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respectent les règles dans la mesure où ils ont eu la chance d’établir ces règles avec les adultes »

VI. La personnalité de l’enseignant

3. Selon vous l’autorité a-t-elle un lien avec la personnalité ?

- ANNEXE N°2- ENTRETIEN MARIE

Thanuja : Ok, donc tout marche voilà donc comme je t’avais expliqué ça parle de la gestion de discipline en classe euh en passant par l’autorité de l’enseignant et pis … enfaite la figure d’autorité qu’a l’enseignant dans sa classe justement pour gérer la disci… l’indiscipline dans sa classe.

Marie : Ok

Thanuja : Juste pour contextualiser au début donc là cette année tu as une classe de 3P-4P et ça fait combien de temps que tu enseignes dans la division élémentaire ? Marie : Mmm… c’est ma septième année je pense.

Thanuja : Septième année … tu as toujours été dans les classes…

Marie : Elémentaire, oui.

Thanuja : Alors de manière très générale, j’aimerais que tu me décrives ce que c’est pour toi l’autorité ?

Marie : Mmm

Thanuja : Quand tu parles autorité qu’est-ce que ça représente pour toi ?

Marie : Bah pour moi dans le cadre de notre métier, l’autorité c’est le fait de poser un cadre euh pour les enfants dans ma classe, dans l’école pis qu’ils sachent qu’il y a certaines règles qu’ils ont à respecter dans la classe et pis c’est un peu moi le garant quand même de ça. Donc l’autorité elle est représentée par les règles qui sont toujours affichées mais aussi par moi.

Thanuja : Mmm mmm ok donc voilà garante de … des règles. Ok alors euh et de … est-ce que tu penses dans ta classe donc du coup utiliser, pratiquer ton autorité régulièrement ou bien est ce que ça va ?

Marie : Bah quand même uh, bon ça dépend des années, ça dépend des volées, par exemple là j’ai un petit effectif, j’ai 14 élèves… c’est rien. Je n’ai pas tellement besoin de faire beaucoup de discipline, parce que forcément ça créer moins de discussion, le moindre truc se voit. Quand tu en as vingt-cinq tu es obligé de mettre plus de cadre, parce que sinon ça marche pas, ça fonctionne pas. Donc ça dépend de pas mal

de choses mais je suis quand même une personne assez stricte, je ne suis pas très tolérante au bruit, aux indisciplines et tout ça donc je fais souvent des rappels à ça quand même.

Thanuja : Alors, pour être dans le contexte directe, je vais te donner une situation tout à fait classique uh, je te laisse la lire et pis je vais te poser des questions, on va l’analyser ensemble.

(Marie lit la situation)

Marie : ouais… et ouais… d’accord je vois tout à fait.

Thanuja: Alors euh, au premier abord si tu as une situation comme ça le matin directement euh, qu’est-ce que cette situation … comment tu vas te sentir vis à vis de cette situation ? Est-ce que tu vas être énervée, est-ce que tu vas être euh voilà tranquille ou ça va te mettre…

Marie : Alors moi je m’énerve assez facilement (rires), c’est assez le genre de truc qui pourrait…alors il faut relativiser. Bon alors là en 2P, je pense que ça devrait plus trop arriver. En 1P, bah voilà tu ne peux pas tout de suite le « ramasser » ce pauvre Marc.

Parce que c’est normal, il ne sait pas être assis sur un banc, il ne sait pas ce que c’est écouter, c’est un apprentissage. Mais par exemple là, 2P moi je trouve que c’est des choses qu’ils … des savoirs qui devraient être acquis donc ça va assez rapidement m’énerver surtout si c’est quelque chose d’assez régulier. Et pis voilà si… En premier lieu tu vas essayer de le reprendre, forcément. Ou alors tu le laisses un tout petit peu, j’essaie par des regards peut-être d’abord, d’attirer son attention. Mais sinon il faut assez vite je pense, moi ça m’énerve assez vite et je vais assez vite intervenir.

Thanuja : Direct dès que tu vois tu vas intervenir ? Marie : ouais.

Thanuja : D’accord, mais ça ne va pas t’énerver au premier abord, ça va te gêner.

Marie : Ca va me gêner ouais.

Thanuja : D’accord et pis du coup euh qu’est-ce que tu vas faire ensuite par rapport à cet élève qui en faite ne t’écoutes pas, il continue, il continue et pis voilà.

Marie : Je pense qu’il faut essayer plusieurs choses quand c’est comme ça. Ca dépend après de l’enfant, mais, bon déjà il faut … le lui signaler.

Thanuja : Mmm

Marie : Je pense que euh il faut lui demander à lui de répéter les règles et pourquoi je ne suis pas contente. Que ce soit lui qui exprime qu’est ce qui ne va pas. Alors que si c’est toi qui lui dis, des fois ça rentre et ça sort. Bah que lui il dise pourquoi ça dérange qu’il fasse ça, parce qu’il n’est pas attentif, parce qu’il va louper des info, parce qu’il va déranger les camarades etc. Euh… après je pense que euh, il faut essayer de lui enlever toutes choses par exemple la voiture etc pour qu’il ait rien, déjà essayer d’enlever « les parasites » de certaines choses, entre guillemets, certaines choses. Et pis si vraiment ça ne va pas il faut le déplacer. Moi je pense, faut pas le… il faut le sortir un peu. Mais après il ne faut pas le sortir tout le temps, ce n’est pas le but non plus.

Thanuja: ouais…

Marie: Donc il faut aussi qu’il apprenne. Déjà essayer par d’autres étapes si vraiment ça va pas je le sortirai quand même. Enfin je ne le sors pas de la classe uh, je l’assoirai ailleurs.

Thanuja : D’accord ça c’est vraiment en dernier recours tu l’enlèves, tu le sors du groupe.

Marie: Ouais je le sors du groupe. Mais si vraiment il faut. Parce que je trouve que c’est dommage parce que après il va encore moins suivre. Parce que si c’est un enfant qui fait déjà ça c’est un enfant qui n’a pas une attention très bonne si tu le mets loin il en aura encore moins.

Thanuja: Donc pour rebondir sur ce que tu as dit, donc tu lui fait répéter les règles, et donc pour toi donc en dans le contexte d’un enfant de 5 ans euh, parce que mes interrogations elles partaient aussi du fait… est-ce que les plus petits donc les plus jeunes, comment est-ce qu’ils comprennent le fait qu’ils font, qu’ils ne se comportent pas bien etc. Donc pour toi le fait de leur faire répéter les règles c’est un moyen euh de leur donner sens à leur débordement un peu de comportement Marie: C’est toujours lent aussi de comprendre pourquoi on a des règles, pourquoi il faut les respecter mais je pense que c’est pour ça que c’est quelque chose qui se travaille. Je trouve que en 1P, c’est très important à travailler, tout ce qui est le vivre-ensemble.

Thanuja : mmm, ouais. Ok et du coup est-ce qu’il y aurait quelque chose que tu ferais en amont pour éviter ce genre de comportement. Qu’est ce que tu ferais ?

Marie : Bah déjà de ne pas l’asseoir n’importe où. Bah voilà souvent sur les bancs, bah c’est moi qui mets les places. Alors quand j’avais des volées difficiles je mettais carrément une étiquette et pis c’est leur place avec leur noms là ces derniers années je fais par… tu vois.. les schtroumpfs là, je fais par bancs. Ca veut dire que, qu’ils sont quatre par banc, ils savent. Ca, par exemple, c’est le banc des schtroumpfs farceurs après à l’intérieur du banc ils se mettent comme ils veulent mais ils savent. Mais il faut essayer quand même toujours d’éviter les mauvaises alliances parce qu’on sait qu’on remarque assez vite qu’il y a des enfants quand ils sont à côté ils n’arrivent pas à se concentrer. Donc déjà ça c’est une chose. Et pis après c’est enfants là qui ont quand même des troubles de l’attention c’est de toujours essayer d’attirer leur attention. De les, de leur poser des questions à eux, d’essayer de toujours de les remettre dans la conversations pour pas qu’ils perdent le fil.

Thanuja: ouais donc ça serait des choses que tu ferais en amont. Et est-ce que par exemple tu profiterais par exemple de cette situation enfaite, par exemple, pour le mettre au centre de l’attention. Est-ce que tu le ferrais discuter autour de la voiture du petit Marc ou pas, ou alors…

Marie : Alors ça dépend de ce qu’on est entrain de faire. Si c’est pour moi, par exemple, sortir sa voiture au moment, si on fait je fais des nombres, on lit une histoire, il faut qu’il comprenne que ce n’est pas le moment de faire ça. Alors à la limite je lui dirais, « tu nous montreras ta voiture plus tard, ou alors à la récré » mais je lui faire comprendre que c’est pas le moment maintenant. Et pis je trouve que les enfants qui essaient tout le temps d’attirer l’attention alors oui dans un sens il faut essayer de rentrer dans leur jeu, alors il faut les valoriser faut essayer toujours de…mais il ne faut pas non plus tomber… sinon ils n’apprendront jamais. Il faut aussi qu’ils apprennent la frustration et le fait de ne pas justement être au centre tout le temps. Donc euh…

Thanuja : Et en général ils comprennent assez bien quand tu leur dire ? Marie : Ca dépend des enfants (rires).

Thanuja : Et avec les enfants qui sont un peu plus têtus, dures on va dire tu sévis un peu plus ?

Marie : Ouais alors, au niveau discipline j’ai essayé pas mal de trucs déjà après ça dépend toujours des volées. Mais euh, certaines années j’avais au fond de ma classe,

un panneau avec des bonhommes vert, jaune, rouge, pour les quatre jours de la semaines. Ils avaient quatre bonhommes, ils partaient toujours avec un bonhomme vert et au fur et à mesure de la journée si ça va pas il le change en jaune et après si ça ne va vraiment pas il le change en rouge et après en fin de semaine ça part dans le carnets pour les parents. Alors ça, ça marche si tu as des volées où il y a des parents qui sont là, qui sont présents. Parce que voilà les parents ça les fait réagir lorsqu’à la fin de la semaine le gamin arrive avec quatre bonhommes rouges. Donc ça peut marcher. Par contre, si c’est le cas d’un enfant où les parents ne sont pas vraiment présent ça pas… ça aucun sens. Ca perd tout son sens. Donc après tu peux essayer des trucs où par groupes je sais pas si tu mets les bureaux, ils sont par table tu mets une pincette et chaque fois que le groupe fait, ça marche bien ils avancent d’un cran et pis à la fin ils gagnent quelque chose, plutôt par la récompense. Sinon je trouve que si il y a des enfants vraiment récalcitrants, de faire simplement un contrat avec un enfant. C’est-à-dire juste pour toi et lui. Genre par exemple chaque semaine tu lui donnes un objectif, une règle qu’il doit bien honorer et pis voilà tu fais le point chaque jour avec lui. A la fin de la journée, pour si ça été si ça n’a pas été.

Thanuja: Donc ça dépend, mais essayer plusieurs choses ce serait ton avis. Donc ok d’accord ça c’était par rapport à cette situation. Donc si on reviens sur l’autorité tu te situerais en tant que mettre en place une autorité plutôt préventive, qui voilà qui prévient les élèves etc. que s’ils font ça alors voilà les conséquences ou alors plutôt punitive directement ….

Marie : Je trouve qu’en élémentaire c’est difficile de punir. C’est assez compliqué.

Bon même plus tard, parce que ça se discute. Mais c’est toujours difficile de se dire

« mais je lui donnes quoi comme punition ». Le priver de récré je trouve que ça n’a aucun sens, c’est souvent des enfants qui ont besoin justement d’aller se défouler dehors. Les priver de gym je veux dire c’est une discipline comme les autres, ce n’est pas correct. Euh, voilà c’est toujours difficile de les priver de quelque chose, ça n’a pas tellement de sens. Leur faire recopier des trucs, ça n’a aucun sens … enfin c’est toujours difficile après on a quelques fiches de réflexion en élémentaire là où ils dessinent. Bah si il a fait du mal à quelqu’un d’aller faire un dessin pour l’autre, faire un geste pour l’autre pour lui faire comprendre que voilà il doit aller s’excuser etc.

Mais c’est toujours compliqué c’est mieux de toujours trouver… faire quelque chose de préventif pour t’éviter tout ça parce que après tu es vite coincé quand même.

Thanuja : Bah oui…

Marie : et pis je me rends compte, qu’au début, je suis quand même quelqu’un d’assez nerveux et je suis assez vite sur les nerfs et pis je m’énervais beaucoup en début de ma carrière, je criais beaucoup etc. et pis avec le temps tu te rends compte ça sert à rien. Plus tu cries plus c’est, plus ils s’en fichent. Parce qu’au bout d’un moment ils ont l’habitude que tu hurles tout le temps. Et pis à la fin de la journée tu te retrouves, t’es juste pas bien quoi. Donc euh, c’est quelque chose que maintenant j’essaie de ne pas m’énerver, dire aussi que pour moi ça ne sert à rien que je m’énerve c’est moi qui vais m’énerver plus que lui et pis voilà simplement. Voilà souvent si un enfant dysfonctionne ca veut dire que à chaque temps, au moment de la récré ou à 11h30 ou à 16h je le prends et on discute. Ou je sors même de la classe un moment avec lui pour discuter et je trouve que c’est toujours important de passer par la discussion, d’essayer de le faire s’exprimer comprendre pourquoi. Et de lui dire pourquoi toi ça te pose un problème. Partir comme ça, dire « moi ça me dérange ce que tu fais parce que… ».

Thanuja : Mmm … ouais.

Marie : Parce que des fois ils ne savent pas vraiment pourquoi c’est pas correcte ce qu’ils ont fait.

Thanuja : Ouais… ok donc si tu devais te situer ici euh sur l’axe en fait d’être plutôt sur une autorité préventive ou plutôt punitive où est-ce que tu te situerais, je te laisse juste mettre euh…

Marie: Ouuuh

Thanuja : … un entre deux ou plutôt.

Marie : Ce n’est pas facile uh.

Thanuja : Selon tes méthodes, selon ton dispositif.

Marie : Je me mettrai plutôt ici par ce qu’il y a quand même des moments, mais je pense que je me mettrai plutôt ici.

Thanuja : Plutôt dans la prévention.

Marie : J’essaie en tout cas.

Thanuja : Ce serait, comment est-ce que tu définirais ce type d’autorité…une autorité préventive.

Marie : Bah pour moi c’est difficile de dire préventive, parce que tu peux essayer de faire en sorte que voilà en plaçant bien, en donnant des conseils d’une certaine façon après tu peux jamais vraiment savoir face aux élèves comment ils vont réagir, qu’est ce qu’il va se passer. Mais ce n’est pas seulement préventive, des fois c’est après, des fois c’est plutôt une autorité de discussion. C’est–à-dire je fais un conseil de classe, il y’a vraiment plein de moment où on discute de comment pourquoi, quelles sont les règles, de pourquoi on met cette règle euh voilà. Donc c’est plutôt, moi je dirais que je suis plutôt dans une autorité de faire prendre conscience à l’enfant de discuter avec les enfants, de faire discuter les enfants entre eux aussi.

Parce que des fois toi tu leur parles ça ne les intéresse pas. Les autres copains qui viennent dire « non c’est pas bien ou tu pourrais faire comme ça »…. Pis toujours essayer de trouver des solutions. En conseil de classe, je… ça m’énerve si ils font que de dire « alors voilà lui il m’a fait si, y’a ça ça va pas et ça ca va pas », ça sert à rien.

C’est après d’essayer ensemble de chercher bah « qu’est-ce qu’il aurait pu faire ou alors comment on aurait pu faire tous ensemble » tu vois.

Thanuja : Ouais, d’accord donc plus des solutions.

Marie : Mmm.

Thanuja : Du coup, alors pour toi une autorité punitive vraiment ce serait….

Comment est-ce que tu la définirais.

Marie : Bah, je ne sais pas, je trouve qu’une autorité punitive elle n’a pas tellement de sens. A mon avis, tu rentres vite dans quelque chose où ça, peut-être ça va te soulager toi, parce que tu aura l’impression que d’avoir fait quelque chose euh mais enfaite pour l’enfant je pense pas, je crois pas qu’il y ait beaucoup de punition qui fasse sens. A part, voilà, si c’est dans une idée de réparation.

Thanuja : Mmm, ouais. Donc pour toi, d’après ce que tu me dis, c’est vraiment la communication c’est vraiment la clé un peu de… de…

Marie : Bah ouais Thanuja : De…

Marie : D’avoir une bonne autorité.

Thanuja : D’accord voilà … d’avoir une bonne autorité. Et pis est-ce que de nature, est-ce-que tu te définirais comme quelqu’un d’autoritaire ou tu penses que c’est quelque chose qui se travaille ou c’est quelque chose qui est un peu inné ?

Marie : Je pense que je suis quand même assez autoritaire de nature pis je cadre assez vite. Je suis assez euh par exemple certaines de mes collègues je trouve qu’elles sont beaucoup plus tolérantes que moi sur certaines choses. Mais voilà les élèves ils le savent aussi et pis je pense aussi qu’il faut que les élèves sachent reconnaître aussi qu’il y a des moments où tu peux et d’autres où tu ne peux pas.

Parce qu’il y a moments où on est plus dans la rigolade voilà, et pis après y’a des moments, bah il faut leu dire, bah maintenant stop pis euh.

Thanuja : Ouais, ok. Et pis du coup pour toi, est-ce que tu as déjà eu un élève ou c’était vraiment difficile ? Parce que des fois il suffit d’un pour que toute l’ambiance de te classe soit perturbée.

Marie: Alors attends, oui. Parce que, oui j’ai eu des élèves. Je trouve toujours plus difficile justement quand tu as des tous petits parce que tu as des enfants qui arrivent qui sont jamais aller en crèche qui n’ont eu aucune règles et pis là c’est difficile je trouve parce que il faut tout leur apprendre et souvent toi ça te mets à

Marie: Alors attends, oui. Parce que, oui j’ai eu des élèves. Je trouve toujours plus difficile justement quand tu as des tous petits parce que tu as des enfants qui arrivent qui sont jamais aller en crèche qui n’ont eu aucune règles et pis là c’est difficile je trouve parce que il faut tout leur apprendre et souvent toi ça te mets à