• Aucun résultat trouvé

Afin de juger la pertinence de mon canevas, durant la toute première phase de la construction de ce dernier, j’ai mené un entretien pilote avec une enseignante, qui ne fait pas partie de l’échantillon de recherche final, mais qui a été choisie d’après les mêmes critères. Cette phase intermédiaire a pour but d’avoir un retour direct sur la cohérence des questions d’entretien. Bray & Hofman (2000), le nomment comme

« pré-test » ou encore « test préalable » et le jugent indispensable. Selon ces auteurs, « cela permet d’apprécier la pertinence de l’outil dans le contexte où il est utilisé » (p.52). Ainsi, l’entretien pilote m’a permis d’évaluer et de me rendre compte de « ce qui allait » et « ce qui n’allait pas » dans mon canevas initial. Il m’a ainsi servi, par exemple, à recadrer certaines de mes questions, soit trop ouvertes, soit trop fermés. De plus, grâce à cet entretien, j’ai pu évité, à nouveau, certaines redondances qui restaient présentes.

3.4 Echantillon

Pour réaliser ma recherche, j’ai donc choisi d’interviewer dix enseignants de division élémentaire, tous pratiquant dans les écoles publiques genevoises. J’ai procédé à la création d’un échantillon réduit, désigné plus communément comme « échantillon non représentatif ». Il se définit, selon Bray & Hofman (2000), comme une

« sélection de certaines unités de la population avec des caractéristiques typiques » (P.51).

Bien sûr, il aurait été possible d’interroger un plus grand nombre de personnes.

Dirigeant toutefois mon travail dans une optique qualitative et non quantitative ce choix ne s’est pas révélé être un obstacle. D’ailleurs, au sujet du nombre d’ « unités » requis pour une recherche par entretiens, le nombre de dix est jugé suffisant d’après Bray & Hoffman (2000). Ils disent que « ce nombre varie selon la méthode d’enquête choisie. En effet, pour une enquête par entretiens, une dizaine de personnes peut suffire, si on tient compte du temps pour la réalisation des entretiens, et du dépouillement » (p.52). Ainsi, pour ma recherche, la qualité des entretiens prime sur la quantité.

La sélection

Le choix des enseignants s’est fait, pour huit d’entre eux, grâce à mes connaissances personnelles. Il s’agissait soit d’anciens formateurs de terrain et de leurs collègues soit d’amies exerçant le métier. Pour les deux autres personnes, il s’agit d’enseignants (suggérés par l’enseignante qui a passé l’entretien pilote) qui m’ont gentiment accordé leur temps suite à ma demande spontanée lors de mes passages dans leurs écoles respectives.

Deux critères ont été retenus pour effectuer mon échantillon. Les enseignants ont été ainsi rigoureusement choisis sur la base de la division dans laquelle ils travaillent, ainsi que sur un nombre minimum d’années d’expérience. Ainsi, ils devaient tous enseigner au cycle élémentaire et avoir plus de cinq ans d’expérience. Concernant le deuxième critère de sélection, je souhaitais que les enseignants interrogés puissent bénéficier d’un certain recul, entre le début de leur carrière et leurs procédés

actuels, pour répondre à certaines de mes questions. Tous ont donc à leur effectif un minimum de sept ans de métier.

A noter, qu’un des enseignants interrogés travaille, pour la première fois en division élémentaire, lors de la passation de l’entretien. En effet, à cause d’un souci d’effectif du personnel dans son établissement, il s’est vu attribuer une classe élémentaire pour cette année. Toutefois, il a enseigné pendant douze ans en division moyenne et reste une « unité » de l’échantillon intéressante à prendre en considération. Je ne tiendrai, en principe, pas compte de sa caractéristique lors de l’analyse des données mais reste ouverte à d’éventuelles incidences de cette différence.

Variable

Enfin, pour mener à bien ma recherche, j’ai décidé de prendre comme unique variable celle du « nombre d’années d’enseignement ». En effet, je souhaite savoir si cette variable influence la manière de pratiquer son autorité auprès des élèves ou si elle n’est, au contraire, pas significative dans le processus. Il s’agit de la seule variable que je prends en considération pour mon travail. En tant que future enseignante, je cherche essentiellement à axer ma recherche sur les pratiques et les conceptions des enseignants et ceci quel que soit, le genre de ces derniers, le milieu social où ils exercent, ou d’autres critères extérieurs qui pourraient également avoir un impact sur leurs pratiques. Je souhaite me focaliser principalement sur ce qui est en lien direct avec ce qui se passe en classe. En ce sens, rajouter des variables contribuerait à trop étendre le cadre de ma recherche.

3.5 Déroulement

Tous les entretiens se sont déroulés dans le lieu de pratique des enseignants. Je me suis donc rendue dans les classes de ces professionnels afin que, d’une part ils puissent être dans le milieu où ils exercent cette autorité et d’autre part cela m’a permis également de voir de manière concrète les outils auxquels ils font référence

lorsqu’ils parlent d’autorité. Les entretiens ont duré environ quarante à cinquante minutes chacun.

3.6 Traitement des données

Par traitement de données, on entend la manière dont les résultats obtenus ont été dépouillés. Dans le cadre de ma recherche, le dépouillement s’est fait en plusieurs étapes. En cherchant à établir une analyse qualitative, j’ai du trier les données récoltés de manière très minutieuse, afin d’en faire ressortir l’essentiel.

De plus, le nombre d’entretiens réalisés ne permettant pas de procéder à une réelle quantification représentative des données, j’ai donc opté pour une stratégie essentiellement qualitative.

J’ai choisi de ne pas procéder à la retranscription intégrale de tous les entretiens.

Néanmoins, j’ai retranscrit l’entretien qui me semblait le plus riche en informations, comme « entretien exemplaire » (annexe n°2), m’appuyant sur cet exemple pour fonder la première étape du dépouillement. Sur la base de cet entretien, j’ai ensuite construit des tableaux. Pour chaque question, j’ai créé un tableau qui m’a permis de

« rentrer » les données récoltées. Cette étape a nécessité du temps et de la concentration, afin de synthétiser les propos des enseignants de manière la plus authentique possible, tout en restant fidèle à leurs paroles. Les données ont été

« rentrées » par mots-clés ou par « phrases-clés » en dégageant chaque fois l’idée phare de l’interlocuteur. Ainsi, vous pouvez trouver en annexe (n°3), pour chacune de mes questions, le tableau des réponses lui correspondant. Chaque tableau comprend une colonne pour la question de base et des colonnes pour les questions de relance.

Une fois tous les tableaux complétés, l’analyse des données a pu commencer. Pour se faire, il m’a fallu entamer des lectures systématiques des tableaux, afin de procéder à une analyse des données en profondeur. Cette démarche m’a ensuite permis de reformer des catégories de sujets qui ont fondé, par la suite, le corpus du

texte d’analyse. En effet, ayant déjà procédé à une première catégorisation des questions lors de la création du canevas d’entretien (cf. tableau 1 : les thèmes du canevas d’entretien p.38), les réponses des enseignants ont, elles, suscité un découpage en thèmes légèrement différent de celui établi pour les questions d’entretien. De nombreuses réponses ont ainsi pu se regrouper sous les deux thèmes principaux : « L’autorité » et « Prévention et sanction ». Ces deux thèmes renvoient ainsi directement à ma question principale de recherche, à savoir : « Dans quelle mesure est-il possible d’instaurer une autorité préventive en division élémentaire ? ».

Après avoir traité les données à l’aide de ces différentes étapes, la création du texte d’analyse a ainsi pu débuter. Je précise que certaines données n’ont pas été intégrées dans le cadre du texte. En effet, dans l’optique d’une analyse qualitative, savoir trier les informations reste une nécessité pour travailler et répondre judicieusement aux questions de recherche.

Quant à la « situation à analyser », toutes les questions s’y référant ont été redistribuées et placées dans les différents thèmes et sous-thèmes qui constituent mon texte d’analyse.

Enfin, il est important de mentionner que tous enseignants interrogés figurent de manière totalement anonyme dans le cadre de mon travail de recherche. J’utilise pour chacun d’entre eux des prénoms fictifs.

3.7 Difficultés méthodologiques

Une des premières difficultés dans ma démarche a été celle de la passation des entretiens.

L’entretien suggérant une certaine relation de confiance entre l’interviewé et son chercheur, il m’a fallu être très accueillante et mettre les différents enseignants dans un climat serein et agréable, afin qu’ils puissent délivrer leurs savoirs et partager leurs expériences. Cette relation s’étant très bien établie avec tous les membres de mon échantillon, la difficulté a été de se sentir presque trop à l’aise.

En effet, en choisissant d’opter pour un entretien semi-directif, les enseignants et moi nous sommes parfois égarés dans des conversations, certes très intéressantes, mais parfois un peu éloignées des questions préparées pour l’entretien. J’avoue même avoir utilisé certains de leurs « aveux » pour nourrir ma curiosité personnelle.

Ainsi, l’entretien semi-directif, de par son caractère ouvert et libre a laissé facilement place à des moments d’égarement et de déviations. Malgré cela, il reste un des modes exploratoires pouvant fournir une quantité importante de données.

Une deuxième difficulté majeure rencontrée lors de mon travail a été le temps. En effet, ayant pris plusieurs années à m’atteler à la rédaction de mon mémoire, ceci dû à des motifs personnels, le temps restant pour l’élaboration de mon travail de recherche a été limité, voire même restreint. Ainsi, ma plus grande difficulté a été, sous tous les angles, le temps à disposition.