dimension finie, qui n’est pas tannakienne (on a un objet de carré tensoriel isomorphe à 1, mais de dimension c1).

d) Dans [1] nous déduisons de ce théorème, indépendamment de tou-te conjecture, ungroupe de Galois motivique pro-réductifattaché à tou-te cohomologie de Weil «classique» définie sur les variétés projectives lisses sur un corps quelconque.

18.2. Le cas tannakien neutralisé.

Ce sous-paragraphe est préparatoire au paragraphe 19.

On suppose encore Kde caractéristique 0. Soient Gun K-schéma en

groupes affine (en bref: unK-groupe affine) etA4RepK(G) la catégorie des K-représentations de dimension finie de G. On note pG au lieu de pA,RGle radical deA, etvGle foncteur fibre canonique deA(à valeurs dans VecK).

Le lemme suivant est fort utile:

18.2.1. LEMME. SoientB une (petite) catégorie K-linéaire monoïda-le symétrique et f :BKRepK(G)un foncteur monoïdal. Pour toute K-algèbre commutative R, notons fR (resp. vR) le foncteur monoïdal f (resp. v) composé avec

VecKKR-Modf (resp. RepK(G)KRepR(G) ).

Notons Aut7f (resp. Aut7(vif) ) le faisceau fpqc associé au foncteur ROAut7fR (resp. ROAut7(vRif) ). Alors

1) Aut7(vif) est représentable par un K-schéma en groupes affine,

2) Aut7(f) est représentable par le centralisateur de l’image de GKAAut7(v) dans Aut7(vif),

3) l’homomorphisme

Aut7(f)KAut7(vif) (uR)O(vR(u) )

(vu comme homomorphisme de groupes affines) est un monomorphis-me, i.e. une immersion fermée.

DÉMONSTRATION. 1) Aut7(vif) est représentable par le sous-sché-ma en groupes fermé deG»4

»

BB

GL(vif(B) ) qui fixe ceux des morphis-mes deRepKG qui sont de la forme vif(u), oùuest un morphisme de B.

2) Il est clair que l’image de Aut7(f) dans Aut7(vif) centralise Aut7(v). Inversement, soit vAut7(vif)(R) centralisant l’image de Aut7(v)(R8) pour toute extension R8/R. Pour tout BB et tout g G(R8), l’élément vBEndR8(vR8(f(B) ) ) commute à gB. Il lui corre-spond donc un unique élément uBA(fR(B),fR(B) ) tel que vR(uB) 4vB. La fidélité devRimplique de plus queuBest inversible et monoï-dal. Cela montre que Aut7(vif) est le centralisateur de l’image de Aut7(v) dans Aut7(vif), donc représentable.

3) découle de ce que les vR sont fidèles. r

Choisissons une section monoïdale s de pA, et posons comme ci-des-susvs4vGis. SoitGs4Aut7(vs): c’est un K-groupe pro-réductif. On a un homomorphisme évident:

sl--l:GKAAut7(vG)KAut7(vs)4Gs d’où un foncteur monoïdal

(sl--l)* :RepK(Gs)KRepK(G).

18.2.2. LEMME. L’homomorphisme sl--l est un monomorphisme (i.e.

une immersion fermée).

DÉMONSTRATION. Soit N4Kersl--l. On a un diagramme commutatif de catégories et foncteurs:

RepK(G/N) K

g* RepK(G) 5 (sl--l)*6

RepK(Gs)

Le foncteur g* est pleinement fidèle. Comme (sl--l)* est évidemment essentiellement surjectif, il en est de même deg* , qui est donc une équi-valence de catégories, d’où N41. r

18.2.3. REMARQUE. Le foncteur us:AKRepK(Gs)

XO(GsKGL(vs(X) ) )

est une équivalence de catégories monoïdales, mais pas en général un isomorphisme de catégories. Il possède néanmoins un quasi-inverse ca-nonique. On a un diagramme strictement commutatif de catégories et foncteurs:

RepK(G) K

vG

VecK

s

H

vs6 vGs

H

A K

us

RepK(Gs)

On a évidemment (sl--l)*ius4s. En particulier,ss»4pGi(sl--l)* est un inverse à gauche deus; c’en est donc aussi un quasi-inverse à droite, par un isomorphisme naturel monoïdal.

Sit est une autre section monoïdale depG, elle définit un autre

fon-cteur fibre, donc un autre groupeGt. D’après la théorie générale des ca-tégories tannakiennes, Gs et Gt sont des formes intérieures l’un de l’au-tre. On a mieux, puisque t est monoïdalement conjuguée à s. En effet, choisissons une telle conjugaisonu, de sorte que t4usu21. On a alors un diagramme commutatif

Gs

sl--l6

(18.1) G u×

I

&

tl--l7 Gt

u×:Aut7(vs)(R)KAut7(vt)(R) est donné par gOugu21pour toute K-algèbre R. Cette construction donne:

18.2.4. PROPOSITION. On a un foncteur canonique TG du groupoïde connexeGu7(G)des sections monoïdales depGvers la catégorie des mo-nomorphismes de G vers un groupe pro-réductif, qui associe à la sec-tion s le monomorphisme G%KGs. En particulier, pour deux sections monoïdales s,t, les groupes Gs et Gt sont K-isomorphes. r

18.2.5. Éclairons et complétons cette construction à l’aide des résul-tats du paragraphe 14. Notons Gu(G)4(Eu,Su) le groupoïde affine scindé unipotent transitif surS7associé àA4RepK(G) par le théorème 14.3.3: on aGu(G)(K)4G7(G). Par ailleurs, la catégorie tannakienneA étant neutre, sa gerbe est représentée par un K-groupoïde affine que nous noterons Gred(G): la catégorie Gred(G)(K) est le groupoïde des K-foncteurs fibres surA. ConsidéronsGcomme groupoïde à un objet. On a alors un (bi)morphisme de K-groupoïdes affines

Gu(G)3KGKGred(G)

qui au niveau des R-points est décrit de la manière suivante:

Hom7(s,t)(R)3Aut7(v)(R)KHom7(vs,vt)(R) (s,* )Ovs4vis.

Si l’on fixe une section (K-rationnelle) s, on obtient en particulier un monomorphisme de K-schémas en groupes affines

Us4Us(G)»4Eu(s,s)%KGs

avecUspro-unipotent, oùUs centralise G. Le diagramme (18.1) se com-plète en un diagramme commutatif:

Us3KG K Gs

u×31

I

& u×

I

&

Ut3KG K Gt.

18.2.6. PROPOSITION. Pour tout épimorphisme f:GsˆH,le centra-lisateur de fisl--l(G) dans H est égal au produit f(Us)3Z(H).

[Noter que ce produit est direct, puisque l’intersection def(Us) et de Z(H) est un groupe unipotent de type multiplicatif.]

DÉMONSTRATION. Par souci de clarté, notons plus précisément v 4vG. Considérons le foncteur f4(sl--l)*if* : RepK(H)KRepK(G): on remarque que vGif4vH. Appliquons le lemme 18.2.1: on obtient que l’homomorphisme Aut7(f)KAut7(vH)4H est injectif, d’image le centralisateur de l’image de Aut7(vG)4G dans H. Il reste à calculer Aut7(f), que nous identifions ci-dessous à un sous-groupe de H.

Soit hAut7(f)(R), où R est une K-algèbre commutative (on peut d’ailleurs se limiter qu cas d’un corps, et même d’une extension algébri-que de K, puisque K est de caractéristique nulle). Alors pG(h) Aut7(pGi(sl--l)*if* )(R). Comme les foncteurs pGi(sl--l)* et f* sont pleinement fidèles, leur composé l’est aussi et Aut7(pGi(sl--l)*if* )(R) s’identifie canoniquement à Aut7(IdRepK(H))(R)4Z(H)(R) ). Autrement dit, il existe un uniquezZ(H)(R) tel que pG(h)4pG(z). Alors u4h Qz21 vérifie pG(u)41; autrement dit, uf(Us(R) ). D’où l’asser-tion. r

18.2.7. PROPOSITION. a) Pour toute section s comme ci-dessus, tout homomorphisme f de G vers un groupe pro-réductif H se prolonge en un homomorphisme c: GsKH.

DÉMONSTRATION. On a un diagramme commutatif RepK(G) K

vG

VecK

W*6 pG

I

RepK(H) K

W*

RepK(G) /RG

où par souci de clarté on note vG le foncteur fibre canonique de RepK(G). On a vH4vGif*.

Remarquons que f* est exact, puisque la catégorie RepK(H) est se-mi-simple. Il est aussi fidèle: siARepK(H), le noyau de l’homomorphi-sme induit parf* de l’anneauRdes endomorphismes deAvers l’anneau des endomorphismes def* (A) est l’image réciproque dansR du radical de l’anneau des endomorphismes de f* (A); cette image réciproque est nulle, comme idéal nilpotent d’une algèbre semi-simple. DoncvGisif*

est un foncteur fibre sur RepK(H).

Le foncteur f* induit un homomorphisme (f* )l--l: GsKH8 avec H8»4Aut7(vGisif* ).

Appliquons la proposition 13.7.1, en remarquant queRepK(H) est se-mi-simple (et même séparable): il existe un isomorphisme naturel monoï-dal u:fsif* , d’où un isomorphisme

HKAAut7(vGif* )K

v×G(u)

H8 faisant commuter le diagramme

G K

W H

sl--l

I

v×G(u)

I

&

Gs K

(W* )l--l

H8. D’où la proposition. r

18.2.8. LEMME. Soient f,gHom(G,H), où G et H sont deux K-groupes affines. Alors f et g sont conjugués par un élément de H(K)si et seulement s’il existe un isomorphisme naturel monoïdal f*C7g* au ni-veau des catégories de représentations.

DÉMONSTRATION. Soit u un tel isomorphisme. Alors u induit un iso-morphisme vH4vGif*C7vGig*4vH. Un tel isomorphisme corre-spond à un élément hH(K). Cet élément conjugue f et g. r

18.2.9. PROPOSITION. Soient G un K-groupe affine s,t deux sections monoïdales depG,Gset Gtles K-groupes réductifs attachés s et t,u un isomorphisme monoïdal de s sur t et u×:GsKAGt l’isomorphisme corre-spondant(cf.(18.1)).Soient enfin H un autre K-groupe affine H et f :Gs KH, g:GtKH deux homomorphismes.

Supposons que fisl--l et gitl--l soient conjugués par un élément de H(K). Alors il en est de même de f et giu×.

DÉMONSTRATION. On se ramène immédiatement au cas oùs4t, puis au cas oùfisl--l4gisl--l. On a, au niveau des catégories de représentations, une égalité de foncteurs:

(sl--l)*if*4(sl--l)*ig* d’où, en composant à gauche avec pG:

ssif*4ssig* (cf. remarque 18.2.3).

Comme ss est un quasi-inverse monoïdal de us (ibid.), on en déduit l’existence d’un isomorphisme naturelf*C7g*. On conclut par le lemme 18.2.8. r

18.2.10. SCOLIE. Avec les notations de 10.2, on a HH0(RepK(G) )`RK(Gs)7ZK.

DÉMONSTRATION. On a vu dans 10.2 que H H0(A)4H H0(A), d’où H H0(A)`H H0(RepK(Gs) ) d’après ce qui précède, et d’autre part et dans l’exemple 10.2.1 que H H0(RepK(Gs) )`RK(Gs)7ZK. r

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