• Aucun résultat trouvé

6. Résultats

6.1. Le travail (homo faber)

6.1.1. Les conditions de travail

6.1.1.3. Planification

Comme tout travail, celui en petite enfance nécessite une planification afin de permettre aux éducatrices et aux RSG d’offrir des services de qualité aux enfants qu’elles ont sous leur supervision. Nous allons voir comment ce temps de planification est alloué et administré dans leur horaire de travail.

Toutes les éducatrices nous ont affirmé avoir du temps de planification payé qui leur était accordé de la part du CPE. Cependant, certaines nuances s’imposent entre les éducatrices des deux regroupements. Les

de cette période, elles planifient leurs activités et recensent le matériel qu’elles auront besoin d’utiliser pour s’y faire : « dans cette heure-là, c’est là qu’on prévoit si on a des choses pour le bricolage à aller chercher. On essaie de prévoir notre matériel dans notre local pour éviter justement de sortir et de laisser nos enfants tous seuls dans notre local » (EDC4). Une collègue amène un élément de réponse intéressant à considérer. La planification de son travail serait bel et bien payée, mais pas toute l’année. En effet, en saison estivale, le temps alloué pour la planification ne serait pas rémunéré : « L’été ce n’est pas payé par exemple, parce que l’été on fait des festivals, on est en équipe de deux, donc on n’a pas de planification comme tel pour notre groupe, on a du temps pour faire un festival qui est payé, mais c’est payé sur notre temps de travail, il y a des éducatrices qui vont nous remplacer parce qu’il y a moins d’enfants » (EDC 3).

Répétons-le, l’heure de planification allouée par semaine aux éducatrices de ce regroupement est payée, mais elle n’entre pas pour ainsi dire dans l’horaire de travail décrit dans la section précédente. C’est ce qu’explique une éducatrice : « C’est à faire à notre guise. On n’a pas de moment précis c’est en dehors de nos heures de travail. Y’en a qui le font un petit peu à chaque pause, y’en a qui le font à la maison. Moi, c’est souvent à ma pause que j’en fais, et je termine à la maison, parce qu’une heure ce n’est pas assez pour remplir notre planification » (EDC4).

En ce qui concerne les éducatrices du deuxième regroupement, ces dernières nous ont rapporté se voir octroyer un peu moins de temps de planification et qui est réparti sur des plages horaires différentes. « C’est une 1 h 30 heures toutes les deux semaines. Dans cette heure-là, on fait le calendrier du mois, on prépare nos activités, on prépare une rotation dans nos bacs de jouets, dans nos coins ateliers, sortir des nouveaux ateliers. Sinon aussi ça peut déborder, dans des heures à la maison. Oui on est payé, c’est sur nos heures de travail, c’est une éducatrice remplaçante qui vient prendre le groupe le temps que nous on est en planification » (EDC15).

Une éducatrice de ce regroupement (EDC15) nous laisse aussi entendre que le temps de planification alloué est insuffisant pour répondre à l’ensemble des tâches prescrites. Une éducatrice (EDC17) nous donne une piste de réponse afin de comprendre pourquoi ce temps est insuffisant. Elle dit devoir faire, dans cette heure et demie aux deux semaines, la planification des activités, mais aussi des tâches connexes à la planification éducative, telles que voir à la propreté de son local, faire des étiquettes, aménager les espaces de jeux, élaborer des expériences clés pour les enfants et faire les évaluations de leur développement global. Ces tâches font aussi partie de son temps de planification. Or, certaines démarches au sein de son installation seraient enclenchées afin de résorber cette situation : « Mais là, on a comme un comité, qui travaille pour augmenter le temps de planification, ou bien de séparer mettons, on reste une 1h30 heures de planification là,

mais est-ce qu’on pourrait avoir une autre heure de libération pour l’organisation de ton local, ou laver les tablettes » (EDC17).

La nécessité de voir à l’entretien ménager semble être une tâche généralisée à l’ensemble des éducatrices. Certaines du premier regroupement (EDC 3, 4,5) disent qu’elles trouvent irritant de voir constamment à la désinfection des jouets et du local. « Deux jours par semaines, on ramasse tous nos jouets, on vient à la cuisine, on met ça dans le lave-vaisselle, on s’occupe de notre lavage, on désinfecte nos couchettes, notre literie, on prend notre planification pour ça aussi » (EDC3). Une autre éducatrice (EDC4) renchérie en affirmant qu’elle trouve cette situation lourde, et qu’elle a l’impression de ne jamais prendre le temps de s’asseoir et de jouer avec les enfants, car il y aurait constamment de la désinfection de toute sorte à effectuer; poignés de portes, tapis, chaises-hautes, etc. Elles auraient déjà demandé à la direction d’employer des gens pour effectuer ces tâches, mais, selon la directrice de l’établissement, le budget ne le permettrait pas.

Dans un autre ordre d’idées, tout porte à croire que les éducatrices donnent libre cours à leur inspiration en ce qui a trait à la planification de leurs activités. Aucune d’entre elles nous a mentionné devoir respecter certaines balises lors de l’élaboration de leur calendrier d’activités mensuelles. Une éducatrice nous a affirmé cependant n’avoir qu’une contrainte lors de la planification : celle du matériel à ne pas utiliser. « Comme ici avant, c’était la mode avant de faire des bricolages avec du riz, des pâtes alimentaires, de la poudre de Jell-O, mais étant donné qu’on était dans un milieu un petit peu défavorisé, avec le CPE il était convenu […] qu’on ne jouerait pas avec la nourriture » (EDC3).

Pour leur part, les RSG ont tout autant une planification de leur travail à faire. Par contre, elle pourrait être considérée comme « ad hoc ». La majorité des RSG s’entend pour dire qu’elles consacrent quelques heures de leur fin de semaine à l’organisation d’une semaine type de travail : « Bien premièrement le dimanche, je planifie tous mes repas pour la semaine, pis je sais où je vais pour pas toujours me répéter […]. Mes bricolages bien importants, pis les activités, c’est sûr on touche au côté éducatif. J’essaye que ça ne devienne pas trop, j’essaie de varier. Comme les jouets, je ne les sors pas tous. […] C’est bon quand il y a une rotation » (RSG12).

L’hygiène et la salubrité du service de garde sont aussi un aspect important pour les RSG, certaines d’entre elles se sont même aidées en créant un support visuel sous forme de calendrier avec l’ensemble des éléments nécessitant d’être désinfectés, chaque jour, aux deux jours ou à la semaine (RSG8).

Revenons à l’essence même de la planification éducative. Une RSG, qui était autrefois éducatrice en installation, souligne l’importance de prévoir les activités à faire avec son groupe : « Je trouve ça important de prendre des thèmes, puis de m’asseoir et de faire un calendrier de planification d’activité parce qu’en milieu familial c’est facile de se laisser aller, parce que justement on est seule puis on a personne pour soutenir notre motivation » (RSG7). L’élaboration d’un calendrier d’activités permet aux éducatrices d’avoir une ligne directrice pour le déroulement de leur journée tout en soutenant leur motivation personnelle à continuer de planifier des activités éducatives nouvelles.