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Chapitre 2: RECENSION DES ÉCRITS

2.1. EXCÈS DE POIDS

2.1.2. FACTEURS POTENTIELLEMENT ASSOCIÉS A L’EXCÈS DE POIDS

2.1.2.1. Facteurs alimentaires

De nombreuses publications portent sur les relations entre la consommation alimentaire et l’excès de poids. Des facteurs alimentaires joueraient sur la balance énergétique, concept selon lequel « tout gain de masse ne peut résulter que d’une augmentation des apports énergétiques et/ou d’une réduction de la dépense énergétique totale » (Bergouignan et Blanc, 2010). Par conséquent, à un niveau donné de dépense énergétique, le facteur à cibler pour prévenir l’excès de poids serait donc l’apport énergétique total.

Les substances fournissant de l’énergie à l’organisme appartiennent essentiellement aux trois grands groupes de macronutriments, soit les glucides, les lipides, et les protéines (Otten et al., 2006). Ces composés se retrouvent en quantités variables dans des aliments; ces derniers ont été associés de différentes façons à l’excès de poids, notamment les boissons gazeuses (Harrington, 2008; DiMeglio et Mattes, 2000), le lait et ses substituts (Lin et al., 2000) et les produits céréaliers à grains raffinés (Liu, 2002). Notons que les boissons alcoolisées constituent également une source non négligeable d’énergie pour les consommateurs (Yeomans, 2004). Tous ces aspects seront approfondis plus loin, dans la rubrique consacrée à la relation entre la QA et l’excès de poids.

Parlant des causes alimentaires et nutritionnelles de l’obésité, Swinburn et al. (2004) ont identifié trois vecteurs alimentaires qui expliquent la surconsommation passive d’énergie totale, et donc l’excès de poids. Il s’agit des aliments à forte densité énergétique, en lien avec leur contenu en gras ou en glucides, des boissons riches en énergie, et des larges portions d’aliments. Selon les auteurs, ces vecteurs opèrent dans un environnement complexe incluant de nombreux autres facteurs dont les dimensions physique, économique, politique et socioculturelle. Toujours selon eux, les causes de l’obésité générale et de l’obésité abdominale seraient les mêmes et ce serait plutôt les caractéristiques individuelles comme le sexe, l’âge et le statut ménopausique qui influenceraient la distribution du gras corporel. Les facteurs protecteurs contre l’obésité chez les adultes seraient l’activité physique et la consommation de polysaccharides non amylacés.

Dans le même souci, Ritchie et al. (2007) ont revu la littérature publiée entre 1992 et 2003 sur les déterminants alimentaires de l’obésité chez les enfants et les adultes. Ils conclurent que le statut pondéral n’était pas lié à l’influence isolée de simples facteurs alimentaires, mais plutôt à des schémas alimentaires. Ces derniers pourraient soit

conduire à un excès de poids lorsqu’ils incluent de fortes consommations de gras, de boissons sucrées, des aliments préparés ou consommés dans des restaurants, soit protéger contre l’excès de poids lorsqu’ils incluent la consommation d’aliments riches en fibres alimentaires, de fruits et légumes, du lait et de ses substituts et d’autres aliments riches calcium. Selon la revue, les protéines alimentaires, les sucres simples, les jus de fruits, la taille des portions, la fréquence et le saut de repas ne seraient pas toujours liés à l’excès de poids. Plus tôt, en 2005, des recommandations assez similaires avaient été faites par cette équipe de recherche pour les enfants, en insistant particulièrement sur la réduction de la consommation des boissons sucrées et la promotion de l’activité physique (Ritchie et al., 2005).

Un autre facteur associé à l’excès de poids, mais qui semble paradoxal, est l’insécurité alimentaire (Dinour et al., 2007); celle-ci serait incriminée dans la genèse de l’excès de poids à travers des choix d’aliments plus accessibles financièrement mais plus denses en énergie (Hanson et al., 2007), ainsi que la participation à des programmes alimentaires de lutte contre l’insécurité alimentaire (Larson et Story, 2011). Par exemple, pour étudier la relation entre la participation au programme américain d’assistance alimentaire dénommé « Food Stamp Progam » ou FSP (considérée comme proxy de l’IA) et l’obésité, Gibson (2003) a utilisé les données de la « National Longitudinal Survey of Youth 1979 (NLSY79) aux États-Unis (n = 3574 femmes et 3157 hommes, tous âgés de 20 à 40 ans). L’auteur a constaté que la participation actuelle et à long terme au FSP était liée à l’obésité chez les femmes ayant des faibles revenus mais pas chez les hommes à faibles revenus. Plusieurs arguments pourraient expliquer cette relation, notamment le fait que le FSP résulterait en une consommation de plus d’aliments ou de types d’aliments qui sont susceptibles de conduire à l’obésité (Gibson, 2003) ou par la variation dans la consommation alimentaire à travers le cycle du programme d’assistance (Townsend et al., 2001). Le fait que les programmes d’assistance alimentaire ne conduisent pas à la sécurité alimentaire de tous les ménages serait lié à l’insuffisance de l’assistance, à la durée de

l’assistance mensuelle et à la gestion inefficace du budget des ménages (Dinour et al., 2007). Cependant, dans son étude portant sur 428 participants sélectionnés au hasard dans 57 banques alimentaires urbaines dans la région métropolitaine de Montréal, au Canada, Starkey et al. (1999) avaient trouvé que la consommation énergétique moyenne, considérée comme un indicateur de la quantité alimentaire, était similaire à celle des autres populations d’hommes et de femmes canadiennes, et qu’elle n’était pas liée à des variables sociodémographiques (comme la taille de la famille et le niveau d’éducation), excepté pour l’âge et le sexe pour lesquels on pourrait s’attendre à des variations biologiques. Aussi, la distribution de l’IMC moyen des participants était similaire à celle de la population générale canadienne. Par ailleurs, selon ces auteurs, l’apport de certains nutriments (calcium, vit. A, et zinc) était en dessous des niveaux recommandés mais comparable aux apports du reste de la population du Québec.

Signalons en plus le rôle potentiel de la malnutrition fœtale dans la genèse de l’excès de poids à l’âge adulte. L’obésité et les pathologies associées seraient favorisées par une malnutrition au cours de la vie fœtale ou de la petite enfance, ce qui contribuerait à l’aggravation du problème d’excès de poids dans le monde (Delpeuch et Maire, 1997). Par ailleurs, la surnutrition durant la vie fœtale, à travers une forte concentration d’acides aminés, d’acides gras libres et de glucose, conduirait aussi à l’obésité durant la vie entière (Whitaker et Dietz, 1998). Ceci serait le résultat de la programmation fœtale conduisant à un changement irréversible dans le métabolisme énergétique et le contrôle de l’appétit (Whitaker et Dietz, 1998). Cependant, dans sa revue de la littérature, Skidmore et al. (2007) signalent que l’obésité à l’âge adulte ne serait pas nécessairement une conséquence de l’excès de poids durant l’enfance et suggèrent que l’équilibre énergétique reste important durant toute la vie, de la naissance à la vieillesse.