• Aucun résultat trouvé

Revue th´ eorique de la litt´ erature sur la concurrence impar- impar-faite

concurrence imparfaite ?

3.2 Revue de la litt´ erature sur la concurrence impar- impar-faiteimpar-faite

3.2.1 Revue th´ eorique de la litt´ erature sur la concurrence impar- impar-faite

Les r´eflexions sur la CI s’articulent essentiellement autour de la nouvelle th´eorie du commerce international comme prolongement de cette derni`ere2.

Cette th´eorie souligne l’importance de tenir compte de la pr´esence de la CI et des rendements d’´echelle dans l’analyse de politiques commerciales (Cockburnet al., 1998). Si une h´esitation pourrait s’observer dans des ´economies d´evelopp´ees, il faut pour le moins en tenir compte dans le contexte des ´economies en d´eveloppement lorsqu’on sait que leur structure de march´e n’´echappe pas au biais de la CI. En effet, un nombre consid´erable d’entreprises dans le contexte africain en particulier exercent en situation d’oligopole.

Selon Bonanno (1990), la toute premi`ere analyse rigoureuse du comportement des firmes qui ne traite pas les prix comme param`etres exog`enes est due `a Cournot (1838). Ce dernier dont les travaux pr´ec`edent ceux de Walras (1874) alors pionnier de l’´equilibre g´en´eral,

´etudie plus pr´ecis´ement le comportement des firmes offrant un produit industriel o`u chacune

2. Les d´eveloppements th´eoriques sont largement inspir´es de Cockburnet al.(1998)

connait la fonction de demande inverse des autres. Ce faisant, elles font face au mˆeme prix du march´e. La notion d’´equilibre au sens de Cournot est donc un cas sp´ecial de la notion g´en´erale d’´equilibre de Nash introduite plus tard (Nash, 1950, 1951). Ce dernier d´emontre qu’il est impossible une fois `a l’´equilibre pour une firme d’am´eliorer unilat´eralement son profit en modifiant son niveau d’output. Cet ´equilibre qui est un prolongement de l’´equilibre de Cournot est ainsi appel´e ´equilibre de Cournot-Nash. Par ailleurs, lorsque les firmes ont un pouvoir de contrˆole sur le prix, l’´equilibre qui en r´esulte est appel´e ´equilibre Bertrand-Nash.

Toutefois, il est reconnu que le premier d´eveloppement th´eorique sur la CI s’est fait plus tard par Negishi (1961). `A cet effet, Bonanno (1990) souligne trois raisons fondamentales qui justifient la n´ecessit´e de la prise en compte de la CI dans les analyses th´eoriques. Lapremi`ere raison repose sur le r´ealisme qui selon l’auteur se justifie par le fait que, les ´economies du monde r´eel sont caract´eris´ees pour la plupart par de grandes firmes dont le comportement est difficile `a appr´ehender lorsque celles-ci sont preneurs de prix. La deuxi`eme raison qu’il

´evoque repose sur l’id´ee que la plupart d’´etudes empiriques sur la CI s’appuient sur la th´eorie de l’´equilibre partiel dont les failles peuvent ˆetre combl´ees dans un d´eveloppement th´eorique sur l’´equilibre g´en´eral. Enfin, l’auteur met en avant du troisi`eme argument les difficult´es conceptuelles li´ees `a la notion de concurrence parfaite dont l’ambig¨uit´e s´emantique serait lev´ee en CI.

Dans cette section donc, nous pr´esentons l’ambigu¨ıt´e th´eorique au sujet des effets de la lib´eralisation commerciale3 en pr´esence de CI qui nous servira de point de r´ef´erence `a la validation empirique de l’application que nous faisons de l’APE bilat´eral Cameroun-Union Europ´eenne.

Ainsi, Cockburn et al. (1998) exposant l’ambig¨uit´e th´eorique sur l’allocation des res-sources expliquent que traditionnellement en application aux MEGC, une r´eduction des barri`eres douani`eres conduit habituellement `a une r´eduction des prix dans les secteurs prot´eg´es (secteur industriel en g´en´eral) relativement aux prix dans les secteurs les moins prot´eg´es (sec-teur agricole en g´en´eral). Ces changements dans les prix relatifs conduisent `a une r´eallocation des ressources des secteurs auparavant relativement prot´eg´es vers les secteurs les moins prot´eg´es4. Dans le mˆeme sens, les prix relatifs des biens exportables augmentent par rapport

3. Dans le contexte actuel de l’´etude la lib´eralisation commerciale renvoie au processus de d´emant`element des barri`eres douani`eres

4. Il est g´en´eralement question d’une contraction du secteur manufacturier au profit d’une expansion du

`

a ceux des substituts aux biens import´es.

Cependant, si les firmes des secteurs prot´eg´es oeuvrent sous des conditions de CI, cela pourrait modifier ces conclusions. Ceci est particuli`erement le cas dans les PED o`u les barri`eres douani`eres sont une source importante du pouvoir de march´e des producteurs locaux. Consid´erons pour l’illustrer la figure 3.2 o`u une seule firme locale produit au sein d’une branche, c’est-`a-dire qu’on est en monopole.

Sous l’hypoth`ese d’Armington (1969) o`u les produits locaux sont imparfaitement sub-stituables aux produits import´es, la r´eduction des barri`eres douani`eres a deux principaux effets : un effet demande et un effet offre. L’effet demande se justifie par le fait que la de-mande du produit local diminue cons´equemment `a la r´eduction du prix du produit substitut import´e. Cela se traduit sur le graphique par un d´eplacement de la courbe de demande (D) et de la courbe de revenu marginal (rm) qui lui est associ´ee vers le bas, avec pourcons´equence la diminution de la production locale5. Une fois en situation de CI, un second effet s’y ajoute.

Face `a une concurrence ´etrang`ere accrue, le monopoleur subit une baisse de son pouvoir de march´e qui se traduit par une augmentation de la pente de la courbe de demande `a laquelle elle r´epond. Cette pression l’am`ene `a r´eduire son taux de marge ainsi que le prix de ses ventes sur le march´e int´erieur dans l’optique d’accroˆıtre leur quantit´e sur ce march´e. On parle d’effet pro-comp´etitif de la lib´eralisation commerciale (Devarajan et Rodrik, 1991).

Etant donn´´ e que ces deux effets jouent en sens contraire, il est difficile de dire a priori si le monopoleur augmentera ou diminuera sa production (Cockburn et al., 1998). Sur la figure 3.2.a, la lib´eralisation commerciale provoque une baisse de la production du secteur (Q1 < Q0) alors que l’effet inverse est observ´e sur la figure 3.2.b (Q1 > Q0). Une analyse empirique est donc n´ecessaire pour connaˆıtre l’effet le plus probable dans des cas r´eels.

Pour trancher entre les deux, notons que les secteurs auparavant relativement prot´eg´es auront toujours `a supporter une concurrence accrue de la part des importations et donc, toutes choses ´egales par ailleurs, observeront le plus grand d´eplacement vers la gauche de leur courbe de demande int´erieure. Et compte tenu du fait que la CI est g´en´eralement associ´ee aux secteurs hautement prot´eg´es, en l’occurrence le secteur manufacturier, l’effet pro-comp´etitif y

secteur agricole

5. La production locale est indiqu´ee par l’intersection de la courbe de coˆut marginal et de la courbe de demande, en concurrence, ou de la courbe de revenu marginal, en concurrence imparfaite (Q0`aQ1). Dans les deux cas, la baisse de la demande fait diminuer la production locale parfaite

sera ´egalement plus accru. En th´eorie, ce deuxi`eme effet peut ˆetre assez puissant pour que les secteurs fortement prot´eg´es connaissent une expansion suite `a la lib´eralisation commerciale, alors que les secteurs les moins prot´eg´es se contractent.

Aspect bien-ˆetre de la CI

Cockburn et al. (1998) indiquent qu’en g´en´eral, les effets de bien-ˆetre d´ependent de l’optimalit´e du niveau initial de production dans chaque secteur et de la r´eallocation des ressources qui r´esultent de la lib´eralisation commerciale. Les mod`eles traditionnels soulignent les gains tir´es de l’internalisation des prix mondiaux et la r´eallocation subs´equente des res-sources des secteurs prot´eg´es, produisant `a des niveauxsur-optimaux, vers les secteurs non prot´eg´es qui produisent `a des niveaux sous-optimaux. Cependant, si les secteurs prot´eg´es sont caract´eris´es par la pr´esence de la CI, il est possible qu’ils produisent `a un niveau sous-optimal plutˆot que sur-optimal, alors que les secteurs non prot´eg´es produisent `a un niveau sur-optimal. Si c’est le cas, une contraction des secteurs prot´eg´es et une expansion des secteurs non prot´eg´es pourraient diminuer le bien-ˆetre.

La r´emun´eration des facteurs

Dans un mod`ele `a deux facteurs mobiles (capital et travail), une baisse des tarifs aura normalement pour effet de r´eduire la r´emun´eration r´eelle du facteur utilis´e de mani`ere relativement intensive dans les industries subissant une baisse de protection (effet Stolper-Samuelson).

Cependant dans des ´etudes appliqu´ees il arrive parfois que l’effet Stolper-Samuelson soit contrebalanc´e par d’autres facteurs. En tenant compte de la CI, il est possible que suite `a la lib´eralisation commerciale, les secteurs relativement prot´eg´es prennent de l’expansion alors que les autres se contractent. Ceci engendre une hausse de la r´emun´eration du facteur utilis´e de mani`ere intensive dans les secteurs prot´eg´es et comme l’on montr´e Amegbeto et Winter (1998) l’expansion dans un secteur est susceptible de g´en´erer de la croissance ´economique.

Si la lib´eralisation commerciale am`ene des ´economies d’´echelle suffisamment positives, il est possible que les facteurs de production se partagent les b´en´efices li´es `a ce gain d’efficacit´e, ce qui entraˆıne une augmentation simultan´ee de leurs r´emun´erations r´eelles respectives.

Figure3.2 – Impact de la concurrence imparfaite

Source : Auteur `a partir des travaux de (Cockburn et al., 1998)