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Le recrutement de la Faculté de médecine de Montpellier aux xvie et xviie siècles

Dans le document Faire sa médecine au XVIIIe siècle (Page 81-85)

Les régnicoles au xviii e siècle

II- Le recrutement de la Faculté de médecine de Montpellier aux xvie et xviie siècles

1- Le recrutement au xvie siècle3

La cartographie du recrutement des étudiants en médecine de Montpellier pour le xvie siècle a été facilitée par l’existence de l’ouvrage de Marcel Gouron sur la matricule de cette université4. Cette publica-tion a permis de créer un fichier simplifié, où ont été repris les noms des étudiants, leurs diocèses ainsi que leurs « pays » d’origine. À l’issue de cette saisie, il est possible de proposer une cartographie des diocèses d’origine de ces étudiants. La difficulté consiste à restituer les frontières

1. Louis Driy, « De Montpellier à La Rochelle : route du commerce, route de la médecine au xviiie siècle », Annales du Midi, t. 67, 1955, p. 31-58.

2. Marie-Elisabeth Ai, Jean Wq, « La médecine civile à l’époque napoléonienne et le legs du xviiie siècle », Revue de l’Institut Napoléon, 132, 1976, p. 67-90. Voir également leur carte reprise et améliorée dans l’ouvrage de Ji-Rv, p. 263.

3. Voir carte, p. 451 : « Origines géographiques des étudiants en médecine de la Faculté de Montpellier au xvie siècle ».

4. Marcel Gr, Matricule de l’Université de Médecine de Montpellier, 1503-1599, Genève-Paris, Droz, 1957, 279 p. (Bibliothèque Humanisme et Renaissance).

du royaume pour le xvie siècle, car la numérisation des différents dio-cèses par le logiciel Logicarte a été faite pour le xviiie siècle seulement et n’a pas tenu compte des modifications territoriales successives. On se trouve donc avec une matrice cartographique qui est l’aboutissement des diverses transformations des diocèses au cours de l’ensemble de la période moderne. Il fallait cependant tenter de tenir compte de la réalité des frontières des diocèses d’alors. Afin de proposer une carte plus aisée à lire, pour la représentation cartographique le diocèse de Blois créé en 1697 et dont la ville envoie au xvie siècle deux étudiants est auto-matiquement rattaché à celui de Chartres. Ce qui, pour la représenta-tion cartographique, conduit à affecter le même nombre d’étudiants au diocèse de Blois qu’à celui de Chartres, puisque la carte numérisée, ne permet pas de tenir compte des rectifications de frontières intérieures. Pour permettre de relativiser cette erreur volontaire, le tableau ci-des-sous mentionne quatre cas de villes rattachées au xvie siècle à un dio-cèse et qui ultérieurement seront le siège de nouveaux diodio-cèses.

Tableau n° 4 : Villes rattachées à un nouveau diocèse aux xviie et xviiie siècles Villes et nom-bre d’étudiants au xvie siècle Diocèse de rattachement et nombre d’étudiants au xvie siècle Nombre total d’étudiants Date de séparation entre les espaces Alès : 3 Nîmes : 56 59 1694 Blois : 2 Chartres : 23 25 1697 Dijon : 1 Langres : 43 44 1731 Saint-Claude : 1 Lyon : 52 53 1742

En ce qui concerne le Comtat Venaissin : les diocèses d’Avignon, de Carpentras, de Cavaillon et de Vaison, sont jusqu’en 1792 considérés comme étrangers, on a choisi de ne pas les exclure de la représentation cartographique1 : présenter un espace vide pour ces quatre diocèses aurait gêné la lecture des cartes ; le fait que le Comtat Venaissin soit une enclave n’empêche pas les étudiants de se diriger vers le centre montpelliérain.

1. Les diocèses d’Avignon, Carpentras, Cavaillon et Vaison envoient à la Faculté de médecine de Montpellier au cours du xvie siècle respectivement 33 étudiants, 9 étudiants, 8 étudiants et 7 étudiants, soit un total de 57. Ils représentent 1,71 % de l’ensemble des effectifs pour ce siècle.

Le nombre total des étudiants qui, au cours du xvie siècle, ont fré-quenté la faculté de médecine de Montpellier est de 3 325. Il a été impos-sible de déterminer les origines diocésaines pour 417 jeunes gens, ce qui fait un pourcentage d’inconnu de 12,5 %. Pour ce siècle, les registres de la matricule sont beaucoup moins précis qu’au xviiie siècle. L’effectif étranger est relativement important, puisqu’il comporte 581 étudiants soit 17,4 %, près d’un cinquième de l’ensemble. Cet effectif fera l’objet d’un traitement à part en liaison avec les recrutements étrangers des xviie et xviiie siècles.

2- Le recrutement au xviie siècle

Les effectifs étudiants pour l’ensemble du xviie siècle sont de 2 869 individus. Il est à remarquer qu’entre le xvie siècle et le xviie siècle s’est produit un léger tassement de la population étudiante à Montpellier, de l’ordre de 456 jeunes gens (13,7 %). Alors que l’historiographie contem-poraine montre que le xviie siècle est le siècle d’une augmentation des effectifs dans l’ensemble des centres universitaires, celui de Montpellier est à contre courant de la tendance générale1. Néanmoins, cette origi-nalité ne doit pas faire oublier que la baisse de l’effectif est à mettre en relation avec le « beau siècle » pour les autres Facultés méridionales. Il s’agirait donc pour Montpellier d’une sorte de rééquilibrage à partir du moment où ses voisines du Midi sont réellement devenues des centres, non seulement formateurs, mais également dispensateurs de diplômes. En effet, au xviie siècle, la faculté d’Avignon délivre en moyenne 13,4 doctorats par an : c’est un essor incomparable par rapport au xvie siècle où elle ne délivrait qu’une moyenne de 2,5 doctorats par an2.

Cependant les effectifs étudiants qui sont mentionnés pour les Facultés de Valence, de Toulouse ou d’Avignon n’atteignent pas ceux de Montpellier qui conserve un recrutement assez important3. Ce qui frappe à l’analyse de la carte : « Origines géographiques des étudiants en médecine de l’Université de Montpellier au xviie siècle », c’est l’aire de recrutement de cette Faculté4. En effet, l’ensemble des diocèses du royaume ont, à quelques exceptions près, envoyé à un moment donné

1. Ji-Rv,p. 472-473. 2. Ibid., p. 463-464. 3. Ibid., p. 472-473.

4. Voir carte, p. 451 : « Origines géographiques des étudiants en médecine de l’Université de Montpellier au xviie siècle ».

ou à un autre au cours du xviie siècle des jeunes gens faire leur méde-cine à Montpellier. L’attraction de cette Faculé dépasse les limites de la Loire et est arrêtée en quelque sorte par une couronne qui prend naissance au nord-ouest au diocèse de Coutances, passant par ceux d’Avranches, du Mans et de Chartres, reprenant ensuite à partir des diocèses d’Orléans, Auxerre, Langres et Troyes. Montpellier recrute bon nombre de ses effectifs dans le diocèse de Paris : 63 jeunes gens. On ne peut qu’être frappé par le peu de diocèses qui ne sont pas repré-sentés dans les effectifs montpelliérains. Seuls quelques uns du sud du royaume, tels Alet, Couserans, Rieux, Saint-Papoul et Lombez, exi-gus et peu peuplés, ne donnent aucun étudiant. Les diocèses d’Auch, Tarbes, Oloron n’y envoient respectivement que 5, 4 et 3 étudiants : cette zone correspond à l’aire d’attraction que la Faculté de médecine de Toulouse exerce sur les diocèses proches et environnants. La même remarque peut-être formulée pour la moitié Sud-Est du pays ; l’attrac-tion de Montpellier est moindre dans l’ensemble des diocèses à l’est du Rhône : les Facultés de Valence, Aix, Avignon et Orange recru-tent dans le Comtat Venaissin et l’ensemble de la Provence. Ainsi, les diocèses de Valence, Die, Gap, Sisteron, Digne, Glandèves, Riez, Carpentras, Grasse, Vence et Senez envoient moins de 5 jeunes gens à Montpellier pour l’ensemble du xviie siècle. La Faculté de Montpellier subit donc sur les marges sud-est et sud-ouest du royaume la concur-rence des aires de recrutement de ses consœurs méridionales. Il faut tout de même souligner que l’attraction de la Faculté de médecine de Toulouse est beaucoup plus importante que celle des autres Facultés méridionales. Celle-ci peut se targuer d’un recrutement « régional large », dans cette partie sud-ouest du royaume. Montpellier est donc « enserrée dans une sorte de corset » entre les facultés méridionales de l’est et de l’ouest. La Faculté de Bordeaux ne semble pas s’imposer en tant que centre universitaire majeur même sur le plan provincial, dans la mesure où celle de Montpellier attire de manière relativement importante les effectifs des diocèses de la façade Atlantique. En effet, sur l’ensemble du xviie siècle, les étudiants originaires du diocèse de Bordeaux sont au nombre de 34, ceux du diocèse de Dax sont 13. Quant aux effectifs en provenance des diocèses de Saintes, La Rochelle et Nantes, ils sont respectivement de 26, 16 et 18 étudiants. Plus on se dirige vers le nord du pays, plus on constate que l’aire de recrutement de Montpellier s’élargit. En effet, tous les diocèses envoient dans cette cité universitaire, entre 10 et 50 étudiants. Pour quelques diocèses,

cependant, Montpellier est un centre quasi unique du recrutement. Il faut mentionner à cet égard le diocèse de Poitiers qui au cours du xviie siècle envoie 139 « carabins » à Montpellier. Cette importance du recrutement est d’autant plus paradoxale que la ville de Poitiers dispose d’une Faculté. Peut-être celle-ci a-t-elle subi une crise : l’ana-lyse effectuée par D. Julia et J. Revel dans leur ouvrage montre bien la faiblesse du recrutement de Poitiers1. Plus à l’Est, ce sont les diocèses de Lyon et d’Autun qui envoient des contingents non négligeables à Montpellier : le diocèse de Lyon donne 77 étudiants au cours de la période, celui d’Autun en envoie 76.

III- Les origines géographiques des étudiants en médecine de

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