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Conclusion du Chapitre théorique – rappel des objectifs de cette recherche :

3 Transcription et conventions

3.2 Que coder ?

3.2.2 Annotation des actes gestuels

Quand ils communiquent, les sujets de cette étude n’utilisent pas uniquement des actes vocaux ou verbaux, ils mobilisent l’intégralité de leurs ressources corporelles et usent donc d’actes gestuels ou bimodaux afin de transmettre du sens. Pour appréhender les divers types de gestes communicationnels employés par l’enfant, ces derniers ont été décrits sur une quatrième ligne appelée « Production gestuelle » :

EXEMPLE : MD Index MVT CIRC

* qui signifie Main Droite, Index tendu, MouVemenT CIRCULaire de la main.

Le geste produit est ensuite classé en fonction de sa valeur sur une cinquième ligne (liée hiérarchiquement à la quatrième) nommée « Valeur du geste ».

Des typologies des valeurs des gestes ont déjà été proposées dans la littérature. Pour catégoriser les productions gestuelles de nos sujets, nous avons choisi d’utiliser celles de Colletta (2004) 62 (voir p. 79) car elles ont été créées en observants les gestes produits par des enfants d’âges scolaires (notamment des enfants âgés de 6 et 11 ans) et des adultes ; utiliser cette catégorisation nous permettra donc de faire un pont entre ce qui a été observé par Colletta et ce que nous observerons dans notre corpus.

Voici les types de gestes que nous avons codés :

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Avec lesquelles nous nous sommes familiarisés grâce au Manuel de Codage du Projet ANR Multimodalité – Laboratoire LIDILEM – Stendhal Grenoble 3. (JM Colletta et al ., 2010, ANR Multimodalité - manuel de

codage. Transcription et annotation de données multimodales sous ELAN. Consultable en ligne à l’adresse :

https://docs.google.com/viewer?a=v&q=cache:Cz1I68P-qpYJ:w3.u-grenoble3.fr/lidilem/labo/file/ANRMultimo dalite-manueldecodage.pdf

3.2.2.1 Déictique

Un geste de pointage indiquant un référent précis présent dans la situation (vers un objet ou une personne présent dans la situation de communication). Par exemple, l’enfant dit « là » en [pointant du doigt la chaise vide] ou [pointe un objet du doigt].

« là ? »63

3.2.2.2 Représentationnel

L’enfant utilise une partie de son corps (main, tête, buste…) afin de représenter une caractéristique, un déplacement, une localisation, une action d’un référent. Par exemple, l’enfant dit « lapin » tout en [imitant le mouvement des oreilles d’un lapin sur sa tête] (voir capture ci-jointe).

« lapin ? »

3.2.2.3 Performatif

« Geste qui permet la réalisation non verbale d’un acte de langage (réponse, question, demande de confirmation, etc.), ou qui renforce ou modifie sa valeur illocutoire lorsqu’il est verbalisé » (Colletta & al. 2010). Cette catégorie prend en compte les gestes conventionnels donc culturellement codifiés. Par exemple, l’enfant peut [hocher la tête] pour signifier son acquiescement ou au contraire [secouer la tête] pour notifier son refus. Il peut aussi [tenir le côté extérieur de son index sur ses lèvres] en disant « chuuuuut » pour montrer qu’il veut obtenir le silence OU [former un rond en mettant en contact son pouce et son index] afin de montrer qu’il a compris quelque chose en disant « ok » (voir captures ci-jointes).

63

« chuuuuuuut » « ok »

3.2.2.4 Interactif

Geste par lequel le locuteur vérifie que son interlocuteur lui prête toujours attention (un regard, un contact de la main ou du coude…)

« Tu m’écoutes ? » dit-elle en le regardant et lui touchant le coude.

Colletta et Kendon ont défini d’autres catégories de gestes (voir section 2.3 p. 79), cependant nous n’utiliserons que les quatre précédentes car nos sujets n’en produisent pas d’autres. (A noter que chaque occurrence gestuelle, dans le corpus, peut être accompagnée de la parole ou être exécutée seule).

Figure 15 : Description et catégorisation des gestes en fonction de leur valeur Pour exemple, la capture d’écran ci-dessus montre que l’enfant n°101 âgé de 29 mois a synchronisé geste et parole pour produire un énoncé bimodal :

101 29m (Paroles) : « pèm » *gloser « ferme »

Lorsqu’un geste performatif a été produit, le sens que l’on peut lui attribuer est annoté sur une piste spécifique : la piste « Emblème », dépendante de la piste « Production Gestuelle » (pour un exemple, voir Figure 21 p. 141)

3.2.2.5 Codage des actes gestuels

Il faut préciser que seulement une partie du geste produit est considéré comme porteuse de sens et peut être étiquetée selon les catégories sus-citées. En effet, sur les captures d’écran ci-dessous, un adulte [place ses mains sur sa tête] pour représenter des oreilles de lapin. Le geste produit est découpé en trois temps. Seul le ‘Temps 3’ du geste peut être catégorisé en tant que geste représentationnel car c’est cette partie qui est porteuse de sens et qui peut être glosée, c’est ce qu’on nomme habituellement le « stroke » depuis les descriptions réalisées par Kendon (1980 ou 2004).

Les mouvements apparaissant sur les captures d’écran Temps 1 et Temps 2, quand à elles, ne peuvent pas être catégorisées et sont considérées comme des phases de préparation du geste.

Temps 1 Temps 2 Temps 3

« Stroke »

Dans le cas d’un geste performatif, comme [secouer la tête de droite à gauche plusieurs fois pour montrer son refus], il arrive que les sujets de notre étude exécutent ce geste 10 ou 20 fois sans s’arrêter. Dans ce cas, nous avons considéré l’intégralité de cette production comme un SEUL acte gestuel. Par exemple, sur la capture suivante, le même geste réitéré 10 fois n’est considéré que comme un seul et même acte gestuel performatif64 :

64 Les deux séquences d’images reproduites sur cette page et celles sur les pages suivantes ont été reproduites sur ce support avec l’accord des personnes prises en photo. Ces images ne sauraient être diffusées dans un autre cadre que celui de cette thèse.

Lorsqu’ un sujet réalisait l’emblème [secouer la tête de droite à gauche 5 fois pour montrer son refus] puis marquait une pause avant de réitérer cet acte une fois minimum, nous avons comptabilisé deux actes communicationnel. Par exemple, sur les captures suivantes, un adulte réitère le même geste performatif une dizaine de fois puis prend quelques secondes de pause avant de réitérer ce même geste encore une fois. Nous avons ici deux gestes performatifs à annoter.

Dans le cas des actes gestuels déictiques prenant la forme d’un pointage de l’index, nous avons considéré que le geste dure tant que le doigt du sujet est clairement pointé vers l’objet – le fait de maintenir un geste se nomme un « hold » depuis les descriptions réalisées par Kendon (1980 ou 2004) comme sur la capture suivante dans laquelle le geste de pointage dure 7 secondes) ; ce geste peut donc avoir des durées variables.

0’00 0’01 0’02 0’03 0’04 0’05 0’06 0’07 [---geste déictique---]

Lors de l’exécution d’un acte gestuel déictique, il arrive que les sujets tapotent plusieurs fois du doigt, sans faire de pause, l’objet dont ils sont en train de parler. Dans ce cas, nous

considérons que le geste déictique commence au premier contact doigt-objet et s’achève au dernier contact doigt-objet (comme nous le montrons dans les captures suivantes).

Si un sujet tapote 5 fois l’objet dont il est en train de parler puis fait une pause avant de se remettre à tapoter au moins une fois de l’index le même objet, alors nous annotons deux gestes déictiques différents (voir captures ci-dessous).

Précisions que le geste déictique peut revêtir d’autres formes qu’un pointage de l’index, surtout chez le jeune enfant. Nous avons considérés comme des actes gestuels déictiques les actes gestuels durant lesquels l’enfant (5) brandit un objet en direction du visage de l’adulte car nous estimons que ce geste à une fonction déictique. Aussi, il se peut que (2) l’enfant tende l’intégralité de la main pour pointer un objet du doigt ou (1) se serve de son majeur pointé vers le bas ou (3) de son petit doigt ou (4) de son pouce. Nous considérons ces occurrences comme des gestes déictiques (voir les captures ci-dessous65).

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