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Sélection des reproducteurs en pratique

Il est relativement rare de trouver à la vente des géniteurs adulte de qualité. La plupart des étalons et des lices disponibles risquent fort d’être des animaux de réforme présentant des vices cachés ou ne correspondant pas au standard recherché. Ainsi, il est naturel que la majorité des éleveurs gardent, pour leur exploitation personnelle, les chiots les plus prometteurs de leur élevage. Le choix d’un reproducteur se portera donc sur un chiot. Ceci présente donc comme un pari sur son avenir, sa conformité au standard de sa race, sa fertilité n’étant confirmée que bien plus tard. S’il paraît facile pour un producteur d’animaux de rente de sélectionner les géniteurs sur leurs aptitudes bouchères ou laitières, il s’avère, en revanche, beaucoup plus complexe d’établir une sélection en élevage canin dans la mesure où les qualités recherchées concernent souvent autant la morphologie que le caractère des chiens.

1) Choix d’un étalon

L’importance dans le choix d’un étalon dans la prévention des troubles comportementaux des chiots peut paraître dérisoire. Si l’on sépare le patrimoine génétique en deux lors de la conception des chiots, on peut estimer à environ 10% la transmission des

caractères comportementaux provenant du père. Dans tous les cas, même si ce chiffre peut paraître bas, choisir un mâle équilibré, correctement socialisé et dont les qualités de travail ou de beauté correspondent aux critères de l’éleveur, est toujours un plus. L’éviction systématique de chiens à caractère agressif semble être un minimum.

Hormis cela, lors de la puberté, et avant toute saillie ou insémination avec un mâle dont on ne connaît rien de la descendance, il est prudent de commencer par contrôler la qualité de sa semence. Le spermogramme a une valeur prédictive sur le pouvoir fécondant de la semence. Il permet de prévoir un risque d’infertilité mâle, de suivre le déroulement de la puberté dès les prémices d’activité sexuelle et donc l’échéance de la mise à la reproduction, et de détecter les premiers signes de sénescence chez les étalons proches de la retraite.

Mieux qu’un spermogramme, la descendance récente d’un étalon reste la meilleure preuve de sa fertilité et permet également de juger de sa qualité à marquer sa progéniture de ses qualités, aussi bien comportementales que ses aptitudes au travail.

2) Choix d’une lice

Le choix de la future reproductrice au sein d’une portée procède également d’un pari sur l’avenir. Il se fait essentiellement sur son ascendance. Bien que sa responsabilité génétique soit identique à celle du mâle, il lui faudra également assurer la lactation et l’éducation des chiots. Les critères de sélection de la lice devront donc tenir compte, en dehors de sa valeur génétique intrinsèque, de la facilité de ses mises bas, de ses aptitudes laitières et de ses qualités maternelles.

Le choix de la lice est important car il conditionne en partie le développement des chiots. Une rigoureuse sélection des lices est donc nécessaire pour permettre un développement harmonieux des chiots (DILIERE-LESSEUR 2001; APPLEBY 2002).

Nous devons souligner que certains animaux sont à éliminer systématiquement :

- une chienne qui fait du cannibalisme sur ses chiots. Ce comportement est rare.

Le manque d’expérience de la mère, des manifestations d’anxiété, ou des perturbations environnementales sont souvent rapportées lors d’expression de ce genre de comportement (HOLMES 1993) ;

- une chienne peu attentive, dont les chiots sont brutaux dans leurs jeux, doit être surveillée. La production du syndrome Hypersensibilité-Hyperactivité dépend essentiellement de la mère et il faut surveiller son attitude vis à vis des chiots

pour évaluer ses capacités. Pour assurer correctement l’éducation des chiots, il faut que les chiennes mises à la reproduction soient suffisamment matures (DILIERE-LESSEUR 2001). On conseille pour cela d’attendre au moins les deuxièmes chaleurs avant de faire porter une primipare. Maintenir la mère ou tout autre adulte compétent et réactif auprès des chiots au moins jusqu’à deux mois permet d’acquérir dans de bonnes conditions, les autocontrôles de base. Il est normal et même nécessaire qu’une mère rudoie ses petits. Il ne faut pas séparer la chienne de ses chiots simplement parce que cette dernière n’en veut plus, comme cela s’observe dans certains élevages amateurs. Les interventions maternelles au cours de l’éducation peuvent sembler brutales. Elles sont connues, il ne faut pas que les éleveurs amateurs et débutants en soient surpris ; - une femelle en syndrome de privation exprime des comportements de peur,

d’évitement ou d’agression devant des inconnus. Ses petits apprennent, par imitation, à avoir peur de tout ce qui fait peur à leur mère (VIEIRA 2003) ;

- une femelle dyssocialisée est souvent très agressive avec ses chiots, elle ne peut leur apprendre des codes sociaux qu’elle même ignore (HOLMES 1993;

VIEIRA 2003). Il est d’ailleurs généralement impossible de la faire reproduire.

Doit-on éliminer une chienne très peureuse ? Si possible oui, mais le possible va dépendre d’autres critères et notamment des critères de beauté ou de couleur qui sont recherchés. L’essentiel n’est pas d’éliminer cette lice peureuse mais très belle, mais plutôt de savoir et de noter avec l’éleveur, qu’elle est anormale sur le plan comportemental. Dès lors, elle sera rééduquée en dehors de ses gestations, l’utilisation de psychotropes est évidemment fortement déconseillée pendant la gestation. Les chiots seront particulièrement surveillés, en ce qui concerne le trouble reconnu de leur mère, et devront être vendus précocement mais jamais avant six semaines et avec une explication précise de ce qu’il est préférable de faire.

Les autres lices qui ne présenteront pas la même anomalie seront invitées à participer à l’éducation de ces chiots.

Une expérience menée par MULLER, dans un élevage d’épagneuls tibétains, lui a permis de constater qu’en partant de chiennes en privation sociale avancée, au stade deux, il fallait trois générations et beaucoup d’attention pour éliminer complètement cette tare de l’élevage.

Dans cette expérience, il a constaté que la disparition de la dernière lice peureuse est un

facteur de réussite important, même si elle avait cessé de reproduire depuis longtemps. Le rôle éducatif des non reproducteurs prend alors tout son sens (MULLER 2000).

La mise à la reproduction des femelles équilibrées et bien socialisées est nécessaire à la production de chiots équilibrés mais pas toujours suffisant (DILIERE-LESSEUR 2001;

VIEIRA 2003).

2- Augmenter les compétences maternelles

Lors des différentes étapes du développement et lors de l’étude des différents troubles du développement, nous avons pu remarquer le rôle crucial de la mère, qu’elle soit biologique ou de substitution. Lors du développement, en plus de la survie, elle doit assurer pour ses chiots l’apprentissage des règles sociales canines. Les conséquences pour les chiots, de son absence ou de son incompétence sont nombreuses : imprégnation hétérospécifique, dyssocialisation primaire, syndrome Hypersensibilité-Hyperactivité, Dépression de détachement précoce…

Toutefois, toutes les chiennes ne réagissent pas de la même façon face à leur(s) portée(s). Certaines sont plus ou moins tolérantes, d’autres supportent mal l’isolement en maternité, l’éleveur doit donc composer en fonction de cela car c’est lui qui connaît le mieux ses chiennes. Son vétérinaire peut l’aider dans certaines situations à augmenter les compétences maternelles de chiennes dépassées par les événements.