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Chapitre 2: RECENSION DES ÉCRITS

4.2. RECUEIL DES DONNÉES

Basé sur un schéma utilisé précédemment dans l’Arctique Canadien (Kuhnlein et al., 2004), le recueil des données a porté sur l’obésité, l’alimentation, la sécurité alimentaire

ainsi que sur les aspects sociodémographiques et du mode de vie qui pourraient être associés au phénomène d’obésité chez les PN de Colombie-Britannique. Un atelier de formation a été organisé en 2008 au bénéfice de deux représentants choisis par chaque communauté sélectionnée pour participer à l’enquête. Les représentants formés devaient conduire les entrevues dans leurs propres communautés.

Dans les communautés, la participation à l’enquête était volontaire et confidentielle; les entrevues étaient menées en anglais ou en dialecte local, sous la supervision des coordinateurs nutritionnistes formés en méthodologie de la recherche, pour s’assurer du respect des recommandations faites lors de la formation des enquêteurs.

Le recueil des données s’est réalisé lors des entrevues administrées à l’automne 2008 et à l’automne 2009. Cette période de l’année a été choisie pour éviter des absences massives dans les communautés, notamment à cause des activités traditionnelles de chasse et de pêche. Notons que certaines de nos données étaient autodéclarées, bien que ce genre de données puisse parfois mener à des résultats biaisés (Bellisle et al., 1997; Black al., 1993; Lichtman al., 1992). Aussi, certains personnes obèses ou en embonpoints pourraient avoir sélectivement sous-déclaré leurs prises alimentaires (Carter et Whiting, 1998; Schoeller, 1995), notamment pour des raisons de désirabilité sociale (Guo et al., 2004).

4.2.2. OUTILS DE RECUEIL DES DONNÉES

Le questionnaire utilisé (Voir annexes C) était relié au projet d’étude nationale sur l’alimentation, la nutrition et l’environnement des Premières Nations du Canada (First Nations Food Nutrition and Environment Study» (FNFNES), mis en œuvre en partenariat par la « University of Northern British-Columbia », l’Université de Montréal, Santé Canada et l’Assemblée des Premières Nations du Canada (Chan et al., 2011).

Ce questionnaire a été élaboré en s’inspirant des travaux de Kuhnlein et al. (2001) auprès des peuples autochtones du Canada. Pour en tester le contenu et la forme, il a été soumis aux représentants des communautés ayant participé à l’atelier de formation du 18 au 20 juin 2008 à Prince George, en CB; en plus, les résultats de l’étude ont été présentés à chaque communauté individuellement.

4.2.2.1. Données sur l’excès de poids

En cas d’acceptation par le participant, des mesures directes du poids et de la taille étaient effectuées pour le calcul de l’IMC (OMS, 2003). Dans le cas où le participant n’acceptait pas de se faire mesurer, des mesures autodéclarées étaient utilisées (Annexes C.I, questionnaire III), conformément aux études de Kuhnlein et al. (2004) et de Bolton-Smith et al. (2000).

Le poids était mesuré en habillement léger, sans chaussures, utilisant une balance pèse- personnes tarée, avec une précision de ±100g. La taille était mesurée grâce à un stadiomètre ou toise, à 0,5cm près. L’IMC était alors calculé en divisant le poids par le carré de la taille (OMS, 2003). Une seule mesure du poids et de la taille était prise ou rapportée au moment de l’enquête.

4.2.2.2. Données sur l’alimentation

Pour colliger les données sur l’alimentation, deux outils ont été utilisés:

4.2.2.2.1. Le questionnaire de fréquence alimentaire (Questionnaire, Annexe C.I.) Ce questionnaire a été utilisé exclusivement pour les aliments traditionnels usuels, consommés par saison, pendant une année, d’après un modèle utilisé chez d’autres autochtones canadiens et adapté à la Colombie-Britannique (Viger et al., 2006).

La liste des aliments traditionnels actuellement consommés en CB a été établie par le FNFNES sur la base d’une recension des écrits sur l’alimentation des PN en CB et la contribution des communautés participantes à l’étude, lors de l’atelier de formation organisé du 18 au 20 juin 2008 à Prince George, CB. Des questions leur étaient posées sur les types et les quantités d’AT consommés, ainsi que sur la fréquence de consommation de ces aliments durant les quatre saisons de l’année écoulée. Un support contenant les images des différents aliments généralement consommés dans le milieu était présenté afin de fournir une aide visuelle aux participants. Les questions portaient sur les poissons, les crustacés et les algues, les mammifères marins, les mammifères terrestres, les oiseaux sauvages, les baies sauvages, les plantes sauvages, les aliments provenant d’arbres, les champignons et les fruits et légumes provenant des jardins (Chan et al., 2011). La liste obtenue au cours de cet atelier a été utilisée pour confectionner le QFA utilisé dans cette étude et peut être consultée en Annexe C.I.

4.2.2.2.2. Le rappel de 24h (Questionnaire, Annexe C. II.)

Un seul rappel de 24h a été utilisé dans cette étude (Guo et al., 2004; Rose et Oliveira, 1997; Tarasuk et Beaton, 1999; Zizza et al., 2008), en appliquant une méthode à passes multiples à trois étapes afin d’obtenir des données exactes et détaillées (Blanton et al., 2006; Chan et al., 2011). Selon Basiotis et Welsh (1987), des données colligées sur base d’un rappel unique de 24h constitueraient une mesure fiable de la consommation alimentaire usuelle au niveau des groupes ou des populations.

Les données des rappels de 24 heures ont été classées manuellement selon le Guide Alimentaire Canadien - Premières Nations, Inuit et Métis (2007) qui reflète les valeurs, les traditions et les choix alimentaires des Premières Nations, des Inuits et des Métis, en vigueur au moment du recueil des données (Kuhnlein et al., 2004). Afin de minimiser la prévalence de sous-déclaration des aliments, la formation des enquêteurs a inclu des moyens visant à contourner les oublis de consommations, un des facteurs les plus

importants de sous-déclaration: il s’agit, en plus de la méthode des passes multiples à trois étapes, des éléments sur la communication interpersonnelle entre les sujets et les enquêteurs, notamment la simplification du langage et la motivation du sujet, et l’utilisation des aides à la mémoire comme les modèles d’aliments en plastique, les photographies et diverses portions graduées (Poslusna et al., 2009).

4.2.2.3. Données sur l’insécurité alimentaire des ménages (Questionnaire, Annexe C.V)

L’insécurité alimentaire (IA) était mesurée à partir des comportements, des expériences et des conditions déclarées par les ménages lors de l’entrevue et se rapportant aux 12 mois précédant l’enquête (Santé Canada, 2006). Les données étaient colligées grâce au module d’enquête sur la sécurité alimentaire des ménages ou « MESAM », inspiré du « US Household Food Security Survey Module Questionnaire » (HFSSM) (Kendall et al., 1996), tel qu’adapté aux Autochtones canadiens (Lawn et Harvey, 2003).

Bien que certains auteurs suggèrent de n’utiliser que les dix items destinés aux adultes pour déterminer le niveau de sécurité alimentaire des ménages lorsque l’échantillon comprend des ménages avec et sans enfants (Wilde, 2004), nous avons intégré le questionnaire en entier, avec les items pour adultes et pour enfants. Nous nous sommes ainsi référé à l’expérience de Kirkpatrick et Tarasuk (2007) qui, sur un échantillon de Canadiens tous âges confondus vivant dans des résidences privées dans 10 provinces canadiennes, avaient trouvé que 98,5% des adultes vivant dans les ménages canadiens en état d’IA basée sur la mesure du ménage entier resteraient classés comme étant en état d’IA en se basant uniquement sur le statut de sécurité alimentaire des adultes du ménage. En plus, nous avons considéré le fait que l’IA atteindrait les adultes avant les enfants (Radimer et al., 1990; Radimer et al., 1992).

Afin de surmonter la faiblesse évoquée par divers auteurs concernant le fait que les différences culturelles et contextuelles n’étaient pas prises en compte dans la mesure de l’IA (Coates et al., 2006; Power, 2008; Willows, 2005), nous avons également mesuré l’accès des ménages aux aliments traditionnels, nous inspirant des travaux de Lambden et al. (2007), à travers les réponses aux questions 8c et 8d (questionnaire Annexe C. IV). Ce questionnaire a donc permis d’intégrer l’aspect « accès des ménages aux aliments traditionnels », complétant ainsi l’aspect « accessibilité financière aux aliments», que mesure le MESAM (Santé Canada, 2007).

4.2.2.4. Données sociodémographiques et du mode de vie (Annexe C.IV)

Ces données ont été colligées grâce au questionnaire portant sur les aspects socio- sanitaires et sur le mode de vie, en particulier celles pouvant influencer le risque d’excès de poids comme l’âge, le sexe, le tabagisme, l’activité physique, la participation à la pêche, à la chasse ou à la cueillette d’aliments, l’éducation (Matheson et al., 2008).