Représentation de Soi : Les savoirs-être exprimés

Tableau 12 : Le discours sur les compétences relationnelles

Lors des sections précédentes, les personnes interrogées ont évoqué de nombreuses compétences impliquées dans la définition de leur rôle et de leur identité professionnelle. En majorité, la souplesse (7/8) et l’authenticité (7/8) émergent comme les compétences relationnelles jugées les plus pertinentes afin d’accompagner les personnes immigrantes41.

« Nous, quand on voit des étudiantes en difficulté, qu’elles soient immigrantes ou non, et bien, on les rencontre et on va chercher de l’information et on leur offre du soutien. Et avec ces étudiantes-là, on en a rencontré 7 cette année, et avec chacune d’elle on a permis un cheminement particulier. L’étudiante chinoise elle a décidé de revenir à la RAC quand son mari aura trouvé quelqu’un pour travailler à l’épicerie. Une autre a des problèmes avec ses enfants et avec son mari et bien au lieu de lui donner un mois pour faire un travail, ou lui a donné deux mois, puis je viens de recevoir son travail. Donc […], on fait preuve de souplesse » (Alice, Spécialiste de contenu).

« L’authenticité aussi, surtout dans les situations plus conflictuelles vraiment. […] Mais, avec les personnes immigrantes je dirais l’avantage d’utiliser l’authenticité, c’est, comme je disais, que souvent ils se sentent “garrochés”, bien d’utiliser l’authenticité, c’est reçu par elles comme : “bon, bien elle me le dit qu’elle s’est trompée”. Donc, tu gagnes des points, tu gagnes leur confiance, puis quand je leur dis que je ne peux rien faire pour vous, puis que tu es honnête, bien ils sont contents que quelqu’un [le] leur dise. Tu sais, par exemple, des fois, moi, je leur dis qu’il y a du racisme sur le marché du travail. C’est sûr que ça va les blesser, mais ils sont contents que quelqu’un le dise et que quelqu’un ne “tourne pas autour du pot”. Oui, il y a des difficultés importantes d’intégration quand vient le temps aux personnes immigrantes d’intégrer le marché du travail. Eh bien, c’est comme un soulagement pour eux quand on le nomme. Quand j’ai fait le “focus group”, j’étais vraiment beaucoup dans l’authenticité quand on abordait certains thèmes qui sont un peu plus “touchy”, bien, ça désamorce beaucoup puis, au contraire, ça ouvre même la discussion. Donc, c’est vraiment très très utile » (Colette, Conseillère pédagogique/API).

41 _{Caroline n’a pas parlé de la souplesse tandis qu’Audrey n’a pas mentionné l’authenticité comme étant des compétences}

relationnelles importantes.

Catégories Thèmes Fréquence (f) % (N)

Compétences relationnelles (Savoirs-Être) Souplesse 19 87,5 % (7) Authenticité 15 87,5 % (7) Ouverture 11 75 % (6) Être à l’écoute 13 62,5 % (5) Empathie 6 37,5 % (3) Savoir reformuler 2 12,5 % (1)

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Pour Alain, Anne, Alice, Colette, Christian, Charlotte, l’ouverture sans préjugés représente une compétence significative parce qu’elle permet de reconnaître et d’accepter la différence et d’être plus tolérant envers la personne immigrante. Cette ouverture permettrait aussi le développement et l’épanouissement personnel de l’intervenant.

« L’ouverture, l’ouverture à la différence. Parce que…, je vais te donner un exemple qui est très d’actualité, mais il y a des gens qui peuvent arriver avec un Hijab ou une burqa. Tu peux avoir des candidats qui vont te dire : “je ne suis pas libre tel jour, parce qu’il y a une fête religieuse”. Tu peux avoir, par exemple, un homme qui dans sa culture l’approche avec les femmes n’est pas la même qu’ici. Donc, ça prend des savoirs-être et des savoirs-faire pour ne pas se piéger, mais aussi pour être en mesure quand même d’aider la personne. Il faut faire attention à nos préjugés, parce que tout le monde en a. En fait, je pense que ça nous confronte beaucoup à nos préjugés. En fait, ça nous fait surtout réaliser qu’on en a puis aussi se demander qu’est-ce qu’on fait avec et est-ce qu’on peut faire quelque chose ? Donc, il y a beaucoup de questions comme ça auxquelles on est confronté régulièrement. Puis ça, ça nous aide aussi à nous développer en tant qu’être humain » (Colette, Conseillère pédagogique/API).

D’autres compétences relationnelles ont aussi été évoquées par les participants : 62,5 % d’entre eux considèrent, par exemple, que l’écoute est importante parce qu’elle permet d’entendre et de comprendre le message de la personne immigrante. L’empathie a été soulignée par 37,5 % des intervenants et enfin, le fait de savoir reformuler est considéré par 25 % des répondants comme une compétence relationnelle facilitante dans l’accompagnement auprès des personnes. Ces habiletés répondent aux besoins des personnes immigrantes d’être comprises et entendues. Elles permettent à l’intervenant de comprendre l’autre et de l’accueillir avec respect.

« Au Québec, on est beaucoup dans des modes de communication plus directs. Puis y a des cultures […] où c’est long, puis ça tourne, puis ça tourne, puis ils finissent par y arriver […]. Donc l’écoute pour les modes de communication plus circulaires est primordiale et la patience (rire). Euh, la reformulation, oh mon Dieu, tu sais, c’est tellement utile parce que justement, comme la langue n’est souvent pas la même, le code culturel n’est souvent pas le même. Donc ça, c’est doublement important. Donc, ça dans les savoirs-être c’est vraiment un incontournable » (Colette, Conseillère pédagogique/API).

« Quand je reçois une clientèle immigrante […] je reconnais toujours le courage que ces femmes-là ont eu de prendre la décision de vouloir changer leur mode de vie, de changer de pays. Et je me fais un devoir de les accueillir dans ce qu’elles sont, dans ce qu’elles vivent aussi […]. Je trouve qu’elles ne sont pas reconnues dans leur milieu alors, moi, je me fais un devoir de les accueillir en tant que spécialiste de contenu dans la démarche de la RAC parce que je sais tous les sacrifices que ça va leur demander de faire cette démarche-là. Souvent, c’est des femmes qui ont des enfants, souvent, c’est des femmes qui sont monoparentales et qui ont peu de revenus. Donc, je les accueille avec chaleur. Je les écoute aussi. Je m’intéresse à leur vécu, je fais preuve d’authenticité. Pour moi, c’est bien important de faire preuve d’authenticité. Alors, je partage autant mon vécu avec elle qu’elles vont être portées à partager le leur. Puis quand je vais partager, je vais toujours tenir compte de leur contexte de vie. Puis, c’est ce qui va faire que je vais les accompagner d’une certaine façon. Après ça, il

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y a l’écoute et l’empathie. Je ne veux pas les prendre sur mes épaules, mais je veux qu’elles comprennent qu’elles peuvent me faire confiance, que je suis là pour les soutenir dans la mesure où elles vont être capables de s’impliquer. Et on a eu des étudiantes qui n’ont pas été capables de s’impliquer » (Alice, Spécialiste de contenu).

4.2.2 Représentation du Soi : Les savoirs situés dans l’action exprimés par les