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6. Résultats

6.1. Le travail (homo faber)

6.2.2. Les relations interpersonnelles

6.2.2.3. Relation avec les parents et enfants

Les éducatrices comme les RSG ont à entrer en contact avec les parents des enfants qu’elles ont sous leur responsabilité. D’abord dans le but de d’échanger de l’information sur le déroulement de la journée, mais aussi afin d'établir une collaboration durable pour le développement harmonieux de l’enfant. Nous nous sommes également intéressée aux liens affectifs qui s’établissaient entre la travailleuse et les enfants de son groupe.

D’emblée nous avons pu observer qu’entretenir une bonne relation avec les parents semblait une priorité pour l’ensemble des répondantes. Cependant, dans certaines circonstances, des éducatrices nous ont rapporté que cela pouvait être plus difficile.

Une éducatrice qui est en poste depuis peu nous dit que l’ouverture d’esprit de chaque parent et leur personnalité respective pouvaient rendre l’établissement d’un lien de coopération plus complexe. « Il faut que tu penses à ton affaire avant de dire quelque chose. Il vas-tu le prendre bien, le prendre moins bien » (EDC17). De plus, elle nous informe que son horaire de travail ne lui permet pas d’avoir un contact avec l’ensemble des parents de son groupe, comme c’était le cas avant. « Là avec le poste que j’ai, je suis pognée avec les papiers de fin de journée. Mais moi si je marque de quoi sur mon papier de fin de journée, le parent va l’interpréter comment ? Parce que c’est des écritures […] C’est la seule affaire que je trouve difficile, parce qu’il y a beaucoup d’interprétation dans la vie » (EDC17). Pour pallier du mieux qu’elle peut cette situation, elle nous dit revenir avec le parent, le lendemain matin, sur un commentaire qu’elle a inscrit sur le message de fin de journée de son enfant, si elle est dans l’impossibilité de le voir le jour même.

Une autre éducatrice de rotation dit que ce type de poste peut rendre l’établissement d’un lien de confiance avec les parents un peu plus difficile, car ils ne la voient qu’une journée par semaine. Toutefois, elle, tout comme le parent, se laisse un temps d’adaptation : « Le parent type qui fréquente la garderie collabore très bien, on se laisse du temps, y’a une ouverture de la part de moi et des autres éducatrices pour encadrer le parent et permettent une bonne collaboration avec eux pour leur enfant » (EDC15).

Une fois qu’une bonne relation est établie sur des bases solides entre l’éducatrice et le parent, il est primordial que ce lien reste purement professionnel et qu’il ne se transforme pas en amitié, et ce, même si beaucoup d’affinités sont présentes entre l’éducatrice et le parent (EDC18). De plus, une autre souligne la nécessité de développer un lien de confiance fort avec le parent qui servirait d’assise pour un partenariat durable pour le bien-être de l’enfant (EDC16). C’est grâce à ce partenariat basé sur la confiance et le professionnalisme qu’il serait possible d’aborder des sujets plus délicats avec le parent au sujet de son enfant. C’est d’ailleurs ce qu’une éducatrice expérimentée explique :

C’est très important d’établir un lien de confiance avec le parent. C’est ce que je fais au début sans être têteuse, parce que ça, je ne suis pas d’accord. C’est d’établir un lien pour l’enfant pas pour nos avantages. Pis ça aussi c’est quelque chose que je trouve bien parce qu’avec les années, notre directrice nous a toujours parlé de ça, c’est quelque chose qui a toujours été amené en réunion, un lien de confiance, parce qu’on a par le passé travaillé avec le CLSC, quand on travaille avec le CLSC bien y’a des problématiques qui demandaient des diagnostiques, mais des diagnostiques que toute reste confidentiel, la confidentialité. Ça aussi là que je veux en venir, établir un lien de confiance bien c’est ça tu peux pas dire ‘‘aller consulter’’ tant que le lien de confiance est pas, tant qu’il n’y a pas d’ouverture avec ton parent, parce que le parent va se sentir attaqué (EDC18).

le temps de s’accroupir auprès d’eux pour établir un contact avec eux, non ça va super bien, une belle atmosphère selon moi » (EDC15). Afin d’obtenir cette ambiance sereine, une éducatrice affirme qu’il est impératif d’établir des règles de vie à respecter avec les enfants. « Les enfants t’as à établir, mettre en place des consignes puis à encadrer le groupe, puis faut que ça soit respecté, mais en même temps on est là […] Faut pas glisser dans une relation de contrôle ou de pouvoir, ce n’est pas ça le but, c’est vraiment d’égale à égale » (EDC16).

Pour les RSG, entretenir de bons liens avec les parents et leurs enfants semble être tout autant important sinon plus qu’en CPE. Principalement parce qu’elles ont des ententes de services de garde avec les parents qui s’échelonnent sur une longue période, parfois dès les premiers mois de vie de l’enfant jusqu'à son entrée à la maternelle. Tout comme en CPE, les RSG font face à certains défis.

Quelques RSG (7, 13, 14) ont mentionné le fait que certains parents auraient de la difficulté à respecter le fonctionnement du service de garde. Une d’elles s’exprime : « Bien y’a des parents qui abusent un petit peu, dépassent les heures, ils suivent pas nécessairement les règlements que moi j’ai mis pour mon service de garde pour que toute se passe bien pour les enfants. Sinon en général ça se passe bien » (RSG14). Cette dernière nous donne un exemple d’un parent qui brise la routine de sa garderie.

Pour mon horaire on sort vers 9 h le matin pour aller au parc. Puis le parent typique qui dérange mon horaire va arriver vers 9 h 30, il va m’appeler puis, « tu es où » bien je suis en route vers le parc ou peu importe, mais j’ai pas tout le temps mon cellulaire avec moi, je dois tout le temps me dire est-ce qu’il va venir me rejoindre dans la rue ou il suit pas… moi je lui ai demandé d’arriver avant 9 h pour que tout se passe normalement. On s’habille tout le monde ensemble on revient la routine continue. Ou sinon, il va arriver vers 12 h 30-12 h 45 pour venir porter son enfant. Dans le fond ça brise la sieste, l’heure tranquille pour lire un livre […], mais ces parents- là je leur répète souvent l’horaire que je veux, comment ça fonctionne.

Pour une autre RSG, cette problématique du respect de l’horaire du service de garde se présente le soir au départ des enfants. « Ils oublient des fois, faut rappeler les règles, choses que j’ai un petit peu de misère à gérer là. Les dépassements, ils ont toujours des bonnes excuses, ils font comme s’ils ne voyaient pas l’heure » (RSG13). Elle continue en disant : « Le vendredi, il va arriver à 5 h, puis il est assis sur mon banc, mais c’est parce qu’il est 5 h, là il est 5 h 05, il est 5 h 10 puis là les autres, les grands frères, les grandes sœurs ils rentrent […] c’est parce que moi aussi, il est 5 h pour moi. Ça j’ai une couple de parents avec qui j’ai de la misère dans la gang que j’ai ».

Pour cette raison, une RSG affirme qu’il est primordial d’imposer ses limites dès la signature du contrat et d’être très clair dans sa réglementation afin d’éviter les abus des parents : « Quand j’avais moins

d’expérience, j’aurais peut-être senti que les parents me montaient un petit peu plus sur la tête si on peut dire, mais là maintenant j’hésite pas à imposer mes limites, ce qui fait que c’est plus moi qui offre un service, le parent prend le service » (RSG7).

Une deuxième problématique qui peut rendre l’instauration d’un lien viable entre les parents et la RSG semble être les discordances de valeurs. Plusieurs d’entre elles nous ont mentionné ce sujet. Il faut toujours se rappeler qu’en milieu familial, les parents et les RSG ont généralement tendance à se côtoyer pendant plusieurs années contrairement à en CPE. À ce moment, les conflits de valeurs peuvent être plus fréquents qu’en installation. « Ils ont d’autres principes, d’autres visons de la vie, d’autres valeurs. Sont pas nécessairement mauvaises, mais des fois sont différentes de nous autres puis c’est de toute s’ajuster à ça, c’est pas évident » (RSG12).

Une RSG qui a aussi vécu ce genre de situation mentionne l’importance de la communication pour résorber le problème : « C’est sûr que des fois y’a des valeurs, ont a pas toujours les mêmes valeurs, des fois il y a des petites frictions, faut communiquer, faut parler, expliquer nos règles comme il faut dans le fond, qu’est-ce qu’on accepte, qu’est-ce qu’on n’accepte pas » (RSG11). Une autre travailleuse nous explique que s’il y a vraiment un grand écart entre les valeurs des parents et les siennes, il lui serait probablement impossible de travailler en collaboration avec eux. Dès lors, elle pourrait décider de briser l’entente de service de garde (RSG10).

Tout comme l’a mentionné une éducatrice, cette RSG est d’avis qu’il est plus que nécessaire de ne pas franchir la mince ligne de l’amitié avec les parents : « Moi je pense qu’en milieu familial c’est important justement qu’ils restent les parents de ma garderie qu’il y ait une honnêteté, une franchise, une complicité entre les deux, mais pas une amitié. Ça c’est une ligne qui est vraiment dure à ne pas franchir en milieu familial » (RSG7). La raison principale étant qu’au moment où elle aura à lui faire part d’un commentaire au sujet de son enfant ou simplement de refuser une de ses demandes, cela pourrait créer une tension entre eux. Ainsi, si la limite de l’amitié n’est pas franchie, il sera plus facile pour la RSG de garder son rôle, tout comme pour le parent, et de résoudre le malentendu avec professionnalisme (RSG7).

Malgré tout, les RSG semblent entretenir de très bonnes relations avec les parents de leur service de garde. C’est d’ailleurs ce que rapporte cette travailleuse : « J’ai de très bon parents compréhensifs, y’a un petit détail concernant un enfant, ils vont prendre le temps de s’asseoir, on va prendre le temps de jaser, vraiment l’ambiance c’est calme, il n’y a pas de tension, il n’y a pas rien, les parents sont là pour m’aider aussi »

franchise. « J’ai une très bonne relation. Moi ils savent très bien comment s’est passé la journée de leur enfant, que ce soit négatif ou positif. C’est sûr que quand c’est négatif, on essaie toujours de mettre du positif » (RSG10). De plus, elle affirme que lorsque les parents sont confrontés à un problème avec leur enfant, quel qu’il soit, c’est vers elle qu’ils se tournent afin d’obtenir de l’aide ou un conseil. Cela s’expliquerait, à son avis, par le fait que l’enfant passerait plus de temps en sa compagnie qu’avec ses parents (RSG10).

Une RSG nous éclaire sur un aspect qui peut l’aider à entretenir de bonnes relations avec les parents usagers de son service de garde : « La relation avec les parents, moi elle est excellente, déjà en partant, ce qui est un petit peu en milieu familial, c’est que tu peux choisir ta clientèle jusqu’à un certain point, parce que j’ai jamais refusé, faut tu penses qu’ils rentrent dans ta maison, c’est des gens qui rentrent chez vous, t’essaie autant que possible d’avoir du monde qui ont tes valeurs, qui vont respecter comment est-ce que tu es » (RSG9). Il faut rappeler que c’est leur statut de travailleuse autonome qui leur permet de choisir la clientèle avec laquelle elles vont travailler.

Pour ce qui est de la relation avec les enfants qu’elles ont sous leur responsabilité, les RSG semblent entretenir des liens très forts avec eux. Une RSG nous explique comment elle arrive à avoir une bonne relation avec les enfants « J’ai des valeurs assez larges, que dans le sens que c’est respect, la confiance, puis je suis très, quand je dis quelque chose je le fais. Moi les affaires de menaces, lever le ton, jamais […] c’est l’avantage, c’est que tu les as jeunes et tu les as longtemps. C’est un gros avantage, donc la relation avec les enfants elle est super bonne […] La relation est vraiment beaucoup plus proche qu’un groupe en CPE que t’as un an que tu revois dans le corridor c’est comme pas pareil. Le lien est beaucoup plus fort » (RSG9).

Une autre RSG affirme entretenir une belle relation avec les enfants, même qu’elle les considère comme les siens : « Avec les enfants, c’est une belle relation, vu que justement on passe beaucoup de temps avec eux dans le fond, c’est du matin au soir on développe des liens d’attachements qui sont forts. C’est comme nos enfants à temps partiel on pourrait dire » (RSG11). Cette autre RSG partage aussi ce sentiment envers les enfants de son service de garde : « Moi je donne un service en tant que mère, que si j’envoyais mes enfants dans une garderie, je m’attendrais à avoir un service comme ça » (RSG10).

En milieu familial, le respect de l’unicité de chaque enfant est aussi valorisé. « Quand ils se lèvent j’en profite pour qu’ils aient un petit temps à eux autres. Quand je lève mes grands, je vais m’asseoir avec eux autres, en profiter pour jaser, ou pour les bercer, chacun leur tour […] Là c’est notre temps, ils ont chacun leur petite période » (RSG13). Finalement, une autre mentionne que la relation significative avec les enfants de sa garderie est bel et bien établie. Cette relation serait basée sur la communication et le respect des besoins de

chacun. Le côté affectif serait tout autant comblé : « C’est des câlins, j’ai pas peur d’en faire, y’ont pas peur d’en faire, d’en donner, ça va bien de ce côté-là » (RSG8).