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Renforcer les interventions qui visent les enjeux de santé mentale des Premières nations, des Inuits et des Métis dans les milieux

urbains et ruraux et les enjeux sociaux complexes qui ont des répercussions sur la santé mentale.

Les recommandations contenues dans les trois volets distincts de cette orientation stratégique concernent les Premières nations, les Inuits et les Métis, peu importe leur lieu de résidence. D’autres enjeux doivent aussi être abordés. Les enjeux uniques de santé mentale auxquels doivent répondre les personnes vivant dans le Nord et dans les communautés éloignées (y compris les Premières nations, les Inuits et les Métis) ont été abordés dans la quatrième orientation stratégique. La priorité 5.4 met l’accent sur les défis particuliers en matière de santé mentale que doivent surmonter les personnes des Premières nations, les Inuits et les Métis dans les milieux urbains et ruraux de même que sur plusieurs enjeux sociaux complexes qui requièrent une atten-tion particulière.

Le recensement le plus récent démontre que 50 % des personnes issues des Premières nations et des com-munautés inuites et métisses vivent dans des centres urbains et ruraux et visitent fréquemment leur commu-nauté d’origine (en règle générale, ces commucommu-nautés comprennent les réserves des Premières nations, des communautés inuites éloignées et des communautés métisses plus petites)259. Dans les plus grandes villes et municipalités, il y a un fort sentiment d’appartenance à la communauté qui fait en sorte que les personnes des Premières nations, les Inuits et les Métis se regroupent, que ce soit collectivement ou au sein de leur propre groupe culturel.

Les raisons qui poussent une personne à se déplacer d’une petite communauté à un plus grand centre urbain sont bien connues des Canadiens qui ont fait le même choix : de meilleures perspectives économiques et un plus large accès à l’emploi, une plus grande disponibilité des services, notamment dans le domaine de la santé, l’attrait d’un mode de vie urbain et, dans certains cas, l’occasion de quitter une situation difficile. Pour plusieurs personnes, ce choix mène à l’amélioration de facteurs clés de protection de la santé mentale, comme un meil-leur accès à l’éducation et à l’emploi260. Malheureusement, bon nombre de personnes des Premières nations, d’Inuits et de Métis habitant dans les centres urbains et ruraux continuent de vivre dans la pauvreté, en particu-lier les femmes monoparentales261.

La santé mentale des Premières nations, des Inuits et des Métis en milieux urbains et ruraux a aussi été per-turbée par le processus de colonisation et les traumatismes intergénérationnels. Même dans les plus grands centres urbains, il y a des problèmes d’accès aux services, comme de longues listes d’attente, des problèmes occasionnés par le transport de même que la méconnaissance et le manque de compréhension des différences culturelles entre les pourvoyeurs de services et les usagers.

de soutien. Les services doivent être culturellement sécuritaires et l’on devrait encourager les personnes des Premières nations, les Inuits et les Métis vivant en milieu urbain à poursuivre une carrière en santé mentale.

Il faut davantage fournir de services par le biais des systèmes usuels et de ceux des Premières nations, des Inuits et des Métis, lesquels manquent souvent de ressources. En particulier, il faut offrir davantage de services spécialisés qui intègrent des approches traditionnelles, culturelles et courantes et qui peuvent aborder des enjeux complexes.

Il faut poursuivre les recherches pour approfondir notre compréhension des enjeux de santé mentale des Premières nations, des Inuits et des Métis dans les centres urbains et ruraux et pour orienter une stratégie en matière de santé mentale et de toxicomanie propre à ces milieux. Des relations plus solides avec tous les paliers gouvernementaux sont aussi nécessaires pour accroître la capacité du système et en améliorer l’accès.

Peu importe où elles habitent—dans des centres urbains ou ruraux, des réserves des Premières nations, des communautés inuites éloignées ou de plus petites communautés métisses—les personnes des Premières nations, les Inuits et les Métis doivent composer avec des enjeux sociaux importants et complexes qui ont des répercussions sur leur santé mentale et leur bien-être. Des enjeux prioritaires sont abordés ici : la violence à l’endroit des femmes et des jeunes filles ainsi que la surreprésentation au sein des services d’aide à l’enfance et des systèmes judiciaires. Les efforts pour s’attaquer à ces enjeux doivent être coordonnés à ceux de tous les paliers gouvernementaux pour appuyer la guérison des traumatismes intergénérationnels et pour aborder des déterminants sociaux qui influencent la santé, comme la pauvreté et le logement inadéquat.

Tant les hommes que les femmes ont été touchés par la violence, dont les sévices physiques et les abus sexuels vécus dans les pensionnats. Les données statistiques relatives aux femmes et aux filles des Premières nations, des Inuits et des Métis sont particulièrement alarmantes, car elles font état de taux élevés de violence extrême mettant la vie en danger, de harcèlement criminel et d’homicides. Dans certaines communautés, le taux de femmes victimes de violence atteint les 90 %262. La violence est causée par des facteurs à la fois nombreux et systémiques : pauvreté, racisme, discrimination, effets intergénérationnels de la colonisation et des pensionnats et des démêlés plus fréquents avec les services de protection de l’enfance et les systèmes judiciaires263. Les ser-vices et les formes d’appui doivent mettre l’accent sur la guérison des communautés et des familles (y compris la guérison tant des hommes que des femmes) et promouvoir un avenir meilleur pour la prochaine génération.

Selon les évaluations, 30 à 40 % des enfants hébergés en foyer d’accueil au Canada sont des Autochtones. Néanmoins, ces enfants constituent moins de 5 % de toute la population des enfants au Canada264.

Il faudra procéder à une vaste réforme des politiques pour aborder la question de la surreprésentation des enfants et des adolescents issus des communautés des Premières nations, des Inuits et des Métis dans les services de protection de l’enfance. Les personnes des Premières nations et des communautés inuites et métis doivent être en mesure de participer aux processus qui visent leurs enfants. La sécurité culturelle des services doit être assurée et les approches concernant le bien-être de l’enfant propres aux Premières nations, aux Inuits et aux Métis, fondées sur le respect de la langue et de la culture, doivent être intégrées dans tous les aspects du système de protection de l’enfance, y compris la prévention, l’intervention précoce et le soutien aux familles en crise. Les familles des Premières nations, des Inuits et des Métis qui adoptent un enfant ou lui offrent un foyer d’accueil doivent être complètement soutenues. On doit permettre à l’enfant d’avoir accès aux activités cultu-relles, aux enseignements traditionnels et à la famille élargie, peu importe qu’il soit en foyer d’accueil ou adopté.

Le nombre de femmes autochtones incarcérées dans des institutions de compétence fédérale a augmenté de manière constante, passant de 84 en 1999-2000 à 157 en 2008-2009, une augmentation de 86,9 % au cours des dix dernières années. Chez les hommes autochtones, on note une augmentation de 17,4 % au cours de la même période, passant de 2 095 à 2 460. En 2008-2009, les contrevenants autochtones représentaient 17,2 % de tous les contrevenants du système de justice fédérale alors que les adultes autochtones représentent 4,0 % de la population canadienne265.

La surreprésentation au sein du système de justice est un autre défi des Premières nations, des Inuits et des Métis, peu importe leur lieu de résidence. Les contrevenants des Premières nations, des Inuits et des Métis ont tendance à être plus jeunes, à avoir des problèmes de santé (y compris des troubles mentaux), d’être affiliés à un gang et d’être condamnés à plusieurs reprises266. Même si des efforts ont été déployés pour que le système de justice soit plus à l’écoute des besoins en matière de santé mentale des Premières nations, des Inuits et des Métis, des améliorations doivent encore être apportées pour améliorer l’accès aux programmes de déjudiciari-sation, aux services de santé mentale dans les centres correctionnels et le soutien à la réinsertion sociale. Il faut aussi mettre l’accent sur la promotion de la santé mentale et sur les programmes de prévention des maladies mentales chez les jeunes pour favoriser la résilience et le rétablissement et pour éviter qu’ils ne soient aux prises avec le système de justice dès le départ.

RECOMMANDATIONS D’ACTION

5.4.1 Élaborer une stratégie en matière de santé mentale et de toxicomanie propre aux personnes des Premières nations, aux Inuits et aux Métis vivant dans les centres urbains et ruraux.

5.4.2 Faciliter l’accès à un continuum complet de services de santé mentale, de traite-ments et de formes de soutien pour et par les Premières nations, les Inuits et les Métis dans les milieux urbains et ruraux.

5.4.3 Lancer une action concertée entre tous les paliers gouvernementaux pour aborder

des enjeux sociaux complexes qui minent la santé mentale des personnes des

Premières nations, des Inuits et des Métis, comme la violence à l’endroit des femmes

et la surreprésentation au sein des services de protection de l’enfance et des

sys-tèmes de justice pénale, peu importe où ces personnes résident.

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