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Hilaire Gay parle de l’influence sensible et heureuse que la Renaissance aurait exercée dans les plaines du Valais225. Il est certes plausible que les notables germaniques de l’Etat des VII Dizains et de l’évêché, de même que leurs collaborateurs romands dans le pays en aval de la Morge de Conthey (die Landschaft Nid dem Mors), aient entrevu au XVIesiècle les premières lumières venues d’Italie et de France. Mais il est certain que ces lumières ne rayonnèrent ni dans les villages valaisans de la plaine et des vallées, ni surtout dans le petit monde confiné qu’était le Pays vallaisan d’Outre-Rhône ! Après son rêve renaissant, Hilaire Gay revient vite au monde réel pour constater que le peuple des campagnes demeura dans une parfaite ignorance jusqu’en 1848, et que les fils de paysans n’avaient d’autre espoir que d’être distingués par un curé, assez perspicace pour déceler leurs aptitudes individuelles à mieux servir la société… ou l’Eglise. Lisons à ce sujet la prose de Maurice Barman, le futur chef du gouvernement radical, qui, aux dires de ses contemporains, maniait mieux le sécateur que la plume

:

L’enseignement primaire était dans un état honteux de nullité ; depuis des siècles le pouvoir séculier en avait abandonné le soin, nous ne dirons pas au clergé, qui comme corps n’inter-vint jamais, que nous sachions, dans la surveillance des écoles, mais à l’incurie des curés de village226.

Avec la levée des immunités ecclésiastiques, la réforme du régime scolaire fut la cause majeure des troubles sociaux et guerriers qui se produisirent en Valais de 1839 à 1844, à l’ère de la Régénération européenne227.

L’ é t a t d e s l i e u x d e l ’ é c o l e v a l a i s a n n e a v a n t 1 8 4 8

La première loi valaisanne sur l’instruction publique est un décret de la Diète, du 15 décembre 1828, qui tend à établir des écoles élémentaires propres à former

les enfants à la connaissance de la religion, à l’amour de la vertu et aux éléments des

225Histoire du Vallais, Genève, 1903, pp. 152-156 et 306.

226La contre-révolution en Valais, Vevey, 1844, pp. 1 et 2.

227Voir notamment sur cette question, Leopold Borter, L’Eglise, le clergé et l’Etat du Valais, 1839-1849; traduction de G. Ghika, in Annales valaisannes, Saint-Maurice, Série 2, tome XII (1964), pp. 241-420.

sciences humaines qui peuvent être utiles dans les différentes circonstances de la vie.

L’objectif, bien mince, était d’apprendre à tous la religion (catéchisme, histoire sainte

et morale), la langue (lecture, écriture, orthographe et principes de conversation) et

le calcul (quatre premières règles de l’arithmétique, fractions et règle de trois). Il faut dire que le législateur de 1828 régissait un pays à la nature parcimonieuse et sévère, éloigné de tout et comptant à peine 70 000 habitants démunis228. C’était déjà quelque chose que d’obliger les paroisses à ouvrir au moins une école élémentaire pour les garçons et de les inciter à offrir aux jeunes filles une école, doublée d’un enseignement ménager.

En 1841, un projet novateur échoua devant le peuple prévenu par la vive hostilité de l’Eglise. A peine la guerre civile de 1844 était-elle achevée que le Grand Conseil réactionnaire adopta la loi scolaire du 31 mai 1844. L’instruction primaire, qui se bornait à l’enseignement des matières énumérées dans le décret de 1828, devenait obligatoire, mais tout citoyen était libre de la procurer à ses enfants par tout autre

moyen que l’école publique. Les écoles étaient placées sous l’administration générale

du clergé, des conseils de commune et des commissions scolaires locales, et sous la haute surveillance d’un Conseil d’éducation nommé par le gouvernement et par l’évêque. Tout dépendait des fonds communaux disponibles et, subsidiairement, de la capacité contributive des parents. Aussi la loi de 1844 ne reçut-elle qu’une application localisée.

L’entrée, à petits pas, dans les temps modernes

A la suite de la dissolution du Sonderbund par les armes fédérales, le régime Barman adopta au galop, le 10 janvier 1848, une nouvelle Constitution cantonale qui procla-mait l’instruction publique obligatoire et la plaçait sous la surveillance de l’Etat, sans

préjudice des attributions du clergé quant à l’instruction religieuse. Une loi sur

l’instruc-tion publique du 31 mai 1849 abrogea celle de 1844. C’est ainsi que le Valais devait entrer dans les temps modernes. L’instruction primaire devint obligatoire sans réserve. Les deux sexes recevaient une instruction séparée, sauf si le petit nombre des élèves imposait la mixité. Les jeunes filles suivaient, en outre, des leçons particulières sur les ouvrages du sexe et l’économie domestique ; ce fut l’origine des écoles ménagères, ainsi nommées en 1946, qui dureront jusqu’à la fin de la période que nous explorons. Les frais de l’instruction primaire étaient à la charge des communes. Elles avaient le devoir d’ouvrir des écoles publiques dans des locaux mis à disposition par les bourgeoisies et de créer des fonds spéciaux alimentés notamment par un impôt d’affectation dont seuls étaient exemptés les dissidents, par quoi l’on entendait les élèves des écoles protestantes et des écoles libres du type de l’école laïque qui sera ouverte à Bagnes. En dépit de la gratuité légale, les objets nécessaires à l’école, et même le bois de chauffage, restèrent longtemps fournis par les parents à moins qu’ils ne fussent indigents.

228A la même époque, la population de Dorénaz s’élevait à environ 240 habitants pour 360 à Collonges, 1250 à Saint-Maurice et 2500 à Sion.

Vers1904-1905. L’école des petioutes de Dorène, conduite par Julie Rouiller, fille de Pierre Joseph et, partant, grand-tante de l’auteur (à gauche); au rang supérieur, les élèves des travaux manuels entou-rant leur maîtresse.

Vers 1904-1905. L’école de Théophile Balleys. Le président de la commission scolaire Jean Jordan pose une main tutélaire sur l’épaule de ce jeune régent qui vient de l’évincer de la présidence de commune. Alfred Bioley, né en 1894, est le premier à gauche du deuxième rang à compter du bas.

Vers 1906-1907. L’école mixte tenue par Julie Rouiller, la fille de Pierre Joseph.

Vers 1906-1907. L’école du Bagnard Louis Besse (?); Alfred Bioley, né en 1894, est le premier à droite du troisième rang, depuis le bas.

L e s r é f o r m e s d e 1 8 7 3 à 1 9 6 2

A partir de 1873, il y aura une école spéciale pour les filles dans les localités dont le nombre des élèves dépassait cinquante. Les écoles dont le nombre d’élèves était supérieur à soixante devaient être dédoublées. La scolarité débutait à 7 ans et finissait à 15 ans, sans distinction entre les sexes. Les garçons acquéraient des notions élémentaires de toisé229et d’agriculture et les filles apprenaient les travaux à l’aiguille. L’année scolaire était de six mois effectifs, à compter du 2 novembre. Les règles sur l’âge uniforme de la scolarité et sur sa durée annuelle demeurèrent souvent lettre morte dans les petites communes… surtout pour les filles230. Les bourgeoisies fournissaient désormais le bois de chauffage et les locaux scolai-res devaient être hauts, spacieux, bien éclairés et aérés. Ces locaux ne pouvaient servir de salle à boire ou à danser, précision apparemment obsolète mais qu’il s’imposait d’apporter vu la tentation que pouvait faire naître la pénurie de locaux publics. Cette interdiction fut maintenue, telle quelle, dans toutes les lois succes-sives. Nous verrons quel sera le sort d’une décision prise par le Conseil de Dorénaz en violation de cette norme. La loi de 1962, toujours en vigueur dans son ensemble au moment où nous écrivons, rappelle fondamentalement cette vieille interdiction, dans la mesure où elle limite expressément la disponibilité des locaux des centres scolaires, aux manifestations culturelles (conférences, concerts, théâtre, expositions).

Dès 1907, l’année scolaire est, selon les communes, de six à dix mois, débutant entre le 15 septembre et le 2 novembre. On voit apparaître l’école enfantine facultative, dirigée par une institutrice. La possibilité est offerte aux filles de quit-ter la classe à 14 ans pour suivre des cours d’ouvrages à l’aiguille et d’économie domestique. La scolarité des garçons, qui échouaient à l’examen d’émancipation passé en fin de scolarité, était prolongée d’une année, à moins que leur déficience mentale ne fût établie. Les garçons libérés de l’école primaire fréquentaient un cours complémentaire, local ou intercommunal, jusqu’à 19 ans, s’ils n’allaient pas dans une école secondaire ou ne suivaient pas une formation professionnelle. Ce cours était de cent vingt heures en tout, à raison de trois heures par jour au plus ; les communes étaient invitées à coopérer entre elles pour qu’il ne soit pas donné le soir, mais le jour, séparément de la scolarité ordinaire.

En 1946, la durée de la scolarité annuelle fut fixée à six mois au moins. Le can-ton institua une école ménagère, communale ou intercommunale, pour les filles âgées de 14 à 16 ans. A défaut d’école ménagère, celles-ci voyaient leur scolarité prolongée jusqu’à l’âge de 15 ans et suivaient un cours ménager unique entre 15 et 19 ans. Les cours complémentaires des garçons étaient maintenus jusqu’à 19 ans.

229Calcul métrique.

230Notre grand-maman, Eugénie Rouiller, née Saillen en 1875, dut ainsi quitter l’école à l’âge de douze ans; mais elle y avait tout appris, écrivant et parlant notamment un français châtié… à côté du patois.

Ce survol rapide de l’ancienne législation scolaire valaisanne montre qu’au fond, en dépit d’adaptations inéluctables aux nécessités de l’évolution sociale et écono-mique, l’école populaire valaisanne resta, en substance, fondée sur les principes organiques établis en 1849. Puis ce fut la grande réforme de l’enseignement primaire du 4 juillet 1962, adoptée à l’initiative du Conseiller d’Etat Marcel Gross231. Elle eut l’immense mérite de promouvoir l’égalité des chances entre les petits Valaisans, en réduisant les disparités d’enseignement entre les communes, voire entre les hameaux d’une même commune.

L’ i n s t a l l a t i o n d e l ’ é c o l e v i l l a g e o i s e à D o r é n a z e t A l l e s s e232

Y eut-il ou non, à Dorénaz ou Allesse, une véritable école rurale avant l’entrée en vigueur de la loi scolaire de 1849 ? C’est peu probable. Mais un enseignement privé y exista sans doute dans les familles, dispensé par des personnes aptes et dévouées, curés socialement actifs ou lettrés villageois. Les archives de Dorénaz montrent que la plupart des tsardzayin233, fonctionnaires des communes et des consortages, savaient écrire, qu’ils avaient même parfois du style et que rares étaient ceux qui signaient de leur seule marque domestique.

Ce n’est qu’après l’entrée en vigueur de la loi de 1849, que deux écoles primaires seront ouvertes, l’une à Dorénaz, l’autre à Allesse. Les premiers rapports de l’ins-pecteur scolaire cantonal indiquent que cette installation se heurta à la passivité des autorités locales et à l’exiguïté de leurs moyens. Les éleveurs et les laboureurs percevaient sans doute l’enjeu économique et social de l’instruction de leurs enfants ; mais le profit individuel et communautaire, qu’elle était censée apporter, leur paraissait lointain. Ils avaient besoin de leurs enfants pour garder le gros et le petit bétail, traire les chèvres et participer aux travaux agricoles et ménagers234. Cela s’opposait à l’adoption par le canton d’une durée minimale raisonnable de la scolarité annuelle. D’un autre point de vue, la nécessité de gagner très tôt sa vie, et de contribuer à l’entretien des cadets, ne favorisait pas une élévation de l’âge limite de la scolarité obligatoire.

En dépit des règles posées par la législation de 1873, la durée de l’année scolaire dans les deux secteurs de la Commune de Dorénaz était encore, peu avant 1900, de cinq mois, débutant le 15 novembre pour s’achever le 15 avril. Ainsi,

231On ne s’étonnera pas que, pour éveiller au monde l’école valaisanne, il ait fallu, à un siècle de distance, deux magis-trats agaunois. Maurice Barman et Marcel Gross firent en effet tous deux leur carrière à partir du district et de la ville de Saint-Maurice, foyer incontesté de l’école secondaire valaisanne. Au contraire de Barman, colonel laïque, Gross était un juriste conservateur, qui avait présidé le tribunal des districts de Martigny et Saint-Maurice. Nous l’avons connu personnellement comme un homme de progrès et un politicien fort accessible à la critique.

232Fonds d’archives du Département de l’instruction publique 4150-2, pour tout ce qui concerne les rapports d’inspec-teurs et pour leurs rapports de clôture de 1854 à 1940 (avec lacunes).

233Voir note 138.

234Ce triste état de nécessité dura fort longtemps. Sur les plateaux d’Allesse et de Champex, où la pauvreté était à son comble, l’absentéisme scolaire demeura une constante; en fixant la date d’ouverture de l’école d’Allesse, le Conseil précisait, jusqu’à la Deuxième Guerre mondiale, les sanctions pécuniaires (inapplicables) auxquelles s’exposaient les parents récalcitrants (p. ex. séance du 2 novembre 1929).

le 30 mai 1891, le Conseil fixe le début de l’école au 15 novembre, en engageant le régent Maurice Pochon, de Collonges, pour le salaire de 400 francs l’an et une

chambre selon entente avec lui. Au hameau d’Allesse, la durée de l’année scolaire

n’excéda jamais six mois, débutant le 1ernovembre pour s’achever le 1ermai, et cela jusqu’à la suppression de cette école de montagne en 1959. Au village de Dorénaz, la durée de l’année scolaire fut portée plus tard à sept mois, débutant le 15 octobre pour s’achever le 15 mai. Les enfants entraient à l’école publique à l’âge de 7 ans, avec un avancement facultatif à l’âge de 6 ans. L’âge terminal effectif de la scolarité ordinaire des garçons s’éleva graduellement et lentement de 13 à 15 ans et celle des filles de 12 à 14 ans. Au milieu des années 1950, l’âge terminal légal de la scolarité ordinaire était encore distinct pour les garçons et pour les filles (15 et 14 ans). A Dorénaz et Allesse, les cours complémentaires ou de répétition seront tout d’abord donnés par l’instituteur qui recevait ses anciens élèves pendant les heu-res de classe, mais deux heuheu-res d’affilée au plus. C’était l’école du jour. Avant 1900, l’école étant mixte à Dorénaz et Allesse, on avait donc, faute de moyens, des classes fréquentées simultanément, pendant une partie de l’année, par des élèves des deux sexes, dont les classes d’âge s’étendaient de 6 ou 7 ans à 19 ans ! Il arrivait que le régent, autorisé à 17 ou 18 ans, fût moins âgé que certains de ses élèves. Les écoliers complémentaires s’asseyaient épisodiquement, sans motivation possible, sur des bancs qui leur étaient réservés au fond de la classe. Mais on eut aussi l’école du soir, appelée ainsi lorsque les cours complémentaires ou de répéti-tion étaient dispensés en fin de journée. Ce dernier modèle était imposé par l’activité professionnelle que les jeunes gens accomplissaient dans la ferme ou l’entreprise familiale. Dans son rapport pour l’année 1890-1891, l’inspecteur scolaire dit, avec une belle éloquence sociale, ce qu’était l’école du soir, et d’ailleurs l’école ordinaire, sur le plateau d’Allesse. On lit entre les lignes la commisération de ce fonctionnaire pour une population qui vivait bien en dessous du seuil de pauvreté et dont l’école avait été de surcroît vandalisée par un maître indigne :

Après les absences réitérées et finalement la fuite du régent X., de S., l’école d’Allesse, forte de trente-deux élèves (?), fait ce qu’elle peut sous la baguette réparatrice de Pierre Maurice Luisier, de Bagnes. Les enfants semblent moins doués et très pesants. Ils ont souffert de la mauvaise tenue de leur ancien maître. La classe est d’ailleurs vétuste ; il n’y a point d’armoire

et seulement un fourneau délabré et fumant.

L’école du soir est particulièrement difficile : Les enfants qui ont entre 14 et 18 ans, sont toute

la journée aux carrières d’ardoises et arrivent à l’école fatigués. Ils sont si pauvres qu’on ne peut exiger des parents l’école du jour. Il faut aussi dire que le dimanche ils doivent encore faire deux heures de marche, depuis leur village éloigné, jusqu’à Collonges où ils vont à la messe. Cela ne nous ramène-t-il pas au Journal de noviciat de Clovis Veuthey, régent d’Allesse devenu théologien : Un excès de travail manuel rend inapte aux occupations

1946. L’école des filles et celle des garçons, conduites par Gaby Borgeat et Sylvain Balleys. Au rang supérieur, la future institutrice Gisèle Marquis et les habiles marchands Guy Jordan, Raphy Saillen, Marcel Primaz et Emile Jordan; au deuxième rang, Laurent Veuthey qui sera président.

1951-52. L’école de Sylvain Balleys; le subtil André Cerchierini, non encore scolarisé, s’est glissé à l’extrémité gauche du premier rang; Roland Saillen, qui, par sa maman Anna Rouiller, descend aussi en ligne directe du légendaire Pierre Joseph, héros de notre premier récit, perche au milieu du deuxième rang. Ces deux élèves exerceront des responsabilités importantes dans l’enseignement secondaire.

1954-1955. L’école d’Anny Jordan; vers le milieu du deuxième rang à partir du haut, Agnès Jordan, fille d’André, deviendra sœur Marielle, supérieure de la communauté des Sœurs Oblates de Sainte Thérèse de l’Enfant-Jésus. Cette communauté missionnaire est vouée à des actions humanitaires, telle la pédiatrie en République centrafricaine, exercées dans des conditions difficiles.

1963-1964. L’école de Bernard Rouiller; premier à gauche, tout en haut, l’artiste peintre et ami de la nature, Claude Seigle; troisième du deuxième rang à partir de la gauche, le Dr Pascal Larpin, cadre de la chimie bâloise.

L’école d’Allesse demeura mixte jusqu’à sa suppression en 1959, car son effectif dépassa rarement la quinzaine. Avant 1962, tous les enfants scolarisés de Dorénaz et d’Allesse étaient réunis, sans distinction d’âge, en trois classes (Allesse, Dorénaz garçons, Dorénaz filles). Chacune de ces trois classes était répartie en trois ou qua-tre divisions, selon l’âge ou les aptitudes, sous la conduite du même régent ou de la même institutrice, qui courait d’une division à l’autre pour prodiguer sa science, avec l’aide occasionnelle des élèves les plus avancés.

Le cours hebdomadaire d’instruction religieuse était dispensé soit par le régent ou l’institutrice, soit par le curé ou le desservant envoyé par l’Abbaye de Saint-Maurice. On s’y servait fidèlement du Catéchisme à l’usage du diocèse de Sion, livre ésotérique publié en 1941 par ordre de MgrDrVictor Bieler, Evêque de Sion. On

y apprenait – par questions et réponses – les Vérités à croire, les Commandements

de Dieu et de l’Eglise, les Sacrements à recevoir et bien sûr les Prières. Mais au fond,

tout n’était pas si mal dans les questions-réponses de ce chef-d’œuvre pédagogique. L’une d’elles aurait dû nous guider plus souvent :

– Que faut-il éviter dans les conversations ?

– Dans les conversations, il faut éviter de mal parler du prochain, et ne rien dire de contraire… à la vérité et à la décence.

L e s b â t i m e n t s s c o l a i r e s d e D o r é n a z e t d ’ A l l e s s e

Les cours de l’école de Dorénaz furent tout d’abord dispensés dans la première et superbe maison de commune235, construite vers 1850, qui porte aujourd’hui le n° 60 de la rue Principale. Ils le seront ensuite au premier étage de l’annexe mitoyenne et frontale qui défigurera cette bâtisse vers 1890 et porte aujourd’hui le n° 58 de cette même rue. Vers 1900, le nombre des élèves imposa, tout d’abord provisoirement, le dédoublement des classes, puis l’aménagement de trois classes : une école élémentaire mixte, qui sera supprimée en 1913, une école des grands garçons et une école des grandes filles. L’une, au moins, de ces classes dut être installée chez des particuliers. L’école délocalisée fit un jour place au dépôt postal et fut transférée dans la maison de François Balleys, soit vraisemblablement dans la bâtisse en madriers de mélèzes qu’on voit en arrière-plan des photographies d’école de la Belle Epoque ; cette maison, qui se trouvait immédiatement au sud-est de l’ancienne maison de commune, sera démolie à la fin du XXesiècle.

Invité par le Département de l’instruction publique à mettre à son ordre du jour la construction d’un bâtiment d’école répondant aux nouvelles exigences légales, le Conseil répondit le 31 août 1912 qu’il ne pouvait faire ce sacrifice en ce moment. Ce n’est que cinq ans plus tard que la commune put déférer au vœu du canton ; les finances bourgeoisiales s’étaient améliorées à la faveur d’une importante coupe