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Chapitre 2: RECENSION DES ÉCRITS

2.1. EXCÈS DE POIDS

2.1.2. FACTEURS POTENTIELLEMENT ASSOCIÉS A L’EXCÈS DE POIDS

2.1.2.3. Facteurs du mode de vie

Divers facteurs du mode de vie sont incriminés dans la genèse de l’excès de poids: parmi eux, nous citons l’activité physique et le tabagisme dont les rôles sont analysés dans les rubriques qui suivent.

2.1.2.3.1. Activité physique

L’activité physique jouerait un rôle protecteur contre l’excès de poids (OMS, 2003); elle a été identifiée comme facteur de confusion dans la relation entre l’alimentation et la composition corporelle (Duval et al., 2008).

Le vocable activité physique désigne un champ complexe comprenant plusieurs composantes dont les activités physiques liées au loisir, au transport, aux heures de travail et aux activités ménagères (Kelishadi et al., 2008). Selon l’OMS (2003), l’activité physique réfère à tout mouvement des muscles squelettiques provoquant une importante augmentation de la dépense énergétique par rapport à la dépense énergétique au repos. L’inactivité physique ou comportement sédentaire est un état dans lequel les mouvements sont réduits au minimum et la dépense énergétique est à peu près égale au métabolisme énergétique au repos. L’exercice physique résulterait généralement en une diminution, au moins modérée (approximativement 0,1 kg/semaine), du gras corporel (Ballor et Keesey,

1991). Notons toutefois que la quantité d’énergie dépensée varie selon le type d’activité physique choisi et que l’économie énergétique de l’activité (dépense énergétique / travail performé) serait modifiée par sa relative intensité, le groupe de muscles utilisés, et la plage des mouvements impliqués (Hunter et al., 1998).

Diverses études ont montré une association entre l’inactivité physique et l’excès de poids. Un faible niveau d’activité physique serait lié à un risque plus élevé de gain de poids et d’obésité (Black et Macinko, 2008; Jebb et Moore, 1999; Slattery et al., 2006). Plus concrètement, Frank et al. (2004), dans une étude sur les relations entre l’environnement résidentiel de 10 878 participants américains, la marche, le temps passé en voiture et l’obésité, ont trouvé que chaque kilomètre additionnel parcouru à la marche était associé à une diminution de 4,2% du risque de l’obésité, tandis que chaque heure additionnelle passée en voiture augmentait le risque de l’obésité de 6%.

D’autres recherches pourraient être citées, notamment celle de Weinsier et al. (1998) et de Prentice et Jebb (1995) qui ont suggéré qu’un mode de vie inactif ou une réduction de l’activité physique serait le facteur le plus important pour expliquer l’augmentation de la prévalence de l’obésité. Citons aussi celle de Hunter et al. (1996) qui ont trouvé une relation inverse entre l’activité physique et l’adiposité. Weinsier et al. (1995) ont aussi montré après quatre ans de suivi des femmes de poids normal mais ayant été obèses dans le passé, que celles ayant rapporté ne pas faire de l’activité physique avaient gagné deux fois plus de poids que celles qui en pratiquaient régulièrement.

Des études transversales menées par Slattery et al. (1992) et Fogelholm et al. (1996), ont rapporté que des niveaux de haute intensité d’activité physique seraient associés à de plus faibles poids ou masses corporelles. Une étude prospective menée par Rissanen et al. (1991) sur 12 000 adultes finlandais a trouvé que les hommes et les femmes sédentaires couraient deux fois plus de risque de gagner substantiellement du poids que ceux

physiquement actifs. Selon ces derniers auteurs, un plus grand apport énergétique serait associé au gain de poids uniquement chez les femmes, suggérant qu’au niveau des populations, la relation entre l’activité physique et le gain de poids serait plus robuste que celle entre l’apport excessif d’énergie et le gain de poids.

Notons que les personnes inactives peuvent aussi avoir d’autres comportements comme de mauvaises pratiques alimentaires, le tabagisme et la consommation d’alcool (Dannenberg et al., 1989) qui pourraient avoir des effets délétères sur la quantité et la distribution du gras corporel. Puisque le tabagisme et la consommation d’alcool augmenteraient le dépôt de gras viscéral (Troisi et al., 1991) et que l’inactivité physique serait associée à l’augmentation du gras corporel, l’effet net résiduel de cette covariance serait l’augmentation du risque de morbidité et de mortalité liée à l’excès de poids.

L’inactivité physique, facteur de risque d’obésité (McMurray et al., 2000) a aussi été associée au statut socio-économique (SSE). Selon Parks et al. (2003), les personnes à faible SSE auraient plus tendance à avoir un faible niveau d’activité, et donc un risque plus élevé d’excès de poids, que celles ayant un SSE relativement plus élevé. Cependant, selon McMurray et al. (2000), les habitudes d’inactivité physique ne seraient pas nécessairement associées à un faible SSE car des adolescents des familles à faible SSE auraient rapporté des niveaux plus élevés d’activité physique et une plus grande participation dans des activités physiques d’intensité plus élevée. A ce sujet, Postkit (1993) suggère que l’alimentation des sujets à faible SSE devrait être davantage considérée comme facteur explicatif de la prévalence élevée d’obésité plutôt que les niveaux d’activité physique.

2.1.2.3.2. Tabagisme

Plusieurs études ont montré une association entre le tabagisme et l’excès de poids. En général, dans tous les groupes d’âge, les fumeurs pèseraient moins que les non-fumeurs

(Albanes et al., 1987; Gordon et al., 1975; Shimokata et al., 1989). Les anciens fumeurs gagneraient aussi du poids après avoir cessé de fumer (Albanes et al., 1987; Shimokata et al., 1989). Diverses études transversales ont montré que contrairement aux non-fumeurs, les fumeurs auraient un IMC plus bas (Ward et al., 2002), la minceur étant directement corrélée avec la durée mais pas avec l’intensité du tabagisme (Albanes et al., 1987). Selon Shimokata et al. (1989), l’adiposité centrale, tel que mesurée par le ratio « tour de taille/tour de hanches (TT/TH), serait toutefois significativement plus élevée chez les fumeurs que chez les non-fumeurs. Le mécanisme par lequel le tabagisme augmente l’accumulation viscérale de gras corporel serait encore inconnu. Une hypothèse explicative proposée est que l’effet indirect du tabagisme sur la distribution du gras corporel serait médié à travers l’androgynéité augmentée (Shimokata et al., 1989) pouvant conduire à une accumulation du tissu adipeux dans l’abdomen plutôt que dans la région fémorale-glutéale, le milieu hormonal contrôlant la direction de la distribution du gras corporel en excès (Bjorntorp, 1988). Une augmentation de l’activité androgénique serait associée à un ratio TT/TH élevé aussi bien chez les femmes obèses (Hauner et al., 1988) que chez les non-obèses (Seidell et al., 1989). Mais ce résultat n’a pas été observé chez les hommes. Aussi, le tabagisme aurait un effet masculinisant, les indices biologiques (LDL cholestérol plus élevée, HDL cholestérol moins élevé, distribution centripète du gras corporel) reconnus comme étant plus élevés chez les hommes que chez les femmes, seraient également plus élevés chez les fumeurs (Shimokata et al., 1989). Cependant d’autres études seraient nécessaires pour déterminer le rôle des hormones dans la distribution du gras corporel (Troisi et al., 1991).

Signalons cependant que dans leur récente étude sur l’effet du tabagisme sur la dépense énergétique totale, ayant pour sujets 158 hommes et 146 femmes âgés de 40 à 60 ans et provenant de la « National Cancer Institute (NCI) Observing Protein and Energy Nutrition » (OPEN) aux États–Unis, Bradley et al. (2010) n’ont pas trouvé d’association significative ni entre le tabagisme et l’IMC, ni entre la dépense énergétique totale chez les

hommes et les femmes fumeurs et non-fumeurs, ce qui indiquerait que le gain de poids observé par certains auteurs après l’arrêt du tabagisme serait lié à un apport énergétique plus élevée et une diminution de la dépense énergétique totale. En conséquence, les auteurs ont suggéré que les professionnels de santé intègrent des conseils nutritionnels dans les programmes de prise en charge d’anciens fumeurs contre l’excès de poids.