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Chapitre 2: RECENSION DES ÉCRITS

2.4. INTERRELATIONS ENTRE LA QUALITÉ DE L’ALIMENTATION,

2.4.4. EXCÈS DE POIDS, QUALITÉ DE L’ALIMENTATION ET INSÉCURITÉ

alimentaire était définie sur base des réponses des ménages aux questions sur la suffisance en aliments convenables, par fréquence. Les analyses étaient faites en contrôlant pour diverses variables sociodémographiques pouvant influencer les consommations alimentaires.

Par contre, Zizza et al. (2008) ont abouti à des résultats contraires en recherchant les relations entre l’IA et les consommations énergétiques totales journalières chez les femmes (n = 2 707) et les hommes américains (n = 2 933) âgés de 18 ans et plus. Pour ce faire, ils ont examiné les données d’un rappel de 24h et du HFSSM établi sur douze mois et provenant du NHANES 1999-2002, en exploitant seulement les dix items relatifs aux adultes pour s’assurer que tous les participants étaient soumis à la même mesure. Les auteurs ont conclu que contrairement à ce que laisserait croire d’autres études, l’IA pourrait être associée à une plus grande consommation d’énergie, en compensant la réduction de la fréquence des repas par une augmentation de la quantité des repas et de l’énergie provenant des collations, ce qui l’associerait à l’excès de poids.

2.4.4. EXCÈS DE POIDS, QUALITÉ DE L’ALIMENTATION ET INSÉCURITÉ ALIMENTAIRE

A notre connaissance, il n’existe pas de publication portant sur les interrelations impliquant les trois variables, l’obésité, la QA et l’IA ensemble. La présente étude vise à contribuer aux connaissances dans ce domaine.

Chapitre 3: PROBLÉMATIQUE

L’excès de poids, en particulier l'obésité, est un problème de santé publique dans le monde (OMS, 2003). Il s’agit d’une condition multifactorielle impliquant des facteurs génétiques et environnementaux (Cassuto et Ziegler, 2006; Frelut, 2003; Froguel et al., 2000). Une association a été évoquée entre l'obésité et l'insécurité alimentaire (Lyons et al., 2008; Adams et al., 2003; Sarlio-Lähteenkorva et Lahelma, 2001; North, 2001), entre l'obésité et la qualité de l'alimentation (Kuhnlein et al., 2004; Hofbauer, 2002; Otten et al., 2006; Wilde et Peterman, 2006) et entre l'insécurité alimentaire et la qualité de l'alimentation (Champagne et al., 2007; Swindale et Bilinsky, 2006; Kendall et al. 2006). Ces trois facteurs seraient tous reliés au phénomène de transition nutritionnelle, tel que suggéré par Delpeuch et Maire (2004) et Popkin et al. (1999) pour l'obésité, par Kuhnlein (2004) et Maire et al. (2002) pour l'insécurité alimentaire et par Johns et Eyzaguirre (2006), Maire et Delpeuch (2004) et Receveur et al. (1997) pour la qualité de l'alimentation.

Les Autochtones participent actuellement au phénomène de transition nutritionnelle (Kuhnlein et al., 2004), un phénomène mondial frappant particulièrement les pays en développement et les peuples autochtones dans les pays développés et caractérisé par une occidentalisation des schémas alimentaires, marqués par de plus fortes consommations de gras et de sucres raffinés (Popkin, 2001).

En CB, aucune étude régionale n'a été réalisée à date sur la nutrition des Autochtones. Cependant, des études isolées, menées dans certaines communautés, suggèrent une diminution de l'alimentation traditionnelle au profit des aliments commerciaux (Kuhnlein et al., 1989), et un taux d'obésité plus élevé chez les Autochtones que dans la population générale (Self et al., 2005; Kuhnlein et al., 2004). On note aussi une plus grande

morbidité et mortalité par maladies chroniques liées au surpoids et à l'obésité (Maire et al., 2002; Colman, 2001).

Les communautés des PN de CB ne se situeraient cependant pas au même niveau de transition nutritionnelle. En effet, les PN de la CB n’ont pas toutes les mêmes habitudes alimentaires, celles-ci étant influencées par des facteurs écologiques et culturels (Kuhnlein et Receveur, 1996): ainsi par exemple, plus de variété alimentaire et des apports énergétiques plus élevés ont été rapportés dans la réserve Ahousat (peuple pêcheur) que dans la réserve Anaham (peuple chasseur) (Lee et al., 1971).

Chez les Autochtones canadiens, l'une des caractéristiques de la transition nutritionnelle est la diminution de l’usage des aliments traditionnels, au profit d’une alimentation basée sur de produits transformés et raffinés, riches en glucides et en graisses saturées (Receveur et al., 1997; Kuhnlein et al., 1989; Johns et Eyzaguirre, 2006). Les connaissances sur les facteurs contribuant à l’état de santé des peuples autochtones sont limitées (MacMillan et al., 1999) mais, selon Kuhnlein et al. (2004), la faible qualité de leur alimentation serait associée à l'obésité observée. Leur revenu moyen étant faible (Doran, 2005), l'IA y serait source d'inquiétude (Lawn et Harvey, 2003) et constituerait un problème de santé (Power, 2008).

Compte tenu des relations pouvant exister entre la QA et l’excès de poids, la QA et l’IA et l’IA et l’excès de poids, nous postulons que dans un tel contexte de transition nutritionnelle, l’excès de poids observé chez les PN vivant sur les réserves de la CB serait associé à une alimentation de moins bonne qualité et à l’insécurité alimentaire.

3.1. CADRE CONCEPTUEL

Figure 1: Relations entre excès de poids, qualité de l’alimentation et insécurité alimentaire chez les Premières Nations sur les réserves de la Colombie-Britannique

La figure 1 ci-dessus montre les associations possibles entre l’obésité (mesurée par l’IMC), la QA (mesurée par le HEI, l’apport énergétique total et les pourcentages d’énergie provenant des gras totaux, des gras saturés ou des sucres totaux, la densité énergétique, les quantités de nourritures traditionnelles consommées, les aliments fréquemment consommés, les quantités de fibres alimentaires consommées et la variété alimentaire), et l’IA (mesurée par le module d’enquête sur la sécurité alimentaire des ménages ou HFSSM, tel qu’adapté pour les populations autochtones par Lawn et Harvey (2003), et par deux questions 8c et 8d de notre questionnaire (Annexes C. IV), permettant d’intégrer l’accès aux aliments traditionnels dans la mesure de l’IA.

A notre connaissance, aucune étude n’a encore exploré la relation entre les trois variables d’intérêt simultanément. Par ailleurs, contrairement à la plupart d’autres études dans lesquelles le rôle de la QA dans la genèse de l’obésité n’est investigué qu’à travers un seul indicateur (ex. le C-HEI qui informe sur la qualité globale de l’alimentation), nous avons utilisé dans cette étude, en plus du HEI, ses éléments constitutifs ainsi que d’autres indicateurs pour tenter d’identifier des aspects-clés spécifiques de la QA qui seraient associés à l’IA et au risque d’excès de poids dans les communautés de la CB. De même, concernant l’IA, bien que le HFSSM soit l’outil standard largement validé pour mesurer l’accessibilité aux aliments, nous lui avons adjoint les questions 8c et 8d (Annexes C. IV) pour plus spécifiquement mesurer l’accessibilité aux aliments traditionnels, si riches en nutriments et pouvant fortement affecter la QA (Kuhnlein et Receveur, 1996).

Les variables sociodémographiques et du mode de vie ajoutées au cadre conceptuel pourraient sous-tendre certaines associations entre les trois facteurs. Les variables sexe, âge et activité physique seraient sources de confusion potentielle (Beydoun et Wang, 2008) dans les relations respectives entre les variables indépendantes d’intérêt (QA et/ou IA) et l’excès de poids. D’autre part les variables du tabagisme, de la participation à la chasse/pêche/cueillette/jardinage, et du niveau d’éducation pourraient être explicatives de l’IA et de la QA, tout comme le statut socioéconomique (SSE). Le SSE serait en effet lié à l’IA et à la QA (Beydoun et Wang, 2008), et pourrait donc être associé à l’obésité, perçue parfois comme un problème de pauvreté (Drewnowski et Specter, 2004).

3.2. OBJECTIFS

Le but de ce travail est de mieux comprendre les relations possibles entre l’excès de poids, la qualité de l’alimentation et l’insécurité alimentaire chez les Premières Nations vivant sur les réserves de la Colombie-Britannique.

- décrire chez les adultes de la CB, la prévalence de l’excès de poids, la qualité de l’alimentation et les niveaux d’insécurité alimentaire

- investiguer le concept de qualité de l’alimentation en relation avec l’insécurité alimentaire chez les Premières Nations de Colombie-Britannique

- construire des modèles multivariés pour expliquer l’excès de poids en fonction de la qualité de l’alimentation et de l’insécurité alimentaire

3.3. HYPOTHÈSES DE RECHERCHE

L’hypothèse principale de cette étude est que, dans le contexte de transition nutritionnelle des Premières Nations de Colombie-Britannique, une mauvaise QA et l’IA sont associées à l’excès de poids.

Conformément au modèle conceptuel présenté ci-haut, cette hypothèse serait décomposée en trois hypothèses secondaires ci-dessous:

1. Une qualité inadéquate de l’alimentation est associée à un risque élevé d’excès de poids (1)

2. L’IA des ménages est associée à une mauvaise qualité de leur alimentation (2) 3. La QA et l’IA des ménages sont associées ensemble, à un risque plus élevé

d’excès de poids (1+2).

Tandis que l’IA sera évaluée de façon standard comme dans d’autres études de la population canadienne en général et chez les Autochtones canadiens en particulier (Carlson et al., 1999; Lawn et Harvey, 2003; Santé Canada, 2006; Lambden et al., 2006), et l’obésité catégorisée selon les normes de l’OMS (2003), ce travail permettra d’approfondir la notion de qualité de l’alimentation chez les Premières Nations et de préciser le concept d’IA en ce qui a trait à la place qu’occupent les nourritures traditionnelles dans sa définition.

Chapitre 4: MÉTHODOLOGIE

Vu le système de relations interdépendantes contenu dans notre modèle théorique, nous avons retenu comme approche, la recherche synthétique comparative, avec comme devis, la modélisation des relations structurales. La construction d’explications permettra d’augmenter la validité interne de notre étude (Contandriopoulos, 2005).

4.1. DÉSCRIPTION DE L’ÉCHANTILLON ET DU MILIEU D’INVESTIGATION