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Structure du cheptel

Carte 3. Localisation de la zone d’étude (El-Guedid)

3.6. Les enquêtes et déroulement des étapes

Les enquêtes ont été conduites en deux temps : une phase d’enquête exploratoire semi-directive, entretiens et interviews en 2010-2011 et une phase d’enquête par questionnaire en 2012.

65 3.6.1. Première étape : entretiens exploratoires individuels et de groupes

Ils ont été conduits de manière semi-directive (avec guide d’entretien) et itérative tout au long de la recherche de terrain auprès de personnes ressources d’expérience, notamment les éleveurs possédant un statut particulier et influent au sein de la communauté. Cette étape a été conduite en deux phases :

3.6.1.1. Première phase : le rôle incontournable des personnes ressources

Les entretiens individuels avec des personnes ressources réalisés durant la campagne 2010-2011 ont permis de déterminer les différentes caractéristiques des systèmes d’élevage et les différentes fractions de la tribu des Ouled M’Hani22. L’objectif retenu avait pour principe de produire des connaissances sur la façon dont la société pastorale et les éleveurs en particulier, réagissent à un environnement naturel contraignant et un contexte socioéconomique en mutation et changeant ;

Les entretiens de groupes ont été réalisés exclusivement avec des personnes ressources. L’objectif retenu est de produire des connaissances sur la dynamique et les relations socioterritoriales entre les différentes fractions et individus en matière de gestion des risques.

Dans cette optique, trois outils adaptés ont été employés. Il s’agit d’une part, des interviews individuels (guide d’entretien) et d’autre part, du recours à la combinaison des outils participatifs historiques (profil historique combiné à la ligne du temps). Ce type d’outils23 sert à retracer les événements qui sont à l’origine de certains problèmes ou d’une situation (Chevalier, 2009). Il permet de faire le point sur les opinions ou de la situation dans le temps, et des changements survenus en cours de route (Borrini-Feyerabend et al., 2000). Cette étape a été d’un apport considérable en matière d’informations dans plusieurs domaines : l’histoire de la région, l’évolution des pratiques d’élevage, les conflits, la dynamique écologique, l’évolution de la mobilité des animaux, les systèmes d’élevage dominant, les réactions des éleveurs face aux effets des sécheresses, les indicateurs climatiques traditionnels et locaux, etc.

22 Certains jeunes éleveurs ne connaissaient pas le nombre réel des fractions qui composent leur tribu.

23 Par outil, nous entendons à la fois le support matériel permettant d’effectuer des mesures, les procédures de recueil de ces informations ainsi que les règles d’interprétation de ces informations (cf définition détaillée par Cerf et Meynard, 2004).

66 3.6.1.2. Deuxième phase : recours aux techniques de notation

Les données issues de la première phase d’analyse ont permis de comprendre les facteurs de viabilité économique des élevages, les dynamiques des systèmes d’élevage et foncière et les processus de dégradation des ressources pastorales. Elles ont servi de base pour entamer la deuxième phase qui a pour objectif de collecter les données sur les leviers et les réactions des agropasteurs pour accroitre leurs flexibilités face aux aléas multiples. Cette deuxième phase comporte les entretiens suivants :

Entretiens de groupes : 12 groupes homogènes ont été constitués pour identifier les leviers et les réactions des éleveurs pour résoudre les problèmes liés à l’accès aux ressources alimentaires du cheptel et autres contraintes notamment les problèmes liés au recrutement des bergers. Chaque groupe représente un système d’élevage. Quatre groupes de transhumants, six groupes de semi-transhumants et deux groupes de sédentaires ont été formés. Il est à souligner que les personnes ressources ont joué un rôle fondamental dans la formation des groupes et l’identification des participants car les éleveurs de Djelfa sont devenus très méfiants vis-à-vis des étrangers.

La notation des différents capitaux est l’outil qui a été utilisé pour faciliter la compréhension des attitudes des éleveurs vis-à-vis des stratégies d’adaptation mises en œuvre. Deux objectifs sont visés par cet exercice de notation : évaluer le poids du capital et sa classification. Une échelle de 1 à 5 a été adoptée pour évaluer le poids et l’importance du capital dans l’élaboration des stratégies. Il s’agit d’une classification indépendante des facteurs. Chaque facteur est noté séparément des autres facteurs (capital). La note 5 est la plus élevée et est considérée importante. Dans cet exercice, l’éleveur peut attribuer la même note à tous les capitaux. Dans le deuxième exercice, l’échelle des valeurs est de 1 à 6 (1 étant la valeur la plus importante et 6 étant la valeur la moins importante). C’est une classification interdépendante et hiérarchique des facteurs. Dans ce cas, l’éleveur ne peut pas donner la même classification (note) à plusieurs capitaux. Le choix de cette méthode de notation et de classement des unités est motivé par le fait que les éleveurs n’accordent pas la même considération pour les paramètres qu’ils utilisent dans la mise en œuvre des stratégies. En effet, un capital est considéré important, mais dans la réalité, l’éleveur adopte une autre appréciation pour le classer et ce, par rapport aux autres capitaux. Ce travail a permis la mise en place d’une matrice de notation des capitaux montrant le choix dans la conception des stratégies d’adaptation par rapport aux systèmes d’élevage pratiqués. Cette matrice est élaborée pour tenter d’illustrer la différence qui existe entre les perceptions des éleveurs et sur

67 quel capital se concentre les systèmes d’élevage pour réduire les effets des aléas divers. Les données de la matrice illustrent également la combinaison des différents types de "capitaux" (atouts/capacités) pour tenter d’augmenter les opportunités et les leviers à mobiliser.

Des entretiens individuels complémentaires ont été réalisés pour aborder les thèmes portant sur les modes de fonctionnement et de l’organisation au niveau des unités de production (siège de l’exploitation). Ce travail visant la préparation de la deuxième étape qui concerne les enquêtes formelles en particulier la disponibilité des éleveurs par rapport à leur plan de charge.

3.6.2. Deuxième étape : une enquête formelle à deux passages

La première enquête : L’objectif de la première enquête vise la réalisation d’une typologie des systèmes d’élevage. Pour cela, un questionnaire léger (20 à 20 minutes/éleveur) a été élaboré en tenant compte des informations obtenues lors des enquêtes exploratoires. Le questionnaire est basé sur quatre questions : nom et prénom, système d’élevage, nombre de couples par ménage et fraction. 100 éleveurs ont été concernés par cette étape.

La deuxième enquête : le questionnaire comporte plusieurs volets. Cependant, il axé principalement sur le thème relatifs aux pratiques et aux stratégies d’adaptation basées sur la dotation des capitaux (humain, social, financier, physique, naturel et productif). La méthode des notations a été également employée pour évaluer d’une manière individuelle la dotation des capitaux dans la mise en œuvre des stratégies. Egalement, Deux notations ont également été réalisées. Le premier exercice a concerné l’évaluation du poids et l’importance du capital. L’échelle des valeurs (1 à 5) a permis à chaque éleveur d’attribuer une note selon sa vision (1 moins important et 5 plus important). Le deuxième exercice vise le classement des capitaux en utilisant une échelle des valeurs de 1 à 6 (1 plus important et 6 moins important). Cette méthode de notation a permis de classer les capitaux et de mettre en relief le poids de chaque capital dans la mise en œuvre des stratégies des éleveurs.

Cette étape a été conçue pour répondre à notre principale hypothèse selon laquelle, face à ce contexte d’incertitudes et jeux de contraintes, les éleveurs ont appris à s’adapter selon les opportunités présentes qui sont basées sur la valorisation de leurs différents "atouts - capitaux" (capital naturel, physique, financier, social, humain et de savoirs) pour la mise en œuvre de leurs projets de production. Les autres volets du questionnaire correspondent aux pratiques d’alimentation des animaux pour l’engraissement, aux régimes alimentaires des animaux, aux types d’aliments distribués, aux modes de faire valoir, aux modes d’accès à la

68 ressource et enfin aux éléments de structure de l’exploitation (niveau d’équipements, les superficies labourées, etc..). Une importance particulière a été accordée à la composante mobilité, notamment interne et extracommunautaire. Les aspects sociaux tels que le statut des éleveurs, la famille, notamment le nombre de couple par ménage, ont constitué un volet important du questionnaire lourd. Les différents volets composant le questionnaire ont été identifiés suite à l’analyse des informations collectées lors des précédentes étapes. La répétition et la durée des visites d’une demi-journée à une journée24 ont caractérisé le travail d’enquête et de collecte de données. En effet, la durée de l’enquête est fonction de la disponibilité de l’éleveur. Dans le milieu traditionnel, la maitrise des outils de communication et d’animation est importante pour mener des enquêtes.