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L’enfant trouvera la mort, soit de façon accidentelle soit au cours d’un néonaticide dans environ une naissance sur 8000. La plupart des dénis de grossesse s’achèvent par la naissance d’un enfant vivant190.

Pour Marinopoulos191, seul le déni total de grossesse est susceptible de porter atteinte à la vie de l’enfant. Le déni partiel de grossesse viserait à protéger l’enfant.

V.1- Complications néonatales

L’étude de Wessel192 montre une élévation du risque néonatal statistiquement significatif (données évaluées de manière comparative avec les statistiques périnatales générales de Berlin) dans les dénis de grossesse. En effet, l’étude révèle :

- Une fréquence plus importante de naissances par voie chirurgicale ou à l’aide d’instrumentation (sans autre précision) : 36% versus 21%,

- Une fréquence plus importante de bébés dont le poids de naissance est inférieur à 2500g : 18% versus 6% dans la population témoin,

- Une fréquence plus importante de retard de croissance : 27% versus 8%, - Une fréquence plus importante d’accouchements prématurés : 16% versus 6%, - Une fréquence plus importante de transferts en néonatalogie : 29% versus 9%,

- Une mortalité néonatale évaluée à 1,5%. Ce pourcentage prend en compte un décès intra-utérin par insuffisance placentaire.

Ces taux indiquent que le déni de grossesse est une situation à risque pour le fœtus et le nouveau-né.

      

190 Bayle B. Psychopathologie et conception humaine. In A la poursuite de l’enfant parfait. L’avenir de

la procréation humaine. Paris : Robert Laffont, 2009 : 192-25.

191Marinopoulos S. De l’une à l’autre (de la grossesse à l’abandon). Hommes et perspectives, 1997.

192 Wessel J, 2003 ; Ibid.

 

Selon l’auteur, cette augmentation de morbidité peut être considérée comme la conséquence des facteurs de risque présents dans toute grossesse qui ne bénéficie pas du suivi médical habituel.

En ce qui concerne les paramètres du post-partum (APGAR, pH artériel du cordon ombilical) l’auteur n’a pas noté de différence par rapport à la population témoin des nouveau-nés dès lors qu’ils naissent en maternité.

Selon l’auteur, la raison principale qui explique un plus grand risque néonatal est l’absence d’adaptation normale des patientes à leur grossesse simplement parce qu’elles n’en n’ont pas conscience. Le mode de vie de la patiente ne tient pas compte de la grossesse en ce qui concerne les risques liés à l’activité professionnelle, aux activités de loisirs tels que la poursuite d’une activité physique intense. De plus, une nutrition non adaptée peut aussi être impliquée, avec d’autres aspects psychosociaux qui ne prennent pas compte des besoins particuliers liés à l’état gravide (consommation de tabac, d’alcool).

L’auteur ajoute que des facteurs socio - démographiques peuvent aussi influer le déroulement de la grossesse (5 fois plus de femmes bénéficient d’une aide sociale).

Nirmal193 trouve également dans son étude un taux de prématurés significativement plus élevé chez les femmes qui ont dénié leur grossesse. De façon anecdotique, cette étude révèle une fréquence significativement plus élevée de dénis de grossesse pendant les mois d’hiver.

On ne sait pas si le déni de grossesse en lui-même constitue un facteur de risque indépendant.

Pour Dayan194, « Si la survenue de complications néonatales peut être mise en relation avec l’absence de toute précaution prise par les femmes enceintes, il n’est pas certain que ce facteur suffise à expliquer leur fréquence et leur gravité ».

Brezinka195 a relevé dans son étude une morbidité plus élevée chez les nouveau-nés (prématurité, malformation, décès in utero) issues de grossesses déniées partiellement par rapport aux dénis totaux de grossesse. Les résultats se répartissent en trois groupes en fonction du terme de découverte de la grossesse :

      

193 Nirmal D, 2006; Ibid. 

194 Dayan J, 2009 ; Ibid. 

195 Brezinka C, 1994 ; Ibid.

- Les complications néonatales les plus fréquentes sont retrouvées entre 21 et 26 semaines d’aménorrhée. Trois enfants sur 7 sont morts-nés (deux d’entre eux avec des malformations sévères), deux enfants prématurés (deux menaces d’accouchements prématurés à 21 et 22 semaines qui permettent de découvrir la grossesse ; les enfants sont nés à 28 et 32 semaines), un enfant présente un retard de croissance intra-utérin, un bébé est né sans problème de santé particulier.

- Entre 27 et 36 semaines (9 bébés), les auteurs retrouvent : un décès intra-utérin, une naissance prématurée à 32 semaines survenue immédiatement après l’annonce de la grossesse (l’enfant va bien), un cas de pré-éclampsie maternelle, 6 bébés en bonne santé.

- Lorsque la grossesse est déniée jusqu’à l’accouchement, les 11 bébés sont nés à terme et en bonne santé.

Ces constatations étonnantes n’ont pas été retrouvées dans l’étude de Pierronne196. Parmi les 29 dénis totaux de grossesse :

- 6 bébés sont décédés à la naissance : - parmi eux 3 bébés sont nés à terme (2 sont morts-nés, état constaté dans un cas par le médecin du SMUR venu à domicile ; dans un cas aux urgences où la mère accouche après un transfert en hélicoptère nécessité par une hémorragie massive due à un hématome rétro-placentaire ; le troisième décède après la naissance qui vient d’avoir lieu aux urgences).

- dans les 3 autres cas, la grossesse n’est pas arrivée à son terme : une mère découvre sa grossesse à 33 semaines et accouche aussitôt d’un bébé mort in utero depuis plusieurs jours ; une grossesse est découverte à 23 semaines et l’échographie décèle un syndrome polymalformatif chez un bébé dont la viabilité est peu probable, une interruption médicale de grossesse est décidée; une mère atteinte de dermato-fibro-myosite très invalidante découvre sa grossesse à 22 semaines, une interruption thérapeutique de grossesse est décidée.

- 5 sont transférés en néonatalogie, - les 18 autres vont bien.

      

196 Pierronne C, 2002 ; Ibid

Libert, collaborateur de l’étude de Pierronne ajoute que l’analyse de ces 6 décès ne permet de tirer aucune conclusion épidémiologique. Elle montre seulement la diversité des configurations que nous pouvons rencontrer lorsque, la grossesse n’ayant pu être suivie, l’accouchement n’a pas pu être préparé et peut devenir un moment à haut risque.

Selon Brezinka le principal risque néonatal réside dans la mauvaise interprétation des signaux d’alarmes tels que les contractions de début de travail. Il existe aussi des dangers médicaux liés à la prise de médicaments potentiellement tératogènes, et l’exposition aux rayons X.

V.2- Complications obstétricales

Brezinka trouve une fréquence de complications obstétricales : pré éclampsie, menace d’accouchement prématuré, paradoxalement plus élevée chez les femmes ayant découvert leur grossesse en cours de grossesse par rapport aux mères qui ont mené leur grossesse à terme et n’en n’ont pris conscience qu’à la naissance. Un cas de pré éclampsie a été retrouvé, et trois accouchements prématurés. Aucune autre complication maternelle n’est répertoriée. Ces résultats ne font pas l’objet de comparaison avec la population générale des femmes enceintes.

La survenue d’un travail brutal, bref hémorragique mettant en danger la vie de la mère a été plusieurs fois observé dans les monographies décrites par Bonnet197.

Nirmal198 ne trouve pas de différence significative entre la morbidité maternelle des femmes ayant dénié leur grossesse par rapport au groupe témoin. L’auteur précise cependant que ces femmes doivent être considérées à « haut-risque » en raison de la morbidité périnatale significativement plus élevée.

Les complications obstétricales graves coïncident parfois avec la découverte de la grossesse et entrainent la levée du déni.

      

197 Bonnet C, 1990 ; Ibid.

198 Nirmal D, 2006 ; Ibid. 

V.3- Conséquences sur la relation mère-enfant

La plupart des dénis de grossesse s’achèveraient par la naissance d’un enfant vivant. Une grossesse suivie tardivement ou non suivie constitue à elle seule un facteur de risque du trouble des interactions précoces.