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6. Résultats

6.1. Le travail (homo faber)

6.2.2. Les relations interpersonnelles

6.2.2.1. Les relations avec la direction

Les éducatrices et les RSG doivent composer avec les membres de la direction du CPE et du BC, qui ont un certain pouvoir quant à l’organisation et à la coordination de leur travail. Ainsi, nous nous sommes donc intéressée à connaître le lien et le type de relation qui les unies.

Les relations entre les éducatrices des deux regroupements et les membres de la direction semblent être harmonieuses et au beau fixe, mais cela n’a pas toujours été le cas. Deux éducatrices nous rapportent des exemples d’évènements antérieurs où les relations avec les gens de la direction étaient pauvres, voire même désagréables, et cela se répercutait sur l’atmosphère de travail :

Y’a une adjointe qui avait comme pris en charge les trois installations, c’était comme pas nécessairement voulu, mais elle n’y arrivait pas je pense. On voyait que les relations étaient plus tendues puis que c’était, si t’avais un problème on allait vers elle, mais c’est « trouve ta solution et revient me voir », mais c’est comme […] toi dans ta tête t’es éducatrice comprends-

mais se dire, bien garde on a bien beau se donner, mais il y’en a pas de solution. Mais tu vois ils ont réengagé une nouvelle personne, pis ça va beaucoup mieux. Ils se sont comme séparé les tâches, ça va mieux et sont vraiment là pour nous. On le sent faut encore trouver nos solutions, mais on voit qu’ils sont comme plus là pour nous aider à trouver nos solutions. […] Là, je sens qu’on a plus d’appui (EDC17).

Quant à une autre éducatrice, elle affirme avoir été victime d’une certaine forme d’intimidation au travail de la part des gestionnaires. Elle s’explique : « Auparavant, on a eu une direction où c’était spécial, on vivait un peu d’intimidation, c’était des gens froids, puis ça faisait, ça dégageait une énergie pas agréable du tout, où l’on se sentait vraiment incompétent […] il y a eu un gros mouvement de personnel. » (EDC1) De concert avec le conseil d’administration de l’établissement, il y aurait eu une réorganisation de l’équipe de gestion : « Depuis ce jour, c’est vraiment différent, on se sent écouté, on se sent apprécié et on se sent respecté de la direction. » (EDC1)

Cette réorganisation de l’équipe de gestion dans ce regroupement signifie que désormais, il y aurait continuellement un membre de la direction présent au CPE vers qui les éducatrices peuvent se tourner si elles font face à un problème quelconque au travail (EDC3). Cette situation semble plaire aux éducatrices. Par contre, une éducatrice nous affirme qu’il y aurait un manque de communication entre les gestionnaires. Elle nous donne un exemple concernant les enfants ayant des problèmes d’allergies :

Fallait que l’enfant mange dans sa chaise haute parce qu’il est vraiment allergique à un aliment pis si jamais y’a un autre enfant qui en mange à la table, bien c’est grave. Nous on avait demandé, si exemple à une collation, on sait que cet enfant peut la manger comme les autres, est-ce qu’on peut l’asseoir à la table avec les autres? L’adjointe nous a dit oui. La semaine passée, [la directrice] vient me revoir, elle me dit qu’il faudrait que tu identifies vraiment la chaise très importante pour l’enfant il faut absolument que la remplaçante qui vient sache que c’est là qu’a mange. Est où ma cohérence là-dedans (EDC4).

Toujours selon cette éducatrice, il y aurait nécessité que les gens de la gestion aient des réunions entre eux afin de s’entendre sur l’information diffusée dans le CPE. Cela dans le but que les éducatrices aient une ligne directrice afin d’exécuter le travail correctement.

Pour sa part, une éducatrice sous-entend qu’il y aurait quelque passe-droit au niveau de la gestion avec certaines éducatrices. Des privilèges leur seraient accordés que les autres n’auraient pas (EDC17).

Du côté des RSG, il faut se rappeler que les relations avec les administrateurs du BC se font plus rares. Les travailleuses rencontrent l’agente de conformité en temps normal trois fois par année et le soutien pédagogique, rappelons-le, est sur demande des RSG. Du point de vue légal, les RSG auraient, lors de leur

réaccréditation aux trois ans, la visite de l’agente pédagogique et celle de la directrice. Outre ces circonstances, il est possible que les RSG n’aient aucun contact avec les employés du BC.

Malgré tout, certaines RSG ressentent parfois de l’amertume lors des contacts avec les gestionnaires de leur BC. L’une d’elles note que les administrateurs seraient vraiment axés sur le respect de la loi, point par point, lors des visites-surprises. Cependant, cette loi serait loin d’être claire. C’est pourquoi l’équipe du BC se réunirait afin de s’entendre sur la façon de procéder lorsqu’il est question de l’application de la loi et des règlements des services de garde éducatifs promus par le Ministère. De plus, si cette première façon de fonctionner n’est pas efficace, il est possible que le BC décide de modifier la procédure d’application. « Ils [BC] picossent sur des niaiseries, mais ce qui serait plus important, c’est là qu’ils ne mettent pas l’accent. Moi ce que je trouve c’est qu’il y aurait peut-être d’autres façons de nous aider à place de pointiller sur des niaiseries de même. » (RSG13)

La déclaration suivante nous permet de saisir la relation hiérarchique caractérisé par l’aspect contrôlant et qui n’a rien de formateur : « Le bureau coordonnateur des fois, s’il accroche sur quelque chose qui se passe ou une petite affaire, tes papiers sont mal remplis, sont souvent sur ton cas. On dirait qu’il te tape sur les doigts. Tu te sens comme si toi t’étais en dessous puis que tu faisais la job pour eux autres » (RSG14).

Une autre travailleuse affirme se sentir parfois mal à l’aise d’appeler au BC pour demander des informations, et ce, même si les gestionnaires insistent pour ne pas qu’elle se gêne d’utiliser leur service lorsqu’elle en ressent le besoin. « Bien on a peur de déranger ou si on a peur d’être jugé ‘‘elle à de l’expérience puis elle n’est pas capable de régler ses affaires, elle manque-tu de compétences ?’’ on se questionne des fois coup donc je suis-tu bonne ou je ne suis pas bonne, c’est-tu normal ? » (RSG12)

Or, la grande majorité des RSG (7, 8, 9, 10, 11, 12,13) semble entretenir de bonnes relations avec les membres du BC, basées sur l’entraide et le support : « J’ai quand même une bonne relation avec le bureau coordonnateur, c’est sûr que je ne peux pas me plaindre d’eux autres, parce qu’à chaque fois j’appelle, j’ai tout le temps des réponses à mes questions. Je pense, qui sont assez humaines, je sais que c’est pas partout comme ça, mais non on est choyé » (RSG13).

C’est d’ailleurs dans l’optique de pouvoir obtenir de l’aide et du support de professionnels qu’une RSG a décidé de se rallier au BC lorsqu’elle eu envie d’ouvrir son service de garde en milieu familial.

coordonnateur, mais dans le temps c’était les CPE. […] On va se sentir appuyé, puis on va avoir de l’aide, parce que ça nous paraît lourd des fois, la paperasse, les relations humaines, les enfants, les formations, c’est du stock. On se sent, même si on ne leur demande pas continuellement de l’aide, on sait qu’ils sont là. Juste savoir ça, ça fait du bien on a quelqu’un à qui se référer (RSG12).

Une autre RSG, qui, à ses débuts, a ouvert au privé, affirme que le support que son BC lui procure maintenant lui manquait autrefois. Le BC représente pour elle un point de référence pour son travail lorsqu’elle fait face à des questionnements de tout genre (RSG8).

Nous avons pu remarquer que le BC semblait relativement efficace lorsqu’il est temps de répondre aux interrogations des RSG. « Ils répondent super vite, t’envoie un courriel dans la journée, quelques heures après dans la journée, ce n’est pas long, ils nous répondent, ils t’appellent. Moi je trouve qu’ils sont vraiment là pour nous quand qu’on a besoin. » (RSG11) Toutefois, une RSG (13) apporte un bémol à cette affirmation. Selon elle, il y a certains jours dans la semaine où il est fort probable de tomber sur le répondeur des agentes, le lundi et le vendredi seraient des journées propices à accéder à leur boîte vocale. Le retour d’appel irait alors au mardi suivant. De plus, elle apporte une autre réserve concernant la disponibilité des gestionnaires du BC qui auraient changé au fil du temps. « Fallait que mes enfants y’aillent pour leur antécédent judiciaire, puis les petits questionnaires à remplir, mais là mon fils travaille à St-Apollinaire, il est allé sur l’heure du dîner, puis elle l’a pris. […] Avant ils venaient le soir, je faisais tout le temps ça le soir, puis là maintenant ils ne forcent plus sur le soir, ils font ça comme nous autres. J’imagine qu’ils veulent qu’ils travaillent pas de soir, qu’ils travaillent de jour aussi » (RSG13).

Pour elle, cette réorganisation dans l’horaire de disponibilité des agentes afin de rencontrer les membres de sa famille ne semble pas trop l’avoir affectée étant donné que ses enfants sont en âge de se déplacer par eux-mêmes. Mais qu’en est-il pour la RSG qui a des enfants plus jeunes et qui ne peuvent avoir accès à un moyen de transport?