• Aucun résultat trouvé

Représentation spatiale des entreprises chinoises et d’ECC implantées sur le Plateau et à Treichville

Dans le document Géopolitique de la Chine en Côte d'Ivoire (Page 60-63)

61

Il semble opportun de s’arrêter quelques instants sur la principale entreprise – privée à capital fermé – installée au Plateau. Huawei Technologies31 emploierait, selon le réseau social professionnel Viadeo32, environ 600 personnes à Abidjan. Avec les succursales de Lagos, d’Abuja et d’Accra, celle d’Abidjan présente l’avantage d’être la seule en Afrique de l’Ouest francophone. À l’origine installée aux Deux-Plateaux, en 2006, elle fut modifiée en octobre 2009. Dorénavant dénommée société anonyme unipersonnelle, au capital inchangé de 170 000 €, elle est dirigée par un actionnaire unique, Xie Guohui, administrateur général présenté comme le président de Huawei pour l’Afrique de l’Ouest. Cette multinationale, dont le siège social est situé dans la zone économique spéciale de Shenzen, est classée dans les dix premières sociétés du secteur des télécommunications, avec son concurrent national ZTE, qui est donc également présente à Abidjan. L’intérêt n’est pas dans son chiffre d’affaires ou son capital social, mais bien dans le choix de l’implantation, à savoir la capitale économique ivoirienne, de plus en plus vue, par les dirigeants et les économistes chinois, comme un centre régional – francophone a minima – qu’il convient d’intégrer dans les stratégies de développement. Si Huawei est le meilleur exemple pour le domaine technologique et commercial, la nouvelle Ambassade chinoise, en construction au Sud-Est de Cocody (M’ Bandé Riviera IV) lors des études de terrain, est son pendant pour le domaine politique et diplomatique.

Analysées et détaillées dans la dernière partie (Chapitre VI), les entreprises chinoises enregistrées au Plateau restent peu nombreuses en comparaison de celles immatriculées aux Deux-Plateaux. Le prix du loyer reste certainement un frein substantiel. Domicilier sa société non loin de son logement présente également quelques avantages. Le « Manhattan ivoirien », symbole de l’exception ivoirienne et de la « perle des lagunes » est toutefois amené à voir de nouvelles entreprises asiatiques s’y implanter. La crise ivoirienne théoriquement close, Le Plateau ivoirien devrait en effet connaître une nouvelle attractivité lors de la décennie 2010-2020. La commune de Marcory, elle, a déjà entamé une petite révolution, et ce, depuis 2004. Les responsables ne sont pas les Chinois, mais la communauté libanaise. Les émigrés asiatiques, quant à eux, ont investi dans un secteur a priori porteur : la nuit et ses « composantes ».

ii. « Un morceau de bois a beau séjourner dans l’eau, il ne deviendra jamais un caïman »

Ce proverbe guinéen33 dont l’interprétation pourrait être, on ne change pas la nature de l’homme, convient effectivement à la situation visible au sein de Marcory et plus précisément dans la Zone 4C (ou Zone IV, au Sud de la commune, Carte X). D’autre part, il exprime également l’importation de mœurs et d’un certain « style de vie » chinois à Abidjan. Rencontrés à Bamako, ces commerces aux multiples objets semblent acceptés en Côte d’Ivoire, ce qui n’est pas le cas au Mali et encore moins à Nouakchott. Les activités qui s’y déroulent sont en effet très mal perçues par la communauté musulmane de ces États. À Abidjan, la rue Princesse à Yopougon – dont les maquis ont été détruits le 5 août 2011 – témoignait d’un certain laxisme consentant des autorités.

31

Site officiel de Huawei : http://www.huawei.com/en/about-huawei/contact-us/south-africa/

32

Page Viadeo de Huawei Côte d’Ivoire : http://ci.viadeo.com/fr/search/rcl/ci/Huawei+Technologies/fr/

62

Treize activités ont été recensées au sein de cette Zone 4C. Rue du Dr. Blanchard, le restaurant sans prétention nommé Feel at home accueille principalement des ouvriers et des marins chinois contrairement à celui de la rue Langevin, Le Beijing (photographies suivantes), vaste restaurant haut de gamme qui reçoit entre autres les fonctionnaires et les entrepreneurs chinois vivant à Abidjan34. Mitoyen, un petit supermarché, 3 Bon, était jusqu’en 2011 tenu par Wan Fei, installé en 2008 et ayant rejoint son grand frère. En novembre 2011, le local était à louer, Wan Fei étant reparti en Chine durant la crise post-électorale de 2010-2011.

Près de l’hôtel Ibis, sur l’un des principaux axes routiers abidjanais, deux entreprises sont installées dans un même bâtiment, celui du Centre chinois pour la promotion de l’investissement et du commerce (CCPIC, Encadré II et Annexe IX). La Yuelang

International Electronic Commerce Winalite SARL, fondée en juin 2010, est dirigée par

M. Zhang Nie et est enregistrée comme entreprise commerciale. La Dragon Land Company est gérée par M. Wu Yonghua et commercialise l’Eau nature. Mais l’intérêt réside surtout en ce Centre chinois. Piloté par le Directeur général Wang Cheng35, 47 ans et originaire de la municipalité autonome de Tianjin – qui est jumelée à Abidjan – ce Centre est placé sous l’égide du ministère chinois du Commerce36

.

Depuis 1951 et l’inauguration du PAA par François Mitterrand et Félix Houphouët- Boigny, la Zone IV représente un territoire où cohabitent les foyers aisés et moyens (Document 1 de l’Annexe V). Cet espace urbain résidentiel comprenant les habitats que Philippe Haeringer nomme de « moyen ou de bon confort », a en partie été développé par les expatriés français qui y voyaient l’avantage d’être situé à équidistance de l’aéroport (et du 43e RIMA) et du Plateau. Il comprend également une zone industrielle développée par la proximité du port. Par ailleurs, la présence de cliniques et de polycliniques, d’établissements scolaires prisés (notamment par les expatriés), de centres de recherche (dont l’Institut de recherche pour le développement, IRD), du Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF) et de grands hôtels a contribué à attirer une population hétérogène, multiculturelle, mais surtout, privilégiée.

La Zone IV est ceinturée par deux axes majeurs : le boulevard de Marseille au Sud- Ouest, et le boulevard VGE au Nord et à l’Est, voie menant au pont Houphouët-Boigny37 et de fait, au centre administratif et financier de l’État ivoirien.

À peine entamée par les nombreux maquis et discothèques, la quiétude de cette zone représente l’un des arguments avancés par les ressortissants chinois ayant investi à Marcory. Ce n’est pas le seul, les ports autonome et de pêche sont d’excellents « viviers » d’une clientèle aspirant à certaines activités nocturnes. L’existence des salons de massages, ou plus prosaïquement officines de prostitution, répond donc à cette demande. Ils sont au nombre de 9 (contre 8 en 2010). Leurs appellations comme la publicité affichée devant ces « commerces » sont ostentatoires et dissimulent à peine les activités qui y sont proposées (photographies suivantes).

34 La propriétaire, « Lucy », est arrivée à Abidjan en 2008 avec sa sœur. Elles habitent au premier étage de

l’immeuble. Quant au propriétaire du restaurant Le Beijing, en Côte d’Ivoire depuis 2006, il possède également

Le Pékin, à Cocody.

35 Son contrat, de quatre années, a débuté en 2009. 36

Le CCPIC dispose d’un site Internet : http://www.ccpic2003.com/htm/FrDefault.htm

37

Ce « pouls de la ville ». Le pont Charles de Gaulle est ouvert à circulation en juillet 1967 (Haeringer, 1969 : 234).

63

Dans le document Géopolitique de la Chine en Côte d'Ivoire (Page 60-63)