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Relevés des comportements intentionnels et non- non-intentionnels de l’enfant

1. Ontogenèse de la communication

1.3. Les productions intentionnelles et non-intentionnelles de l’enfant

1.3.4. Relevés des comportements intentionnels et non- non-intentionnels de l’enfant

Un enfant, dès la naissance, produit énormément de comportements que l’on peut classer en deux catégories : les comportements communicationnels et les comportements non-communicationnels. Comment faire la différence entre ces deux types de comportements ?

Nous définissons un comportement communicationnel comme une conduite orale ou gestuelle intentionnelle ayant pour but de transmettre un message à ou de produire un effet sur son interlocuteur.

Comment juge-t-on qu’un comportement n’est pas communicationnel ? Pour répondre à cette question, nous devons préciser ce que nous entendons par comportement non

communicationnel. Pour ce faire, voici quelques exemples des conduites non

communicationnelles que peut manifester un enfant avant sa première année. Pour commencer, il peut afficher un grand nombre de mouvements corporels comme :

- du gigotage rythmique : l’enfant remue simultanément ses bras et ses jambes dans un rythme régulier, ce qui lui permet à la fois de prendre conscience de son corps dans l’espace, de ressentir ses membres et d’apprendre à les mouvoir en rythme.

- des regards autour de lui : il faut noter que jusqu’à 5 mois la vision de l’enfant est limitée, elle se développera ultérieurement. Malgré cela, l’enfant se sert de son regard pour balayer le monde qui l’entoure et tâcher de le comprendre.

- des « sourires aux anges » ou des protrusions de la langue : les mères interprètent souvent que les sourires des enfants leur sont destinés mais des études montrent que les enfants sourient et peuvent tirer la langue par imitation de l’adulte (voir Figure 3 p. 43).

- les vocalisations : Les vocalisations se définissent comme des productions voisées, des productions sonores, pendant lesquelles le nourrisson met en résonance ses cordes vocales et qui ne peuvent être identifiées comme des verbalisations par le locuteur lui-même ou son interlocuteur. Par exemple dans le corpus dont il sera question à partir de la section « Méthodologie » p. 113, l’enfant n°101, âgé de 23 mois a produit la vocalisation « hoho ».

Le babillage fait aussi partie de cette catégorie : par exemple, le babillage canonique redupliqué : L’enfant enchaîne des successions de syllabes de sa langue maternelle « mamamama » (voir section 1.4.1 p. 48).

Lorsque un bébé produit ces comportements, sont but n’est pas forcément de produire un effet sur un colocuteur ; d’ailleurs on peut parfois considérer qu’il les produit de manière non intentionnelle (notion définie dans la section 1.3 p 35) et ces conduites lui sont également utiles pour apprendre le fonctionnement de son corps.

Petit à petit, certaines de ces conduites disparaissent (comme le babillage ou le gigotage rythmique par exemple), laissant place à la communication intentionnelle14. En effet, après sa première année (entre 9 et 16 mois selon les études), l’enfant commence à produire des

actes communicationnels intentionnels sous forme :

- de mots ou verbalisations autrement dit, des actes de langage.

Par opposition aux vocalisations, les verbalisations sont des énoncés composés d’unités de sens (de mots) qui peuvent être reconnues et identifiées comme étant des unités de sens ou des mots par le locuteur lui-même ou son interlocuteur. Par exemple, le bébé peut demander un

14 Le balayage du regard reste présent jusqu’à l’âge adulte. Si chez l’adulte un regard peu être interprété comme intentionnel (un regard noir, un regard triste, un regard charmeur…), l’absence de mimique faciale chez le très jeune enfant ne nous permet pas de trancher sur l’intentionnalité ou la non intentionnalité de son regard à moins que ce regard soit couplé à un autre acte communicationnel (pointage, vocalisation, verbalisation).

jouet en disant « *monome15 » et répéter cette demande jusqu’à ce que l’adulte lui donne l’objet en question.

- des vocalisations à valeur linguistique ou non linguistique. Par exemple, les onomatopées peuvent parfois être considérées comme des vocalisations à valeur non-linguistique. Par exemple, l’enfant peut dire « lavroum » pour désigner une voiture. Dans ce cas, l’imitation du bruit de la voiture par l’enfant remplace le nom de l’objet lui-même. En effet, quand l’enfant est très petit, il arrive parfois que mère et enfant utilisent un code commun pour communiquer et qu’au sein de ce code, la voiture soit rebaptisée « la vroum ». Ces vocalisations peuvent aussi rester strictement non-linguistiques tout en ayant un but communicationnel. L’enfant peut apostropher l’adulte par un « hé » pour solliciter son attention.

- de gestes communicationnels. Le geste, par opposition au mouvement corporel qui n’a pas de but communicationnel - marcher, courir, se gratter l’oreille -, est utilisé consciemment ou inconsciemment pour transmettre du sens, et peut être identifié comme faisant sens par le locuteur lui-même ou son interlocuteur. Il peut être utilisé seul - par exemple, l’enfant pointe un objet du doigt de manière répétée en regardant l’adulte et l’objet de manière alternée - ou en complément d’un message vocal ou verbal. Ces dernières sont dites « bimodales » car elles sont produites à travers deux modalités : la modalité vocale et la modalité gestuelle - par exemple, l’enfant pointe un objet du doigt de manière répétée en regardant l’adulte et l’objet de manière alternée et en disant « ayaya16 », voir la capture d’écran ci-dessous.

« ayaya »

Ici, il est très clair que l’enfant instrumentalise la main de l’adulte pour obtenir ce qu’il désire : l’objet. Pour schématiser :

15 Gloser « Bonhomme ».

16 Gloser : « là là là !!!! ». Exemple tiré du corpus dont il sera question à partir du Chapitre « Méthodologie » p. 113.

Figure 2 : Diverses actions ou conduites enfantines

Commentons rapidement le schéma que nous proposons et qui regroupe les conduites évoquées ci-dessus. Pour commencer, remarquons que sur le diagramme, nous avons séparé les conduites de l’enfant en deux catégories : les conduites intentionnelles et non-communicationnelles d’un côté, et de l’autre les actes communicationnels, c'est-à-dire les productions intentionnelles destinées à un locuteur. Remarquons que les actes communicationnels sont classés en fonction de leur modalité d’émission (nous reparlerons de cette typologie tout au long de notre travail) : un acte communicationnel peut donc être

réalisé grâce à la modalité vocale (ce sera une vocalisation ou une verbalisation), grâce à la modalité gestuelle (c'est-à-dire que l’enfant produit un geste ou un regard) ou encore grâce à la combinaison des deux modalités (c'est-à-dire que l’enfant produira un acte bimodal).

Bien entendu, cette conception de l’acte de communication est novatrice car la plupart des études se sont jusque là focalisées sur la partie linguistique de la communication humaine, autrement dit sur l’acte de langage, c’est-à-dire sur le fait de communiquer en produisant des verbalisations. Dans la seconde section de notre état de l’art, nous expliquerons d’où nous vient cette conception bimodale de la communication. Pour l’instant, rediscutons la notion d’acte de langage, d’acte locutoire, d’acte perlocutoire en posant le problème de la prise en compte du geste dans ces notions.

Actions / Conduites Actes Communicationnels Voco-verbaux Gestes Gestes Regards Verbalisations ou actes de langage Vocalisations Conduites non communicationnelles Mouvements corporels Regards Vocalisations non intentionnelles Bimodaux Combinaisons voco-gestuelles Combinaisons verbo-gestuelles

1.3.5. Les comportements intentionnels de l’enfant : Les actes