Un corpus de données canadiennes et internationales de plus en plus volumineux façonne la transformation des systèmes. Toutefois, nous devons accroître significativement notre capacité de mieux comprendre ce qui fonctionne bien pour améliorer la santé mentale et le bien-être et d’utiliser ces connaissances pour mesurer les progrès dans la transformation du système et l’amélioration des résultats.
Des données précises sur la demande pour divers services de santé mentale, leur utilisation et leur efficacité sont nécessaires afin d’améliorer la qualité des services en santé mentale, des traitements et des formes de soutien. La promotion du rétablissement et du bien-être partout où c’est possible doit reposer sur des données probantes concernant les résultats en santé mentale et l’incidence des déterminants sociaux de la santé sur ces mêmes résultats. On doit donc s’entendre sur un ensemble complet d’indicateurs aptes à mesurer la progres-sion de la réforme du système et l’amélioration des résultats dans toutes les régions du pays.
Bien qu’il existe des secteurs pour lesquels la collecte de données en santé mentale soit plus robuste, notam-ment en ce qui a trait à la facturation par les médecins et les hôpitaux, il reste un long chemin à parcourir avant que nous ne disposions des données dont nous avons besoin. Celles-ci sont plutôt minces en ce qui a trait à plusieurs aspects, notamment la satisfaction par rapport aux services de santé mentale et les programmes les plus efficaces qui contribuent au rétablissement des personnes. Par ailleurs, les méthodes de collecte des données varient d’une région à l’autre du pays. C’est le cas notamment de l’information relative aux services en santé mentale dans la communauté ainsi que les données concernant les comportements suicidaires et les causes de décès.
Il ne sera pas possible de combler toutes ces lacunes en même temps puisqu’il faut du temps, des efforts et des ressources pour planifier la collecte des données et les recueillir. Toutefois, il devrait être possible de tirer profit du travail déjà accompli par les gouvernements et les organismes partout au pays et de puiser dans les sources existantes de données, même si elles sont limitées.
Projet d’évaluation commune en santé mentale communautaire, Ontario
L’évaluation commune des besoins en Ontario (ECBO) est un outil décisionnel normalisé conçu pour aider à planifier les services qui permet de recueillir par voie électronique de l’information clé sur plus de 300 programmes dans la province279. Il est basé sur l’instrument d’évaluation des besoins Camberwell, l’outil le plus solidement étayé et le plus reconnu à l’échelle internationale. Il comporte également des éléments supplémentaires utilisant l’approche en matière de rétablissement qui est privilégiée en Ontario280. L’ECBO donne aux personnes ayant des troubles mentaux ou une maladie mentale un moyen efficace de faire connaître leurs besoins et leurs préférences et leur permet de jouer un rôle actif dans l’établissement de leurs plans de soins. De cette façon, l’ECBO permet aux pourvoyeurs de services de mettre l’accent sur les besoins et les forces indiqués par chaque usager. L’outil aide également les services de santé mentale dans la communauté à partager de l’information (avec plein consentement) et à permettre le suivi des informations cliniques à la fois dans les établissements hospitaliers et dans ceux de la communauté.
données pourraient être recueillies relativement facilement, même si ces données ne brossent qu’un tableau partiel. Dans notre Appel à l’action à la page 108, on a établi un ensemble d’indicateurs que l’on pourrait utiliser dans le cadre de ce volet. Le deuxième volet comprend l’élaboration d’un cadre pour la compilation de données complètes sur la gamme des résultats sur le plan social et sur celui de la santé en ce qui a trait au rétablissement et au bien-être à long terme; il vise également l’établissement d’un système pour colliger ces données.
La recherche a donné lieu à d’importantes avancées dans notre compréhension de la santé mentale et de la maladie mentale, touchant des aspects tels que la structure et le fonctionnement du cerveau, l’incidence de fac-teurs génétiques, psychologiques et environnementaux, l’importance de l’autogestion des soins de santé et les déterminants sociaux de la santé mentale. Une planification consciencieuse des projets de recherche, ainsi que la rigueur dans l’interprétation, la communication, l’utilisation des données et l’évaluation sont autant d’éléments essentiels pour améliorer des résultats sur le plan social et en santé pour les personnes vivant avec des troubles mentaux ou une maladie mentale. Ce sont aussi des aspects critiques pour contribuer à la santé mentale et au bien-être de toutes les personnes vivant au Canada.
Comparée à d’autres domaines de recherche et considérant l’impact des troubles mentaux et des maladies sur la société (que ce soit en raison du nombre de personnes touchées ou du fardeau économique) la recherche en santé mentale continue à être gravement sous-financée au Canada. Non seulement faut-il corriger ce déséqui-libre, mais l’on doit aussi mettre au point un plan pour la recherche en santé mentale afin que les subventions soient utilisées de la meilleure manière possible. Un tel plan devrait puiser dans diverses sources de connais-sances et couvrir l’ensemble des questions relatives à la santé mentale. On devrait voir à ce que les personnes ayant un vécu de troubles mentaux ou de maladie mentale puissent participer davantage à la planification stra-tégique de la recherche ainsi qu’à tous les aspects des activités de recherche, y compris la direction des projets.
Il existe quantité de sujets importants susceptibles de stimuler la recherche. Par exemple :
• Que pouvons-nous apprendre de l’expérience des personnes ayant des troubles mentaux ou une maladie mentale et de leurs proches?
• Comment les neurosciences peuvent-elles nous aider à mieux comprendre les causes de maladies mentales ainsi que le rapport entre la maladie mentale et le cerveau et contribuer au développe-ment de médicadéveloppe-ments, de traitedéveloppe-ments et d’inter-ventions plus efficaces?
• Quel effet le vieillissement a-t-il sur la santé mentale?
• Que pouvons-nous apprendre du savoir tradition-nel et des coutumes de diverses cultures?
• Quels sont les effets de facteurs psychologiques, sociaux et environnementaux sur la santé mentale et la maladie mentale au cours de la vie d’une personne?
• Quelles sont les méthodes cliniques les plus efficaces?
• Quelle est la meilleure façon d’organiser les services et les ressources de façon à ce qu’ils puissent soutenir les gens de tous âges et de toutes origines dans leur cheminement vers le rétablissement et le bien-être?
Il faut également accélérer le processus de mise en application de nouvelles connaissances dans les politiques et la pratique à travers l’ensemble du système de santé mentale. Cela passe d’abord par un travail plus efficace de partage de l’information et des résultats de recherche, y compris en ce qui a trait aux pratiques prometteuses et aux initiatives réussies dans toutes les régions du pays. Il importera de bâtir sur les bases déjà établies afin de mieux transformer les connaissances en actions concrètes et pour créer l’infrastructure nécessaire au maintien de leur échange au fil du temps.
La publication de cette stratégie n’est qu’une étape dans la planification qui doit s’effectuer si l’on veut réelle-ment changer le système de santé réelle-mentale. Il est essentiel d’élaborer des lignes directrices et des normes plus détaillées si l’on veut améliorer la qualité des politiques et des pratiques en matière de santé mentale et mieux répondre aux besoins de groupes spécifiques au sein de la population. Par exemple, la stratégie recommande de mettre au point des lignes directrices sur le rétablissement, de créer des normes en matière de santé psycho-logique et de sécurité au travail et d’établir d’autres normes touchant les périodes d’attente pour l’accès aux pro-grammes et services de santé mentale dans la communauté. En coordonnant les efforts dans le cadre de ces activités et d’autres initiatives semblables partout au Canada on évitera de faire le même travail plus d’une fois.
Centre d’échange des connaissances et projet sur la performance des systèmes (Commission)281. Le Centre d’échange des connaissances de la Commission s’efforce d’améliorer la vie des personnes aux prises avec une maladie mentale en créant des moyens pour les Canadiens d’accéder à l’information, de partager leurs connaissances et d’échanger des idées au sujet de la santé mentale. Le projet sur la performance des systèmes a pour but d’assurer que la collecte des données sur la santé mentale au Canada soit plus complète et mieux organisée, de manière à faciliter le processus de prise de déci-sions en matière de programmes et de politiques en santé mentale.