La fonction interpolanteθs’écrit :
∀x∈R, θ(x) =
Z
R
φ(y)φ(y−x)dy.
En effectuant le changement de variable Y=y+x, on obtient queθ(−x) =θ(x)pour tout x réel : la fonctionθest paire. En terme de symboles, on peut écrire ˆθen fonction du symbole ˆh associé au filtre h deφ, dont les coefficients sont compris entre 1 et s :
ˆ θ(ω) =ˆh(ω)ˆh(ω) =1 2 s
∑
l=1 hleiωl∑
s k=1 hkeiωk=1 2 s∑
l,k0=1 hlhl−k0 eiωk0=√1 2 s∑
k0=1 tk0 eiωk0.On obtient alors tkcomme la convolution discrète du filtre hk: tk=√1
2∑s
l=1hlhl−k. Les indices k tels que tkest non nul sont compris entre 1−s et s−1, la taille de ce filtre est donc égale à 2 s−1.
Nous allons voir dans le paragraphe suivant que l’on peut relier la fonction d’interpolation
issue de cette autocorrélation à un schéma d’interpolation : le schéma itératif d’interpolation
lagrangienne, initialement introduit par Dubuc [62], puis par Deslauriers et Dubuc [59].
III.2.3) Schéma d’interpolation de Deslauriers et Dubuc
On considère un maillageω
j={2
−jk, k∈Z}, sur lequel on connaît les valeurs aux points
c
j,k= f(x
j,k), x
j,k=2
−jk d’une fonction f . Pour interpoler f sur le maillage plus fin ω
j+1,
on utilise une formule similaire à une étape de recomposition en base de fonctions d’échelle
donnée par la formule (III.14). On n’utilise pas de coefficients en ondelettes d
j,kdans le schéma
d’interpolation, mais uniquement les valeurs aux points c
j,k. Les coefficients d’indice pair du
maillage fin c
j+1,2kseront exactement les valeurs aux points du maillage grossier c
j,k, et l’on
effectue une moyenne pondérée des c
j,kpour calculer les c
j+1,2k+1. On définit alors le filtre t
Itel que :
c
j+1,2k= ∑
nt
2kI −2nc
j,n=c
j,k,
c
j+1,2k+1= ∑
nt
2kI +1−2nc
j,n.
Les poids t
kIvérifient la condition d’interpolation t
2kI=δ
0,k, et l’on impose de plus que ce
schéma permette de construire exactement les polynômes jusqu’au degré 2m−1. On associe
alors les t
kIà une fonction d’échelle interpolante d’ordre 2m, qui vérifie deux relations à deux
échelles :
θ(x) =∑
kθ(k/2)θ(2x−k) =∑
kt
kIθ(2x−k) =√
2 ∑
kt
kθ(2x−k).
On obtient donc pour tout k, t
k= √1
2 t
I
k
. Les valeurs de θ aux points demi-entiers sont
déterminés en utilisant les polynômes de Lagrange :
t
2kI +1=θ(k+1/2) =
m+k∏
l=−m+k+1 l6=0x−l
−l
x=k+1/2, k=−m+1, . . . ,m−1.
Ces polynômes sont nuls aux points entiers, et chaque produit est centré sur un demi-entier,
et avec un nombre de facteurs égal à 2m−1. On peut vérifier, par de simples changements
d’indices, que le filtre est symétrique, et on obtient la valeur des coefficients :
t
2kI +1=t
−I2k−1=
m−1∏
l=−m l6=k2l+1
2l−2k, k=0,m−1.
Par exemple dans le cas d’une interpolation d’ordre 4, nous avons le filtre t
Isuivant :
− 1
16 , 0,
9
16 , 1,
9
16 , 0, − 1
16
.
Nous avons donc un schéma permettant de passer d’un maillage ω
jàω
j+1, en reconstituant
F
IG. III.5 – à gauche : fonctions d’échelle interpolante - ordre 4,6,8,10 -. L’amplitude des
oscillations augmente avec l’ordre, ce qui correspond dans le domaine de Fourier à une
meilleure localisation (à droite).
III.2. DES ONDELETTES ORTHOGONALES AUX ONDELETTES INTERPOLANTES
La figureIII.5montre des fonctions d’échelleθde différents ordres, ainsi que leurs
trans-formées de Fourier. On observe en particulier que pour des ordres de plus en plus grands, un
plateau se forme autour de la fréquence nulle : cela est associé au fait que la fonction d’échelle
interpolante possède 2m−1 moments nuls, comme les coiflets.
Remarque III.2.9 La fonction d’échelle θ d’ordre 2m générée par ce schéma est
l’autocor-rélation d’une fonction d’échelle de Daubechies d’ordre m. On peut également établir la
correspondance entre d’autres schémas d’interpolation, et d’autres convolutions de fonctions
d’échelle à support compact [27,130,25,53].
Remarque III.2.10 Pour un ordre donné m, Daubechies a créé une infinité de familles
d’on-delettes. Nous utilisons les deux familles ayant un support minimal (section III.2) : celle de
Daubechies, et celle des Symmlets [53]. L’autocorrélation de deux fonctions d’échelle de
Dau-bechies d’ordre m est égale à l’autocorrélation de deux Symmlets d’ordre m, et le filtre associé
àθ, t, est rationnel, à la constante
√12
près [23].
Construction des ondelettes associées
Il reste, à partir de la fonction interpolante θ d’ordre 2m et du filtre associé t, à construire
l’ondelette, ou une fonction d’échelle biorthogonale. La construction d’ondelettes peut se faire
dans le cadre d’une AMR semi-orthogonale (remarque III.2.12ci-dessous), ou à partir d’une
fonction d’échelle duale particulière, comme la distribution de Dirac,δ.
En fait, la fonction de Diracδengendre une AMR dégénérée, et la relation à deux échelles
δ(x) =√
2δ(2x)est définie au sens des distributions. Cette AMR est biorthogonale à l’AMR
interpolante, la relation de biorthogonalité entre fonctions (III.3) étant vérifiée au sens des
distributions. Pour l’instant, nous gardons le formalisme d’une AMR interpolante normalisée,
c’est-à-dire en considérantθ
j,ket non pasθ
]j,k
. La fonction d’échelle duale est alors définie par
˜
θ
j,k=√
2
jδ(2
j.−k).
Remarque III.2.11 Dans l’AMR non normalisée correspondante,eθ
]j,k
=2
jeθ(2
j.−k), et les
coefficients d’échelle s’écrivent< f |θ˜
j,k>= f(2
−jk), ∀k∈Z. Nous donnons les deux
nota-tions, car dans le chapitreVet en annexeAsont présentés des opérateurs de changements de
base : nous considérons deux AMR de type t
1et t
2, et voulons projeter une fonction f tantôt
l’espace des fonctions d’échelle de type t
1, tantôt dans celui de t
2. Afin de ne pas perdre en
généralité, les AMR t
1et t
2ont des fonctions de base normalisées en norme L
2.
En utilisant la relation entre les filtres dans une AMR biorthogonale (III.6), on obtient les
filtres z
0et ˜z
0associées aux ondelettes primale et duale :
z
0k= √1
2 (−1)
k+1δ
0,−(k−1)= √1
2 (−1)
k+1δ
1,k,
˜z
0k= (−1)
k+1t
−(k−1)= (−1)
k+1t
k−1.
En particulier, l’ondelette primaleζ
0a pour expression :
ζ
0(x) =√
2∑
k
et d’après la propositionIII.2.6, commeθest d’ordre 2m, alors ˜ζ
0a 2m moments nuls, et c’est
une somme de Dirac pondérée par les coefficients du filtre t.
L’AMR duale n’est pas dans L
2(R), et ˜θ ne vérifie aucun critère C
s, s>0. De plus,
l’onde-lette primale ne possède pas de moments nuls ; le théorèmeIII.2.3n’est donc pas applicable,
pas plus que toutes les estimations de la partie III.1.4). Nous allons voir dans la partie
sui-vante comment garder les propriétés intéressantes de cette famille, et améliorer les propriétés
concernant ˜θetζ
0.
Remarque III.2.12 Si l’on construit l’ondeletteζ
0de la même manière que la fonction
d’éch-elle θ
], c’est-à-dire comme la convolution des ondelettes de Daubechies associées, alors on
obtient une ondelette interpolante, et le couple(θ
], ζ
0)constitue un système semi-orthogonal
[1,2,4] :θ
]etζ
0sont des fonctions orthogonales entre elles, mais elles n’engendrent pas des
bases orthogonales.
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Les ondelettes comme fonctions de base dans le calcul de structures électroniques
(Page 70-73)