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LA RESPONSABILITÉ FÉDÉRALE 2.5.1 Les anciens combattants

La question des anciens combattants a amené le Comité à se déplacer à l’Hôpital de Ste-Anne-de-Bellevue, à Québec, seul établissement spécialisé encore administré par le ministère des Anciens combattants. À l’instar de nombreux Canadiens âgés, les anciens combattants préfèrent demeurer chez eux le plus longtemps possible avant d’être admis dans des établissements de soins de longue durée. Malheureusement, ils peuvent être en sérieuse perte d’autonomie au moment où ils sont admis dans ces institutions. À Ste-Anne, 50 à 80 p. 100 des résidents souffrent de démence à des degrés divers. La solitude et l’ennui ressentis par de nombreux patients dans ce genre d’établissement ne font qu’exacerber ces troubles mentaux.

Bernard Groulx, chef psychiatre à Ste-Anne, nous a parlé de certains des problèmes particuliers dans le cas des patients souffrant de démence.

Ces patients sont aux prises avec de graves problèmes. Ils se lèvent la nuit, sont désorientés dans le temps, dans l’espace et dans leurs relations avec les autres; ils sont incontinents, ils sont émotionnellement instables, ils sont hyperactifs, souvent agressifs, délirent ou hallucinent et affichent toute une variété de comportements agités.68

La démarche des infirmières et infirmiers spécialisés est essentielle pour garantir une qualité de la vie raisonnable à ces patients. Le personnel infirmier de l’hôpital doit apporter son soutien aux familles tout autant qu’aux résidents. Une infirmière de l’Hôpital Ste-Anne nous a déclaré : « Je travaille beaucoup avec les familles, surtout dans les cas où un membre est atteint de la maladie d'Alzheimer. Je dois communiquer avec elles, les rendre plus à l'aise et les aider à mieux comprendre la maladie […] Je les soutiens dans toutes les épreuves qu'elles doivent traverser, dans les périodes difficiles ».69

2.5.2 Les détenus

Les détenus des pénitenciers fédéraux relèvent de la responsabilité d’Ottawa. Les tendances récentes indiquent que la proportion de délinquants fédéraux souffrant de troubles mentaux ou d’abus de substances est en augmentation, bien que les admissions en prison et les effectifs de détenus soient en déclin. Une partie de cette population, comme les femmes et les Autochtones, ont des besoins particuliers.

Le Service correctionnel du Canada a pris acte de la nécessité de dispenser des traitements en santé mentale :

68 Bernard Groulx, mémoire sur les soins psychiatriques à l’Hôpital pour anciens combattants de Ste.

Anne, remis au Comité le 7 mai 2003.

69 Sarah Tyrrell, Les infirmières : Toujours la pour vous – la famille et les soins, Anciens combattants Canada, 2002.

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Les soins de santé mentale pour les délinquants servent à réduire les effets invalidants des maladies mentales graves afin d'optimiser la capacité de chaque détenu de participer de plein gré aux programmes correctionnels; à contribuer au maintien d'un milieu carcéral sûr pour le personnel, les détenus, les bénévoles et les visiteurs; et à atténuer les extrêmes inutiles de la souffrance humaine causée par la maladie mentale.70

Les responsables du ministère nous ont aussi parlé de la nécessité de composer avec des délinquants qui exigent une intervention spécialisée en santé mentale afin de réduire le phénomène de va-et-vient des patients :

Il existe ce que l'on appelle une porte tournante entre les services correctionnels, à la fois fédéraux et provinciaux, mais également dans les communautés, où les gens atteints de troubles de santé mentale se retrouvent dans le système de justice criminelle. Alors que les délinquants ayant des troubles mentaux sont moins susceptibles de récidiver — notamment de manière violente —, ils sont plus susceptibles de retourner en prison à cause d'une violation de leur liberté conditionnelle, qui est souvent le résultat d'un soutien inadéquat lorsqu'ils réintègrent la société.71

Tout cela nous indique qu’il faut instaurer de meilleurs liens entre le gouvernement fédéral et les gouvernements provinciaux et entre l’appareil de justice et les systèmes de services/moyens de soutien en santé mentale. Le Service correctionnel du Canada doit faire davantage pour enrayer ce phénomène de va-et-vient.

2.5.3 Les Premières nations et les Inuits

L’inadéquation de l’accès aux services de counselling individuel pour les patients des Premières nations et les patients inuits en vertu du Programme des services de santé non assurés (SSNA) de Santé Canada, a soulevé un certain nombre de questions. Le Programme SSNA s’adresse aux clients « en crise » et à ceux qui ne peuvent bénéficier des services de counselling offerts dans les cliniques externes financés par la province ou qui ne peuvent payer pour des services privés. Malheureusement, à cause de revenus limités et de problèmes de transport et d’accès, nombre de patients passent au travers des mailles du filet.

Selon la Dre Cornelia Wieman :

Mes patients ont maintenant accès au counselling individuel grâce au Programme des services de santé non assurés (SSNA). […] Toutefois […] la limite est fixée à 15 séances avec une possibilité d'un renouvellement de 12 autres séances. Un total de 27 séances ne suffit pas

70 Françoise Bouchard, directrice générale, Services de santé, Service correctionnel du Canada (7:53).

71 Françoise Bouchard (7:54).

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à bien aider un grand nombre de patients à surmonter leurs problèmes de santé mentale.72

De toute évidence, il va falloir réviser le Programme SSNA afin qu’il réponde mieux aux besoins des Premières nations et des Inuits dans le domaine de la santé mentale.

2.6 OBSERVATIONS DU COMITÉ

Même s’ils n’ont fait que porter un regard très général sur la vie des personnes souffrant de maladie mentale ou de toxicomanie, les membres du Comité sont bien conscients que les extraits de témoignages ci-dessus ne font qu’aborder ce qui est un vaste problème. Il est impossible de dresser l’inventaire complet des nombreux groupes de Canadiennes et de Canadiens souffrant de maladie mentale ou de toxicomanie et de présenter un fragment de ce qu’ils vivent.

Dans le restant de ce rapport, le Comité présente des extraits des témoignages recueillis au cours des 18 derniers mois. Il s’agit-là de la première étape en vue d’appréhender les énormes défis qui nous attendent dans la formulation d’un ensemble de recommandations destinées à améliorer la qualité de vie de celles et de ceux qui souffrent de maladie mentale ou de toxicomanie ou qui en ressentent les effets directs ou indirects… Et nous sommes tous du nombre.

72 Dre Cornelia Wieman (9:55).

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CHAPITRE 3:

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