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Le travail en groupe

5.1 Retour réflexif sur mes questions de recherche

Je vais, tout d’abord, revenir sur ma question principale de recherche ainsi que les questions spécifiques qui l’accompagnent. A l’issue de mon analyse et de toute la théorie qui a nourri mon travail, voici en quelques mots les axes essentiels que je retiens.

5.1.1. Le caractère « non figé » de l’autorité

A travers ma recherche, je souhaitais tout d’abord comprendre comment les enseignants incarnent leur autorité, au quotidien, dans leur travail et quel sens ils lui attribuent. Il est intéressant d’observer qu’à partir des entretiens, les enseignants ont pratiquement tous parlé de la notion d’autorité avec beaucoup d’implication personnelle. Par ailleurs, ils considèrent tous l’autorité comme une notion indispensable à leur métier. Tous parlent de cette « manière d’être » de l’enseignant

envers ses élèves. Elle est, d’après leurs dires, une notion qui se travaille tous les jours, à travers différents gestes pédagogiques.

En effet, j’entends à quel point par de simples gestes, tels que les salutations en entrant dans la classe, un regard ou la portée d’une voix peuvent instaurer une certaine forme d’autorité. Ensuite, nous avons vu que l’autorité de l’enseignant se décline aussi à travers les différentes règles de vie de classe établies par lui-même et son groupe-classe, en début d’année, ainsi que les différents moyens instaurés pour les faire respecter. Il existe ainsi mille et une manières qui permettent à l’enseignant d’instaurer son autorité tout au long d’une journée, d’un mois et d’une année scolaire. Elle ne semble en aucun cas être une notion figée qui s’acquiert qu’à un moment donné mais, au contraire, tout au long de sa carrière, à travers les différentes situations rencontrées.

Par ailleurs, l’exercice de l’autorité d’un enseignant, comme nous l’avons vu au cours de mon travail, dépend de plusieurs facteurs, tels que : la nature des transgressions ou des manquements à une règle, la personnalité de l’enseignant, son expérience ou encore le système d’autorité mis en place.

Toutefois, il existe une variable sur laquelle tous les enseignants de mon échantillon s’accordent et qui n’a pas été mentionnée dans mon travail auparavant, celle de « la volée ». Alors que, dans ma recherche, j’avais choisi de ne garder que la variable

« les années d’expérience de l’enseignant » comme facteur possible de produire un changement dans les pratiques, « la volée » est fortement ressentie par les enseignants comme une variable importante.

En effet, d’après les enseignants de ma recherche, leurs pratiques dépendent énormément de leur volée. L’autorité qu’exerce un enseignant, d’une année à une autre, est largement influencée par l’ensemble de son groupe-classe et des individualités qui la composent. Selon les années, un enseignant peut passer d’un groupe-classe extrêmement calme à un groupe-classe extrêmement agité. Selon la dynamique de classe qu’il a en face de lui, l’enseignant doit faire preuve d’adaptation lorsqu’il exerce son autorité.

Ainsi, je comprends que l’autorité d’un enseignant est une notion qui demande rigueur mais aussi souplesse dans sa pratique. On ne se comporte pas de la même manière d’une année à une autre. On développe encore moins son autorité d’un jour à l’autre. Il est, en effet, important de comprendre, que tout enseignant développe à travers les années des pratiques pédagogiques et des savoir-faire différents.

Je peux ainsi affirmer, à l’issue de mon mémoire, que la construction d’une autorité se fait progressivement. Plus les années passent plus on gagne en assurance et en expérience, ce qui permet d’agir avec plus de sagesse et de bienveillance. Toutefois, de mon constat, je tiens à préciser que je n’exclue en aucun cas la difficulté que peut rencontrer un enseignant dans l’exercice de son autorité, malgré tout l’expérience acquise au fil du temps.

Dans le cadre de ce travail, j’ai aussi cherché à mettre en lumière l’importance des gestes de prévention – comme système d’autorité – afin de ne pas tomber dans le registre coercitif de la punition. J’ai également souhaité orienter ce travail dans le sens de ne pas voir et surtout de ne pas vivre l’autorité en classe comme un système de confrontation perpétuel entre individus, mais plutôt dans une visée harmonieuse de socialisation et d’éducation à des fins pédagogiques.

Je parle ainsi d’une autorité qui se veut juste autant pour la personne qui l’applique que pour les personnes auxquelles elle est destinée. En mettant l’accent sur des systèmes de gestion de classe préventifs et en cherchant à comprendre quels en étaient les différentes déclinaisons, les enseignants interrogés dans ma recherche se sont tous retrouvés à appliquer un système préventif et non punitif.

En effet, ils cherchent à instaurer un climat de classe favorable aux apprentissages et à transmettre des valeurs de respect et leurs pratiques s’en font largement ressentir.

Aucun d’entre eux ne porte une vision de l’autorité autoritariste, en cherchant à faire régner leur « supériorité » ou leur « pouvoir » sur les élèves. Ils se situent, au contraire, dans un esprit de communication, d’entente et d’éducation active. Ils ne cherchent en aucun cas à user ou d’abuser d’un pouvoir sur les élèves mais cherchent au contraire à leur faire comprendre, à travers différents moyens « non-violents », le bon « savoir-être » nécessaire dans la construction de leur métier

d’élève et dans leur devenir de futur citoyen. On comprend alors que l’autorité de l’enseignant est présente afin d’accompagner l’élève dans l’acquisition de ces savoirs éducatifs et pédagogiques. L’autorité sert à éduquer et non à dominer. Elle se veut libératrice et non emprisonnante. Enfin, elle se veut être positive mais toutefois bien présente, cadrante.

5.1.2 Laisser le temps aux élèves

Quant au cycle spécifique qu’est le cycle élémentaire, dans le cadre de cette recherche, il est important de souligner la population avec laquelle travaillent les enseignants interrogés. Les élèves âgés de quatre à huit et ceux âgés de huit ans et plus ne sont pas au même stade développemental. Il est important de comprendre que le cycle élémentaire possède des particularités que le cycle moyen ne comporte pas. Ainsi, il s’agit de pratiquer son autorité en tenant compte de certains facteurs particuliers. En effet, pour les élèves des classes élémentaires entrant gentiment dans leur métier d’élève, il semble essentiel de leur laisser le temps d’intégrer toutes les conditions et les attentes qui y sont liées.

En 1P, il est vital de leur laisser le temps d’en prendre connaissance - souvent pour la première fois - et de les acquérir progressivement.

A partir de la 2P, la suite logique de cette première étape laisse aux élèves le temps d’intérioriser et de pratiquer au mieux ce qui leur est demandé. Il est donc tout à fait normal de répéter plusieurs fois une même consigne ou une même règle pour rappeler au jeune élève ses droits et ses devoirs.

Ainsi, un enseignant de classe élémentaire doit faire preuve de beaucoup de patience, et celle-ci devient une clé indispensable à son métier

5.1.3 L’autorité préventive au nom de l’apprentissage

L’autorité est certes là pour cadrer et permettre d’installer une ambiance de classe où chaque élève se sent bien, est respecté par les autres et est lui-même respectueux des autres. Mais, elle est surtout là afin que l’enseignement dispensé puisse profiter à tous. Dans ce sens, l’enseignant doit veiller à garantir un cadre d’apprentissage avant tout. Apprendre dans une classe où l’ambiance n’est pas

propice à cause de dérangements, transgressions de règles, problèmes de comportements de la part de certains élèves diminue les chances d’apprendre dans des conditions optimales de travail.

Toutefois, il semble important aussi de savoir « quand agir ». En effet, il y a des situations de classe qui demandent une intervention immédiate de la part de l’enseignant et d’autres situations qui pourraient être traitées avec plus de tranquillité, différées. Selon la gravité de la situation et selon les principes adoptés, je pense que l’enseignant qui remarque un comportement qui le dérange se doit d’intervenir afin d’éviter tout débordement.

Enfin, il est important également de s’en tenir à ce qui est dit. Idéalement, il ne faudrait jamais rentrer dans un jeu de confrontation, ni de négociation, mais il est très important de rester juste, crédible et pertinent dans ses propos. Par cette attitude, la relation enseignant-enseigné gagne en confiance et permet ainsi d’instaurer une autorité saine et agréable.