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Rive-de-Gier : vivre en ville dans un logement situé sous le viaduc

II.3/ LES PERCEPTIONS DEPUIS L’HABITAT URBAIN

II.3.1/ Rive-de-Gier : vivre en ville dans un logement situé sous le viaduc

1/ Préambule

Nous nous intéressons ici aux logements situés sous une curiosité architecturale, l’arche du viaduc de l’autoroute à Rive de Gier. La lecture attentive des entretiens permet de retenir les principaux aspects du vécu. Nous résumons en quatre points la situation.

L’espace : Les maisons sont bâties le long de deux rues qui passent sous le viaduc. On vit donc sous l’arche.

L’écoute : le bruit routier sous le viaduc est nettement amorti. Les variations sont audibles. La réverbération des sons locaux (jeu d’enfant dans la rue par exemple) est majestueuse. Elle amplifie parfois un peu trop les activités humaines.

Le regard : la présence visuelle du viaduc est prégnante pour le visiteur, beaucoup moins pour l’habitué des lieux qui ne marche jamais en regardant, en l’air, le tracé de la voûte. La présence d’habitations dans un tel endroit surprend, étonne, choque même.

Mémoire : Le sentiment dominant est la peur des chutes d’objets tombant du ciel. Les interviewés mettent aussi beaucoup en avant le souvenir des claquements produits par les passages des véhicules sur les joints de dilatation du viaduc, qui ont été traités depuis.

2/ Synthèse des entretiens

Les raisons de l’emménagement

Il faut être né ici

Mais ici à Rive-de-Gier, il faut je crois être né ici pour dire « le viaduc c’est notre histoire, ça fait partie de notre histoire ». Je pense que ceux qui vivent là c’est parce qu’ils y ont toujours vécu. Et ceux qui viendraient y habiter, c’est vraiment pour des raisons… X… alors là je n’en sais rien. C’est vrai que sous un viaduc, sous un pont, sous… ce n’est pas des endroits qui sont très très recherchés, parce que d’abord il y a des problèmes de luminosité, de pollution…

Les ambiances et la vie à proximité de l’autoroute

1/ le rôle de la situation géographique et topographique

Subir le viaduc

Je dirais que Rive-de-Gier subit quand même beaucoup le viaduc, l’autoroute, et la

vallée est quand même au bord de l’autoroute, donc les nuisances liées elles sont là aussi. Ça partage la ville en 2. Le mauvais côté, c’est que quand il y a un gros

accident sur l’autoroute, le centre de Rive-de-Gier est complètement asphyxié…

2/ Le rôle de l’espace construit

[Une habitante de Rive-de-Gier, entretien « perception embarquée] Et je sais que par exemple les gens que je connais et qui habitent un peu aux quatre coins de la France, quand ils viennent à Rive-de-Gier et qu’ils voient le viaduc d’en bas, ça leur fait vraiment tout bizarre. Nous on a grandi avec, nous voilà… je ne sais plus comment on l’appelait quand j’étais gamine… mais c’est ce pont en rose et vert, on l’a tout le temps vu comme ça. Et quand les gens viennent, c’est vachement bizarre, ça leur paraît bizarre d’avoir l’autoroute comme ça qui passe au-dessus de la ville.

La crainte des chutes de matériaux

Des barrières plus hautes depuis les travaux

Ils ont ré élevé aussi de chaque côté les barrières de sécurité, qui étaient à 1m ils les ont mises à 3. C’est vrai qu’on n’a plus rien qui tombe dans la cour, nous depuis aussi.

Peur de la chute d’un camion

[Un habitant de Clos Durozeil] […] désolé quand même : s’il y a un camion qui percute et qui sort… moi je ne veux pas qu’un camion tombe sur les bâtiments qu’il y a en bas…

Peur de l’écroulement du viaduc

[Un habitant de Rive-de-Gier, entretien « perception embarquée] S’il tient le coup déjà, s’il ne tombe pas, c’est bien, c’est bien qu’ils aient fait des travaux, c’est déjà ça ! [rires]

3/ L’usage des fenêtres

Fenêtres fermées, le jour et la nuit

[Entendez les bruits de l’autoroute depuis chez vous, fenêtres fermées ?] Non, si je suis là, si c’est tout fermé, non. Et le soir, quand tout le monde dort, on l’entend un peu.

Depuis la rénovation

Depuis que la rénovation est faite, et qu’ils ont enlevé 6 joints de chaussée je crois, il n’y en a plus qu’un à chaque bout, d’entrée et de sortie. Ça a amélioré la vie,

l’ambiance… même ici chez nous l’ambiance de travail, parce qu’on ne pouvait pas laisser ouvert une fenêtre plus de 20’. Ce matin c’était ouvert, là on a refermé [pour

la chaleur]. On n’a plus cette impression de dire « PFUIII »,

4/ Le regard porté sur l’autoroute et sur le paysage visuel environnant

On ne fait pas attention

[Un habitant de Lorette] C’est vrai que si on passe dessous on n’y fait pas attention parce qu’on ne voit même pas, il suffit de lever la tête.

C’est triste de voir des maisons sous le viaduc

[Une habitante de la « campagne », entretien « perception embarquée »] [Viaduc vu d’ici dans la ville] C’est très moche, c’est toujours pareil, il ne ressemble à rien, il y a une maison à étages qui est juste au bord. Je trouve ça… triste, c’est bruyant, je plains les gens, je n’arrive pas à comprendre pourquoi ils sont autorisés à faire des choses pareilles. Comme au-dessus de Millau, ça doit être hyper moche. À Nantua aussi vous avez un énorme viaduc, c’est horrible, ce béton. C’est triste, ces vieilles habitations qui datent du siècle dernier.

Le viaduc, repère visuel

C’est un point de repère quand on arrive à Rive-de-Gier. On dit « on passe sous le

viaduc » par exemple, « tu repères le viaduc et tu sais à peu près que les quartiers sont

de chaque côté », on parle comme ça. […] le pont, le viaduc, il fait partie intégrante de la vie des gens.

5/ L’écoute du son de l’autoroute et des autres sons environnants

Une amélioration depuis les travaux

Je dis maintenant effectivement qu’ils ont enlevé tous les joints de chaussée, dessous nous franchement on ne sent plus rien, on n’écoute plus rien. Même un camion de 30 tonnes qui passe sur le viaduc, maintenant il n’y a plus ce bruit sonore comme

dans les trains, et ça c’est quand même un atout majeur de la rénovation.

Environnement sonore

[Entendez-vous d’autres sons ?] Les voitures dans la rue de la République. [Gens qui discutent sur le trottoir rue Baldero ?] Ils discutent pour les chiens ici, oh la l, c’est une catastrophe

6/ S’habituer au bruit

« Vivre avec le viaduc »

Les gens, même si vous rencontrez des voisins là en face, je ne suis pas sûr qu’ils vous disent « le viaduc c’est notre gêne quotidienne », c’est tellement intégré à leur vie maintenant, à un tel point qu’ils vous diront « ben oui, il est là, on vit avec », mais sans autre critique.

[Sentiment à Rive-de-Gier de vivre « en dessous de l’autoroute » ?] Je ne crois pas, non, on vit avec le viaduc. Ce que j’exprime, c’est ce que j’entends aussi. On ne vit

pas en dessous de l’autoroute. C’est tellement intégré dans l’histoire des gens, Rive-

de-Gier c’est comme ça quoi… « Se sentir bien »

[Comment vous vivez dans le lieu ?] Bien, on se sent bien ici.

7/ Désagréments

Pollution par la poussière

[Un habitant de Lorette] J’imagine que sur les toitures à 10m de chaque côté des extrémités d’un viaduc ça doit être pollué d’une force monumentale, parce que quand on voit le roulement qu’il y a, tout ce qui sort des pneus de voitures, et puis tout ce que les camions trimballent, ça ça dégringole en permanence, ça fait un brouillard

permanent qui doit retomber en petites particules, j’imagine que les toits en dessous

des viaducs de chaque côté ça doit être un truc monstrueux.

8/ Déplacements

« Le viaduc est maudit quand »…

Quand il y a un gros accident sur l’autoroute ; le centre de Rive-de-Gier est

complètement asphyxié pendant la journée, quand ils dévient tout sur le centre ville.

Maintenant, avec les travaux qu’ils font [en ce moment dans le centre], on n’ose même pas y penser. Le jour où ça va être détourné vers le centre ville, je ne sais pas comment ils vont faire.

Modes alternatifs

Je suis en train de prendre de moins en moins ma voiture et de plus en plus le train,

parce que sur Lyon on avance 10 fois plus facilement en se servant du métro, des bus et de tout le reste. Pourquoi prendre une voiture ! [rire]

9/ La mémoire du lieu

Mémoire sonore : avant les travaux

[Avant les travaux] c’était très très audible. C’était beaucoup quand les camions passaient, ils faisaient BROBOUM-BROBOUM-BROBOUM. Même les fenêtres

fermées ici c’était vraiment PFOUUU en permanence le bruit des camions et des voitures qui passaient… Avant, c’était OU la fraîcheur OU le bruit, on se disait « bon, on ouvre », et on n’a plus cette démarche d’esprit de dire « PFUUIII, attendons- nous… », pas au « pire », mais bon, « au bruit » !

C’était déjà très bruyant dans mon enfance

[Un habitant de Rive-de-Gier, entretien « perception embarquée »] J’ai vécu sous le pont de l’autoroute [de Rive-de-Gier]. Mes parents avaient une maison là pendant

mes 10 premières années. Je me souviens que c’était très bruyant comme ambiance, et

ils avaient vraiment peur que j’aille près de l’autoroute. Je me souviens, il y avait des grands grillages que mon père essayait tout le temps de maintenir bien propre [rire]. Chute d’objets pendant les travaux

Le viaduc, pendant 18 mois pendant lesquels il a été rénové, ça a été un peu l’enfer pour nous. On a tout connu, le jet de peinture sur les voitures, les pierres qui

tombaient dans la cour… pas des rochers, mais quand même des bons cailloux. Alors

avec un centre de loisirs enfants qui fonctionne tous les mercredis et les vacances scolaires, ce n’était pas mal quand même. On a même reçu des plateaux de bois, qui sont tombés de l’échafaudage. On a vécu un certain nombre de choses quand même… ! [rire] Quand ils nettoyaient le viaduc sous haute pression, il y a quand même là aussi le toit du centre social qui a pas mal pris l’eau. Les descentes d’eau aussi, il a fallu tout refaire… […]

Moins de bruit sur l’autoroute pendant les travaux

[Un habitant de Saint-Jean] Je ne vous parle pas quand ils ont retapé le viaduc ! C’était tous les soirs tous les soirs. Ah là il y avait moins de bruit, parce qu’ils

faisaient la queue ! [éclat de rire] C’était vraiment à touche-touche.

Les embouteillages dans Rive-de-Gier pendant les travaux

[Une habitante de Rive-de-Gier, entretien « perception embarquée »] Il y a eu beaucoup de travaux aussi sur l’autopont, sur le viaduc de Rive-de-Gier. Il y a deux ans c’était à Rive-de-Gier le défilé continu, c’était l’autoroute dans la ville, donc c’était super sympa ! Et puis ça arrive encore régulièrement, dès qu’il y a un problème l’autoroute est détournée dans la ville. Donc c’est un peu compliqué.

Pendant les travaux, l’effet des torches la nuit !

[Une habitante de Rive-de-Gier, entretien « perception embarquée »] C’était magnifique des fois, quand on arrivait de St-Joseph par la route de St-Martin la

Plaine, on voyait des torches énormes la nuit, parce qu’ils bossaient la nuit, je pense

que c’était d’énormes fers à souder avec lesquels ils travaillaient, ça faisait vraiment des éclairages… en arrivant de la route là-bas, de St-Martin, ça faisait vraiment un effet incroyable, super chouette.

10/ Les commodités de l’A47

Autoroute bénite ou maudite

Quand je vais à Lyon et qu’il n’y a pas trop de circulation, je me dis « heureusement qu’elle existe », ça c’est clair. Le jour où il y a des bouchons à Givors, de Givors jusqu’à Lyon, on la maudit !

II.3.2/ Terrenoire : vivre dans un logement en ville sous le viaduc

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