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II. Radical et rigidité

6. Généralités

6.1. Idéaux monoïdaux, duaux.

SoitKun anneau commutatif unitaire, et soit (A, l) uneK-catégorie monoïdale.

6.1.1. DÉFINITION. Un idéalJdeAest ditmonoïdal(13) s’il est stable par les transformations 1Cl2 et 2l1C pour tout objet C de A. 6.1.2. LEMME. a) Si Jest monoïdal, il est stable par produit monoï-dal à gauche et à droite par un morphisme arbitraire. En particulier, on a une structure monoïdale induite sur le quotient A/J.

(13) Jannsen [26] dit plutôt tensoriel.

b) La notion d’idéal monoïdal est stable par somme, intersection,

Rappelons qu’un objetAd’une catégorie monoïdaleAadmet un dual (à droite) s’il existe un objet AqA et des morphismes d’évaluation

eA: AlAqK1

Il en résulte que le foncteur2lAqest adjoint à gauche au foncteur 2lAet que le foncteur Aql2 est adjoint à droite au foncteurAl2. Plus précisément, pour tous objets B,C de A, l’homomorphisme composé et de même pour l’autre adjonction (cf. e.g. [9, 1]).

SiAetBont pour duaux à droiteAqetBq, alorsAlBa pour dual à droite

(AlB)q4BqlAq

avec

eAlB4eAi( 1AleBl1Aq).

(6.1)

On définit de manière duale la notion de dual à gauche qA. Si A ad-met un dual à droite et un dual à gauche, on a (qA)q4q(Aq)4A. En général, qA et Aq ne coïncident pas.

6.1.3. DÉFINITION. On dit que (A, l) estrigidesi tout objet a un dual à droite et est un dual à droite (ou de manière équivalente, si tout objet a un dual à droite et un dual à gauche).

6.1.4. SORITE. SiAest rigide, il en est de même deA5,All et deA5ll (notations du § 1). Il en est aussi de même du quotient de A par tout idéal monoïdal. r

SoientAetBdeux objets deA,Aayant un dual à droite. Par adjon-ction, on a un isomorphisme canonique de K-modules:

iAB:A(1,AqlB)KAA(A,B) iAB(f)4(eAl1B)i( 1Alf), (6.2)

d’inverse

i2AB1(f)4( 1Aqlf)ihA. (6.3)

Si B a aussi un dual à droite, la composition de deux morphismes f A(A,B) etgA(B,C) peut se calculer comme suit («composition des correspondances»):

gif4iAC

(

( 1AqleBl1C)(i2AB1fli2BC1

g)

)

.

(6.4)

Appliquant iAC21, cette formule fondamentale exprime la commutativi-té du diagramme

Prova schema in tabulazione

1 K

hA

AqA K

1Aq lf

AqB 4 AqB

hB

I

1AqAlhB

I

1AqBlhB

I V

BqB hAl1BqKB AqABqB 1AqleBl1KB AqBBqB 1AqleBl1KB AqB

1Bqlg

I

1AqABqlg

I

1AqBBqlg

I

1Aqlg

I

BqC hAl1BqKC AqABqC 1Aqlfl1BqCK AqBBqC 1AqleBl1KC AqC.

On a aussi les variantes

giiAB(f)4iAC( ( 1Aqlg)if) (6.5)

iBC(c)if4iAC( (eBl1C)i(fl1BqlC)i( 1Alc) ) (6.6)

qui se lisent sur le même diagramme.

SiA,Bont des duaux à droite et quefA(A,B), on définit (loc. cit.) le transposé ft (ou dual à droite) de f comme étant le composé

(6.7) Bq41lBqK

hAl1

AqlAlBqK

1lfl1

AqlBlBqK

1leB

Aql14Aq, ce qui s’écrit aussi

ft4( 1AqleB)i(i21AB(f)l1Bq) , (6.8)

et on a alors la formule

(gif)t4ftigt. (6.9)

On a de même une notion de transposétfà gauche, et (tf)t4t(ft)4f.

En général, tf et ft ne coïncident pas.

On suppose désormais que A est rigide.

6.1.5. LEMME. Tout idéal monoïdal J vérifie J(A,B)4iAB

(

J(1,AqlB)

)

et

(J(A,B))t4J(Bq,Aq) .

DÉMONSTRATION. La première formule découle des formules (6.2), (6.3). Pour la seconde,

(J(A,B))t4( 1AqleB)i(J(1,AqlB)l1Bq)%

%( 1AqleB)iJ(Bq,AqlBlBq)%J(Bq,Aq) . L’analogue pour les duaux à gauche de ces deux formules conduit à

t(J(C,D))4J(qD,qC). En posant B4qC, A4qD (ce qui est loisible puisqueAest rigide), et en appliquant t, on obtient finalement l’inclusion opposée J(Bq,Aq)%(J(A,B))t. r

On a une réciproque partielle du lemme 6.1.5 (mais voir aussi le lemme 6.2.1 dans le cas symétrique):

6.1.6. LEMME. Soit Iun 1-idéal à gauche deA (définition 1.3.4).La formule

I(l)(A,B)4iAB

(

I(AqlB)

)

définit un idéal de A contenant I. Cet idéal est monoïdal à gauche (stable par produit l à gauche).

DÉMONSTRATION. SoitgA(B,C) un morphisme. En utilisant la for-mule (6.5), on calcule

giI(l)(A,B)4giiAB

(

I(AqlB)

)

4iAC

(

( 1Aqlg)iI(AqlB)

)

%

%iAC

(

I(AqlC)

)

4I(l)(A,C).

La stabilité par composition à droite se démontre de même en utili-sant (6.6).

Enfin, soit C un objet de A. Observons que l’homomorphisme 1Cl2:A(A,B)KA(ClA,ClB)

n’est autre que

fOiClA,ClB[ ( 1AqlhCl1B)iiAB21(f) ] où hC: 1KCqlC est la coévaluation. On a donc 1ClI(l)(A,B)4iClA,ClB[ ( 1AqlhCl1B)i

(

I(AqlB)

)

%

%iClA,ClB

(

I(AqlCqlClB)

)

4I(l)(ClA,ClB).

On conclut en appliquant (la moitié du) lemme 6.1.2. r 6.2. Le cas symétrique.

On suppose désormais que A (qui rappelons-le, est supposée rigide) est munie d’un tressage symétriqueR(une contrainte de commutativité, dans le langage de Saavedra). On renvoie à 15.1 pour plus de détails sur les tressages.

Sous cette hypothèse, qA4Aq (duaux à droite et à gauche coïnci-dent), et on a

eAq4eAiRAq,A,hAq4RAq,AihA,AS S4A, (6.10)

tf4ft, (ft)t4f.

(6.11)

On a aussi l’identité

iCq,Cq(RCq,Cif)4iC,C(f)t (6.12)

(en effet, par (6.8) et (6.3), l’image pari2Cq1,Cqdu membre de droite s’écrit ( 1CqleC)i(fl1Cq), tandis que celle du membre de gauche s’écrit (eCql1Cq)i( 1Cql(RCq,Cif) )4( (eCiRCq,C)l1Cq)i( 1Cqlf), et l’é-galité des deux membres s’ensuit par permutation des facteurs Cq.)

Par ailleurs, si A,B,C,D sont quatre objets de A et f A(1,AqlB), cA(1,CqlD), on a la formule

iA,B(f)liC,D(c)4iAlC,BlD( (RAqlB,Cql1D)i(flc) ).

(6.13)

Le lemme suivant complète 6.1.6.

6.2.1. LEMME. Soit Iun 1-idéal à gauche deA (définition 1.3.4).La formule

I(l)(A,B)4iAB

(

I(AqlB)

)

définit un idéal monoïdal I(l); c’est le plus petit idéal monoïdal de A contenant I.

DÉMONSTRATION. On a vu que I(l) est un idéal contenant I, stable par produit à gauche. Par tressage, on a aussi I(l)(A,B)l1C

%I(l)(AlC,BlC) pour trois objetsA,B,C. La deuxième assertion est immédiate compte tenu du lemme 6.1.5. r

6.3. Interprétation.

Pour expliciter le sens des lemmes 6.1.5 et 6.2.1, notons:

– G l’ensemble des 1-idéaux à gauche de A; – I l’ensemble des idéaux [bilatères] de A;

– T l’ensemble des idéaux [bilatères] monoïdaux de A.

Ces trois ensembles sont ordonnés par inclusion. On a le diagramme suivant d’applications croissantes:

T ˜

i

j I

t5 r8 G où

i associe à un idéal monoïdal l’idéal sous-jacent;

j associe à un idéal le plus petit idéal monoïdal le contenant;

r associe à un idéal le 1-idéal à gauche sous-jacent (r(I)(A) 4I(1,A));

t associe à un 1-idéal à gauche I l’idéal monoïdal I(l) construit dans le lemme 6.2.1.

On a évidemmentji4Id. Le lemme 6.1.5 dit quetri4Id, tandis que le lemme 6.2.1 dit que rit4Id. En particulier, les applications t et ri sont des bijections inverses l’une de l’autre. D’autre part, soit II.

Commej(I) contientr(I), on aj(I)&tr(I), etj(I)4tr(I) si et seulement si tr(I)&I.

Par abus de notation, on écrira encore I(l) pour tr(I) si II.

Par ailleurs, les ensembles G,I,T sont munis d’opérations internes

«somme», «intersection». Il est clair que les applications i,t,r respec-tent ces opérations.

Le cas du produit est plus intéressant.A priori, seulsIetTsont mu-nis d’une opération «produit» évidente. On peut alors munirG d’un tel produit en posant: IQJ»4ri(t(I)Qt(J) ) (en formule:

(IQJ)(B)4

!

A iAB(I(AqlB) )iJ(A).

(6.14)

Les applicationsi,t,rrespectent alors aussi le produit. On a aussi la formule

(IQJ)(B)4

!

u:AlA8 KB

Im(J(A)lI(A8)KA(1,B) ) (6.15)

qui montre que le produit des idéaux monoïdaux (dans le cas rigide) est symétrique.

PourA8 4AqlBetu4eAl1B, le terme du second membre de (6.15) s’écrit en effet (eAl1B)i(J(A)lI(AqlB) ), qui coïncide d’après (6.6) avec le terme courant du second membre de (6.14) (donc avec (IQJ)(B)). Réciproquement, J(A)lI(A8)%(t(J)Qt(I) )(AlA8) puisque t(J)

ett(I) sont des idéaux monoïdaux, d’où il découle que le second membre de (6.15) est contenu dans (IQJ)(B).

6.3.1. EXEMPLE. Si A est la catégorie monoïdale des motifs de Gro-thendieck pour l’équivalence rationnelle (motifs ’de Chow’) à coefficients dansKet siKest un corps, il y a bijection entre les idéaux monoïdaux de A et les relations d’équivalence adéquates sur les cycles algébriques à coefficients dans K.

Il est plus facile de décrire la bijection entre1-idéaux à gauche deA et relations d’équivalence adéquates (cf.[4][26]). SoitIun tel1-idéal, c’e-st-à-dire la donnée d’une famille de sous-groupes I(M) de A(1,M) stable par l’action à gauche des correspondances, oùM décrit les objets de A. Pour le motif M d’une variété X tordu m fois à la Tate, on a A(1,M)4CHm(X)K, donc I définit une relation d’équivalence adéqua-te. Inversement, toute relation d’équivalence adéquate définit un1-idéal à gauche de la catégorie des correspondances de Chow (non effectives), et on vérifie que les1-idéaux à gauche de cette catégorie sont en corre-spondance bijective avec ceux de son enveloppe pseudo-abélienne A. On déduit de (6.14) la formule pour le produit de relations d’équiva-lence adéquates (correspondant au produit d’idéaux, et noté˜dans loc.

cit.).