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Structure du cheptel

Carte 3. Localisation de la zone d’étude (El-Guedid)

7. Typologie des éleveurs selon les tendances stratégiques de mobilités

7.2. Relations entre logiques spatiales et accès aux pâtures

7.1. Des mobilités intra et extra communautaire toujours affirmées

Contrairement aux conclusions de certains travaux qui semblent percevoir une augmentation de la sédentarisation des éleveurs steppiques (Bencherif, 2011, Nedjraoui, 2008 ; Bensouiah et Bedrani, 2002 ; Berchiche, 2000), les résultats obtenus montrent que la sédentarisation reste une logique minoritaire dans le rapport à l’espace des éleveurs. En effet, il apparaît que la mobilité des troupeaux continue de caractériser encore les systèmes d’élevage au niveau de la région de Djelfa en général et au sein de la zone d’étude en particulier. La dégradation des parcours pastoraux et les nouvelles règles d’accès aux ressources alimentaires et fourragères notamment payantes, ont amené les éleveurs à modifier leurs modalités d’utilisation des territoires et la mobilité de leurs troupeaux qui reste très présente. Les éleveurs mobiles transhumants et semi-transhumants représentent respectivement 30,23 et 52,33 % des éleveurs d’ovins enquêtés (Tableau 1). Au total, 82,56 % des éleveurs pratiquent deux types de mobilités, celle limitée aux territoires communautaires et celle qui concerne les espaces situés en dehors de leurs limites tribales (plus de 100 km à plusieurs centaines de km). L’échelle d’utilisation des pâturages situés en dehors des territoires communautaires est fonction des conditions climatiques (précipitations) et des relations sociales développées par les éleveurs (réseaux sociaux) au niveau de ces sites de transhumance. En général, les éleveurs ont tendance à fréquenter toujours les mêmes sites de transhumance.

7.2. Relations entre logiques spatiales et accès aux pâtures

Chez les transhumants, 52,33 % des enquêtés exploitent des ressources externes à leurs propres parcours pour assurer les besoins fourragers et alimentaires de leurs troupeaux (Figure 1). Une nouvelle forme de l’occupation de l’espace est due au développement des activités agricoles (notamment la céréaliculture et l’arboriculture) et à l’urbanisation soutenue. Compte tenu de ce réaménagement territorial, 50 % des transhumants déclarent ne plus pouvoir faire pâturer leurs troupeaux sur leur territoire steppique d’origine, à El-Guedid-Djelfa, depuis au moins une décennie pour éviter les conflits liés à l’accès aux ressources pastorales. Ils possèdent en général plusieurs troupeaux de grande taille, oscillant entre 300 et 1200 têtes ovines et plus.

Les modes de faire valoir adoptés par ce type d’éleveurs est dominé par le mode indirect (location des parcours) (44,44 % des transhumants). Le reste des éleveurs transhumants est

partagé entre un mode direct et direct-indirect avec respectivement 22,22 et 33,33 % (Figure 2). Pour ce dernier cas, la présence permanente d’un membre de la famille du

77 propriétaire du troupeau est indispensable auprès de son élevage. Pour le mode indirect, les propriétaires des troupeaux rendent visite trois à quatre fois par mois aux bergers pour s’informer des évolutions, notamment de l’état des animaux mais aussi des besoins alimentaires du cheptel et des bergers.

Figure 2 : Les modes de faire valoir appliqués par les éleveurs transhumants

La force de ces éleveurs réside dans leur capacité à réagir rapidement en cours de campagne aux effets des aléas climatiques et autres perturbations socioterritoriales à tel point que leur forte mobilité peut s’assimiler à de nouvelles formes de nomadisme avec des moyens nouveaux : bétaillères, camions citernes, téléphones portables, main d’œuvre qualifiée et relations sociales fortes… Lors de leur absence du "terroir d’attache", les parcours naturels sont mis au repos et surveillés par des membres de la famille. En général, un couple du ménage reste au niveau du siège de l’exploitation pour permettre la scolarisation des enfants, interdire l’accès à leurs pâturages et surveiller le patrimoine fixe de la famille.

Chez les semi-transhumants, 30,23 % des éleveurs évoluent principalement sur les terres de parcours appartenant aux membres de la fraction (famille élargie et membres de la communauté) et même sur des territoires appartenant (au sens social) à d’autres fractions au niveau local. Les troupeaux exploités sont de taille moyenne (100 à 200 têtes voir un peu plus). Le traitement des données recueillies, notamment celles issues des entretiens montre qu’après une phase d’accumulation de richesse (augmentation de la taille des effectifs d’animaux), ces éleveurs semi-transhumants ont tendance à vouloir passer aux transhumances plus longues. Ils sont conscients que la pratique de la mobilité d’amplitude plus importante constitue une stratégie d’adaptation à la diminution des ressources fourragères locales puisque cela leur permet de juguler les calamités en allant chercher les ressources pastorales et

78 agricoles dans d’autres zones plus propices. Le croisement des informations et observations de terrain laisse apparaitre chez ces éleveurs le développement de pratiques qui semblent contribuer à une gestion assez favorable à la régénération de leurs propres pâturages naturels. Ces conduites aptes à préserver les ressources fourragères naturelles s’inscrivent dans une logique réfléchie afin de réduire les dépenses liées aux achats d’aliments de bétail. Ces mêmes pratiques ont été également observées chez les éleveurs transhumants particulièrement ceux qui pratiquent les mouvements issus des savoirs hérités25 : transhumance "Azzaba" (zones nord l’été avec pâture des chaumes)  passage sur les steppes du "terroir d’attache"  transhumance "Achaba" (zones du sud en hiver). Cette logique spatiale associe l’usage de parcours où ils ont un ayant droit social (faire valoir direct) et la pâture sur des terrains où l’accès relève de tractations (le plus souvent en payant un "loyer de l’herbe"). Ce mode est pratiqué par 50 % des semi-transhumants. Les modes direct et indirect représentent respectivement 26,92 et 23,08 % (Figure 3).

Figure 3 : Les modes de faire valoir adoptés par les éleveurs semi-transhumants

Chez les sédentaires, 17,44 % des éleveurs continuent de coexister et échanger avec les autres types d’élevage grâce à leur aptitude à prendre en pension des animaux d’autres éleveurs ou propriétaires d’animaux. Leur savoir-faire de gardiennage (de berger) et leur disponibilité en main-d’œuvre familiale ("capital humain") leur permet de prendre des animaux en pension en plus de leur propre cheptel. Ces animaux sont accueillis (en pension) moyennant une rémunération et aussi un droit d’accès aux parcours des propriétaires d’animaux. La taille de leurs troupeaux (en propre) varie de 50 à 100 têtes ovines.

25La transhumance traditionnelle correspond à des déplacements saisonniers éloignés du siège de l’exploitation. Les éleveurs

passent l’hiver sur les territoires présahariens (transhumance dite "Azzaba") et l’été sur le Tell pour utiliser les résidus de céréales (pâture des chaumes). Entre ces deux déplacements et en attendant l’ouverture des pâturages d’été (résidus de céréales : chaumes et autres), les troupeaux retournent sur la steppe pour exploiter les pâturages de printemps.