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G) Apprentissage des relations sociales

3) Détachement

Le détachement correspond à la rupture du lien d’attachement primaire. C’est un passage obligé pour que le chiot devienne un adulte. Le début du détachement (ou distanciation), coïncide avec l’éruption des dents lactéales. C’est un processus actif de la part de la mère vis à vis de ses chiots. Comme la tétée devient douloureuse, la mère grogne sur ses chiots dès qu’ils font mine de s’approcher. A cela s’ajouterait des déterminismes cognitifs, hormonaux et affectifs. On peut observer le rejet des chiots, tout d’abord, au moment des jeux et des interactions affectives. Par la suite, le phénomène s’amplifie et s’étend au lieu de couchage. La mère refuse de dormir avec ses chiots près d’elle. Ils doivent se trouver un lieu de couchage plus loin. Cette prise de distance s’étend progressivement à toutes les situations et la mère finit par refuser tout contact avec ses petits qui ne soit pas initié selon les codes sociaux de l’espèce. Les chiots arrivent près de la mère en adoptant des postures de

soumission et doivent attendre son autorisation pour continuer à s’approcher. En meute, il arrive que les femelles soient assistées par les mâles dominants pour repousser les petits (PAGEAT 1998).

Le détachement a lieu plus précocement pour les mâles que pour les femelles. Il est effectif entre quatre et six mois d’âge chez les mâles. Chez les femelles, il s’opère plutôt aux deuxièmes chaleurs. Ainsi, si la mère a une nouvelle portée, elle peut transmettre à ses filles sa façon de materner ses petits (HOLMES 1993).

Les jeunes chiots exclus par leur mère, sont confrontés aux autres adultes du groupe.

Leur attachement exclusif pour leur mère se transforme en attachement pour le groupe social, supporté par l’apprentissage des rituels de communication spécifiques au groupe, à visée apaisante. Compte tenu du lien fort d’attachement qui existe entre les chiots et leur mère, on s’attend à ce que le moment du détachement soit particulièrement douloureux pour les chiots.

C’est bien le cas, en revanche, cet état de détresse ne dure pas. En revanche, le maintien artificiel du lien d’attachement, banal chez le chien de compagnie, peut causer des troubles sévères et un blocage du développement des habiletés sociales (PAGEAT 1998).

Lors de l’adoption d’un chiot âgé de deux ou trois mois par une famille, l’animal essaie de renouer rapidement un lien d’attachement primaire avec l’un des membres de la famille.

Ce lien doit être maintenu et renforcé jusqu’à que le chiot soit parvenu à l’âge du détachement. Le chiot apprendra alors à nouer un lien d’attachement à tout le groupe social que représente la famille.

Les trois premiers mois de vie du chiot ont une importance capitale dans la construction de son comportement, de sa « personnalité ». Le développement comportemental est indissociable du développement du système nerveux et des interactions avec l’environnement.

La période de développement constitue une période unique, limitée dans le temps, qui permet l’acquisition des comportements fondamentaux de l’animal. Si le développement est perturbé, si les acquis ne sont pas réalisés avant la fin des périodes sensibles, le chiot perd ses chances de récupérer un comportement « normal », lui permettant de s’adapter à son environnement.

Il existe cependant une certaine souplesse dans le déroulement du développement comportemental, souplesse à mettre en parallèle avec celle du système nerveux. Bien sûr, plus on s’éloigne de la période sensible, plus la récupération sera longue, difficile et partielle, et plus les risques d’échec seront grands.

Une bonne connaissance des étapes du développement comportemental normal du chiot est donc un préalable indispensable pour comprendre comment des conditions de

développement médiocres, voire catastrophiques dans certains cas, peuvent avoir comme conséquences des troubles du comportement. On peut aussi mieux comprendre la variation de l’intensité et de l’expression des symptômes, l’étiopathogénie de ces troubles et comment ils peuvent être associés chez un même animal (DIAZ 2000).

Ces constatations permettent de mettre en place des stratégies de prévention des troubles du comportement chez le chien.

2 : TROUBLES DU DEVELOPPEMENT

La période de développement étant décrite, il est possible de présenter les différentes affections qui vont correspondre respectivement à diverses anomalies durant cette période unique. Les troubles du développement trouvent leur origine dans le jeune âge de l’animal, même si ils ne se manifestent pas encore avant trois mois. A cet âge, ce ne sont pas encore des affections mais seulement des probabilités de le devenir... Certaines circonstances vont rendre le jeune particulièrement vulnérable et augmenter le risque de manifester un trouble du développement.

La mise en place chez le chien d’une capacité à se contrôler et d’un niveau sensoriel de référence conditionnent le seuil de réactivité future de l’animal face aux stimuli de l’environnement. En bref, sa future capacité d’adaptation repose sur les stimulations de son milieu de vie avant l’âge de douze semaines. On peut donc s’interroger sur d’éventuelles répercussions sur le comportement du chien d’une éducation maternelle déficiente et/ou d’un développement au sein d’un milieu peu stimulant.

La connaissance des troubles du développement montre que l’origine de certains problèmes de comportement survient de façon précoce. Ainsi, quatre entités pathologiques trouvent leur origine, pour bonne part, au sein de l’élevage. Il s’agit du syndrome de Privation Sensorielle, du syndrome Hypersensibilité-Hyperactivité, de la Dyssocialisation primaire et de la Dépression de Détachement précoce.