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6. Résultats

6.1. Le travail (homo faber)

6.1.1. Les conditions de travail

6.1.1.2. Horaire de travail

Après s’être intéressé au statut des travailleuses, il est maintenant temps de s’attardé à leur horaire respective de travail. Nous y aborderons, le nombre d’heure hebdomadaire, les congés et dans quelques situations, le temps supplémentaire effectué en marge de l’horaire initial.

En général, les éducatrices en CPE travaillent de 32 à 36 heures par semaine réparties sur quatre jours et ont une journée de congé. Il leur serait permis de choisir elles-mêmes l’horaire de travail qu’elles désirent en suivant le principe de l’ancienneté. « Je fais 32 heures semaine, j’ai ma journée du jeudi en congé […] Là c’est nouveau à tous les trois ans dans le fond on choisit le groupe qu’on va avoir, notre journée de congé et l’horaire qu’on veut. On commence par l’ancienneté, les plus vieilles choisissent » (EDC3). Une éducatrice nous dit travailler trois jours par semaine pour un total de 27 heures, mais uniquement par choix personnel (EDC16).

mais personnellement, je me suis mise disponible le vendredi dans le fond on a le droit pis des fois, on sait que les éducatrices remplaçantes sont pas très là. On n’en a pas beaucoup et la liste n’est pas longue » (EDC 17).

A priori, cet horaire de travail peut sembler convenable et équilibré, par contre, il n’en est pas toujours ainsi. Certaines éducatrices affirment devoir faire du temps supplémentaire et adapter leur journée de travail dans le but de respecter le ratio enfants /éducatrices promu par la loi, qui parfois est trop élevé et à d’autres moments trop bas. Parce qu’il y avait trop d’enfants à l’ouverture de l’installation, l’une d’elles souligne qu’une réorganisation des horaires de travail s’imposait « On a toutes rechangé les horaires, celles qui commençaient à huit heures, elles commencent à sept heures quarante cinq, elle qui commençait à huit heures et quart, commence à huit heures. On a toutes changé nos heures, mais on est toutes pénalisées, on finit pas plus de bonne heure. Notre horaire finit plus de bonne heure, mais nous on ne finit pas plus de bonne heure. Même à cinq heures la fille qui finit à quatre heures quarante cinq c’est rare qu’elle peut partir » (EDC 17).

Toujours en lien avec l’horaire de travail, une autre travailleuse affirme qu’un nouveau règlement en vigueur au sein de son installation lui procurait un certain inconfort. Ce règlement prescrit que, lorsque le ratio d’enfant est assez bas et le permet, l’éducatrice doit soit quitter son poste pour aller remplacer une autre éducatrice dans un autre groupe qui elle va faire certaines tâches en suspens dans le CPE ou bien considérer cette journée comme un congé et rentrer chez elle. « Maintenant je trouve ça difficile, y’a un règlement qui fait que quand t’as pas toutes tes enfants, comme nous on est trois éducatrices, si y’a moins de 10 enfants bien y’en a une qui faut qui s’en aille. Si on est même 11, parce que maintenant on a droit à un enfant de plus » (EDC4).

De plus, il est du devoir de cette éducatrice (EDC4) de veiller à ce que l’ouverture de l’installation puisse se faire tel que prévu à 6h45 le matin. Cependant, selon ses propos, il serait peu probable, voire même impossible, d’ouvrir le CPE et d’accueillir les enfants à l’heure convenue s’il n’y avait pas un travail d’au moins 15 minutes à effectuer au préalable pour préparer le local afin de recevoir les enfants de façon sécuritaire : « Oui quand j’arrive faut que je défasse les chaises que je les mettre par terre, que je mettre les tapis, y’a 15 minutes qui faut que j’aère mon local avant de commencer, c’est sûr que je pourrais le faire dans le courant de la journée, mais je pense que c’est bon de le faire avant que les enfants soient là. […] Ça déjà été demandé d’être rémunéré 15 minutes avant de rentrer, mais ça n’avait pas été accepté ».

Qu’en est-il de l’horaire de travail des RSG ? Elles ont mentionné l’obligation d’offrir des services de garde d’au minimum 50 heures par semaine. « C’est plus que 50 heures en présence d’enfant, parce que des

fois, y’en a un qui appelle bien là je suis en retard, ou je suis pris dans le trafic. Bon ça arrive occasionnellement. » (RSG13) Le temps passé en présence d’enfants ne représente qu’une partie de leur travail. Il faut savoir qu’il est aussi de leur ressort de voir à l’organisation complète des activités de leur service de garde. « En CPE ils ont une cuisinière qui élabore les menus, qui prépare les repas, bien nous on doit vraiment élaborer notre propre menu nous-mêmes, préparer les repas nous-mêmes, on a tout l’aspect de la gestion comptabilité contrat avec les parents, on a tout cet aspect-là aussi à faire. Côté ménage, y’a personne qui fait notre ménage dans notre garderie à notre place, la désinfection des jouets, la planification activités, on fait des journées de 10 h, mais en plus de notre journée on a toute ces tâches-là à faire. Pas de pause ! » (RSG 7)

Ainsi, plusieurs de ces travailleuses s’entendent pour dire qu’elles font en moyenne 60 heures de travail par semaine (RSG8). Cette charge de travail importante n’est pas sans conséquence sur la qualité de vie des RSG. Une travailleuse a affirmé avoir fait un épuisement professionnel étant donné la surcharge de travail qu’implique ce métier. Pour cette raison, son service de garde est désormais ouvert quatre jours par semaine. « Quand j’ai été en arrêt je me suis fait offrir des postes en CPE, j’avais le choix de revenir en milieu familial ou d’aller en CPE, pis le gros avantage pour moi d’aller en CPE c’était de travailler quatre jours. Puis y’en a de plus en plus qui font du quatre jours en milieu familial » (RSG7).

Conséquemment, une RSG avoue encourager les jeunes éducatrices nouvellement diplômées à travailler d’abord dans les CPE avant d’ouvrir leur service de garde en milieu familial. Ce conseil découle principalement de ce qui a été amené plus tôt par ses consœurs comme quoi le travail de RSG implique un grand investissement personnel. « Si t’aimes pas assez ça, fait pas ça parce que tu réussiras pas, tu pourras pas réussir à avoir un milieu familial, à travailler tout le temps 55 heures, 60 heures par semaine. Il y a beaucoup d’à-côté, beaucoup d’à-côtés » (RSG13).