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Extensions des scalaires naïve et non naïve

I. Radicaux et nilpotence

5. Extensions des scalaires naïve et non naïve

Dans ce paragraphe,K est un corps commutatif. Nous allons compa-rer l’extension des scalaires «naïve» étudiée dans le paragraphe précé-dent à une extension des scalaires plus sophistiquée, due à Saavedra, dont nous aurons besoin dans les paragraphes 17 et 19.

5.1. Deux types d’extensions des scalaires.

5.1.1. DÉFINITION. Soient A une K-catégorie et L une K-algèbre (commutative unitaire).

a) La catégorie AL a pour objets les objets de A; si A,BAL, AL(A,B)4L7KA(A,B). On appelleALl’extension des scalaires naïve de A de K à L.

b) On noteA(L)4RepK(L,A) la catégorie desK-représentations deL dansA: un objet deA(L)est un couple (A,r), oùAAetrest un homo-morphisme de K-algèbres unitaires LKA(A,A); un morphisme f:(A,r)K(A8,r8) est un élément de A(A,A8) commutant à r et r8. On appelleA(L)l’extension des scalaires à la Saavedra deAde K à L(cf.

[53, II.1.5]).

5.1.2. LEMME. a) La K-structure de A(L) s’enrichit en une L-struc-ture par la loi

lf4r8(l) f4fr(l) pour lL et fA(L)( (A,r), (A8,r8) ).

b) SiAest additive (resp. pseudo-abélienne, abélienne, stable par li-mites inductives quelconques), il en est de même de A(L). r

5.1.3. REMARQUES.

a) Pour que cette construction soit raisonnable, il faut queAsoit «as-sez grosse» ou queL soit «assez petit». Par exemple, siA(A,A) est de K-dimension finie pour tout objetA, alorsA(L)40 dès queLest un corps infini contenant K.

b) Si Aest semi-simple, il ne suit pas queA(L) le soit: prendre pour L/Kune extension finie inséparable de corps, et pourAla K-catégorie à un objetL(ou, si on préfèreVecL). C’est toutefois le cas (trivialement) si L est une extension infinie de K, car dans ce cas A(L)40 (voir a))

c) Soit A4RepKQG la Ind-catégorie attachée à la catégorie RepKG des K-représentations de dimension finie d’un K-groupe affine. Alors A(L) s’identifie canoniquement à RepLQ(G), cf.[53, III.1]. Même remar-que avec RepK(G) quand L/K est finie.

d) Soit AuneK-catégorie quelconque. Alors (Mod-A)(L) s’identifie à la catégorie desK-foncteurs deAversMod-L. Cette dernière s’identifie canoniquement àMod-ALvia l’extension des scalaires naïve. D’après la proposition 1.3.6 f ), les objets compacts de cette catégorie s’identifient à (AL)5ll.

5.2. Sur l’extension des scalaires à la Saavedra.

Notre but est de comparer AL à A(L). On a un «foncteur fibre»

évident

vL:A(L)KA (5.1)

qui est fidèle et conservatif, commutant aux limites projectives et induc-tives quelconques, exact si A est abélienne.

La première chose à faire est de définir un foncteur en sens inverse, de A vers A(L). Ce n’est possible que sous des hypothèses restricti-ves.

5.2.1. LEMME (cf. [53, prop. II.1.5.1.1]). a) Soient AA et VVecK. Le foncteur

BOHomK(V,A(A,B) ) est représentable dans les cas suivants:

(i) A est K-linéaire et dimKVE Q.

(ii) A est stable par limites inductives quelconques.

On note un représentant V7KA.

b) La construction (V,A)OV7KA est bifonctorielle et bilinéaire.

Si W est un autre K-espace vectoriel, on a un isomorphisme canoni-que

W7K(V7KA)C(W7KV)7KA

pourvu que les deux membres aient un sens. (Nous nous autoriserons de la canonicité de cet isomorphisme pour passer sous silence tout tel parenthésage.)

c) Si A est K-linéaire et que dimKVE Q, alors pour tout BA,le foncteur

AOA(V7KA,B)

est représentable par V*7KB, où V* est le dual de V. r

Soient A,BA et VVecK. Supposons que les objets V7KA et V7KB soient définis. L’homomorphisme de fonctorialité

A(A,B)KA(V7KA,V7KB)CHomK(V,A(A,V7KB) ) fournit un autre homomorphisme

V7KA(A,B)KA(A,V7KB).

(5.2)

5.2.2. LEMME. L’homomorphisme (5.2) est un isomorphisme dans les cas suivants:

(i) dimKVE Q;

(ii) A est compact (i.e. le foncteur BOA(A,B)commute aux limi-tes inductives quelconques).

DÉMONSTRATION. (i) ÉcrireVCKnet se ramener àn41 par additi-vité. (ii) passer à la limite sur (i). r

5.2.3. HYPOTHÉSES. À partir de maintenant, on suppose queAest ad-ditive (c’est-à-direK-linéaire). On se donne uneK-algèbreL (commutati-ve unitaire). On suppose:

– soit que dimKLE Q;

– soit que A est stable par limites inductives quelconques.

5.2.4. LEMME. Sous les hypothèses 5.2.3,

a) La donnée d’une représentation r:LKA(A,A) comme dans la définition 5.1.1 b) équivaut à la donnée d’un morphisme rq:L7KA KA tel que le diagramme

L7KL7KA K

17rq

L7KA

mL71

I

rq

I

L7KA K

rq

A, mL est la multiplication de L, soit commutatif.

b) Le morphisme rA

q:L7KL7KAK

mL71

L7KA

vérifie la condition de a), donc définit une représentation canonique rA:LKA(L7KA,L7KA). r

Sous les hypothèses 5.2.3, le lemme 5.2.4 définit un K-foncteur AKA(L)

(5.3)

AO(L7KA,rA) .

5.2.5. LEMME ([53, II.1.5.2]). Le foncteur (5.3) est adjoint à gauche au foncteurvLde(5.1).Il envoie objet compact de A sur objet compact de A(L).

(La seconde assertion provient du fait que vL commute aux limites inductives quelconques.) r

Le lemme 5.1.2 b) montre que le foncteur (5.3) s’étend alors en un L-foncteur

JL:ALKA(L). (5.4)

5.3. Comparaison de AL et A(L).

5.3.1. Proposition. Soient A,B deux objets de A. Si dimKL4 Q, supposons que A soit compact. Alors l’homomorphisme

L7KA(A,B)KA(L)(L7KA,L7KB)

est bijectif. En particulier,JLest pleinement fidèle sidimKLE Q,et sa restriction à la sous-catégorie pleine des objets compacts deALest plei-nement fidèle en général (et prend ses valeurs dans les objets compacts de A(L) d’après le lemme 5.2.5).

DÉMONSTRATION. Cela résulte des lemmes 5.2.2 et 5.2.5. r 5.3.2. THÉORÈME. Le foncteur

JllL: (AL)llKA(L)

induit par JLest une équivalence de catégories pour toute K-catégorie A pseudo-abélienne si et seulement si L est une K-algèbre étale. Dans ce cas,JllL

induit une équivalence de catégories sur les sous-catégories pleines formées des objets compacts.

DÉMONSTRATION. Vu la proposition 5.3.1, le foncteur JllL

est une équivalence de catégories si et seulement s’il est essentiellement surjec-tif. D’autre part, d’après la proposition 3,L est étale sur K si et seule-ment si le L-bimodule L est projectif.

1) Supposons d’abord L projectif sur L7KL. La suite exacte de L-bimodules 0KKermKL7KLK

m LK0 est scindée; on note s un scindage.

Dire que JLll

est essentiellement surjectif est dire que tout objet B dansA(L) est facteur direct deL7KApour un objetA deA convenable (commeJLll

est pleinement fidèle, l’expression «facteur direct» n’est pas ambigüe). Nous allons montrer queA4vL(B) convient, ce qui montrera du même coup la seconde assertion.

Notons i2 l’homomorphisme de L-algèbres LKL7KL donné par lO17l. Dans A(L), on a un isomorphisme L7KvL(B)`

`(L7KL)7L,i2B, et un morphisme m7L1B:(L7KL)7L,i2BKL7L,i2B4 4Bdonts7L1Best une section. Ceci montre bien que Best facteur di-rect de L7vL(B).

2) Supposons maintenant queLne soit pasL7KL-projectif. Pour ob-tenir un contre-exemple, prenonsA4VecL(vue commeK-catégorie abé-lienne):A(L)est la catégorie des (L7KL)-modules finis. AlorsL, vu

com-me objet deA(L), n’est pas facteur direct d’un objet de la formeL7KV,V Ob(A), puisqu’un tel objet est un (L7KL)-module libre. r

5.3.3. EXEMPLE. Prenons pour A la catégorie RepKG des K-repré-sentations de dimension finie d’un K-groupe affine. On note comme ci-dessusRepKQGla Ind-catégorie attachée àA, de sorte qu’on a une équi-valence naturelle (monoïdale) (RepKQG)(L)`RepLQGL. En outre, si L/K est (finie) séparable, elle induit une équivalence naturelle (monoïdale) entre objets compacts (RepKG)(L)`RepLGL, et aussi (en vertu du théo-rème ci-dessus) ` (RepKG)Lll.