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Le royaume des chemins à traîneau et des câbles aériens

Les problèmes auxquels fut confronté le désenclavement du Pays valaisan

d’Outre-Rhône n’ont de comparables que les obstacles topographiques qu’il fallut lever pour

relier Dorénaz à ses hameaux montagnards, ses mayens et ses alpages. L e s c h e m i n s à t r a î n e a u

Jusqu’au XIXesiècle, les transports entre Dorénaz et Allesse se faisaient à dos d’homme et de mulet par la seule Poya Damon182, chemin qu’ouvre, au sud de

Protorrent, un majestueux escalier mégalithique dont on voit notamment un autre

exemple à basse altitude sur le sentier qui mène du pont du Trient à Gueuroz. Cette voie agreste, tracée par les premiers colons du Diabley et d’Allesse, conduisait aussi à Champex, via Ravoire, en bifurquant, à mi-chemin, vers le chemin de

L’Adigneu183, sente devenue délicate et incertaine. La Poya Damon passe

aujourd’hui sous une belle allée d’érables champêtres, avant de grimper brutale-ment en marge du pâturage des Charmex.

Ce fut ensuite le temps des chemins à traîneau.

Le premier chemin à traîneau fut créé vers 1830 pour amener en plaine les ardoi-ses extraites des carrières de La Vignette et des Grands-Champs. Il suivait le tracé de la Poya Damon, dont les tournants avaient été assouplis, avant d’être dévié vers le sud-ouest en direction de l’actuel pont de Dorénaz, l’Escalier du Diabley ne se prê-tant pas au passage des traîneaux.

Les chemins à traîneau étaient conçus principalement non pas pour le transport des bois, expédiés par les dévaloirs (couloirs, en patois tsâble), mais pour le transport des ardoises chargées sur des traîneaux à sec, et accessoirement pour le transport du

182La montée d’en haut, c’est-à-dire celle qui part du sommet du village.

183Nom qui pourrait venir de ade (lieu ensoleillé); il est parfois orthographié la digneu ou l’Addigneux, dans certains documents; il pourrait alors signifier lieu d’affouragement.

denré184. Ces transports étaient d’une pénibilité extrême. Sur des pistes ayant par-fois l’inclinaison d’un tsâble, les yeudzâ (lugeurs) couraient acrepetion (accroupis) devant la yeudze (traîneau) à laquelle ils étaient harnachés par la tyulâne (courroie ; terme devenu la coulâne, puis la coulande en valaisan rural tardif ). C’est au seul moyen des clous et tricounis de leurs souliers, qu’ils freinaient l’élan de l’engin, chargé parfois de 300 à 400 kilos. Le traîneau était muni de chaussures en sapin, plus lentes, ou en foyard, plus rapides, qu’il fallait changer, et cheviller à nouveau, lorsque l’état du chemin l’exigeait. Les accidents n’étaient pas rares, provoqués le plus souvent par une rije185oubliée d’un lugeur distrait ou maladroit. On attribue raisonnablement à l’un de ces forçats, pris dans quelque mauvais détour, le plus mortel des jurons de la légende villageoise :

Fòdrè qe le Bondjô sé bataillâ avoué le diablo é qe le Bondjô pardache. (Il faudrait que le Bon Dieu se batte avec le diable et que le Bon Dieu perde.)

Le cantonnement186des chemins à traîneau était mis en soumission à de sévères conditions nécessaires à la sécurité des usagers. Des instructions strictes étaient données aux cantonniers adjudicataires pour que la piste soit lisse et débarrassée de tout obstacle au passage des luges, en hiver comme en été. Toute violation de leurs devoirs était punie d’amende et frappée de révocation. Les contrevenants devaient de surcroît rembourser les mesures que la commune était amenée à prendre pour suppléer à leur incurie. Le 28 juillet 1895, le Conseil ordonne ainsi

aux cantonniers des chemins à traîneau de les mettre en bon état pour le samedi 14 courant, sous peine de voir faire ce travail à leurs frais.

Après 1890, les résidents d’Allesse les plus téméraires quittaient le chemin à traî-neau de la Poya Damon pour prendre, dans les hauts des Chemenaux, une sente qui les conduisait vers le sud, directement au pont des Crottes qui venait d’être construit. Cette sente existe toujours. En un passage imprécis, elle traverse l’ancien lit présumé du Torrent d’Allesse pour déboucher au Reloey187, où se trouve une vigne, et au jardin des Crottes autrefois cultivé par les bourgeois, en bordure ouest de cette vigne.

Le 14 juillet 1889, le Conseil délégua le conseiller Pierre Joseph Rouiller pour aller

reconnaître et tracer un chemin à traîneau, du Soublay (vraisemblablement les Seblays,

près de L’Au d’Allesse) jusqu’en bas. Ce fut l’acte créatif de la Poya Davau, destinée à desservir les carrières d’ardoises ouvertes dans la partie nord du territoire communal,

184On appelait ainsi les produits de l’estivage, dont les propriétaires venaient prendre possession, la première fois lorsque le bétail quittait la montagne basse de La Cergna à la fin juin, et la seconde fois lorsqu’il regagnait la vallée à la fin septembre.

185Rigole transversale, creusée à distance régulière pour éviter l’érosion des chemins par les écoulements dus à la pluie ou à la fonte des neiges.

186Entretien selon cahier des charges.

187Le Reloey (prononcé Reuleva) rappelle sans doute que le terrain était relevé, c’est-à-dire remblayé par les éboulis ou les alluvions du fleuve tout proche.

Une yeudze (traîneau) attend toujours qu’on la charge de son lot d’ardoises bleues.

L’acte fondateur du câble de ravitaillement qui désenclava les hameaux montagnards d’Allesse et de Champex. Rédigé par le vendeur Alfred Bioley et signé par Pierre Veuthey.

Carrière de Pierre-a-Perra, vers 1950. Attention départ! Une benne chargée d’ardoises taillées, destinées à la couverture fine des maisons d’habitation, appareille pour la plaine.

et à relier plus aisément le village de plaine à ses hameaux montagnards, ses mayens et ses alpages. Dans sa partie inférieure, ce nouveau chemin à traîneau conduira d’Allesse à La Vouéte, avant de s’orienter brusquement vers le nord pour aboutir à La Baude188, non loin de la châtaigneraie des Afforêts. C’est ce chemin que les fidè-les d’Alfidè-lesse et de Champex emprunteront, jusqu’à la mise en service du téléphérique (1958), pour se rendre à l’église paroissiale de Collonges. Ils y conduisaient aussi les défunts à leur dernière demeure, à dos de mulet ou sur un traîneau. Il semble toutefois que certains d’entre eux aient parfois utilisé à cette fin, plus tard et en toute illicéité, le câble aérien de ravitaillement établi en 1912!

Au cours des années 1930, la commune engagea ses chômeurs pour modifier le tracé inférieur de la Poya Davau189. Le soutien de l’Etat fut parcimonieux; on peinait à comprendre la nécessité d’un chemin muletier plus commode, après l’abandon, sans raison apparente, des divers projets d’une route forestière carrossable qui eût désenclavé les hameaux de montagne (voir ci-après). La Poya

Davau n’en sera pas moins prolongée vers le sud, jusqu’à l’emplacement actuel

de la gare du téléphérique Dorénaz-Allesse-Champex, qui était alors celle de la station inférieure du câble aérien de ravitaillement. On l’appellera parfois le

chemin des Meules, par opposition au chemin de La Baude, qui sera abandonné

en attendant d’être ouvert… au cyclotourisme. Les gens d’Allesse l’appellent encore parfois le chemin du Tillié parce qu’il menait aussi à cet ancien dévaloir aujourd’hui boisé.

L a p a r e n t h è s e d e l ’ e n r o c h e m e n t d u To r r e n t d ’ A l l e s s e

A la fin de l’année 1934, le chemin d’altitude qui va d’Allesse à Champex sera déplacé le long du lit du torrent corrigé, afin de couper les ponts sur le cours d’eau190. C’est le lieu de parler une nouvelle fois de ce ruisseau pittoresque.

Au début du XIXe siècle, le Torrent d’Allesse tombait du Coula, dans le ravin de La Poya pour arriver dans la zone inhabitée des Crottes. On ignore pourquoi il fut un jour détourné de l’autre côté du pâturage des Charmex, juste au-dessus des habitations de Dorénaz, village qui disposait de sources suffisantes et n’avait nul besoin de ce nouveau risque. Il est possible que le cours primitif du torrent ait constitué une menace pour l’accès au Rosel et, surtout, pour la route d’accès au pont de 1890, dont l’insécurité sera néanmoins encore invoquée en 1929 pour obtenir le déplacement du pont vers l’aval. Toujours est-il qu’en 1920-1922, le Torrent d’Allesse fera l’objet, dans son nouveau lit, d’une correction et d’un enrochement de grande ampleur, dont le coût s’élèvera à 60 000 francs. Deux dépotoirs successifs seront notamment aménagés à Protorrent, au pied de sa chute, avant que le ruisseau ne passe sous la route qui menait à la sortie sud du village.

188Maison à l’écart ; peut-être aussi terrain boueux (de baudro). Ce toponyme est appliqué, sur les anciens plans, aux terrains situés au nord et au sud des Afforêts.

189Décisions du Conseil des 1erfévrier et 11 avril 1936 et des 9 janvier et 6 mars 1937.

Il s’en allait, à ciel ouvert, dans le réseau d’égouts qu’il contribuait à purger, pour aboutir au canal d’assainissement qui le conduisait au fleuve.

Quelques décennies plus tard, ce cours de plaine sera abandonné et le torrent réorienté vers le nord, dès le pied de sa chute, pour suivre le bas du mont. Tout d’abord couvert, il réapparaît désormais à l’air libre, près du vieil abri de la Défense aérienne passive (DAP). L’ancien cours de plaine, devenu souterrain, demeure dis-ponible en cas de crues du ruisseau.

L e s c â b l e s a é r i e n s

La topographie des coteaux et montagnes de Dorénaz prédestinait cette commune à devenir non seulement le royaume des chemins à traîneau, mais aussi celui des câbles aériens. Il y en eut partout, du câble de bumentage de Malève au télé-phérique Dorénaz-Allesse-Champex, du simple câble à contrepoids de pierres ou d’eau, à la haute technologie du groupe Ward Leonard. Nous décrirons som-mairement diverses installations anciennes, bien que seul le câble de ravitaillement soit lié à notre actuel propos sur le désenclavement des hameaux de montagne. Dans le langage rural valaisan, on appelle bumentage l’irrigation enrichie des alpages. La bourgeoise ordonnait chaque année cette opération pour l’alpage de Malève dont le relief sévère justifiait l’installation d’un câble aérien191. La station inférieure de ce câble était située en aval de l’étable communautaire (la sotte), là où le personnel alpicole entassait le fumier produit par l’exploitation. Il servait à transporter cet engrais animal, une centaine de mètres plus haut, dans un puits cou-plé à un bisse à torgneu (écluses), y amenant l’eau du Torrent d’Allesse. Le puits était ensuite ouvert et l’eau, enrichie par mixage, expédiée pour être diffusée dans toute la partie inférieure de l’alpage par un régime de rigoles, dont les traces sont encore bien visibles. L’administration et le fonctionnement de cette installation, fort ingénieuse, étaient confiés par le Conseil à un agent bourgeoisial, désigné chaque année. Ainsi,

Robert Veuthey fut nommé le 8 juillet 1933, câbleur à Malève pour le prix de 3,20 francs par jour, nourri et logé, selon sa soumission qui était la plus basse192.

Ce régime de bumentage fut abandonné en 1968, lors de l’exécution de la seconde étape de l’amélioration intégrale de la montagne de Malève. Relevons en passant qu’un système analogue de bief, de bisse et de rigoles permettait aux gens d’Allesse et de Champex non seulement de bumenter leurs herbages, mais aussi d’irriguer les parcelles, soutenues ou non par des murs à sec, sur lesquelles ils pratiquaient leurs cultures maraîchères, jardinées et céréalières (froment et seigle). L’arrosage y était réglé et réparti au moyen de grosses ardoises fichées dans le lit du bisse et par des rigo-les. Les prises d’eau, pour les terres d’Allesse, se trouvaient près du Café du Chepelet et de la scie exploitée par l’évêque Henri Veuthey. Il sied de remarquer qu’en l’absence de toute réglementation écrite et de toute institution de consortage de bisse, ce régime de partage de l’eau n’a pas donné lieu à des contestations notables.

191La première autorisation de construire ce câble fut délivrée à Auguste Paccolat, le 18 mai 1912.

Deux importants câbles de carrière à contrepoids hydraulique desservirent, jusque vers 1960, les ardoisières de Pierre-a-Perra et des Sasses. Le premier, installé avant 1900, fut sans doute le plus ancien de tous les câbles aériens de Dorénaz ; il partait des Cloubeaux et franchissait au moins un chevalet de bois intermédiaire à La Vouéte. La station inférieure du second se situait au pied de la partie sud du vignoble de La Plantoz193.

Ainsi appelé par référence au prénom de son ingénieux propriétaire, le câble

à Edmond194était un câble de sylviculture qui servira, à partir de 1924, à l’appro-visionnement direct du hameau supérieur de Champex195. Partant du Plan

des Crottes, au bas des rocs du Cougnion (i.e. lieu coincé ou resserré ), devenus

aujourd’hui un terrain d’escalade196, ce câble aérien fut exécuté, puis amélioré, avec des éléments récupérés après la rénovation du câble de ravitaillement Dorénaz-Allesse. Le constructeur se servit aussi de pièces métalliques prises au câble de La Méreune, démoli après la faillite de la Dorénaz SA. La bourgeoisie n’avait gardé pour elle que les chevalets de ce câble minier, dont elle vendit plus tard le bois aux enchères. A son arrivée à Champex, le câble à Edmond était relayé par un rail menant à la station inférieure d’un autre câble aérien qui desservait une coupe de bois opérée dans la région du Dzoyeux197. L’installation fut abandonnée en 1928, après que l’exploitant eut émigré définitivement en Colombie.

En 1955, l’entrepreneur forestier Lini Paccolat construisit un autre câble de sylvi-culture qui courait des Oufettes, immédiatement au nord du Vignoble, jusque vers

Tarpein-nou à 1600 mètres d’altitude, où il exploitait l’audacieuse coupe de Saleudan. Sans cette installation aérienne, soutenue par plusieurs chevalets,

le débardage des bois aurait dû être opéré vers les tsâbles comme on le faisait aupa-ravant, ce qui eût été problématique et périlleux dans ce secteur fort accidenté. La bourgeoisie livrait les bois aux acquéreurs qui venaient en prendre possession, après cubage, à la station inférieure du câble. Elle payait à l’entrepreneur 41 francs le mètre cube pour le bois de service et, respectivement, 34 et 22 francs le stère pour le bois de râperie et pour le bois de feu.

Le 7 février 1911, Pierre Veuthey, d’Allesse, fils de Michel, acquit d’Auguste Bioley, du Châ, fils de Jean Joseph,198une place de quatre-vingt-treize (sic) toises (un peu

193Les Sasses, La Sasse, Le Sex (prononcé sé), Le Scex, viennent du latin saxum et signifient les rocs, le rocher. Contrairement à ce que l’on entendait parfois, Pierre-a-Perra est un vieux toponyme qui n’a rien à voir avec un certain Pierre Perret, mais rappelle la nature pierreuse du site ou la présence de poiriers sauvages (pyrus communis; en patois:perrâ). La Plantoz désigne une jeune plantation de vigne au sommet du secteur dit le Vignoble, aux confins de la Commune de Collonges ; pour simplifier, nous appellerons l’ensemble de ce secteur viticole, le vignoble de La Plantoz. Les Cloubeaux s’écrivaient jadis Clou Baud ou Clou au Baud, ce qui signifierait le clos (jardin privatif) d’un homme fort ou le clos aménagé dans un endroit boueux? La Vouéte (de guet?) désigne une sorte de belvédère rocheux.

194Le père de Gérald, le Grand baillif (président du Grand Conseil).

195Cf. décisions du Conseil des 14 juin 1924, 8 mars 1926 et 28 juin 1930.

196A une centaine de mètres au sud des parois d’escalade, en amont du pont actuel.

197Contraction altérée de dzò (sur) et de djeu (forêt), vraisemblablement forêt de dessus.

198Né en 1874, Pierre Veuthey était notamment le grand-père d’Albert, Michèle et Pierrette. Auguste Bioley était notam-ment le grand-père de Wilfrid et de l’auteur; il était fils de Jean Joseph, président, juge de commune et garde-forestier.

moins de 300 mètres carrés), sise aux Ilettes au sud de la maison du vendeur. Le projet était d’y édifier la station inférieure d’un câble aérien destiné au ravitail-lement de la population montagnarde. Cette vente est l’acte fondateur de tous les téléphériques qui conduiront à Allesse et à Champex, du premier câble de ravitail-lement au téléphérique actuel, puisque c’est sur la petite place des Ilettes que la station de base de chacune de ces installations sera aménagée, en tout ou en partie. Le Conseil municipal accordera sa concession le 11 février 1911. Le câble de ravi-taillement sera un câble aérien à contrepoids, actionné par un chargement de pierre et, plus tard, par un réservoir hydraulique placé sous la benne descendante. Il aboutissait au nord du village d’Allesse, au lieu-dit Sameudry, après avoir franchi un pylône intermédiaire de béton et de pierre, dont la ruine, en forme d’obélisque, est encore visible au lieu-dit Le Vané199. Repris bientôt par la commune, le câble de ravitaillement deviendra, dans le langage courant, le câble de commune. Son service sera interrompu en 1927-1928, pour la réparation de grosses avaries. En août 1931, le câble de commune sera prolongé par un téléférage privé desser-vant le Café du Chepelet et la boulangerie attenante. Deux ans plus tard, il sera restructuré, avec le concours du service cantonal des améliorations foncières, dans l’idée de l’amener jusqu’à Champex, plus précisément à La Teinda200.

Le câble de commune n’assurait en principe qu’un service hebdomadaire, tout d’abord le mardi201, puis le samedi. Il servait à ravitailler la population monta-gnarde, qui disposera bientôt de deux cafés-épiceries, et à transporter sa production en plaine. Installation somme toute bien modeste, ce câble aérien changea radicale-ment le mode de vie des montagnards (réduction des longs transports à dos d’homme et de mulet, fin de la fabrication banale du pain, conservation et condi-tionnement nouveaux des marchandises, fourniture régulière de biens culturels, tels les journaux et les magazines). Le câble de commune fonctionnera jusqu’en 1958, date de l’entrée en service du téléphérique Dorénaz-Allesse-Champex.

Durant la seconde exploitation industrielle de la mine d’anthracite, ouverte en 1941, le charbon, descendu de la Méreune par un câble à navette, sera, à l’arrivée d’Allesse, transbordé sur le câble de commune pour être conduit à la station de plaine et y être trié dans un hangar imposant. Le concessionnaire minier conti-nuera cependant à desservir accessoirement la population montagnarde202. En 1946, l’assemblée primaire et bourgeoisiale chargea le Conseil d’étudier un

projet relatif à la construction d’un téléphérique ou d’une route pour desservir les forêts bourgeoisiales et le hameau d’Allesse203. Le 4 mars 1951, le Conseil tenta de

présen-199Du gaulois vano qui voudrait dire sommet ou pente rocheuse.

200Prononcé tinde; maison isolée.

201Décision communale du 19 mars 1927.

202Sur le câble aérien de la première mine d’anthracite (1920), dont le schéma fut tout autre, voir notre chapitre intitulé La ruée vers l’ardoise bleue et l’anthracite.

Tout était prêt en 1929 pour qu’une route conduise du village de plaine aux hameaux montagnards; mais elle ne sera construite qu’un demi-siècle plus tard.

ter à l’assemblée bourgeoisiale sa décision de construire un téléphérique reliant Dorénaz à ses hameaux de montagne. Mais on était au paroxysme du régime clanique, que nous décrivons au chapitre de la politique villageoise, et la réunion ne fut qu’un brouhaha qui contraignit le président à s’en aller sans avoir pu expri-mer son point de vue. Saisie d’une pétition des habitants d’Allesse et de Champex, l’assemblée primaire accepta cependant, le 15 novembre 1953, de déléguer au Conseil municipal la compétence de décider de l’opportunité de construire ce téléphérique. Celui-ci sera inauguré le 22 juin 1958, grâce à une participation bourgeoisiale qui s’éleva à la somme, considérable pour l’époque, de 80 000 francs. Sa ligne suit à peu près, jusqu’à Allesse, celle qu’empruntait l’ancien câble de commune. Sa station de départ est à l’endroit où se trouvaient la station de base