6.2 Détermination des propriétés physiques des galaxies à partir de la com-
7.1.1 Sélection de l’échantillon
7.1.1.2 Les galaxies à raies étroites . . . 138
7.1.1.3 Classification standard “rouge” . . . 138
7.1.2 Nouvelles calibrations . . . 140
7.1.2.1 L’absorption de Balmer . . . 140
7.1.2.2 Classification “bleue” . . . 142
7.1.2.3 Classifications intermédiaires . . . 144
7.2 La relation luminosité-métallicité . . . 147
7.2.1 Métallicités . . . 147
7.2.1.1 Calibration de l’abondance en oxygène . . . 148
7.2.1.2 La dégénérescence de l’abondance en oxygène . . . 150
7.2.2 Résultats . . . 152
7.2.2.1 Référence de la relation luminosité-métallicité obtenue
avec le 2dFGRS . . . 152
7.2.2.2 Comparaison avec les résultats obtenus avec le SDSS . 154
7.3 Le taux de formation d’étoiles . . . 155
7.3.1 Calibrations du taux de formation d’étoiles . . . 157
7.3.1.1 Calibration Hα . . . 157
7.3.1.2 Calibration [O
II] . . . 159
7.3.2 Dépendance en fonction de la métallicité du gaz . . . 161
7.3.2.1 Étude du rapportR
α2. . . 161
7.3.2.2 La calibrationR
2du taux de formation d’étoiles . . . 162
7.1 Classification spectrale
Nous avons utilisé les données du 2dFGRS, dont les observations sont décrites
au chapitre 5, afin d’obtenir une calibration de la relation luminosité-métallicité des
galaxies dans l’Univers local. Nous allons décrire dans cette section la sélection de
l’échantillon de galaxies à formation d’étoiles que nous utiliserons pour cette étude.
Comme nous l’avons vu plus haut, la métallicité sera déterminée à partir des raies
d’émission du gaz ionisé. Or on distingue deux types de galaxies à raies d’émission :
les galaxies à noyaux actifs et les galaxies à formation d’étoiles, qui nous intéressent
dans le cadre de cette étude. En effet, les modèles que nous allons utiliser pour relier
les intensités relatives des raies d’émission à la métallicité du gaz ne s’appliquent pas
aux galaxies à noyaux actifs. Il est donc nécessaire dans un premier temps de séparer
les galaxies à formation d’étoiles des galaxies à noyaux actifs. Cette étape s’appelle la
classification spectrale, car elle est effectuée à partir des indices spectraux.
Comme nous le verrons ci-dessous, cette étude aura aussi été l’occasion d’obtenir
une nouvelle calibration de cette classification, utilisable sur des spectres de galaxies
à grand décalage spectral.
7.1.1 Sélection de l’échantillon
L’échantillon du 2dFGRS à notre disposition se présente sous la forme d’une liste
de mesures de raies d’émission et de raies d’absorption pour un total de 269 013
galaxies avec des décalages spectraux connus. Cependant, toutes ces mesures ne
sont pas exploitables dans une étude concernant les galaxies à raies d’émission.
Nous avons donc appliqué plusieurs critères de sélection permettant d’arriver à notre
échantillon final. L’ordre dans lequel ces critères ont été appliqués est purement
cir-constanciel et n’a pas de justification physique.
– Les galaxies observées avant le 31 août 1999 n’ont pas été prises en compte
à cause d’un problème de calibration en longueur d’onde, dû à une mauvaise
correction de la dispersion atmosphérique (Lewis et al., 2002). Cela concerne
68 853galaxies.
– Les galaxies du 2dFGRS se sont vues attribuer un critère de qualité générale
variant de 0 à 5 (Lewis et al., 2002). Nous avons éliminé les14 429 galaxies dont
ce critère est inférieur à 3.
– Nous n’avons sélectionné que les galaxies dont les raies d’émission utilisées pour
déterminer une métallicité, c’est-à-dire [OII]λ3727, [OIII]λ5007 et Hβ, ont été
cor-rectement mesurées. À ce stade notre échantillon se compose de49 872galaxies.
– Nous avons éliminé les975galaxies à raies larges (voir ci-dessous).
– Pour les 2100 galaxies observées plusieurs fois, nous n’avons conservé que les
mesures réalisées sur le spectre ayant le meilleur rapport signal sur bruit.
– Dans le cadre de la classification spectrale des galaxies à raies étroites (voir
ci-dessous), nous n’avons conservé que les galaxies dont les raies utilisées dans
cette classification, c’est-à-dire [NII]λ6584, [SII]λλ6717,6731 et Hα, ont été
cor-rectement mesurées. À ce stade notre échantillon se compose de10 727galaxies.
– Nous avons éliminé20 galaxies pour lesquelles la magnitude en bande b
jn’était
pas disponible dans notre catalogue car celle-ci sera utilisée pour déterminer la
relation luminosité-métallicité.
– Nous avons éliminé423galaxies pour lesquelles la mesure de la raie d’absorption
Hβ était de mauvaise qualité et impossible à corriger à l’aide de la relation 7.4
décrite ci-après.
– Nous n’avons finalement gardé dans l’échantillon final que les7353galaxies avec
un rapport signal sur bruit moyen d’au moins 10. Ce critère peut sembler très
restrictif, mais nous avons vérifié qu’utiliser plus de galaxies avec un rapport
signal sur bruit plus faible ne modifiait pas nos résultats à part y ajouter du
bruit.
7.1.1.1 Les galaxies à raies larges
Les galaxies à noyaux actifs se divisent en plusieurs catégories : les Seyfert 1, les
Seyfert 2 et les LINERs (dont nous parlerons plus loin). Leur point commun est la
présence d’un trou noir actif dont le disque d’accrétion, en rotation rapide, produit
un rayonnement ionisant intense qui est à l’origine des raies d’émission observées.
Dans le cas des galaxies Seyfert, la présence d’un tore de poussières autour de la
région centrale du noyau actif différencie les types 1 des types 2. En effet, dans le
cas des Seyfert 2 le tore de poussière est orienté de telle sorte qu’il masque la région
centrale, alors que cette dernière reste visible dans le cas des Seyfert 1. Ainsi les raies
de recombinaison de l’hydrogène produites dans la région centrale ne sont visibles que
dans le cas des Seyfert 1. Or ces raies sont particulièrement larges du fait de la très
grande vitesse de rotation du disque d’accrétion à proximité du trou noir. Notons par
ailleurs que les raies collisionnelles ne sont pas produites dans cette région centrale
où la densité est trop forte, mais dans les régions HIIpériphériques visibles aussi bien
dans les Seyfert 1 que dans les Seyfert 2.
Ainsi, il devient possible de différencier observationnellement les galaxies Seyfert
1 des galaxies Seyfert 2, mais aussi des galaxies à formation d’étoiles, en comparant
la largeur des raies de recombinaison à celle des raies collisionnelles. Les galaxies
Seyfert 1 sont donc appelées galaxies à raies larges, alors que les galaxies Seyfert 2
sont des galaxies à raies étroites, tout comme les galaxies à formation d’étoiles.
La figure 7.1 montre les largeurs à mi-hauteur des raies de recombinaison et des
raies collisionnelles de l’échantillon du 2dFGRS. On remarque que la largeur
maxi-mum des raies collisionnelles se situe autour de 10Å alors que des raies de
recombi-naison plus larges sont détectées.
FWHM(OIIIb)
(a) (b)
FIG. 7.1 – Largeurs à mi-hauteur des raies d’émission du 2dFGRS.
Ces deux histogrammes présentent la distribution des largeurs à mi-hauteur (en Å)
des raies d’émission collisionnelles, représentées ici par [OIII]λ5007 (a), et des raies
d’émission de recombinaison de l’hydrogène, représentées ici par Hβ (b), dans
l’échan-tillon du 2dFGRS.
7.1.1.2 Les galaxies à raies étroites
Une fois les galaxies à raies larges éliminées de notre échantillon, il reste à
dis-tinguer les galaxies à noyaux actifs à raies étroites des galaxies à formation d’étoiles.
Cette distinction peut être réalisée en étudiant certains rapports de raies bien
choi-sis. En effet les raies d’émission des galaxies Seyfert 2 sont caractérisées par une
forte intensité d’excitation collisionnelle et un fort degré d’ionisation. Cela se traduit
par une forte intensité des raies collisionnelles, comme [NII]λ6584, [SII]λλ6717,6731
ou [OII]λλ3726,3729, et une forte intensité des raies à haut degré d’ionisation comme
[OIII]λλ4959,5007 ou [NeIII]λ3869. Notons que l’intensité des raies d’émission est bien
sûr relative car elle dépend de la quantité de gaz disponible et de l’intensité de la
source de rayonnement ionisant. Il est donc nécessaire de n’étudier que des rapports
de raies.
Les raies de recombinaison de l’hydrogène sont couramment choisies comme
ré-férence. Cependant, il faut tenir compte de l’extinction interstellaire qui affecte
diffé-remment les raies d’émission situées à différentes longueurs d’onde. Rappelons que
les raies d’émission situées dans la partie bleue du spectre sont plus asborbées par la
poussière que celles situées dans la partie rouge. Or la méthode couramment utilisée
pour déterminer l’extinction interstellaire et la corriger consiste à comparer le rapport
observé de deux raies de recombinaison de l’hydrogène avec son rapport théorique,
ce dernier dépendant de la nature encore inconnue de la galaxie étudiée. La
classifi-cation spectrale doit donc faire appel à des rapports de raies situées à des longueurs
d’onde suffisamment proches pour ne pas être affectées différemment par l’extinction
interstellaire.
Notons enfin le cas particulier des galaxies LINERs (de l’anglais “Low Ionization
Narrow Emission Line”). Ces galaxies sont caractérisées par des raies collisionnelles
très intenses mais des raies de recombinaison de l’hydrogène assez faibles et un degré
d’ionisation relativement bas. La physique de ces galaxies est encore mal comprise.
7.1.1.3 Classification standard “rouge”
La figure 7.2 montre les deux diagrammes courramment utilisés (Baldwin et al.,
1981; Veilleux & Osterbrock, 1987; Kewley et al., 2001) : [OIII]λ5007/Hβ vs.
[NII]λ6584/Hα et [OIII]λ5007/Hβ vs. [SII]λλ6717+6731/Hα. La valeur maximale de
ces rapports a été calculée grâce à des modèles de photoionisation appliqués aux
ré-gions HII produites par les étoiles jeunes. Cette valeur sert donc de limite entre les
galaxies à formation d’étoiles, qui suivent une séquence très nette, et les galaxies
Sey-fert 2 qui s’en écartent perpendiculairement. Nous appelerons cette classification la
“classification rouge” car elle fait appel à des raies de la partie rouge du spectre.
Les équations de la courbe de séparation entre galaxies à formation d’étoiles et
galaxies à noyaux actifs dans ces deux diagrammes sont données ci-dessous :
log
µ[OIII]
Hβ
¶
= 0,61
log([NII]/Hα)−0,47+ 1,19 (7.1)
log
µ[OIII]
Hβ
¶
= 0,72
log([SII]/Hα)−0,47 + 1,45 (7.2)
Les galaxies à formation d’étoiles sont celles qui sont situées en dessous de ces
courbes sur les deux diagrammes. Les galaxies dont les positions sur les deux
dia-grammes sont contradictoires sont considérées comme des galaxies “mixtes”
(conte-nant à la fois une composante de formation stellaire et un noyau actif) et ne seront
(a) (b)
FIG. 7.2 – Classification spectrale “rouge” des galaxies du 2dFGRS.
Ces deux figures présentent les diagrammes de la classification spectrale “rouge” des
galaxies à raies étroites de l’échantillon du 2dFGRS. La courbe rouge donne la
sé-paration “théorique” (Kewley et al., 2001) entre les galaxies à formation d’étoiles (en
bas à gauche), les galaxies Seyfert 2 (en haut à droite) et les galaxies LINERs (en bas
à droite). La courbe en pointillés correspond à la limite utilisée sur le SDSS
(Kauff-mann et al., 2003a). Les galaxies à formation d’étoiles sont représentées par des ronds
bleus et les galaxies à noyaux actifs par des carrés verts. Les triangles magentas
re-présentent les galaxies avec une classification contradictoire sur les diagrammes (a)
et (b).
pas utilisées dans notre échantillon de galaxies à formation d’étoiles. Notons que la
relation 7.2 a été déplacée de 0,15 dex vers le coin supérieur droit par rapport à la
courbe théorique pour minimiser le nombre de classifications contradictoires (cette
valeur correspond aux incertitudes des modèles). La courbe en pointillés sur la
fi-gure 7.2 représente la limite choisie pour les données du SDSS (Kauffmann et al.,
2003a). Nous avons trouvé que cette limite, qui ne tenait compte que du diagramme
(a), augmentait le nombre de classifications contradictoires.
La séparation entre galaxies Seyfert 2 et LINERs est réalisée par la droite
théo-rique :
log
µ[OIII]
Hβ
¶
= 0,5 (7.3)
Les galaxies LINERs sont situées en dessous de cette limite.
Notre échantillon final de7353galaxies est donc composé de7085(96,4%) galaxies à
formation d’étoiles,113(1,5%) Seyfert 2,20(0,3%) LINERs et135(1,8%) galaxies mixtes
avec une classification contradictroire.
Dans le document
Évolution cosmologique des propriétés physiques des galaxies
(Page 136-141)