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4.2 L’ARRIMAGE DES COMPÉTENCES PROFESSIONNELLES À

4.2.3 Représentation du Soi : Les savoirs exprimés

Tableau 14 : Le discours sur les savoirs

Les connaissances en orientation

Les intervenants en reconnaissance des acquis (8/8) ont tous mentionné la contribution de nombreuses connaissances provenant du domaine de l’orientation lors de leurs pratiques et de leurs interventions. Leur formation leur permettrait de développer des connaissances transférables à différents niveaux. Par exemple, Caroline, Colette et Charlotte disent que les théories vocationnelles, les techniques de counseling individuel et de groupe,

l’approche systémique et l’approche centrée sur la personne (ACP) de Carl Rogers sont

utilisés lors de leurs interventions et leur permettent d’adopter une approche appropriée en tenant compte des particularités et des besoins de la personne auprès de qui elles interviennent. Les propos de Colette font état de l’application et de l’apport de ces connaissances lors de leur travail.

« Bien au niveau des savoirs, je dirais que toutes les théories vocationnelles, la connaissance des personnes immigrantes, la connaissance du marché du travail, des programmes d’études, la connaissance de la RAC, la connaissance pédagogique de l’évaluation, les connaissances

Catégories Thèmes Fréquence (f) % (N)

Connaissances (Savoirs)

Connaissances liées aux sciences de l’orientation 30 50 % (4)

 ISP-IMT 5 37,5 % (3)

 Formation en orientation 17 37,5 % (3)

 Théories vocationnelles, systémiques et en

counseling 3 37,5 %

(3)

Connaissance de la RAC 12 50 % (4)

Communication interculturelle 10 50 % (4)

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andragogiques, la connaissance des compétences justement savoirs, savoirs-être et savoirs- faire […]. Donc, toutes les bases théoriques, là, c’est sûr que j’en oublie, mais c’est les principales et ce sont des incontournables. En RAC on ne va pas demander de connaître, mais on va demander d’analyser, de faire parce que l’on est dans un principe où les gens ont appris sur le terrain. Donc, d’être outillé dans ces théories-là, c’est extrêmement aidant. Euh […] tous les savoirs-être et les savoirs-faire dans l’accompagnement. Donc, les compétences de base du counseling, l’écoute, la reformulation. Euh, tu sais… notre ami Rogers. C’est un grand classique » (Colette, Conseillère pédagogique/API).

« On fait beaucoup d’animation aussi […] et c’est quelque chose du counseling de groupe, de l’animation de groupe. Ce n’est pas comme de l’intervention ou de l’orientation de groupe qu’on va faire, mais ces habiletés-là vont nous servir parce que des fois on a des groupes un peu plus difficiles que d’autres ». « Il y a aussi l’approche systémique parce dans le fond, il y a tellement de choses qui interagissent dans ce processus-là. […] et bien c’est facilitant comme habileté dans l’accompagnement d’une personne en RAC » (Colette, Conseillère pédagogique/API).

Les connaissances de l’insertion dans le marché du travail (IMT), de l’insertion scolaire

et professionnelle (ISP) et des programmes d’études du système scolaire québécois

permettraient à Alain, Anne et Colette de se sentir compétents parce qu’ils peuvent donner l’information pertinente au marché de l’emploi et aux programmes d’études correspondant aux besoins de reconnaissance des acquis et des compétences des personnes. Ils peuvent aussi mettre les personnes immigrantes et les employeurs potentiels en relation. Voici ce qu’Alain en pense :

« Avec toute l’expérience qu’on a et le bagage qu’on a, et bien, facilement, on est facilement capable de reconnaître et de savoir ce “qu’ils vont avoir de besoins” pour passer les entrevues en RAC. Pour savoir si ça vaut la peine de poursuivre en RAC ou s’il est préférable de l’envoyer en DEP. Et même, comme je te le disais, à les aider à se trouver un emploi après aussi. Parce que c’est plaisant de reconnaître le monde, et je parle des personnes immigrantes aussi, parce que quand ils arrivent ici, pour eux autres, autant ils ne connaissent pas les compagnies, autant ils ne savent pas où aller, autant ils ne savent pas quoi faire. Donc, on les aide aussi dans d’autres cheminements, soit l’emploi, trouver un emploi à telle place, appeler une telle compagnie pour leur dire : “j’ai un bon candidat pour toi”. On fait un peu l’intermédiaire là-dedans » (Alain, Conseiller en RAC/Enseignant).

La communication interculturelle

Tous les intervenants issus des sciences de l’orientation (4/8) ont mentionné l’importance des habiletés en communication interculturelle comme relevant d’une connaissance essentielle pour intervenir auprès des personnes immigrantes. Par définition, la culture est « une structure complexe et interdépendante de modèles de comportements, de connaissances, de représentations, de codes et de règles formelles ou informelles, d’intérêts, de valeurs, d’aspirations, de croyances et de mythes (Gratton, 2009, p. 33). La culture influence la perception de Soi, de l’autre et de l’environnement. Les connaissances

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en communication interculturelle permettraient à l’intervenant de mettre en place les stratégies appropriées qui tiennent compte de la réalité de la personne immigrante.

« Il y a cette distinction culturelle à faire. C’est vraiment du cas par cas. Mais culturellement, lorsqu’ils sont loin culturellement de notre milieu, c’est différent et il faut en tenir compte » (Christian, Conseiller d’orientation/Conseiller en RAC).

La reconnaissance des différences culturelles les incite, par exemple, à adapter leur vocabulaire pour aider la personne à comprendre ce qu’ils veulent communiquer, à prendre

le temps nécessaire pour accompagner les personnes immigrantes et les accueillir et à faire

preuve d’ouverture envers l’autre tout en demeurant attentifs à leurs propres préjugés. Ces attentions particulières favoriseraient la création d’un lien de confiance entre la personne immigrante et l’intervenant. Que l’intervenant reconnaisse les différences culturelles aurait un impact direct sur l’implication des clients dans leur démarche, celles-ci sentant enfin qu’elles sont comprises et respectées dans leur globalité et leur identité.

« Par exemple […] on développe des trucs (…) selon les personnes, selon les pays d’origine. Il faut faire vraiment attention à ces différences-là. À nos codes culturels aussi… comment on va communiquer, nos expressions. Ça va jusqu’à la communication non verbale dans l’accompagnement, que ce soit devant un groupe ou en individuel. Par exemple, si une personne ne nous regarde pas dans les yeux, bien nous on peut l’interpréter d’une certaine façon, tandis que dans une autre culture, bien ça veut dire complètement autre chose. Tu sais, il faut être extrêmement vigilant. Nous, ce que l’on nomme dans la formation, parce que dans le guide qu’on a élaboré, on parle aussi de la formation qui est offerte auprès de la clientèle immigrante. On parle entre autres du volet humain dans l’accompagnement, on dit qu’il ne faut pas trop vite sauter aux conclusions, puis d’aller vérifier ses hypothèses, puis de faire extrêmement attention à ce que l’on peut dégager » (Colette, Conseillère pédagogique/API). « Bien je dirais surtout par rapport aux différences au niveau de la culture […] que je suis plus dans le savoir-être […]. Plus de tolérance et plus de compréhension. Par exemple, je vais vous donner un exemple, le port du voile, OK ? Le port du voile les éducatrices l’attachent avec deux petites épingles droites sur le côté leur voile, et bien […] les petites épingles droites ça va être un élément qui concerne la sécurité [dans leur milieu de travail]. Puis si on veut être sévère et bien on va leur dire : “non, je ne veux pas que tu mettes ces petites épingles- là”. Et bien moi, les petites épingles, ça ne me dérange pas et je les laisse faire. Je sens qu’elles sont capables de s’assumer et de prendre des mesures de sécurité adéquate avec ça » (Alice, Spécialiste de contenu).

Les connaissances en administration et en gestion

Le travail en reconnaissance des acquis et des compétences des intervenants s’effectue et prend forme à travers l’application et la maîtrise de diverses tâches spécifiques selon que la personne immigrante soit à l’étape de l’information, de l’identification, de l’évaluation ou de la sanction. D’abord, toute la démarche s’effectue à partir du dossier physique que la personne aura constitué. La documentation requise est très variée. La constitution du

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dossier est souvent fastidieuse à cause de l’ampleur des documents à compléter par le candidat. Ces documents sont ensuite analysés par les intervenants aux différentes étapes en permettant aux clients de s’ajuster au besoin et de prendre une décision éclairée quant à la continuité ou à l’arrêt de leur démarche. Les intervenants en reconnaissance des acquis n’œuvrent pas seuls et le travail s’effectue généralement en équipe multidisciplinaire. Pour ce faire, Christian et Anne évoquent l’utilité de connaissances en gestion et de

connaissances en administration. Ces connaissances permettraient entre autres d’assurer

la logistique et la communication entre les différents coéquipiers.

« Une capacité d’organisation relationnelle [qui sont] des aspects plus techniques » (Christian, Conseiller d’orientation/Conseiller en RAC).

Les connaissances générales et spécifiques de la reconnaissance des acquis et des compétences

Selon Anne, Colette, Caroline, Christian, les connaissances de la reconnaissance des acquis constituent une condition sine qua non pour exercer dans ce domaine. Ces connaissances sont essentielles parce qu’elles renvoient aux aspects directement associés au travail des intervenants. Par exemple, les connaissances liées au secteur de la RAC en général, aux services offerts au sein des différentes institutions de formation et d’enseignement, au processus, à la documentation et aux outils d’évaluation qui sont utilisés sont facilitantes pour Anne, Colette et Caroline. Elles leur permettent de se sentir compétentes, d’optimiser leur travail et de décloisonner les services en RAC.

On constate la présence d’une convergence et d’une cohérence dans le discours des intervenants par rapport aux compétences professionnelles qui définissent leur rôle et leur identité professionnelle. À partir des représentations identitaires de nos répondants, on remarque que les compétences professionnelles, correspondants au savoirs-être, savoirs situés dans l’action et savoirs énoncés par les intervenants sont partagés par ces professionnels. Ces qualités liées à l’action décrivent ainsi l’identité professionnelle des intervenants en reconnaissance des acquis, dans la case du Soi positif de l’IMIS.

Dans la section qui suit, nous présentons une synthèse des écueils que croisent les personnes immigrantes selon ce qu’en disent les intervenants spécialisés du secteur de la

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reconnaissance des acquis et des compétences. Ceux-ci nous ont aussi fait part des obstacles propres à leur intervention. Ces résultats sont présentés au tableau 16 qui suit et correspondent à notre deuxième objectif.

Objectif : 2 Identifier leur représentation des obstacles rencontrés par les personnes immigrantes et par les intervenants en reconnaissance des acquis et des compétences lors de leur pratique