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Lorsque s'ouvre, dès les origines humaines, l'aventure de la connaissance le savoir s'affirme comme la recherche d'une consolida-tion du réel. Il permet de regrouper la diversité des êtres et des choses, dans l'espace et dans le temps, de manière à faciliter l'établissement de l'homme sur la terre. Il faut tout de suite mettre au point un statut de l'expérience qui désigne, parmi la multiplicité des événements, cer-tains éléments stables d'intelligibilité. A la donnée brute du paysage immédiat se substitue une image du monde, c'est-à-dire une ordination en pensée. L'univers du discours soigneusement revu et corrigé des philosophes et des savants sera la transposition abstraite, au prix d'une épuration millénaire, de cette première et rudimentaire mise au point de l'existence grâce à laquelle les premiers groupements humains ont pu mener à bien leur lutte pour la vie.

La consolidation la plus rudimentaire de l'expérience suppose le recours à une réalité plus que réelle, qui porte en elle-même sa garan-tie, et dont la commune reconnaissance fournit aux hommes les

pre-miers principes de l'objectivité. C'est ainsi qu'aux origines préhistori-ques de l'humanité, l'épistémologie de la conscience mythique ne comporte pas de science au sens de prise de conscience réfléchie et formalisée d'une dimension du inonde. Le mythe définit un savoir tra-ditionnel, à la fois unitaire et diffus, règle de vie et d'action en même temps que règle de connaissance, où les thèmes humains ont la pré-pondérance sur les thèmes naturels. La norme mythique fonde les comportements usuels sur des conduites exemplaires et primordiales, inaugurées par les dieux aux origines de l'univers : l'exacte répétition des précédents divins garantit l'efficacité des entreprises actuelles ; elles sont assurées d'un heureux développement pourvu qu'elles s’accordent sur les rythmes cosmiques. Ainsi la nature ne s'oppose pas à l'homme comme le non-moi au moi ; ce qu'on a appelé l'animisme primitif signifie que les choses inanimées, les plantes, les animaux sont compris comme titulaires d'une existence du même type que celle du vivant humain, saisie dans sa liaison avec la destinée de l'homme.

Les mythes justifient les liturgies rituelles qui assurent l'installation de la communauté dans le paysage, et la bonne marche de l'univers.

Le passage de la préhistoire à l'histoire de la culture se réalise lors-que la conscience préréfléchie cède la place à une organisation réflé-chie de la connaissance. Les thèmes mythiques s'imposent à l'individu comme autant de données traditionnelles éparses dans le milieu ; la synthèse de ces thèmes est assurée d'elle-même par le genre de vie ; l'unité ne fait pas problème [34] car, la pensée n'étant pas individuali-sée sous ce régime d'intégration communautaire, chacun participe sans difficulté à l'unanimité ambiante. L’avènement de l'exigence ration-nelle correspond avec la formation d'un nouveau milieu de civilisa-tion. L'existence à grande échelle de l'âge des Empires suppose un remembrement de l'espace vital et ensemble de l'espace mental. Le rassemblement de tribus différentes sous l'autorité d'un seul souverain implique la définition de normes politiques précises, et de normes d'intelligibilité. Tout se passe comme si l'élargissement des frontières de la communauté se redoublait en esprit, sous la forme d'un élargis-sement du rayon d'action de la pensée, obligée de prendre du recul par rapport à son objet et de lui donner des règles de plus en plus généra-les. La première théologie formule la loi de Dieu au moment où la première législation s'applique à codifier la vie sociale ; au même

moment, le savoir s'organise en définissant les premières lois de la nature, qui préfigurent les futures lois scientifiques.

Alors seulement l'ordre de la connaissance se constitue dans sa spécificité. Le mythe est une pensée incarnée ; on ne peut sans le défi-gurer le dégager de l'expérience vécue dont il fournit le sens imma-nent. Un mythe interprété, ou simplement raconté, se trouve du même coup vidé de sa substance ; il n’est plus que l'ombre de lui-même. Le savoir réfléchi s'affirme au contraire selon l'ordre du discours, qui lui permet de s'organiser en explication systématique. Néanmoins la pre-mière rationalisation conserve la matière des représentations héritées de l'âge mental précédent. L'explication apparait comme une mise en forme du paysage mythique ; les traditions trop nombreuses et comme émiettées se trouvent regroupées et fédérées en une image totalitaire du monde. Un même, rythme vital s'impose au ciel des dieux et à la terre des hommes selon l'ordonnance grandiose d'une cosmobiologie, dont le panorama régit non seulement la pensée antique, mais encore la philosophie médiévale et la majeure partie des doctrines renaissan-tes.

Ce premier schéma totalitaire du savoir semble d'ailleurs corres-pondre à une étape très générale dans le développement de l'esprit humain. Avant de prévaloir en Occident, il s'affirme en Orient et en Extrême-Orient 39

39 Cf. René BERTHELOT, La pensée de l'Asie et l'astrobiologie, Payot, 1949.

, mais on le retrouve dans l’Amérique précolom-bienne et même, d'une manière moins systématisée, dans certaines cosmologies primitives. Si l'on réduit à l'essentiel ce modèle épisté-mologique, on peut dire qu'il offre le schéma d'une biologie, c'est-à-dire d'une ordonnance vitale, englobant dans ses cycles de renouvel-lement l'ensemble des êtres et des choses. La solidarité organique du réel total reçoit de haut en bas ses impulsions directrices : les astres sont les dieux, ils exercent la causalité souveraine d'où procèdent tous les événements d'ici-bas. La trajectoire des astres-dieux sur la voûte du ciel représente donc la première figure de l'ontologie ' rationnelle.

Le savoir consiste dans la mise en lumière de cet ordre transcendant, qui se réalise en nous et hors de nous, le microcosme humain se trou-vant de toute nécessité accordé sur le macrocosme sidéral, dont il su-bit la loi. L’astronomie, première science rigoureuse, est indissociable de l'astrologie. « Ce monde-ci, affirme Aristote, est lié en quelque

sor-te, et d'une manière nécessaire, aux mouvements locaux du monde supérieur, en sorte que toute la puissance qui réside en notre monde est gouvernée par ces mouvements ; cela donc qui est, pour tous les corps célestes, le principe du mouvement, on le doit considérer com-me la cause première 40

On ne saurait trop admirer la parfaite cohérence, la rigueur de cette représentation du monde. L'idée du retour éternel des situations et des événements [35] d'ici-bas, commandé par le retour des mêmes cons-tellations astrales, définit un cadre d'intelligibilité merveilleusement adapté au développement d'une physique mathématique. Les structu-res de l'univers peuvent s'exprimer en structustructu-res de pensée ; l'homme, soumis à la loi, peut prendre conscience de la loi. L’essor de la scien-ce grecque s'inscrit dans le cadre de scien-cette conscien-ception du monde qui unit indissolublement la science de la nature et la science de l'homme dans la même obéissance à une théologie transcendante. Au II

. »

e siècle après Jésus-Christ, le grand astronome Ptolémée, dont le système ré-sume et promeut les acquisitions du génie grec, dédie à son frère son œuvre, qui a gardé de ses traducteurs arabes le titre d'Almageste :

« Rien mieux que l'astronomie, écrit-il, ne saurait frayer la voie à la connaissance théologique ; seule en effet elle a le pouvoir d'atteindre avec sûreté l'Energie immobile et abstraite, en prenant pour point de départ l'étude approximative des énergies qui sont soumises aux sens et qui sont à là fois mouvantes et mues ; d'atteindre les essences éter-nelles et impassibles qui résident sous les accidents, et cela, à partir de la connaissance approchée des déplacements qui déterminent les di-vers mouvements et des règles qui les ordonnent. Mieux que toute au-tre occupation, elle prépare des hommes qui sachent, dans la pratique et dans les mœurs, discerner ce qui est beau de ce qui est bien ; par la contemplation de la constante similitude que présentent les choses cé-lestes, de la parfaite ordonnance, de la symétrie, de la simplicité qui y règnent, (...) elle habitue l'âme à acquérir une constitution qui leur res-semble, et, pour ainsi dire, elle lui rend naturelle cette tion 41

40 ARISTOTE, Météores, livre I, ch. II.

. »

41 PTOLÉMÉE, Dédicace de l'Almageste (La grande composition mathémati-que de l'Astronomie, 142-146 après J.-C.), cité dans DUHEM, le Système du Monde, t. I, Hermanix, 1913, p. 496.

Cette page admirable met en pleine lumière l'unité de la science divine : le fondement de toute raison est cette loi de Dieu, loi physique du ciel aussi bien que loi morale de l'action humaine. Métaphysique, physique, éthique se développent selon le même rythme d'une théolo-gie astrale qui est ensemble une astrobiolothéolo-gie et une astropsycholothéolo-gie, car la synthèse dogmatique assure sans difficulté le concordat, pour plus d'un millénaire, entre la cosmologie, l'anthropologie et la théolo-gie. L'autorité et l'intelligibilité viennent d'en haut ; les lois célestes imposent à l'ordre des choses comme à la vie personnelle un même principe de conformité. Toute la spiritualité stoïcienne, par exemple, consiste à aligner la conduite humaine sur l'ordre divin de l'univers, en vertu de l'identité fondamentale entre la loi morale et la loi du ciel étoilé, dont Kant retrouvera, dans une formule célèbre, la coïncidence profonde et l'unité d'intention.

L'admirable réussite du schéma mis au point par l'intellectualisme hellénique a pour contrepartie l'impossibilité d'une science de l'hom-me, considéré en lui-même et pour lui-mêl'hom-me, en dehors de la totalité plénière de l'univers. Le microcosme ne s'appartient pas ; il est sous l'entière dépendance des puissances transcendantes qui se composent pour lui fixer son destin. Toute science valable doit consister dans l'application particulière des présupposés ontologiques à tel ou tel domaine dans la réalité. La physique aristotélicienne, dont il est à pei-ne besoin de remarquer qu'elle n'a rien de commun avec la physique moderne, développe une interprétation de la nature selon le schéma de l'astrobiologie. Néanmoins, dans ce cadre, et par une rencontre singu-lièrement heureuse, la pensée grecque sous l'influence des doctrines pythagoriciennes, prolongées par le génie de Platon, affirme l'intelli-gibilité privilégiée des relations mathématiques pour l'organisation de l'espace mental. Par exemple, dès le début du IIIe siècle avant [36] Jé-sus-Christ, les Eléments d'Euclide fournissent le prototype achevé du savoir rationnel, et préfigurent les systèmes axiomatiques de l'épisté-mologie moderne. Mais les premiers triomphes de la science rigoureu-se, avec Euclide et Archimède, ne sont que des réalisations partielles, restreintes à un domaine localisé, et d'ailleurs liées dans l'esprit des créateurs au contexte mental des thèmes mythiques qu'ils partagent avec leurs contemporains. Nul ne peut, en ce temps, s'évader de cet horizon de la théologie astrale, dans lequel s'inscrivent toutes les

en-treprises de pensée et d'action, comme aussi toutes les créations des artistes.

Ainsi les problèmes humains échappent à l'homme : ils se posent et se résolvent dans un ordre transcendant. « Ce qui arrive est nécessaire, note Marc Aurèle, et contribue à l'intérêt général de l'univers dont tu fais partie. D'ailleurs, pour toute partie de la nature, le bien, c'est ce que comporte la nature universelle et ce qui est propre à la conserver.

(...) Il faut enfin comprendre dès maintenant de quel univers tu fais partie, de quel être, directeur du monde, tu es une émanation 42

L'idée de science de l'homme présuppose une interrogation sur l'homme on ne sait pas, on cherche. Et sans doute, cette interrogation même n'est pas possible sans un pressentiment de solution : on ne chercherait pas si on n’avait déjà trouvé au moins un sens, une direc-tion de recherche, le cadre général dans lequel viendront s'inscrire les résultats de l'enquête. Le progrès de la connaissance est rendu possible par une réforme de l'entendement, qui elle-même présuppose la cons-cience prise du progrès à intervenir. Un dialogue serré s'établit ainsi entre les faits et le cadre intellectuel ; ils se conditionnent l'un l'autre, et permettent cette rectification mutuelle grâce à laquelle des faits nouveaux se dessinent dans l'éclairage d'une nouvelle pensée. Telle est, à travers toute l'histoire de la pensée, la condition de possibilité d'une affirmation inventrice.

. » La synthèse anthropo-cosmique préétablie empêche la constitution d'une connaissance modestement positive, le droit masque le fait. Autrement dit, le fait de l'existence humaine dans sa spécificité ne peut être re-connu que dans le cadre d'une perspective de pensée où l'on accorde de la valeur au donné, à l'événement en tant que tel, où les questions viennent avant les réponses.

Or l'univers spirituel de la pensée grecque semble mal préparé à accueillir cette science imparfaite qu'est nécessairement la science de l'homme. L’espace mental du cosmos se déploie selon les normes a priori d'une harmonieuse totalité, qui oppose un préjugé défavorable à tout ce qui est inaccompli, technique, empirique. La longue patience d'une recherche qui risque de demeurer vaine est indigne du sage, aus-si bien que le travail de l'artisan ou la peine de l'esclave. Il n'en est que plus paradoxal de constater qu'en dépit de ces obstacles

42 Marc AURÈLE, Pensées, II, 3-4, traduction Trannoy, collection Budé.

ques l'anthropologie positive a bel et bien ses origines en Grèce, où elle a trouvé des hommes de génie pour la concevoir et déjà pour l'en-treprendre.

Le premier de ces génies, dont l'influence demeure vivante après vingt-cinq siècles d'histoire dans le vaste domaine de l'anthropologie médicale, est Hippocrate de Cos qui vit à la fin du Ve siècle et au dé-but du IVe siècle avant Jésus-Christ, c'est-à-dire à la même époque que Socrate. Le personnage lui-même est peu connu, et les érudits ne sont pas d'accord sur la part qui lui revient parmi l'importante collec-tion des textes qui composent le Corpus hippocratique. Ce qui est cer-tain, en tout cas, c'est que bon nombre de ces traités donnent les prin-cipes d'une science de l'homme sain et malade, formulés avec une admirable sagacité, exempte de tous les préjugés dogmatiques, astro-logiques ou magiques dont s'encombreront les praticiens [37] des siè-cles à venir. Selon Hippocrate, résume un commentateur, la médecine

« n'est un art véritable, elle ne comporte des règles qui permettent de prévoir et d'agir, elle ne fait des découvertes et ne progresse que parce que la raison systématise l'expérience en joignant la doctrine à l'ob-servation » 43

La médecine hippocratique est ainsi, dans l'histoire de la pensée humaine, et pour longtemps, la première science expérimentale digne de ce nom, et cette science, il faut le souligner, est une science de l'homme. L’un des ouvrages de la collection traite d'ailleurs de la Na-ture de l'homme ; mais partout se manifeste un art consommé de l'examen des signes cliniques et de leur interprétation, dont l'ensemble fournit une compréhension singulièrement perspicace de l'être humain dans sa totalité. On lit, par exemple, dans le traité des Epidémies :

« Pour ce qui est des maladies, voici comment nous les discernons.

Notre connaissance s'appuie sur la nature humaine universelle et sur la nature propre de chaque personne ; sur la maladie, le malade, les subs-tances administrées, celui qui les administre et ce que l'on peut en conclure en bien ou en mal ; sur la constitution générale de l'atmos-phère et les constitutions particulières selon les diversités de ciel et de lieu ; sur les habitudes, le régime de vie, les occupations, l'âge de cha-cun ; sur les paroles, les manières, les silences, les pensées, les

som-.

43 FESTUGIÈRE, dans l'Introduction à son édition du traité De l'Ancienne médecine, Klincksieck, 1948, p. VIII.

meils, les insomnies, les qualités et les moments des songes ; sur les gestes désordonnés des mains, les démangeaisons et les larmes ; sur les paroxysmes, les selles, les urines, les crachats et les vomisse-ments ; sur la nature des maladies qui se succèdent les unes aux autres et sur les dépôts annonciateurs de ruines ou de crises ; sur la sueur, le refroidissement, le frisson, la toux, l'éternuement, le hoquet, le rôt, les gaz silencieux ou bruyants, les hémorragies et les hémorroïdes. Ce sont ces données et tout ce qu'elles permettent de saisir qu'il faut exa-miner avec soin 44

Ce texte étonnant définit le programme d'une médecine dont la perspicacité synthétique s'applique à ressaisir l'être humain total, dans sa psychologie aussi bien que dans sa physiologie, dans son compor-tement d'ensemble. Il faudra attendre la médecine psychosomatique la plus moderne pour retrouver une pareille ampleur de vue. La science hippocratique est une médecine en situation, attentive même aux conditionnements qui relient l'individu à son milieu vital. En effet, selon le traité Des Airs, des eaux et des lieux, le médecin doit tenir compte « de l'exposition des villes, de la nature des eaux, de l'allure des saisons, de la constitution des différents terrains, des coutumes et institutions sociales elles-mêmes ; c'est à partir de ces données que, bien différent du praticien sans expérience, il devra juger chaque cho-se par un effort de réflexion et de comparaison »

. »

45

On ne saurait donc nier l'existence, dans la pensée grecque, d'une réflexion attentive à serrer la réalité humaine d'aussi près que possible, et dans toute sa complexité, pour y mettre en lumière les inflexions d'une intelligibilité positive. L'oeuvre d'Hippocrate constitue un chef-d'œuvre de l'esprit humain. Il s'en faut pourtant de beaucoup que l'on lui rende pleine justice. Ou plutôt, si l'on s'accorde à voir en Hippocra-te le patriarche de la médecine, il n'est pas reconnu comme un patriar-che de la pensée, et les philosophes se soucient bien davantage de Parménide, d'Héraclite, de Zénon d'Elée, [38] et de bien d'autres, que du maître du Cos, qui pourtant, le premier, sut définir le programme d'une anthropologie unitaire, nouant la gerbe de la médecine et de la

.

44 Epidémies, I, 10. Cité dans BOURGEY, Observation et expérience chez les médecins de la collection hippocratique, Vrin, 1952, p. 195-196. On se re-portera à cet ouvrage pour plus de détails.

45 Des Airs, des Eaux et des Lieux, cité ibid., p. 58.

biologie, de la géographie, de l'ethnologie et de la psychologie. Les philosophes-poètes ont l'avantage de l'obscurité ; leurs textes mutilés retiennent le grouillement des mythes et des magies traditionnelles. Le savoir lucide et profane d'Hippocrate joue contre lui. Et puis, après tout, ce n’est qu'un médecin, ce n'est pas un métaphysicien. Déjà s'af-firme ici le préjugé défavorable opposé par les philosophes à la scien-ce de l'homme. Il est significatif de constater que le préjugé remonte loin : le savoir médical, aux yeux mêmes d'Hippocrate, ne saurait pré-tendre à l’éminente dignité d'une science rigoureuse (épistémè) ; il se contente de l'appellation modeste de technè, qui désigne une connais-sance tournée vers la pratique, et donc de second ordre aux yeux des Grecs.

Le miracle hippocratique n'est pourtant pas complètement isolé dans la culture ancienne. Cinquante ans à peine après le médecin de Cos s'affirme un autre génie, non moins illustre qu'Hippocrate et

Le miracle hippocratique n'est pourtant pas complètement isolé dans la culture ancienne. Cinquante ans à peine après le médecin de Cos s'affirme un autre génie, non moins illustre qu'Hippocrate et