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Le secteur des soins de santé primaires

POLITIQUE ET LÉGISLATION EN MATIÈRE DE SANTÉ MENTALE ET DE TOXICOMANIE AU CANADA :

8.2 PROBLÈMES COMMUNS CONSTATÉS DANS LES CADRES PROVINCIAUX/TERRITORIAUX RELATIFS À LA MALADIE PROVINCIAUX/TERRITORIAUX RELATIFS À LA MALADIE

8.2.4 Le secteur des soins de santé primaires

Le secteur des soins de santé primaires est généralement le premier point de contact avec le système des soins de santé pour les personnes souffrant de maladie mentale ou de toxicomanie. Pourtant, le Comité a souvent entendu dire que de nombreux médecins de famille n’ont pas les connaissances, les compétences ni la motivation voulues pour s’occuper

366 Association canadienne pour la santé mentale, mémoire au Cabinet, juin 2003, p. 8-9.

175 Aperçu des politiques et programmes de patients souffrant de maladie mentale ou de toxicomanie, pour diagnostiquer correctement des troubles mentaux ou pour naviguer dans les dédales du système afin de pouvoir diriger les patients vers des spécialistes en santé mentale ou en toxicomanie. À ce sujet, le Dr Sunil V. Patel, président de l’Association médicale canadienne (AMC) devait indiquer au Comité :

Les médecins de famille sont en mesure de prendre en charge plusieurs maladies mentales, mais pour la plupart, ils et elles ne possèdent pas la formation nécessaire pour assurer le traitement médical complexe des maladies mentales graves. La plupart des cabinets de médecin ne sont pas bien équipés non plus pour faire du counselling familial ou s’occuper des problèmes de logement, d’éducation et de travail souvent associés à la maladie mentale.367

D’autres témoins nous ont appris que de nombreux régimes d’assurance-maladie provinciaux plafonnent les montants que les médecins de famille peuvent facturer au titre des services de santé mentale. Par exemple, Patrick Storey, président du Conseil consultatif du ministre sur la santé mentale (Colombie-Britannique) nous a déclaré ce qui suit :

Les modalités et les barèmes de facturation des services médicaux, les prestations d'assurance- maladie complémentaire, les régimes de pension, et cetera, ne reconnaissent pas les caractéristiques et les défis particuliers de la santé mentale et dressent des obstacles inutiles à la guérison et à la santé. En Colombie-Britannique, par exemple, un médecin de famille ne peut facturer que quatre consultations par an par patient; cependant, la plupart des gens souffrant d'une dépression vont voir leur médecin de famille. Même si les médicaments anti-dépressifs constituent un complément utile, seuls ils ne suffisent pas pour aider les gens à surmonter efficacement cet état parfois débilitant. Les médecins ne sont pas en mesure d'offrir l'aide nécessaire à une personne déprimée.368

Le Dr James Millar, directeur exécutif, Services de santé mentale et aux médecins, ministère de la Santé de la Nouvelle-Écosse, a exprimé un point de vue semblable :

Même les services offerts par les médecins font l’objet de restrictions. Les services offerts par les psychiatres sont entièrement financés, lorsqu’ils sont accessibles. Il existe actuellement une pénurie de psychiatres dans l’ensemble du pays. Environ 80 p. 100 des services de santé mentale sont offerts dans des centres de soins primaires qui ne font pas partie du système officiel de santé mentale. Plusieurs régimes provinciaux de soins médicaux imposent des restrictions quant au nombre et aux types de

367 Dr Sunil V. Patel, président de l’Association médicale canadienne, mémoire au Cabinet, 31 mars 2004, p. 1-2.

368 Patrick Storey, président du Conseil consultatif du ministre sur la santé mentale, Colombie-Britannique (15:8).

Aperçu des politiques et programmes 176

services de santé mentale pouvant être offerts par les omnipraticiens.

Dans plusieurs cas, les médecins de famille ne sont pas préparés à bien traiter les patients atteints de troubles mentaux sérieux qui se présentent à leur cabinet. Il n’existe que très peu de soutien pour l’éducation ou pour les consultations sur place.369

On nous a, par ailleurs, signalé que la réforme des soins de santé primaires, récemment entreprise, se fait en marge de la réforme du système de santé mentale et de toxicomanie dans toutes les localités du pays. Pourtant, de nombreux témoins estiment que ces deux réformes systémiques devraient obéir au même objectif, soit améliorer la prestation de services accessibles, complets, intégrés, opportuns et de qualité à tous ceux et à toutes celles qui en ont besoin, sans égard à leur maladie première.

Des témoins ont indiqué au Comité qu’il serait toutefois possible de réaliser des progrès, moyennant un appui pour les initiatives « de soins de santé mentale partagés » lancées un peu partout au pays. Ces initiatives, qui découlent d’un partenariat entre le Collège des médecins de famille du Canada et l’Association des psychiatres du Canada semblent donner d’excellents résultats. Elles visent les activités de collaboration entre les fournisseurs de soins de santé primaires et les psychiatres. Certaines initiatives de soins de santé mentale partagés ont une dimension clinique très importante et elles consistent à intégrer les services de santé mentale dans les établissements de soins de santé primaires.370

Irene Clarkson, directrice exécutive, Santé mentale et toxicomanie, ministère des Services de santé de la Colombie-Britannique, a indiqué au Comité que le partage entre les établissements de soins de santé mentale et les établissements de soins de santé primaires permettraient d’améliorer la détection et l’intervention précoces :

À l’heure actuelle, 60 p. 100 des personnes souffrant de troubles mentaux et de troubles liés à une substance psychoactive reçoivent leurs services, en Colombie-Britannique, par le truchement des soins de santé primaires, d’où la priorité que nous avons décidé d’accorder à l’amélioration des soins primaires. […] La documentation médicale prêche en faveur de ce genre d’intervention par des équipes multidisciplinaires. […] Dans bien des cas, les médecins sont la seule source de services en santé mentale et en toxicomanie pour les gens à risque ou pour les personnes souffrant de troubles mentaux et de troubles associés à la consommation de substances psychoactives; ce faisant, si l’on faisait davantage attention aux soins primaires, nous parviendrions : à favoriser une détection et une intervention précoce dans le cas des troubles de santé mentale et de toxicomanie, ce qui donnerait lieu à une amélioration des pronostics à long terme; à enseigner aux clients la façon

369 Dr James Millar, directeur exécutif, Services de santé mentale et aux médecins, ministère de la Santé de la Nouvelle-Écosse, mémoire au Cabinet, 28 avril 2004, p. 5-6.

370 Association canadienne des psychiatres et Collège des médecins de famille du Canada, Shared Mental Health Care in Canada – Current Status, Commentary and Recommendations, rapport du Collaborative Working Group on Shared Mental Health Care, décembre 2000.

177 Aperçu des politiques et programmes

de gérer eux-mêmes leurs problèmes de santé; à garantir des évaluations régulières et périodiques de même que des traitements pour promouvoir la stabilité de même que des séjours en milieu communautaire.371

De nombreux témoins estimaient que le gouvernement fédéral pourrait jouer un rôle de premier plan pour garantir la pérennité du financement des initiatives de soins partagées qui donnent des résultats et faire en sorte que les modèles de pratiques exemplaires soient mis en œuvre et donnent lieu à des politiques et à des programmes permanents dans toutes les provinces et dans tous les territoires.

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