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Le chiot passe l’essentiel de son temps, soit 90%, à dormir. Le chien est, en effet, une espèce nidicole dont le développement cérébral s’achève à 8 semaines. A la naissance, le chiot possède quelques réflexes innés, génétiquement programmés. La persistance ou la disparition de ces réflexes au cours des différentes phases constitue un indicateur du bon déroulement du développement neurologique (FOX 1966; GIFFROY 1985).

• Parmi ces principaux réflexes, sont décrits (FOX 1963; BEAVER 1982;

VASTRADE 1986) :

le réflexe de fouissement qui permet au chiot, par thermotactisme positif, de trouver la mamelle. Le chiot n’étant pas capable de maintenir sa température interne, car 80% de ses cellules ne sont pas kératinisées, ce réflexe lui permet de capter la chaleur et de conserver une température de survie,

le réflexe de pétrissement, qui correspond à un pédalage des antérieurs sur le ventre de la mère et qui stimule la sécrétion,

le réflexe labial qui est déclenché lors d’une stimulation tactile des lèvres du chiot. Celui-ci répond en un mouvement des lèvres et de la langue vers la zone stimulée. Ce réflexe est associé au réflexe de succion déclenché lorsqu’un objet, une tétine ou un doigt, entre en contact avec le palais ou la langue, et au réflexe de déglutition, lié à la présence de liquide et d’aliments au niveau du palais. Ce dernier passe progressivement sous contrôle volontaire,

le réflexe périnéal qui permet l’élimination après léchage maternel du ventre et de la zone périnéale. Le très faible développement du système nerveux à la naissance explique que le nouveau-né soit incapable d’assurer seul le transit alimentaire et l’élimination des urines. Dans le cas des chiots orphelins, il devra être renouvelé toutes les 3 ou 4 heures par le soigneur,

le réflexe de soutien qui donne au chiot la capacité de tenir son corps. Il apparaît entre le sixième et le dixième jour au niveau des membres antérieurs, comme si le chiot tractait son train arrière. Puis, il apparaît entre le onzième et le quinzième jour au niveau des membres postérieurs.

B) Développement moteur

A la naissance, les compétences motrices du chiot sont très limitées. Le seul mode de déplacement possible est la reptation, puis les réflexes de placement et de soutien

apparaissent. Balbutiements de la marche à quatre pattes et de la coordination motrice, ils se mettent en place au cours des deux premières semaines de vie et sont ensuite intégrés à l’ensemble du comportement locomoteur. La capacité du chiot à soutenir son corps apparaît progressivement pendant cette période néo-natale (FOX 1963; BEAVER 1982; VASTRADE 1986). Les progrès locomoteurs impressionnants durant les premières semaines de vie s’effectuent parallèlement au développement cérébral (MARKWELL 1987).

Lors de ses « déplacements », le chiot nouveau-né est animé de mouvements circulaires et de balancements. Sa tête balance et explore l’espace qui l’entoure, elle lui sert de levier pour pousser toutes les surfaces rigides rencontrées. Les membres pédalent maladroitement sur le sol (MARKWELL 1987).

C) Développement sensoriel

Le chiot naît sourd et aveugle.

1) Développement du sens du goût

Le sens gustatif est bien développé à la naissance. Le chiot, mis en présence de différentes saveurs émet déjà des préférences. Par exemple, si on lui présente au niveau de la bouche une substance sucrée, il va avoir une réaction de léchage, succion et déglutition. Par contre, la présentation sur la muqueuse buccale d’une substance amère déclenchera une série de mimiques faciales comme le plissement des paupières et du museau, une extériorisation de la langue et de la salivation (BEAVER 1982; VASTRADE 1986; PARIS 1996; PAGEAT 1998).

Chez les mammifères, la maturation du système olfactif est très précoce, et les contacts olfactifs entre le nouveau-né et sa mère sont très importants.

LEVY a mené des expériences sur des moutons afin de prouver l’existence d’un sens olfactif développé dès la naissance (LEVY 1997). L'agneau doit être capable d'effectuer rapidement une première tétée qui lui assure, par la prise de colostrum, à la fois un apport énergétique essentiel et la transmission d'une protection immunitaire. Dès qu'il est capable de se tenir sur ses pattes, l'agneau recherche une zone corporelle en position supérieure et ayant des propriétés thermiques et olfactives particulières. L'odeur des fluides fœtaux est attractive pour l'agneau dès les minutes qui suivent sa naissance. Il est même capable à ce stade de discriminer les liquides provenant de sa mère de ceux d'une brebis étrangère. La sécrétion des glandes inguinales attire également l'agneau. L'odeur de la cire inguinale possède de plus un

intense effet stimulateur sur l'activité orale et sur la respiration du jeune agneau, même avant un premier essai de tétée (LEVY 1997).

Chez le jeune chiot qui ne tient sur ses pattes que plusieurs semaines après la naissance, il paraît tout de même possible de supposer l’existence de mécanismes similaires au niveau des liquides fœtaux, le jeune chiot étant, comme l’agneau, complètement dépendant d’une prise rapide de colostrum pour sa survie

Ainsi, chez le chien, l'olfaction jouerait un rôle important dans les tout premiers stades de développement du jeune, au moment de la recherche de la mamelle. Par la suite, d'autres canaux sensoriels prendront le relais, et l'attachement du chiot reposera essentiellement sur l'apprentissage d'informations visuelles et acoustiques caractéristiques de sa mère. Toutefois, un tel apprentissage n'est pas spontané : le renforcement qui résulte des premières tétées assure cette mise en place de l'attachement.

L'odorat semble être le canal sensoriel privilégié dans l'univers de relations intraspécifiques chez de nombreuses espèces de mammifères. Les informations chimiques fournissent des repères qui permettent la reconnaissance individuelle aussi bien dans la relation mère-jeune que chez les adultes. Elles contribuent à l'organisation spatio-temporelle de la rencontre des partenaires sexuels, à l'identification de l'état physiologique de l'un et de l'autre, à la réalisation de l'activité sexuelle, à la mise en place et au maintien de la relation mère-jeune. Mais la communication chimique intervient aussi au plus profond des mécanismes neuroendocriniens pour adapter les processus physiologiques aux possibilités de rencontre entre individus et à l'organisation sociale de l'espèce (LEVY 1997).

Le système gustatif poursuit sa maturation, après la naissance, et très rapidement chez le chiot, le sens du goût et de l’odorat s’associent.

2) Développement du sens de l’odorat

L’odorat se dissocie difficilement du sens gustatif mais à la naissance, l’absence de myélinisation des nerfs olfactifs le rend non fonctionnel. Il se mettra progressivement en place en même temps que la myélinisation (VASTRADE 1986).

3) Développement du sens de la vision

Contrairement à l’homme, chez le chien, la vision n’est pas le sens le plus utilisé. Le chien naît aveugle car la rétine et le nerf optique (nerf cranial II) sont immatures. De plus, ses

paupières sont soudées. Il existe néanmoins une certaine activité visuelle dès la naissance puisque certains réflexes peuvent être mis en évidence (IMBERT 1979) :

• la maturité des nerfs trijumeau (nerf cranial V) et facial (nerf cranial VII) donne lieu, après stimulation de l’angle palpébral, à un réflexe purement sensitif de contraction palpébrale. Est également présent un réflexe vibrisso-palpébral qui entraîne un clignement des paupières dès qu’on touche une vibrisse (IMBERT 1979; PARIS 1996) ;

• un réflexe de clignement à la lumière, de nature sous corticale, lié aux nerfs optique (nerf cranial II) et facial (nerf cranial VII), peut être observé entre le deuxième et le quatrième jour. Une lumière vive placée en face provoque une contraction lente de la paupière. L’ouverture des yeux se produit, normalement, entre le dixième et le seizième jour (FOX 1966; PARIS 1996).

4) Développement du sens de l’audition

Le chiot naît sourd car la partie cochléaire du nerf auditif n’est pas myélinisée d’une part, et le conduit externe est obstrué par d’importants replis cutanés d’autre part. Il n’y a aucune communication vocale de la mère vers ses petits durant les premières semaines (VASTRADE 1986).

En revanche, le chiot émet des sons pour communiquer avec sa mère. Son répertoire vocal se compose, à la naissance de 3 sons de base : le geignement, le glapissement et le grognement-soupir. Le geignement évolue, au cours de la première semaine, en jappement, qui lui même évolue en aboiement vers six semaines. Le grondement apparaît, quant à lui, autour de la troisième semaine (GIFFROY 1988; PARIS 1996; BEDOSSA 2003).

Chaque son est adapté à la situation : les geignements constituent souvent une demande de soin (faim, froid…). Les glapissements sont plutôt émis dans les situation de détresse, de peur ou de douleur (lorsque la mère écrase ses petits ou quand elle s’éloigne du nid). Les grognements et soupirs signifient une certaine satisfaction, après la tétée par exemple (GIFFROY 1988; BEDOSSA 2003).

5) Développement du sens du toucher

L’apparition du réflexe d’extension croisée et l’émission de vocalises en réponse à un stimulus douloureux témoignent de l’existence d’une sensibilité nociceptive (VASTRADE 1986; PARIS 1996).

La sensibilité thermique du chiot est très développée à la naissance. Une baisse de la température corporelle ou le contact d’une surface froide entraîne une agitation généralisée et des vocalises. Le chiot explore et s’oriente vers les sources de chaleur et s’arrête lorsqu’il entre en contact avec l’une d’elle (mère, autres chiots, bouillottes…) (VASTRADE 1986).

Durant les deux premières semaines de vie, les structures cérébrales impliquées dans le maintien de la température corporelle étant immatures, le chiot est poïkilotherme (BEAVER 1982). En réalité, il perçoit les variations de température mais n’est pas capable de réguler sa température corporelle. C’est grâce à l’existence d’un thermotactisme positif qu’il lui est possible de trouver les sources de chaleur indispensables au maintien de sa température corporelle et de sa survie (PARIS 1996). A la naissance, la température interne du chiot n’est que de 28-30 °C, le lendemain, elle est de 34 °C environ, puis elle augmente régulièrement les trois premières semaines. Lorsque le chiot est contre sa mère, sa température interne atteint 37 à 38°C. Mais si la température ambiante chute de quelques degrés et en absence de la mère, le chiot stresse, gémit et bouge car son cerveau est incapable de la moindre activité régulatrice (PARIS 1996). Ce n’est que vers la troisième semaine que la thermorégulation devient totalement efficace, elle est le reflet du développement et de la maturation du cerveau du jeune animal (PARIS 1996).

Témoin de l’existence d’une sensibilité tactile chez le nouveau-né, la stimulation en un point donné du corps provoque instantanément une orientation de la tête et du corps dans cette direction. Cette sensibilité est utilisée pour favoriser la maturation du système nerveux.

Les premières stimulations sont assurées par le biais des soins maternels et par les contact avec la fratrie (PAGEAT 1999). Les sensibilités tactiles et thermiques permettent un recueil d’informations sur la texture, le relief mais aussi la température du milieu. Elles servent au chiot à se repérer pour trouver les indispensables sources de chaleur et de nourriture. Cette double orientation explique notamment le réflexe de fouissement (PAGEAT 1998).

Le sens de l’équilibre est présent chez le nouveau-né et joue un rôle important dans le positionnement durant l’allaitement et dans l’acquisition des réactions posturales du jeune.

La portion vestibulaire du nerf auditif est une des rares zones myélinisée à la naissance.

Elle intervient surtout dans le sens de l’équilibre (BEAVER 1982; VASTRADE 1986; PARIS 1996).