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LA CONSCIENCE MÉDICALE VERS LA SCIENCE DE L'HOMME

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« Tout cède au grand art de guérir. Le médecin est le seul philoso-phe qui mérite de sa patrie ; il parait comme les frères d'Hélène dans les tempêtes de la vie. Quelle magie, quel enchantement ! Sa seule vue calme le sang, rend la paix à une âme agitée et fait renaître la douce espérance au cœur des malheureux mortels. Il annonce la vie et la mort comme un astronome prédit une éclipse 155

155 Œuvres philosophiques de M. de la Mettrie, Amsterdam, 1774, t. III, p. XI.

... » Ainsi s'exprime, en 1747, Lamettrie, médecin et philosophe, dans la dédicace de son traité de l'Homme machine à « Monsieur Haller, professeur en méde-cine à Göttingen ». L'illustre physiologiste suisse, appelé à enseigner dans la toute jeune et pourtant déjà glorieuse université allemande, se trouvait d'ailleurs ainsi pris à témoin d'une manière quelque peu hypo-crite par l'aventurier français, commensal de Frédéric II. Haller ne par-tageait pas toute la liberté d'esprit de Lamettrie, mais il est en effet un

des hommes représentatifs de cette anthropologie médicale en plein essor, et qui désormais s'impose à l'opinion éclairée.

Le XVIIIe siècle consacre l'avènement d'une médecine scientifique fondée sur le rapprochement entre les médecins, en quête de schémas positifs d'intelligibilité, et les philosophes soucieux selon l'esprit nou-veau de parvenir à une connaissance positive de la nature humaine.

S'agissant de l'homme, écrit encore Lamettrie, « l'expérience et l'ob-servation doivent seules nous guider ici. Elles se trouvent sans nombre dans les fastes des médecins qui ont été philosophes, et non dans les philosophes qui n'ont pas été médecins. Ceux-ci ont parcouru, ont éclairé le labyrinthe de l'homme ; ils nous ont seuls dévoilé ces res-sorts cachés sous des enveloppes qui dérobent à nos yeux tant de mer-veilles. Eux seuls, contemplant tranquillement notre âme, l'ont mille fois surprise et dans sa misère et dans sa grandeur, sans plus la mépri-ser dans l'un de ces états que l'admirer dans l'autre. Encore une fois, voilà les seuls physiciens qui aient droit de parler ici. Que nous di-raient les autres, et surtout les théologiens ? 156

Si libre d'esprit qu'ait été Lamettrie, et si amateur de paradoxes, ses propos mettent en lumière une situation de fait caractéristique de son temps : par une rencontre assez rare, médecins et philosophes, au XVIII

... »

e, siècle, se sont entendus mutuellement pour parler de l'homme, objet commun de leurs préoccupations. Pareille chance ne nous est pas accordée aujourd'hui, [114] où prévalent entre les deux corpora-tions l'ignorance mutuelle et le dédain. Il y a eu jadis des médecins philosophes. tel Lamettrie lui-même, ou Barthez, en attendant Caba-nis 157 ; il y a eu aussi des philosophes médecins, tel le « sage » Loc-ke, l'un des principaux inspirateurs de la réflexion philosophique au XVIIIe siècle. L'un des grands noms de la médecine française à la fin du XVIIIe

156 L'Homme Machine, Ibid., pp. 5-6.

siècle, Bordeu, lui-même assez philosophe pour avoir été choisi comme interlocuteur valable par Diderot dans son entretien in-titulé Le Rêve de d'Alembert, écrivait en 1768 : « On ignore commu-nément que Locke fut médecin, qu'il fut ami de Sydenham, qu'il resta quelque temps à Montpellier, où il profita sans doute des lumières de

157 Notons aussi que Quesnay, le maître de l'école physiocratique et l'un des fondateurs de l'économie politique moderne, appartient à la corporation mé-dicale avec assez de distinction pour exercer la charge de chirurgien du roi.

cette école, et surtout de celles de Barbeyrac (...) La médecine a donc des droits sur tous les ouvrages de ce grand homme. Ennemi déclaré des disputes de l'Ecole, il les regardait comme des sujets de querelles inutiles (...) Locke raisonne à la manière des médecins, principalement dans son fameux traité de l'Entendement humain. Partout il suit la marche et le développement des effets produits par les objets des sen-sations dans l'intérieur des organes 158

L'exemple de Locke, qui n'est pas isolé, met en lumière, chez ce penseur de la fin du XVII

... » De fait, celui que ses contemporains appelaient le « docteur Locke » a suivi le cours com-plet des études médicales, publié une série de traités sur des questions d'anatomie et de pathologie, exercé la médecine dans certains cercles fort aristocratiques ; il a même préfacé l'ouvrage de Sydenham : Me-thodus curandi febres.

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Il n'en est pas de même au XVIII

siècle, la conjonction entre l'entreprise d'une histoire naturelle de l'esprit humain, substituée à l'ancienne mé-taphysique, et l'anthropologie médicale qui s'efforce elle aussi, dans l'oeuvre du grand Sydenham en particulier, de parvenir à une connais-sance positive et non dogmatique de l'être humain sain ou malade.

Qu'on le veuille ou non, le champ épistémologique de la médecine apparaît comme un espace de projection privilégié pour les schémas philosophiques. Aux époques du moins où les penseurs se préoccu-pent de la condition humaine, et dans la mesure où ils le font, l'enjeu de leur réflexion est le même que celui de la théorie et de la pratique médicales. D'où une sorte de réciprocité d'influence, pour autant que, l'orgueil intellectuel cédant au bon sens, le philosophe se laisse infor-mer par le médecin, qui consent lui-même à se faire instruire par le spécialiste de la pensée. À vrai dire, cette bonne entente n'est plus guère de mise depuis un siècle : les médecins, avec la bonne cons-cience du positivisme triomphant, ont tendance à s'enfermer dans le cercle étroit de leur technicité. Quant aux métaphysiciens, égarés dans l'impasse du spiritualisme universitaire où les a conduits Victor Cou-sin, ils ont depuis longtemps lâché la proie de l'homme réel pour l'om-bre de la chasse aux fantômes spéculatifs.

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158 BORDEU, Recherches sur l'histoire de la médecine (1768), dans : Œuvres complètes de Bordeu, p.p. Richerand, 1818, t. II, pp. 678-679.

siècle, et c'est justement ce qui permet le très remarquable essor de la recherche anthropologique, d'où

devait sortir la médecine moderne. Comme nous l'avons indiqué au chapitre précédent, c'est l'interprétation mécaniste du réel qui marque un nouveau seuil d'intelligibilité, grâce au schéma de l'homme machi-ne. Mais on n'a pas pour autant le droit de considérer qu'il y ait là une coupure à proprement parler, que l'on pourrait dater, par exemple, de 1628, date de publication de l'ouvrage de Harvey sur la circulation sanguine. En fait la réflexion médicale, bien que pourvue désormais d'un nouvel instrument d'interprétation, [115] se poursuit toujours sui-vant les grands axes définis depuis l'antiquité ; les mêmes thèses, ar-mées d'arguments nouveaux, ne cessent de s'affronter dans le débat sans cesse repris, et qui dure encore aujourd'hui. Les deux écoles an-ciennes de Cos et de Cnide peuvent servir de points de repère, chacu-ne d'elles ayant donné naissance à uchacu-ne tradition dont on relève l'in-fluence, jusqu'à nos jours, dans l'explication de la santé et de la mala-die 159

L'école de Cos a pour héros éponyme le grand Hippocrate, qui dé-finit ses exigences maîtresses. Elle insiste sur le caractère synthétique et totalitaire de la vie ; elle voit dans la nature l'expression d'un dyna-misme autonome, facteur d'équilibre à travers les crises qui menacent la santé. Les perturbations des fonctions vitales, comme d'ailleurs leur harmonie, sont liées à des régulations d'ordre interne, qui tiennent au jeu des diverses humeurs organiques : les masses liquides de l'orga-nisme, le sang, la bile jaune ou noire, le phlegme définissent par leur composition particulière le tempérament de chaque individu. La quan-tité, la qualité de ces humeurs, leur altération permettent de rendre compte de l'évolution, normale ou pathologique, de la vie. Galien a repris les vues d'Hippocrate, en les systématisant jusqu'à en faire une sorte de scolastique, dont la simplicité pédagogique assurera le succès pendant quinze siècles dans la culture musulmane comme dans le do-maine chrétien. La transposition analytique du synthétisme d'Hippo-crate le réduit à une sorte de caricature, contre laquelle protesteront de siècle en siècle les tenants de l'hippocratisme authentique. Néanmoins, Hippocrate et Galien, à tort ou à raison, se situent dans la perspective d'un même vecteur épistémologique, celui qui, au XVIII

.

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159 Cf. l'article d'Henri EY dans le tome I de ses Etudes psychiatriques, Desclée de Brouwer, 1948.

siècle en particulier, sera désigné sous le nom d'humorisme.

A l'école de Cos s'oppose la tradition de Cnide, dont les fondateurs sont un peu antérieurs à Hippocrate, mais beaucoup moins illustres que lui. Ils pratiquent un empirisme assez étroit, et recherchent l'origi-ne de la maladie non dans la perturbation d'un équilibre interl'origi-ne, mais plutôt dans une causalité s'exerçant du dehors ; de même, la guérison sera obtenue en renversant par des moyens appropriés les influences externes pernicieuses. De là une tendance à la recherche des symptô-mes précis, auxquels on fait correspondre des remèdes spécifiques. On agira sur l'état de santé par des moyens directs et violents : secousses brutales, cautérisation, ivresse, infusion dans les poumons... Mais ce même souci de précision amène aussi les médecins de Cnide à prati-quer, bien avant Laënnec, l'auscultation, pour y rechercher des signes cliniques. Pour eux, en somme, les maladies sont des « processus pa-rasites » : « la maladie, précise Henri Ey, n'est pas considérée comme une déchéance, un déséquilibre fonctionnel, mais comme l'effet d'un simple traumatisme. La maladie n'est qu'un accident 160

L'opposition entre les deux traditions se nuance d'une manière très diverse tout au long de l'histoire de la médecine, et le dialogue entre les interprétations opposées aboutit souvent à des formes de compro-mis entre les deux influences, dont aucune ne pourrait l'emporter tout à fait sans devenir, du même coup, tout à fait absurde. La thèse selon laquelle la maladie est un déséquilibre interne auquel on doit remédier par des moyens d'ordre interne, et la thèse qui voit dans la maladie une agression extrinsèque dont le remède doit être cherché dans une autre influence compensatrice, constituent [116] les deux pôles de l'activité médicale : les thèmes de réflexion et les recherches thérapeutiques oscillent, suivant les époques et les théoriciens, entre ces deux tenta-tions, qui justifient alternativement des espoirs opposés.

. »

La Renaissance, rompant avec le galénisme quelque peu fossilisé par la scolastique, apparaît comme l'âge d'or d'un humorisme qui sert de prétexte au déchaînement de toutes les mythologies. La médecine est liée à une philosophie de la nature dans son ensemble ; elle met en œuvre la conception d'une sympathie métaphysique universelle, re-liant l'être humain dans sa totalité avec la totalité du réel. D'où une thérapeutique fondée sur le clavier des correspondances, des significa-tions occultes qui assurent l'interdépendance du microcosme et du

160 EY, op. cit., p. 22.

macrocosme. L'âme de chaque individu, principe de ses fonctions vi-tales, est accordée à l'âme du monde par la vertu d'un schéma qui, par delà le néoplatonisme et le platonisme lui-même, remonte jusqu'aux traditions mystiques originelles de la pensée grecque. Le grand hom-me de cette médecine renaissante est Paracelse (1493-1541), surnom-mé le « Luther de la surnom-médecine », parce qu'il est le prophète pittores-que, et le mage, de cette effervescence, et qu'il publie des œuvres ré-digées en langue populaire, par mépris du latin des savants scolasti-ques. La doctrine de Paracelse, comme l'indique Koyré, est en réalité un panvitalisme magique. Le thérapeute met en oeuvre une magie na-turelle, fondée sur le fait que la nature, dans son essence, est comprise comme un dynamisme occulte. « La vie entière, observe Koyré, n'est qu'un processus alchimique 161

Dans la masse confuse de cette pensée préscientifique se trouvent en germe les thèmes qui plus tard seront repris et mis en œuvre, moyennant une épuration plus ou moins complète des éléments my-thiques, par les animismes, les organicismes, les vitalismes, les dyna-mismes si nombreux jusqu'à nos jours. La tradition hippocratique de l'humorisme aura d'ailleurs à souffrir de ces aventures quelque peu aberrantes, qui lui seront reprochées par les tenants d'une attitude plus rationnelle et vraiment scientifique. Une réaction était indispensable ; elle sera rendue possible par l'affirmation mécaniste, au début du XVII

» : en effet, la digestion elle-même se réalise en nous à la manière des opérations pratiquées dans les labora-toires des spécialistes de l'hermétisme. Pareillement, les dynamismes naturels, sécrétions et excrétions, ont la valeur d'opérations qui per-mettent la transmutation des substances.

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161 Alexandre KOYRÉ, Mystiques, spirituels, alchimistes du XVIe siècle alle-mand, Cahier des Annales, 10, Colin, 1955, p. 70.

siècle. L'œuvre de Harvey, le Galilée de la médecine, dégage la nouvelle perspective d'une connaissance de la vie capable de se pré-senter comme une science rigoureuse. Le modèle épistémologique de la machine s'impose pour un temps aux meilleurs esprits, séduits par les succès contemporains de la physique mathématique. De là un sim-plisme, lié à l'état encore rudimentaire du savoir : le recul de la haute intelligence hippocratique et de sa conception synthétiste de la vie, fait place à des constructions dont l'apparente précision ne dissimule aucunement le caractère fantastique. La magie des nombres est une

autre magie : l'espace mental du corps humain n'est pas analysé avec une précision suffisante pour pouvoir être mis en équation avec autant de sécurité qu'un système de forces physiques. La conscience médica-le progresse néanmoins au travers de doctrines dont aucune n'est vraiment positive, mais dont les excès en sens inverse finissent en quelque sorte par se compenser.

Le premier grand nom de la médecine rénovée est celui de l'An-glais Thomas Sydenham (1624-1689), l'ami de Locke, auquel il dédie en 1676 son ouvrage sur les maladies aiguës (Observationes medicae circa morborurn aculorum [117] historiant). Sydenham reste fidèle à la théorie traditionnelle de l'humorisme galénique, mais son génie propre s'affirme dans une pratique médicale animée d'un esprit nou-veau : on peut dire qu'il opère dans son domaine une réforme analogue à celle que Locke poursuit en matière de théorie de la connaissance. A l'a priori doctrinal, il substitue l'esprit d'observation, introduisant ainsi un sens clinique quelque peu oublié depuis Hippocrate. C'est un prati-cien, pour qui le centre d'intérêt de la connaissance médicale se trouve reporté des principes généraux et abstraits aux symptômes concrets, dont l'ensemble permet de définir le tableau de telle ou telle entité no-sologique. Le bon sens prend ici le dessus, dans la perspective de l'empirisme anglais, inauguré par Francis Bacon. Sydenham lui-même en était parfaitement conscient : aux admirateurs qui, s'extasiant sur ses dons cliniques, lui demandaient d'où lui venait sa science de l'homme, il répondait seulement : « Oh ! je lis don Quichotte ! » Mot admirable, qui caractérise fort bien l'apport essentiel de celui que les contemporains appelaient l'Hippocrate anglais.

En effet, jusqu'au XVIIe siècle, on n'avait guère le souci de définir et d'isoler des entités morbides bien précises 162

162 Cf. R. H. SCHRYOCK, Histoire de la médecine moderne, trad. Tarr, Colin, 1956, 17 : « En 1650 encore, les médecins parlaient plus souvent des hu-meurs du malade que du mal spécifique dont il était atteint. » Certaines af-fections avaient pourtant été isolées, par exemple la phtisie et la variole.

. Les affections étaient toutes plus ou moins confondues, puisqu'elles étaient considérées comme mettant en scène les mêmes principes fondamentaux. L'empi-risme de Sydenham implique une entreprise d'élucidation du champ opératoire de la médecine, et donc un décrassage intellectuel, préala-ble nécessaire à toute réforme. La constitution de tapréala-bleaux cliniques

précis isole et regroupe les signes : la spécificité des maladies ouvre les voies vers la détermination de remèdes spécifiques. Le chemin est ouvert, qui fera de la médecine une langue bien faite : Sydenham dé-crit avec soin la rougeole, la dysenterie, la syphilis, déjà identifiée par Fracastor. En 1804, l'illustre médecin et philosophe Cabanis, évoquant le traité de la goutte, de Sydenham (Tractatus de podagra et hydrope, 1683) estime que c'est un « chef-d'œuvre de description : c'est encore, en effet, ce que nous avons de plus parfait sur cette maladie ; non qu'elle se présente toujours telle qu'il la peint, mais parce qu'on ne peut rien imaginer de plus exact et de plus ingénieux que le plan d'ob-servation qu'il y trace » 163

Le dégagement d'une perspective d'observation systématique, condition préalable de tout progrès réel, n'ira pourtant pas sans diffi-cultés nombreuses, qui retarderont longtemps l'avancement de la connaissance. Il faut apprendre à voir ; le réel n'est jamais donné du dehors à l'esprit, bien plutôt il est projeté par la pensée ; elle découvre dans l'expérience les schèmes et les notions qu'elle a elle-même mises en jeu. Le véritable empirisme implique la persévérance d'un génie capable de rompre l'encerclement des concepts établis, que la tradition a fossilisés.

.

L'observation clinique bénéficiera, à partir du XVIIe siècle, de l'ai-de que lui fournissent les appareils nouveaux d'examen et l'ai-de mesure.

Mais ces appareils ne sont concevables, et surtout ils ne sont utilisa-bles, qu'à la condition d'une véritable mutation de la mentalité. Com-me l'observe Daumas, « bien avant l'époque de Galilée, il aurait été possible d'utiliser la loupe pour les observations scientifiques, et elle l'a sans doute été ; mais la scolastique [118] repoussait ces moyens, en prétendant que la nature doit être observé sans intermédiaire, sous peine de n'en recevoir qu'une image déformée et trompeuse » 164

163 CABANIS, Coup d'œil sur les Révolutions et la réforme de la médecine (1804), Œuvres philosophiques de CABANIS, p.p. Lehec et Cazeneuve, Corpus général des philosophes français, P.U.F., t. II, 1956, p. 137.

. Les premiers microscopes composés, formés de plusieurs lentilles, sont contemporains de la lunette de Galilée, entre 1590 et 1610. Le mot microscope est créé par Demisiano en 1609. Galilée lui-même est un

164 Maurice DAUMAS, Les Instruments scientifiques aux XVIIe et XVIIIe siè-cles, P.U.F., 1953, p. 57.