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212 Code pénal et nouveau Code Pénal. Paris. 1994:298.

213 Resnick PJ. Murder of the Newborn: a psychiatric Review of Neonaticide. The American Journal

of Pstchiatry 1970; 126: 1414-1420.

214 Simmonot AL, 2002 ; Ibid.

215 Bonnet C, 1993; Ibid. 

Le taux global d’infanticide serait de 1 cas pour 10 000 naissances216.

Selon une étude rétrospective217 récente menée par Tursz (pédiatre) et Cook (anthropologue médical), le taux de néonaticides serait largement sous-estimé. En analysant les dossiers judiciaires de trois régions de France sur une période de 5 ans (1996-2000), les chercheurs rapportent 2.1 néonaticides pour 100 000 naissances, contre 0.39 pour 100 000 dans les statistiques officielles.

La mise en parallèle à la fréquence du déni de grossesse estimée environ à 1 cas pour 500 amène à penser que la majorité des dénis de grossesse n’aboutit pas à un néonaticide.

- L’étude de Brezinka218 qui étudie 27 cas de dénis de grossesse ne retrouve pas de cas de néonaticide. D’ailleurs, l’auteur précise que l’infanticide doit être considéré comme une issue extrême et non comme l’aboutissement habituel du déni de grossesse.

- L’étude de Wessel219 retrouve un cas de néonaticide parmi les 66 dénis de grossesse.

- Pierronne220 ne mentionne aucun cas de néonaticide dans son étude. Cependant, Libert221 mentionne à propos de cette étude - à l’occasion du Colloque français sur le déni de grossesse - des décès d’enfants évités grâce à l’intervention d’un tiers, le plus souvent par hasard.

A l’inverse, selon les études, les femmes ayant commis un néonaticide présenteraient de manière inconstante un déni de grossesse (de 30 à 100%)222.

- Bonnet223 a rencontré 4 femmes ayant commis un néonaticide au cours de son étude.

Ces monographies font toutes état d’infanticides précédés par des dénis totaux de grossesse.

- Selon Dayan224, le déni total de grossesse représenterait un facteur de risque indiscutable de néonaticide.

      

216 Dayan J, 1999; Ibid.

217 Tursz A, Cook J. A population-based survey of neonaticides using judicial data. Arch Dis Child Fetal Neonatal Ed published Online first : 6 dec 2010.

218 Brezinka C, 1994 ; Ibid.

219 Wessel J, 2003 ; Ibid. 

220 Pierronne C, 2002 ; Ibid.

221 Libert M. Déni de grossesse et décès du nouveau-né. Propos introductifs.  In Actes du premier colloque français sur le déni de grossesse. Toulouse : Ed Universitaires du Sud, 2009: p105-109.

222 Tronche AM, 2007 ; Ibid.

223 Bonnet C, 1993 ; Ibid.

- Sur cinq cas de néonaticides étudiés au Québec225, deux femmes ont dissimilé leur grossesse, une femme l’a dénié jusqu’à l’accouchement.

- Beier226 trouve 42 cas de dénis de grossesse parmi les 98 cas d’infanticides répertoriés dans son étude multicentrique de tous les instituts médicaux légaux de République Fédérale d’Allemagne entre 1980 et 1989. L’auteur ne précise pas le caractère total ou partiel du déni de grossesse. Les autres cas sont considérés comme des dissimulations de grossesse.

- Spinelli227 a évalué systématiquement 17 femmes inculpées pour néonaticide aux Etats-Unis. Pour chacune d’entre elles, un entretien psychiatrique a été réalisé dans le cadre d’une expertise médico-légale. Dans chaque cas, les auteurs ont objectivé un déni de grossesse : 12 femmes ont présenté un déni partiel associé à une conscience intermittente de l’état de grossesse et 5 un déni total. Cette étude ne précise pas les critères du diagnostic de déni de grossesse.

- Dans la plus récente publication parue à ce sujet, Tursz et Cook déclarent ne retrouver aucun cas de « déni de grossesse » parmi les 27 cas de néonaticides étudiés.

Cependant, Le Nestour228, pédopsychiatre attachée à l’analyse de ces cas de néonaticides, nuance les propos autour de l’absence de déni de grossesse retrouvé dans l’étude : « Nous préférons parler de méconnaissance partielle avec fluctuabilité temporelle extrêmement intense de l’investissement ou de la dénégation et de la grossesse et de l’enfant en résultant ». Dans tous les dossiers, la grossesse est toujours connue, au plus tard au 4ème ou 5ème mois de grossesse, puis la grossesse est restée dissimulée et cachée. Les expertises montrent que la sidération post-traumatique avec plus ou moins déni immédiat de l’acte est pourtant précédée d’une connaissance intellectuelle de la grossesse avec un désinvestissement passif ou actif de celle-ci. Ces femmes semblent fluctuer entre des moments de prise de conscience de leur état de grossesse et des moments de dénégation. Leurs vécus corporels liés à la grossesse subissent le même type d’investissement avec des vécus très dysharmonieux (confusion des manifestations de la grossesse avec des symptômes de la sphère       

224 Dayan J, 2009 ; Ibid.

225 Dubé M, 2003 ; Ibid. 

226 Beier KM, 2006 ; Ibid.

227 Spinelli MD, 2001 ; Ibid. 

228 Le Nestour A., Vellut N. Données expertales de néonaticides. Enfance et Psy 2010; 48: 137-143.

digestive). L’énigme essentielle est le refus plus ou moins conscient du terme de la grossesse avec l’arrivée d’un bébé. Les auteurs ajoutent que s’il fallait employer le mot déni, il ne porterait que sur l’inéluctabilité de l’accouchement. Les auteurs pensent alors que la notion de déni total ou partiel n’a plus son intérêt. Il semblerait que les auteurs de cette étude considèrent qu’il y a déni de grossesse lorsque la grossesse est découverte à l’accouchement, et n’incluent pas les dénégations dans leur définition. Pour autant, la nuance apportée par la pédopsychiatre fait bien référence à une conscience intermittente de la grossesse que Dayan et Bayle ont classé parmi l’ensemble des dénis de grossesse. Selon Bayle229, « Exclure l’hypothèse du déni de grossesse ne suffit pas, il faut réfléchir à ce qu’est la grossesse psychique et quelle est son architecture ».

- Selon Dayan230, les dissimulations, pleinement conscientes, sembleraient plus fréquemment que les dénis de grossesse accompagnées d’infanticides ou de délaissement létal du nouveau-né.

Ces études montrent qu’un lien entre déni de grossesse et néonaticide existe. Pour autant ce lien n’est pas systématique. La grande variabilité des résultats retrouvés renvoie en partie à l’absence de définition précise et commune concernant le « déni de grossesse ».

Parmi les négations de grossesse, déni total et dissimulation de grossesse sembleraient plus fréquemment associées à un néonaticide même s’il constitue une issue rare.

V.4.3- Clinique et processus psychique du néonaticide dans le cas du déni