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Impact sur quelques indicateurs agr´ eg´ es

Analyse macro´ economique de l’accord de partenariat ´ economique

2.3 R´ esultats et interpr´ etations

2.3.4 Impact sur quelques indicateurs agr´ eg´ es

Nous pr´esentons ici l’impact de l’APE sur des indicateurs agr´eg´es de l’´economie no-tamment, le PIB, le taux de change, l’investissement total, le taux de salaire, l’indice de prix

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a la consommation, les revenus des m´enages, les dividendes re¸cus par les m´enages capitalistes, la taxe directe sur les entreprises, l’´epargne gouvernementale.

Au regard des r´esultats du tableau 2.15, le d´emant`element des barri`eres douani`eres

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a l’importation des produits d’origine de l’UE conduit `a des pertes pour la prosp´erit´e de l’´economie pour un bon nombre d’indicateurs dont le plus courant de son d´eveloppement, le PIB sur la p´eriode 2016-2040. Et au regard de la tendance suivie par ces pertes, elles s’amplifieraient davantage au-del`a de 2040.

D’abord les variables qui re¸coivent un impact positif sont entre autres la

consom-mation des m´enages, les dividendes pay´es aux m´enages capitalistes, le taux de change, les importations, la demande de travail, les recettes issues de la taxe indirecte sur les produits.

Sur un plan th´eorique, ces r´esultats sont conformes aux attentes et corroborent les r´esultats de nombreux travaux (MINFI, 2008; Mbithi et al., 2015; Nwali et Arene, 2015). La hausse de la consommation des m´enages passe par la baisse de l’indice des prix `a la consommation dont l’impact est d’environ -7,38%. La hausse des importations passe d’abord par la baisse des charges douani`eres `a l’importation qui a pour cons´equence la baisse des prix des produits import´es sur le march´e local estim´ee `a -24,87%. Cette baisse affecte n´egativement les prix des produits locaux qui augmentent indirectement de 0,42% alors mˆeme que les producteurs domestiques sont incit´es `a r´eduire leur prix d’environ 0,21% pour s’ajuster `a l’offre ´etrang`ere.

Au demeurant, cela conduit `a une hausse de la demande de travail d’une valeur estim´ee `a environ 9,38 milliards de FCFA.

Au chapitre des impacts n´egatifs, plusieurs variables nous interpellent et suscitent `a juste titre un commentaire profond afin d’en tirer des cons´equences ´eventuelles qui pour-raient en d´ecouler. 20 des variables du tableau 2.15 sont ainsi concern´ees : la consommation interm´ediaire totale des branches, la demande des produits, la demande interm´ediaire des produits, l’investissement total, la demande d’investissements pour les produits, les exporta-tions, le solde courant, la demande de capital dans toute l’´economie, la demande de produits composites, l’´epargne gouvernementale, les recettes tir´ees de la taxe directe sur le revenu des entreprises, les recettes douani`eres envers l’UE, les recettes douani`eres tir´ees des importations du reste du monde, les pertes en recettes douani`eres du fait de l’APE, la production totale dans l’´economie, le revenu disponible des m´enages, le revenu r´eel des m´enages, le revenu des entreprises, la valeur ajout´ee, le produit int´erieur brut.

La perte la plus criarde estim´ee `a 2477,81 milliards de FCFA sur toute la p´eriode 2016-2040 est imputable `a la production totale dans l’´economie avec un taux de perte annuel de 0,62%. Ce r´esultat contraire `a la th´eorie suscite une interrogation. Les APE sont sens´es promouvoir les efforts de transformation des produits localement et induire par cons´equent des effets positifs sur la croissance. Le rˆole pilote du secteur industriel dans le circuit de d´eveloppement tel que voulu par le gouvernement peut nous interpeller `a ce sujet. Cette baisse passe par les pertes en valeur ajout´ee totale des branches de 1371,40 milliards de FCFA

mais aussi par la baisse de la consommation interm´ediaire des branches41de 465,15 milliards de FCFA. Cette derni`ere diminue en raison de la baisse de la demande interm´ediaire estim´ee

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a -506,95 milliards de FCFA. Le manque `a gagner de la production aura pour cons´equence la baisse des d’exportations desquelles les pertes sont estim´ees `a 703,27 milliards de FCFA, qui favorisera `a son tour l’effondrement de la balance courante dont le d´eficit est estim´e `a 750,43 milliards de FCFA. L’investissement total subit une perte de 94,40 milliards de FCFA avec un taux de perte moyen de 0,15% l’an42. Cette perte occasionnera `a son tour la perte en revenu sur les entreprises de 50,72 milliards de FCFA soit un taux de perte moyen de 0,14%

l’an.

Pour ce qui est des recettes douani`eres, les pertes totales en recettes douani`eres du fait du d´emant`element complet des barri`eres douani`eres sur la p´eriode 2016-2040 s’´el`event `a 237,42 milliards de FCFA. Envers le reste du monde, ces pertes s’´el`event `a 143,47 milliards de FCFA. Ce r´esultat valide les attentes th´eoriques et est conforme `a de nombreuses conclusions (MINFI, 2008; Fontagn´e et al., 2011; Adamu, 2013; Dodson, 2013; Onogwu et Arene, 2013;

Nwali et Arene, 2015; Bou¨et et al., 2018; Tr¨oster et al., 2020). Par exemple Dodson (2013) estime les pertes de l’ordre de 8% alors que Fontagn´e et al. (2011) les ´evaluent `a 41% pour la partie Afrique Centrale. Dans une ´etude prospective de ratification de l’APE int´erimaire camerounais conduite par le MINFI (2008) les pertes en recettes douani`eres s’estiment `a pr`es de 3000 milliards de FCFA entre 2008 et 2030 ce qui entraˆınera des pertes en recettes budg´etaires de plus de 3145 milliards de FCFA. Les ´ecarts de valeurs avec la pr´esente ´etude peuvent se justifier suivant deux axes majeurs :

— D’abord l’actualisation des donn´ees de simulation. Les pr´esents r´esultats s’appuient sur des donn´ees d’une matrice de comptabilit´e sociale de 2016 plus actuelle contrairement

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a celles utilis´ees par le MINFI (2008) qui s’appuient sur des donn´ees de 2003 ;

— Les p´eriodes de projection sont diff´erentes. La pr´esente ´etude porte sur 25 ann´ees (2016-2040) contrairement `a la p´eriode couverte par le MINFI (2008) qui va de 2008

` a 2030.

S’agissant des pertes en PIB, elles s’´el`event `a 1381,10 milliards de FCFA sur la p´eriode

41. Voir r´esultats de l’annexe A pour le d´etail sur les impacts par branche d’activit´e

42. Cette perte est attribuable `a la faiblesse de la demande d’investissements pour les produits qui diminue de 297,10 milliards de FCFA mais aussi `a la baisse en demande de capital dont les pertes sont de 1164,75 milliards de FCFA

2016-2040. Le taux de perte annuel moyen est de 0,16%. Ces pertes passent en grande majorit´e par les pertes en valeurs ajout´ees de 1371,10 milliards de FCFA effr´en´ees par les recettes tir´ees de la taxe indirecte sur les produits qui augmentent de 319,22 milliards de FCFA. Ce r´esultat corrobore les conclusions de Adamu (2013) et Tr¨oster et al. (2020). Adamu (2013) montre dans son ´etude que les APE ont un impact n´egatif sur le d´eveloppement des sous-r´egions d’Afrique Centrale et d’Afrique de l’Ouest et en mˆeme temps impacte positivement les quatre autres groupes des r´egions ACP. Il montre que l’Afrique Centrale perd environ 2%

de son PIB contre 1% pour l’Afrique de l’Ouest. Tr¨oster et al. (2020) pour sa part montre que l’accord fait perdre 1,77% de PIB au S´en´egal.